Macron et les chefs de partis jouent les prolongations

Emmanuel Macron réunit mercredi les chefs de partis politiques à Saint-Denis pour un sommet inédit en quête d'accords pour sortir le pays des blocages (Photo, AFP).
Emmanuel Macron réunit mercredi les chefs de partis politiques à Saint-Denis pour un sommet inédit en quête d'accords pour sortir le pays des blocages (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 31 août 2023

Macron et les chefs de partis jouent les prolongations

  • Après minuit, le chef de l'Etat et les onze chefs de partis réunis depuis 15H00 à huis clos à Saint-Denis, au nord de Paris, ont terminé la deuxième session
  • Le premier tour des discussions, sur la situation internationale, avait déjà duré quatre heures, soit le double du temps impartial initialement

PARIS: Près de dix heures d'échanges, et ce n'est pas fini : le sommet entre Emmanuel Macron et les chefs de partis se poursuivait dans la nuit de mercredi à jeudi, signe que les opposants, venus « sans illusions », ont joué le jeu de ce débat inédit.

Après minuit, le chef de l'Etat et les onze chefs de partis réunis depuis 15H00 à huis clos à Saint-Denis, au nord de Paris, ont terminé la deuxième session, consacrée aux institutions, et entamé la dernière autour de la "cohésion de la Nation" et des questions posées par les récentes émeutes (école, autorité, intégration, immigration, inégalités...).

Le premier tour des discussions, sur la situation internationale, avait déjà duré quatre heures, soit le double du temps impartial initialement.

Rien ne filtre sur la teneur des échanges, et le flou persiste sur leur possible débouché : la presse était tenue à l'écart et les participants ont dû se séparer de leurs téléphones, qu'il n'ont récupérés que retenu lors de courtes pauses. entre les séances.

Tout juste un participant s'est-il félicité auprès de son entourage d'un état d'esprit "plutôt apaisé et constructif" lors des premières heures des débats, qui jouaient donc les prolongations jusque tard dans la nuit.

A leur arrivée à ces "Rencontres de Saint-Denis", les opposants avaient manifesté leur scepticisme.

"Les petites combinaisons ou les plans com ne seraient pas à la hauteur de la situation", a prévenu le patron du parti Les Républicains Eric Ciotti dans ses propositions liminaires, dont l'AFP a eu copie. "Les Français veulent plus de sécurité, moins d'impôts et moins d'immigration", a-t-il ajouté.

«Une autre politique»
Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a dit devant la presse avant la réunion et voir "l'occasion d'avoir une discussion franche" avec Emmanuel Macron. Tout en soulignant que cette "initiative politique d'ampleur" s'ajoutait à plusieurs "gadgets" présidentiels, comme le "grand débat" lors de la crise des "gilets jaunes".

Il a assuré qu'il ne servirait pas "de béquille au chef de l'Etat", mais qu'il se ferait "l'écho de millions de Français qui souhaitent qu'une autre politique soit retenue", notamment sur la sécurité et le pouvoir d'achat.

"Nous ne sommes pas dupes de l'opération de communication que le président de la République met en place", a déclaré pour sa part le patron du Parti socialiste Olivier Faure en arrivant groupé avec ses homologues de la Nupes.

L'alliance de gauche devait présenter une quinzaine de propositions communes, "sans illusion mais avec détermination", a dit pour sa part le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.

Cette initiative vise à bâtir "ensemble" des textes législatifs et ouvrir la voie, "le cas échéant", à des référendums, selon la lettre d'invitation présidentielle.

Un séminaire gouvernemental de suivi se tiendra le 6 septembre.

Tous les chefs des partis représentés au Parlement ont accepté l'invitation, mais avec méfiance du côté de l'opposition qui soupçonne Emmanuel Macron de surtout chercher à relancer un quinquennat à la peine, faute de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Les dirigeants de la Nupes avaient initialement décidé de boycotter le dîner, en dénonçant une "mise en scène médiatique", avant de se ravir, à condition que les agapes se poursuivent à une réunion de travail.

«Oreille droite»
Ils ont déploré que le chef de l'Etat ne se soit entretenu au téléphone en amont de son initiative, pour en présenter les enjeux, qu'avec Jordan Bardella et Eric Ciotti.

"On a l'impression que son oreille droite fonctionne mais que son oreille gauche est en panne", ironise Olivier Faure. Mais Manuel Bompard et le numéro un communiste Fabien Roussel ont reconnu qu'Emmanuel Macron avait bien tenté de les joindre aussi, en vain.

"Le président veut voir les désaccords et, s'ils sont insurmontables, voir sur quels sujets les Français peuvent trancher" par voie référendaire, explique un cadre du camp présidentiel.

Les partis d'opposition ont présenté des propositions de référendums sur leurs chevaux de bataille : l'immigration à droite et à l'extrême droite, la réforme des retraites côté Nupes.

Mercredi matin, Olivier Véran est revenu sur la notion de "préférendum" qu'il avait évoquée en début de semaine.

"La Constitution vous autorise à poser plusieurs questions le même jour, dans le cadre de contrôles indépendants", a-t-il assuré.

"Je rêve d'un référendum dans lequel une dizaine de questions sont posées aux Français", sur les institutions, l'immigration ou encore la dépénalisation du cannabis, a aussi dit dans un entretien à La Tribune le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu , secrétaire général du parti Horizons.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».