Aux catastrophes au Maroc et en Libye, le Moyen-Orient répond par la solidarité

Des inondations ont renversé des véhicules et détruit des infrastructures dans la ville côtière méditerranéenne de Derna, dans l'est de la Libye, le 10 septembre 2023 (à gauche), deux jours après qu'un puissant tremblement de terre au Maroc a secoué la vieille ville de Marrakech (à droite) (Photos, AFP).
Des inondations ont renversé des véhicules et détruit des infrastructures dans la ville côtière méditerranéenne de Derna, dans l'est de la Libye, le 10 septembre 2023 (à gauche), deux jours après qu'un puissant tremblement de terre au Maroc a secoué la vieille ville de Marrakech (à droite) (Photos, AFP).
Des soldats jordaniens préparent un convoi d'aide humanitaire, le 13 septembre à Amman (Photo, AFP).
Des soldats jordaniens préparent un convoi d'aide humanitaire, le 13 septembre à Amman (Photo, AFP).
Les eaux de crue de la tempête méditerranéenne Daniel sont visibles dans la ville côtière libyenne de Derna, le 12 septembre 2023 (Photo, AP/Jamal Alkomaty).
Les eaux de crue de la tempête méditerranéenne Daniel sont visibles dans la ville côtière libyenne de Derna, le 12 septembre 2023 (Photo, AP/Jamal Alkomaty).
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Aux catastrophes au Maroc et en Libye, le Moyen-Orient répond par la solidarité

  • Un séisme d'une magnitude de 6,8 a frappé les montagnes de l'Atlas marocain au sud de Marrakech vendredi, faisant près de 3 000 morts
  • Deux barrages fluviaux ont cédé dimanche dans la ville côtière de Derna, en Libye, faisant au moins 5 000 morts et des milliers de disparus

NAIROBI/LONDRES : L'Afrique du Nord a subi deux catastrophes en trois jours : un tremblement de terre dévastateur a frappé le Maroc vendredi, suivi d'inondations catastrophiques en Libye dimanche, faisant des milliers de morts et de nombreux disparus, ce qui a déclenché une intervention d'aide mondiale.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un puissant tremblement de terre, d'une magnitude de 6,8, a frappé les hauteurs des montagnes de l'Atlas, à environ 70 km au sud de Marrakech, rasant des villages entiers, tuant au moins 2 900 personnes et laissant des milliers d'autres sans abri.

Dans la province marocaine d'Al-Haouz, des communautés agricoles isolées se sont retrouvées coupées du monde et nombre d'entre elles doivent se débrouiller seules. Il s'agit du tremblement de terre le plus meurtrier depuis 1960 et le plus puissant depuis plus d'un siècle dans ce pays d'Afrique du Nord.

Au moment même où les agences d'aide et les pays donateurs mettaient en place leur réponse à cette catastrophe, un autre désastre se produisait à l'est, dans une Libye déchirée par la crise, où la tempête Daniel a provoqué la rupture de deux barrages fluviaux dimanche après-midi.

L'énorme vague d'eau libérée par les barrages a frappé la ville côtière méditerranéenne de Derna, emportant bâtiments, véhicules et personnes dans la mer. Le nombre de morts confirmés a dépassé les 5 000 mercredi, et des milliers d'autres sont toujours portés disparus.

«La situation de la Libye est en dents de scie. Nous avons traversé tellement de choses – des conflits, des hauts et des bas politiques, et maintenant ces inondations qui ajoutent au chaos», a déclaré à Arab News, Mohammed Thabit, un journaliste libyen basé à Tripoli.

«Mais n'oubliez pas que nous sommes résilients. Nous avons affronté le pire et nous continuerons à nous battre pour un avenir meilleur, quels que soient les défis à relever», a-t-il ajouté.

Cette capture d'une vidéo publiée sur le compte Facebook du Croissant-Rouge libyen le 11 septembre 2023 montre des membres de leur équipe aidant des conducteurs dont les voitures sont englouties par les inondations dans la ville d'al-Bayda, dans l'est de la Libye (Photo, Basma Badran, Croissant-Rouge libyen via AFP).

La ville de Derna, située à 300 km à l'est de Benghazi, est entourée de collines et coupée en deux par ce qui est normalement un lit de rivière asséché en été, mais qui s'est transformé en un torrent d'eau boueuse en furie qui a également emporté plusieurs ponts importants.

Derna comptait environ 100 000 habitants et de nombreux bâtiments à plusieurs étages situés sur les rives du fleuve se sont effondrés, les habitants, leurs maisons et leurs voitures disparaissant dans les eaux en furie.

Des membres des services d'urgence travaillent près d'un bâtiment détruit par un puissant orage et de fortes pluies dans la ville de Derna, en Libye, le 12 septembre 2023 (Photo, capture d'écran d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par Ali M. Bomhadi/via Reuters).

