L'Afrique rejoint le club des grandes économies du G20, une victoire pour Modi

(De gauche à droite) Le président de la Banque mondiale Ajay Banga, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président américain Joe Biden posent pour une photo de groupe après une session du sommet des dirigeants du G20 à New Delhi, le 9 septembre 2023. (Photo par Evan Vucci / POOL / AFP)
(De gauche à droite) Le président de la Banque mondiale Ajay Banga, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président américain Joe Biden posent pour une photo de groupe après une session du sommet des dirigeants du G20 à New Delhi, le 9 septembre 2023. (Photo par Evan Vucci / POOL / AFP)
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Publié le Samedi 09 septembre 2023

L'Afrique rejoint le club des grandes économies du G20, une victoire pour Modi

  • Etablie à Addis Abeba, capitale de l'Ethiopie, l'UA compte 55 membres (dont six suspendus), totalisant trois mille milliards de dollars de PIB
  • Le continent n'était jusque-là représenté au G20 que par un seul Etat, l'Afrique du Sud, dont le président Cyril Ramaphosa s'est dit «ravi» de la place offerte à l'UA

NEW DELHI : Le G20 a intégré officiellement samedi l'Union africaine (UA), un signal fort pour l'Afrique et une victoire diplomatique pour l'Inde qui s'affiche comme leader des pays du Sud.

C'est l'une des premières annonces concrètes à sortir de la réunion ce week-end à Delhi des dirigeants de ce club des plus grandes économies mondiales, avec un important projet d'infrastructures au Moyen-Orient pour lequel un accord doit être signé en marge du G20.

"Cette adhésion pour laquelle nous nous sommes mobilisés offrira un cadre propice pour amplifier le plaidoyer en faveur du continent et pour son efficace contribution à relever les défis mondiaux", s'est félicité le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, dans un message sur le réseau social X (ex-Twitter).

Etablie à Addis Abeba, capitale de l'Ethiopie, l'UA compte 55 membres (dont six suspendus), totalisant trois mille milliards de dollars de PIB. Le continent n'était jusque-là représenté au G20 que par un seul Etat, l'Afrique du Sud, dont le président Cyril Ramaphosa s'est dit "ravi" de la place offerte à l'UA.

L'entrée de l'Union africaine au G20 va offrir "une voix et une visibilité" à l'Afrique, continent qui affiche aujourd'hui "la croissance la plus rapide", et lui permettra de faire valoir ses intérêts et ses points de vue au sein de l'instance, s'est félicité samedi le président kényan William Ruto.

"En tant que continent, nous nous réjouissons de faire davantage avancer nos aspirations sur la scène mondiale, en utilisant la plateforme du G20", a aussi réagi sur X la présidence du Nigeria, également invitée à la réunion de Delhi.

L'Inde a affiché sa volonté d'être, pendant sa présidence du G20, le porte-voix pour "les besoins des pays du Sud" dans un monde divisé. Son Premier ministre Narendra Modi, qui a porté l'initiative, redore ainsi son blason à l'étranger, avant de briguer probablement un nouveau mandat aux élections nationales l'an prochain.

M. Modi a aussi saisi l'occasion du sommet de New Delhi pour s'afficher avec la plaque de son pays identifié comme "Bharat", soit le plus fort signal à ce jour d'un potentiel changement du nom anglais hérité du passé colonial "India".

Projet majeur au Moyen-Orient

Selon des sources américaines et européennes, un accord de principe doit également être signé lors du G20 entre les Etats-Unis, l'Arabie saoudite - représentée par le prince héritier Mohammed ben Salmane - les Emirats arabes unis, l'UE et d'autres partenaires du G20 en vue d'un grand projet de transport maritime et ferroviaire traversant le Moyen-Orient pour relier l'Inde à l'Europe.

Ce projet est susceptible de répondre aux Nouvelles routes de la soie de la Chine, dont le président Xi Jinping est absent à New Delhi, tout comme son homologue russe Vladimir Poutine.

Il "a un potentiel énorme", et c'est "le résultat de mois de diplomatie prudente", a précisé le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Jon Finer.

Les pays du G20 risquent de peiner davantage à trouver un consensus sur les questions géopolitiques, notamment l'attitude à avoir face à la Russie, ou le climat. Des sujets pourtant lourds de conséquences pour les pays en développement, en première ligne face aux événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique, comme face à l'insécurité alimentaire que nourrit la guerre en Ukraine en pesant sur les prix des céréales.

"Les économies en développement sont les premières touchées par le changement climatique, alors qu'elles sont les moins responsables de cette crise", a rappelé le président sud-africain Ramaphosa.

«Urgence climatique»

Le brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a rappelé de son côté au G20 l'"urgence climatique sans précédent" à laquelle le monde est confronté du fait d'un "manque d'engagement en faveur de l'environnement", citant en exemple les inondations dans son pays.

