Mali: Craintes de conflagration dans le nord, la junte appelle au dialogue

La crainte d'une reprise des hostilités grandit au Mali dans le sillage du retrait de la mission de l'ONU (Photo d’illustration, AFP).
La crainte d'une reprise des hostilités grandit au Mali dans le sillage du retrait de la mission de l'ONU (Photo d’illustration, AFP).
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Publié le Mardi 29 août 2023

Mali: Craintes de conflagration dans le nord, la junte appelle au dialogue

  • Le transfert du camp onusien de Ber mi-août, qui a donné lieu à des combats entre soldats et djihadistes
  • Les groupes affiliés à l'Etat islamique ont pratiquement doublé en moins d'un an la superficie qu'ils contrôlent

BAMAKO: La junte malienne a appelé lundi les groupes armés du nord signataires d'un accord de paix mal en point à renouer le dialogue avec elle alors que la crainte d'une reprise des hostilités grandit dans le sillage du retrait de la mission de l'ONU.

Au moment où cet appel était lancé, le porte-parole d'une organisation réunissant ces groupes accusait des avions de l'armée malienne d'avoir bombardé des positions de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une alliance à dominante touareg signataire de l'accord, dans la région de Kidal, sans faire de dégâts.

Les tensions vont croissant depuis des mois entre l'Etat central et les groupes en question. Elles ont été accentuées avec le début du retrait de la mission de l'ONU déployée au Mali depuis 2013 et poussée au départ par les autorités maliennes.

Les groupes armés s'opposent à ce que les camps de la mission soient transférés à l'armée malienne, sur fond de rivalité pour le contrôle du territoire.

Ces tensions ont culminé avec le transfert du camp onusien de Ber mi-août, qui a donné lieu à des combats entre soldats et djihadistes, mais aussi à des actes hostiles entre armée et CMA.

La situation fait craindre pour l'avenir de l'accord de 2015 jugé primordial pour une stabilisation du pays sahélien pris dans la tourmente depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et salafiste dans le nord en 2012.

L'accord dit d'Alger a été signé par la CMA, par des groupes armés progouvernementaux et par le gouvernement. Les djihadistes continuent, quant à eux, de combattre l'Etat sous la bannière d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique.

Les inquiétudes pour l'avenir de l'accord ont été abondamment exprimées lundi lors d'une séance du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le chef de la mission des Nations unies au Mali El Ghassim Wane a constaté la "paralysie des structures de suivi" de l'accord.

L'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield s'est dite "alarmée" par les affrontements qui ont eu lieu à Ber et par "la reprise des hostilités dans le nord".

"Si la guerre éclatait, elle ferait déferler sur les Maliens une dévastation indicible, impensable", a-t-elle dit.

Plusieurs pays ont appelé à une reprise du dialogue.

Dans un communiqué diffusé simultanément, le ministre de la Réconciliation, chargé de l'accord de paix, le colonel major Ismaël Wagué, a dit "inviter" les mouvements signataires à "revenir à la table des négociations".

"Le gouvernement reste attaché à l'accord", ainsi qu'au cessez-le-feu conclu l'année précédente, dit-il.

Collusions

Mais, au même moment, Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole d'une structure réunissant les groupes signataires depuis 2021, faisait état auprès de l'AFP du largage de quelques bombes sur des positions des ex-rebelles à Anefis, sans causer de dommages.

L'armée malienne a publié plus tard sur les réseaux sociaux des messages où elle déclare avoir "visé un regroupement de groupes armés terroristes (GAT) dans le secteur de Anéfis" et avoir "neutralisé" plusieurs combattants.

A deux reprises au moins cette année, des appareils de l'armée malienne ont survolé Kidal, bastion touareg.

Dans un rapport daté d'août et consulté par l'AFP, des experts mandatés par le Conseil de sécurité expriment leur préoccupation devant de tels actes, et disent disposer d'informations persistantes sur un "réarmement intensif" de la part des ex-rebelles.

Ils notent que l'application de l'accord de 2015, qui prévoit plus d'autonomie locale et l'intégration des combattants dans une armée dite "reconstituée", est dans une "impasse". Cela fragilise les signataires auprès des populations locales et fait le jeu des djihadistes, disent-ils.

"Nombre de groupes armés ont vu leurs combattants changer de camp pour rejoindre des groupes armés terroristes ou des réseaux de trafic", rapportent-ils.

Les groupes affiliés à l'Etat islamique ont pratiquement doublé en moins d'un an la superficie qu'ils contrôlent, et ceux affiliés à al-Qaïda se positionnent "comme le seul acteur capable de protéger les populations contre l'Etat islamique", disent-ils.

Cette nouvelle donne offre "aux groupes terroristes l'occasion de reproduire le scénario" de 2012, avec la prise des grandes villes du nord, écrivent-ils.

Devant le Conseil de sécurité, le représentant malien Issa Konfourou a assuré que l'armée n'avait pas violé l'accord d'Alger et que la "détermination" de l'Etat à prendre le contrôle des camps laissés par l'ONU "ne constitue certainement pas un acte de belligérance".

Il a dénoncé des "collusions constatées récemment entre les groupes armés et les organisations terroristes".


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".