«Face aux inondations dévastatrices en Libye, c'est un crève-cœur», a déclaré Thabit. «Nos barrages ont bénéficié d'un certain financement, mais il semble que certaines personnes se soient enfuies avec l'argent au lieu de réparer les choses. Les temps sont durs, mais nous sommes encore plus durs.»

Le Conseil présidentiel libyen a déclaré les villes de Derna, Chahat et Al-Bayda en Cyrénaïque, zones sinistrées et a demandé une aide internationale pour faire face aux effets des inondations causées par la tempête.

EN BREF

Un tremblement de terre de magnitude 6,8 s'est produit vendredi sur les hauteurs de l'Atlas marocain, à environ 70 km au sud de Marrakech, faisant au moins 2 900 victimes.

 

Dans la ville côtière libyenne de Derna, la tempête Daniel a provoqué la destruction de deux barrages fluviaux dimanche, faisant au moins 5 000 morts et des milliers de disparus.


L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Algérie, la Jordanie, l'Irak, le Koweït, la Tunisie et la Turquie ont proposé leur aide à la Libye et au Maroc.

La Libye est en effet sous le contrôle de deux administrations rivales : le gouvernement internationalement reconnu de Tripoli et les autorités basées avec le Parlement dans l'est.

«Les besoins humanitaires sont énormes et dépassent largement les capacités du Croissant-Rouge libyen et même celles du gouvernement», a déclaré Tamar Ramadan, présidente de la délégation de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en Libye, dans un communiqué adressé aux Nations unies.

«C'est pourquoi le gouvernement de l'Est a lancé un appel international à l'aide», a-t-elle ajouté.

Selon les scientifiques, cette tempête n'est que le dernier événement météorologique extrême en date à présenter certaines caractéristiques du changement climatique (Photo, AP/Jamal Alkomaty).

Margaret Harris, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé, a déclaré que les inondations avaient des proportions «énormes».

«De mémoire d'homme, il n'y a jamais eu de tempête de ce type dans la région, c'est donc un grand choc», a-t-elle indiqué.

L'inquiétude porte également sur les centaines de milliers de migrants et de réfugiés originaires de plus de 40 pays qui utilisent la Libye comme point de départ afin de rejoindre l'Europe et qui ont probablement été pris dans les inondations.

Des sauveteurs fouillent les décombres d'une maison endommagée par le tremblement de terre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz au Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

Face à l'inquiétude mondiale suscitée par ces deux catastrophes, plusieurs pays ont offert leur aide et déployé des équipes de secours à Derna et dans des villages isolés du Maroc afin d'aider les survivants et de récupérer les corps de leurs proches dans les décombres.

L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Algérie, la Jordanie, l'Irak, le Koweït, la Tunisie et la Turquie ont offert leur aide. L'Arabie saoudite a exprimé mardi sa solidarité avec «la Libye et son peuple frère, ainsi qu'avec les victimes des inondations».

Le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, avaient auparavant ordonné l'envoi de vols d'aide au Maroc, et le prince héritier avait appelé le roi Mohammed VI pour affirmer la solidarité du Royaume avec le peuple marocain.

Des villageois et des sauveteurs récitent une prière devant le corps d’une victime du tremblement de terre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a décrété un deuil de trois jours et ordonné au personnel militaire de fournir une aide humanitaire, notamment des équipes de secours, du matériel de sauvetage et des camps d'hébergement pour la Libye et le Maroc.

Le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, président des Émirats arabes unis, a ordonné l'envoi de secours d'urgence et d'équipes de recherche et de sauvetage en Libye, en déployant deux avions d'aide transportant 150 tonnes de nourriture, de secours et de fournitures médicales.

Un vol koweïtien a décollé mercredi avec 40 tonnes de fournitures pour la Libye, tandis que la Jordanie a envoyé un avion militaire chargé de colis alimentaires, de tentes, de couvertures et de matelas.

Une femme réagit devant les décombres des bâtiments détruits à la suite du séisme meurtrier de magnitude 6,8 du 8 septembre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz dans le centre du Maroc, le 10 septembre 2023 (Photo, AFP).

Rien de tout cela n’a nui à la réponse au séisme marocain. Des sauveteurs d'Espagne, du Royaume-Uni et du Qatar aident les équipes de recherche locales à retrouver des survivants.

De nombreux villageois marocains sont privés d'électricité et de réseau téléphonique depuis le tremblement de terre. Ils ont dû secourir des proches et retirer des cadavres de leurs maisons détruites sans aucune assistance.

Les Nations unies ont estimé que plus de 300 000 personnes, dont un tiers d'enfants, avaient été touchées par le puissant séisme qui s'est produit juste après 23 heures, alors que la plupart des familles dormaient.

Les Marocains ont fait preuve d'une résilience remarquable face à l'adversité, mais alors que les équipes de secours se livrent à une course contre la montre pour retrouver les survivants, les experts estiment que la priorité devrait être de rétablir un sentiment de normalité.