L'absence d'engagements solides sur le climat notamment serait un échec "potentiellement catastrophique" pour le G20, qui représente 85% du PIB mondial responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, avait déjà averti Amnesty International jeudi.

A fortiori au lendemain d'un rappel à l'ordre avec un rapport sous l'égide de l'ONU Climat appelant à faire "beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts" pour affronter la crise climatique.

Plus tôt cette semaine, à Nairobi, les participants au premier sommet africain sur le climat ont aussi appelé la communauté internationale à les aider à faire fructifier le potentiel du continent dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des investissements et une réforme du système financier international.


Pourparlers sur l'Ukraine: Kiev et l'Europe voient des avancées mais encore beaucoup de travail

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre". (AFP)
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  • Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou
  • Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine

KIEV: Le chancelier allemand a insisté lundi pour que la Russie rejoigne la table des négociations sur un plan de paix pour l'Ukraine, au lendemain de pourparlers à Genève ayant donné lieu à un "nouvel élan", mais qui nécessitent encore "du travail" selon Kiev et l'UE.

Les discussions entre Ukrainiens, Américains et Européens, convoquées dimanche dans l'urgence, se sont tenues sur la base du projet de plan en 28 points de Donald Trump, considéré comme largement favorable à Moscou. Américains et Ukrainiens ont affirmé qu'un "futur accord" de paix devrait respecter la souveraineté de l'Ukraine.

L'Ukraine, qui lutte depuis près de quatre ans contre l'invasion de la Russie, est de nouveau au coeur d'échanges lundi à Luanda en marge d'un sommet entre l'UE et l'Union africaine. Et la "Coalition des volontaires", qui réunit les alliés de l'Ukraine, se réunira mardi en visioconférence.

"La Russie doit être présente à la table (des négociations)", a affirmé le chancelier allemand Friedrich Merz, jugeant néanmoins improbable "une percée" diplomatique cette semaine.

Le président américain avait initialement donné jusqu'au 27 novembre au président ukrainien Volodymyr Zelensky pour répondre à son plan, comprenant notamment la cession de territoires ukrainiens et s'apparentant à une capitulation de Kiev. Il a ensuite précisé que ce n'était pas sa "dernière offre".

Salué par le président russe Vladimir Poutine, le texte initial du plan Trump reprenait plusieurs exigences cruciales pour Moscou. Le Kremlin a dit lundi n'avoir aucune information à l'issue des pourparlers de Génève, mais savoir que des "modifications" avaient été apportées.

Si M. Zelensky a salué lundi des avancées, il a estimé qu'il fallait "beaucoup plus" pour parvenir à une "paix réelle" avec la Russie et mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Atmosphère "constructive"

Le dirigeant ukrainien s'est néanmoins félicité de l'inclusion d'éléments "extrêmement sensibles": la libération totale des prisonniers ukrainiens selon la formule de "tous-contre-tous" et des civils, et le retour des "enfants ukrainiens enlevés par la Russie".

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que l'hypothèse d'une visite de Volodymyr Zelensky à Washington était "au stade de la discussion", sans date fixée.

L'atmosphère à Genève était "parfois tendue, parfois plus légère mais dans l'ensemble constructive", a-t-il décrit, évoquant une ambiance "typique des négociations extrêmement importantes".

Depuis Luanda, les alliés européens de Kiev se sont dit prudemment optimistes.

"Il reste encore du travail à faire mais il y a une base solide pour avancer", a dit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui salué un "nouvel élan".

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a aussi noté les "progrès significatifs" réalisés à Genève.

Aucune nouvelle version du texte n'a pour l'heure été publiée.

"Nous continuons tous à travailler avec nos partenaires, en particulier les États-Unis, et à rechercher des compromis qui nous renforcent et ne nous affaiblissent pas", a dit M. Zelensky lors d'une conférence virtuelle en Suède, ajoutant que son pays se trouve à un "moment critique".

Le président américain a semblé se réjouir de l'issue de la rencontre à Genève. "Est-ce vraiment possible que de grands progrès soient réalisés dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine??? Ne croyez que ce que vous voyez, mais quelque chose de bon pourrait bien se produire", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.

A Genève, son secrétaire d'Etat Marco Rubio s'était dit dimanche "très optimiste" sur la possibilité de conclure "très vite" un accord, estimant que "les points qui restent en suspens ne sont pas insurmontables".

Les Russes auront "leur mot à dire", avait-il aussi assuré.

Lors d'un entretien téléphonique lundi entre Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, le dirigeant russe a réitéré son opinion selon laquelle le plan initial des États-Unis pourrait "servir de base à un règlement de paix final".

La poussée lente, mais progressive, des troupes russes accentue la pression sur Kiev.

