Google visé par une troisième plainte pour antitrust en deux mois aux USA

«Il est important que les grandes entreprises soient contrôlées» mais les modifications exigées par la plainte «priveraient les Américains d'informations utiles et nuiraient à la capacité des entreprises à se connecter directement avec les clients», affirme Google (Photo, AFP).
«Il est important que les grandes entreprises soient contrôlées» mais les modifications exigées par la plainte «priveraient les Américains d'informations utiles et nuiraient à la capacité des entreprises à se connecter directement avec les clients», affirme Google (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

Google visé par une troisième plainte pour antitrust en deux mois aux USA

  • Pour gagner devant les tribunaux, les autorités devront toutefois montrer que le groupe californien a nui aux consommateurs alors que ses outils (courriel, cartes, services de réservations) sont en général gratuits
  • Google utilise la position dominante de son moteur de recherche, et les données personnelles déjà collectées, pour freiner l'arrivée de concurrents et ainsi limiter les choix des consommateurs et des annonceurs

NEW YORK: Les autorités américaines font monter la pression sur Googleune vaste coalition d'Etats a engagé jeudi des poursuites pour pratiques anticoncurrentielles contre le géant de l'internet, qui fait déjà face à deux autres plaintes pour des motifs similaires.

Selon la dernière procédure, Google utilise la position dominante de son moteur de recherche, et les données personnelles qu'il a déjà collectées, pour asseoir son emprise sur internet, freiner l'arrivée de concurrents et ainsi limiter les choix des consommateurs et des annonceurs et l'innovation.

Le plainte déposée jeudi par les procureurs de 38 Etats et territoires américains va plus loin que celle du ministère de la Justice (DoJ), qui a accusé en octobre le groupe de maintenir un «monopole illégal» sur la recherche en ligne et la publicité, assure un communiqué. 

Selon ces procureurs démocrates et républicains, Google «multiplie les efforts» pour maintenir son monopole.

Fondé en 1998 dans la Silicon Valley, la société a étendu son influence sur de nombreux aspects de nos vies numériques, sur les ordinateurs ou les smartphones. Ses services sont devenus omniprésents dans le quotidien de nombreux internautes, quand ils font une recherche sur le web, cherchent leur chemin avec Google Maps ou échangent des courriels avec Gmail. 

Pour Google, la plainte n'est pas fondée. 

Le moteur de recherche «est conçu pour fournir les résultats les plus pertinents», y compris en proposant des liens directs avec les commerçants ou les compagnies aériennes par exemple, assure le groupe sur son blog. Si les internautes ne sont pas satisfaits, ils ont «de nombreuses alternatives, notamment Amazon, Expedia, Tripadvisor et bien d'autres à portée de clic».

«Il est important que les grandes entreprises soient contrôlées» mais les modifications exigées par la plainte «priveraient les Américains d'informations utiles et nuiraient à la capacité des entreprises à se connecter directement avec les clients», affirme Google.

Pour l'organisation CCIA, qui représente des entreprises du secteur, les changements apportés au fil des ans par Google à son moteur de recherche «ont amélioré l'expérience des consommateurs. C'est exactement ce à quoi sert la compétition». 

Assaut simultané

Pour les procureurs généraux, non seulement Google a conclu des contrats exclusifs pour empêcher de potentiels concurrents de développer leur propre moteur de recherche, mais il emploie les mêmes tactiques sur les nouveaux outils utilisés par les consommateurs, les enceintes intelligentes, les télévisions ou les voitures par exemple. 

Le groupe utilise par ailleurs son moteur de recherche publicitaire Search Ads 360 pour asseoir sa domination sur le secteur en empêchant d'autres moteurs concurrents de communiquer avec le sien.

Google, dénonce encore la plainte, empêche les consommateurs d'accéder aux informations proposées par d'autres fournisseurs de renseignements sur certains segments commerciaux lucratifs, tels que les voyages, la rénovation et les divertissements.

Plusieurs plateformes numériques, parmi lesquelles Amazon, TripAdvisor ou Yelp, se plaignent régulièrement que Google favorise ses propres offres dans les résultats de recherche.

Yelp s'est félicité jeudi de la nouvelle plainte, espérant y voir «le début d'un retour à un internet plus vivant et plus ouvert». 

Les procureurs réclament à la justice de restaurer un marché concurrentiel et de revenir sur tout avantage que Google aurait pu gagner grâce à ses pratiques anticoncurrentielles, y compris en forçant le groupe à se séparer de certains actifs.

Mercredi, dix Etats, emmenés par le Texas, ont aussi accusé le groupe dirigé par Sundar Pichai de pratiques anticoncurrentielles dans la gestion des publicités, y compris en nouant un accord avec Facebook.

Pour le procureur général du Nebraska, Doug Peterson, l'assaut simultané des autorités contre Google est «vraiment historique» et représente la plus importante coalition dans une affaire antitrust depuis celle lancée dans les années 1990 contre Microsoft.

Pour gagner devant les tribunaux, les autorités devront toutefois montrer que le groupe californien a nui aux consommateurs alors que ses outils (courriel, cartes, services de réservations) sont en général gratuits. 

Un tel angle d'attaque est compliqué, ont reconnu plusieurs procureurs généraux jeudi lors d'une conférence vidéo présentant la plainte.

«Les responsables politiques, au Congrès en particulier, devraient réfléchir à des lois allant au-delà des pratiques anticoncurrentielles», a souligné le procureur général de l'Iowa, Tom Miller. 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.