Une photo montrant l’ampleur des dégâts causés par le tremblement de terre qui a touché Marrakech (Capture d’écran).

«Si les bâtiments et les villes peuvent être reconstruits grâce aux efforts de reconstruction, c'est le retour à la normale pour les survivants qui constitue le plus grand défi», a déclaré Karim Wafa al-Hussaini, un historien ayant des racines au Maroc, à Arab News.

«Inculquer un nouveau sentiment de normalité au sein de la population sera certainement l'un des plus grands défis à relever pendant et après les projets de reconstruction», a-t-il souligné.

Le tremblement de terre a mis en évidence la fragilité des bâtiments des zones rurales du Maroc, construits selon les techniques traditionnelles amazighes. Le changement climatique a également laissé sa marque, rendant les structures plus vulnérables à la dévastation.

Fatima Ahouli, directrice des opérations de l'initiative Imal pour le climat et le développement, basée au Maroc, estime que ces derniers incidents soulignent la nécessité d'investir dans des infrastructures conçues pour faire face aux catastrophes naturelles et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

«Cela implique la construction d'infrastructures robustes, telles que des établissements d'enseignement et des installations de soins de santé, capables de résister aux rigueurs des phénomènes météorologiques violents, tout en encourageant des pratiques de gestion durable des ressources», a-t-elle déclaré.

Le roi Mohammed VI du Maroc a lancé des estimations pour évaluer les dégâts structurels et la faisabilité de la reconstruction des régions les plus touchées. Néanmoins, les opérations de sauvetage ont fait l'objet de critiques alors que le nombre de morts ne cesse d'augmenter.

Pendant ce temps, à Marrakech, où l'aide de l'État aux survivants a été la plus immédiate, de nombreux bâtiments modernes ont été épargnés par les secousses. Plusieurs des célèbres sites historiques de la ville n'ont cependant pas eu cette chance.

«La fureur du tremblement de terre a principalement visé des bâtiments anciens, certains datant de plusieurs siècles, construits selon les méthodes traditionnelles de l'argile qui prévalaient autrefois à Marrakech», a déclaré à Arab News, Yassine Soussi Temli, associé directeur de la société d'investissement Maghreb Capital Advisers.

«Le patrimoine architectural caractéristique de la ville a subi les conséquences du tremblement de terre de plein fouet», a-t-il ajouté.

Les médias marocains ont confirmé l'effondrement de certaines parties de la mosquée de Tinmel. Les images qui circulent en ligne montrent des murs qui s'écroulent, une tour partiellement tombée et d'importants amas de débris.

L'Unesco a été informée des dégâts causés à la mosquée, qui avait été proposée pour figurer sur sa prestigieuse liste de sites du patrimoine mondial, et prévoit d'envoyer une équipe pour en évaluer les dégâts.

Si certaines structures de la vieille ville de Marrakech, elle-même classée au patrimoine mondial de l'Unesco, ont subi des dommages importants, d'autres sites vénérés ont été largement épargnés.

Un survivant du tremblement de terre en train d’accomplir sa prière devant une maison endommagée dans le village d'Ighermane près d'Adassil dans le centre du Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

La place Jamaa Alfna, par exemple, une attraction touristique très animée qui regorge de marchés, de vendeurs ambulants et de jardins, semble avoir résisté à l'impact du tremblement de terre de manière relativement indemne.

La mosquée Koutoubia, qui se dresse au-dessus de la place, est également restée structurellement saine, bien que des fissures aient été signalées dans certaines parties des murs de terre rouge emblématiques de la vieille ville.

L'impact économique du tremblement de terre est multiple. Bien qu'étant une destination touristique majeure, Marrakech n'est pas le principal moteur de la croissance économique du Maroc. Ce rôle est réservé à l'axe Rabat-Casablanca, le moteur industriel du pays.

En outre, la région en plein essor de Tanger, avec son port prospère, promet un potentiel économique considérable.

Des personnes déplacées par le tremblement de terre transportent de l'aide humanitaire jusqu'à leurs tentes dans la ville d'Imi N'tala, près de Marrakech, au Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AP /Mosa'ab Elshamy).

Le tremblement de terre aura inévitablement un impact sur l'économie de Marrakech, mais le gouvernement a insisté pour que les réunions annuelles du groupe de la Banque mondiale et du FMI se déroulent comme prévu du 9 au 15 octobre.

«La performance économique du Maroc, avant le tremblement de terre, avait démontré sa résilience face aux défis mondiaux», a souligné Temli. «Le pays avait surmonté la pandémie de la Covid-19 et géré les pressions inflationnistes avec un équilibre louable. Le Maroc est même devenu l'un des principaux bénéficiaires des investissements directs étrangers en Afrique du Nord.

«Je suis certain que le gouvernement mettra en place toutes les mesures nécessaires pour reconstruire rapidement la ville de Marrakech afin qu'elle puisse continuer à accueillir les millions de touristes qu'elle reçoit chaque année.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.