Moscou a revendiqué lundi la prise d'un village dans la région de Zaporijjia (sud), tandis que des frappes aériennes russes ont fait au moins quatre morts à Kharkiv.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Les infrastructures énergétiques sont particulièrement visées, faisant craindre un hiver difficile en Ukraine. Kiev vise de son côté régulièrement des dépôts et raffineries de pétrole et d'autres installations côté russe.

 


L'IA générative, un potentiel «Frankenstein des temps modernes», prévient le chef des droits humains de l'ONU

Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes. (AFP)
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  • "Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk
  • Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé

GENEVE: Les droits humains risquent d'être les premières victimes du déploiement de l'intelligence artificielle (IA) générative par les géants de la tech, a déclaré le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme lundi, mettant en garde contre le potentiel "monstrueux" de tels systèmes.

"L'IA générative recèle un immense potentiel, mais son exploitation à des fins purement politiques ou économiques peut manipuler, déformer et détourner l'attention", a déclaré le Haut Commissaire Volker Türk lors d'une réunion à Genève (Suisse), soulignant que "sans garanties et réglementations adéquates, les systèmes d'IA pourraient se transformer en un monstre de Frankenstein des temps modernes".

"Le modèle économique actuel des plateformes de médias sociaux alimente déjà la polarisation, l'extrémisme et l'exclusion. De nombreux pays peinent à endiguer ce phénomène", a souligné M. Türk lors d'un forum sur les entreprises et les droits humains.

Et si l'IA générative est porteuse d'"immenses promesses", les droits humains peuvent en "être les premières victimes", a-t-il estimé.

L'exploitation de cette technologie "à des fins purement politiques ou économiques" fait peser une menace "sur plusieurs droits humains, notamment le droit à la vie privée, la participation politique, la liberté d'expression et le droit au travail".

Le Haut Commissaire a averti que ces menaces "pourraient se concrétiser en préjudices qui compromettent les promesses des technologies émergentes et pourraient engendrer des conséquences imprévisibles".

"Il est de la responsabilité des gouvernements de s'unir pour éviter un tel scénario", a insisté M. Türk.

Par ailleurs, le chef des droits humains de l'ONU a mis en évidence une autre menace représentée par la concentration croissante du pouvoir des entreprises et l'"accumulation massive de richesses personnelles et d'entreprises entre les mains d'une poignée d'acteurs".

"Dans certains cas, cela dépasse le poids économique de pays entiers", a-t-il déclaré, insistant sur le fait que lorsque "le pouvoir n'est pas encadré par la loi, il peut mener à des abus et à l'asservissement".

 


L'UE promet 88 millions d'euros en faveur de l'Autorité palestinienne

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  • "Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica
  • Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël

BRUXELLES: Les pays de l'Union européenne vont verser quelque 88 millions d'euros pour aider l'Autorité palestinienne, pressée de se réformer par les Européens, soucieux de son rôle futur dans le cadre du plan Trump pour la région.

"Nous avons signé plus de 82 millions d'euros", qui viennent s'ajouter aux six millions d'euros déjà annoncés, s'est félicitée devant la presse la commissaire européenne chargée de la Méditerranée, Dubravka Suica, à l'issue d'une conférence des donateurs à Bruxelles.

Quelque soixante délégations rassemblant les 27 de l'UE, les pays arabes et plusieurs organisations internationales se sont retrouvées jeudi à Bruxelles, sans la présence d'Israël.

"Aujourd'hui, nous avons présenté les progrès réalisés dans le cadre de notre programme de réforme nationale, qui est mis en œuvre, pas seulement promis, mais mis en œuvre et en avance sur le calendrier, ce qui a été reconnu par nos partenaires", a indiqué de son côté le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa.

Et cela "en dépit d'un environnement défavorable", a-t-il ajouté, accusant Israël de chercher "à affaiblir l'Autorité palestinienne ainsi que sa capacité à fonctionner".

Mme Suica a réitéré sur ce point les appels lancés par l'Union européenne pour qu'Israël accepte de libérer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne, indispensables à son fonctionnement.

"Cela a été dit par tous les participants", a-t-elle assuré.

Concernant Gaza, M. Mustafa a assuré que l'Autorité palestinienne avait un plan, soutenu par les pays arabes pour sa reconstruction. "Nous gouvernerons, nous réformerons et nous dirigerons la reconstruction de Gaza", a-t-il assuré.

L'Union européenne est le principal soutien financier de l'Autorité palestinienne. Elle conditionne toutefois le versement futur de cette aide à des réformes, qu'elle juge indispensables pour que cette Autorité soit en mesure de jouer pleinement son rôle dans le cadre de la solution à deux États, israélien et palestinien, que les Européens défendent depuis des années.

"Tout notre soutien à l'Autorité palestinienne est lié aux efforts pour poursuivre l'agenda des réformes", a rappelé Mme Suica.