Le conflit soudanais remet en mémoire l'histoire des massacres ethniques au Darfour

Des propriétaires de charrettes tchadiennes transportent les affaires de Soudanais qui ont fui le conflit dans la région soudanaise du Darfour, en traversant la frontière entre le Soudan et le Tchad à Adre, au Tchad, le 4 août 2023 (Photo, REUTERS/Archives).
Des propriétaires de charrettes tchadiennes transportent les affaires de Soudanais qui ont fui le conflit dans la région soudanaise du Darfour, en traversant la frontière entre le Soudan et le Tchad à Adre, au Tchad, le 4 août 2023 (Photo, REUTERS/Archives).
Des propriétaires de charrettes tchadiennes transportent les affaires de Soudanais qui ont fui le conflit dans la région soudanaise du Darfour, en traversant la frontière entre le Soudan et le Tchad à Adre, au Tchad, le 4 août 2023 (Photo, REUTERS/Archives).
Des propriétaires de charrettes tchadiennes transportent les affaires de Soudanais qui ont fui le conflit dans la région soudanaise du Darfour, en traversant la frontière entre le Soudan et le Tchad à Adre, au Tchad, le 4 août 2023 (Photo, REUTERS/Archives).
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Publié le Samedi 16 septembre 2023

Le conflit soudanais remet en mémoire l'histoire des massacres ethniques au Darfour

  • Les Nations unies ont reçu des informations crédibles faisant état d'au moins 13 fosses communes à Al-Genaïna et dans ses environs
  • Les responsables des Nations unies tirent la sonnette d'alarme concernant les «attaques fondées sur l'identité», les civils étant «pris pour cible sur la base de leur race»

NAIROBI, Kenya: Le Darfour, une région du Soudan qui n'est pas étrangère aux violences ethniques et aux génocides, fait à nouveau les gros titres, suite à la découverte de fosses communes dans le cadre d'une lutte de pouvoir prolongée entre deux généraux soudanais qui a réduit des villes entières en ruines et déclenché une crise humanitaire aux proportions épiques.

Le bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'homme a déclaré avoir reçu des informations crédibles faisant état d'au moins 13 fosses communes dans la ville d’Al-Genaïna et ses environs, a signalé mercredi le chef de la mission des Nations unies au Soudan.

Les tombes contiendraient les corps des victimes des attaques menées par les forces paramilitaires de soutien rapide et les milices arabes alliées contre des civils, dont la majorité appartenait à la communauté Masalit, a déclaré Volker Perthes au Conseil de sécurité des Nations unies.

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Des personnes placent des corps dans une fosse commune à Nyala, au Soudan, le 23 août 2023, à la suite d'une attaque près d'un pont qui a tué des dizaines de personnes (Photo via REUTERS).

Ce dernier massacre est en partie le résultat de rivalités politiques aggravées par des tensions raciales latentes. Le Darfour a acquis une notoriété internationale au début des années 2000, lorsque l'épuration ethnique, les disparités économiques et la concurrence pour les ressources ont déclenché un conflit entre le gouvernement dominé par les Arabes et les groupes rebelles non arabes.

Entre 2003 et 2005, des dizaines de milliers de civils ont été systématiquement tués au Darfour, marquant ainsi le premier génocide du 21e siècle. Il est à craindre que le conflit actuel, entre les forces de soutien rapide et les forces armées soudanaises, qui entre dans son sixième mois, n'atteigne des niveaux de brutalité similaires.

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Un homme se tient debout alors qu'un incendie fait rage dans un marché aux bestiaux à Al-Fashir, la capitale de l'État du Darfour du Nord, le 1er septembre 2023, à la suite d'un bombardement par les forces paramilitaires de soutien rapide (Photo, AFP).

«Ces tensions ont été aggravées par des facteurs tels que la désertification, l'instabilité politique depuis l'indépendance du Soudan, la stagnation économique, la prolifération des armes provenant de conflits internes et externes, les batailles par procuration et la polarisation internationale», a déclaré à Arab News, Ahmed Khair, chercheur au Sudan Research and Consultancy Group.

Si les causes profondes du conflit restent inchangées, les allégeances des parties belligérantes n'ont cessé d'évoluer.

«De nouveaux partis, acteurs et coalitions politiques, voire une transformation des entités politiques existantes, sont apparus, s'adaptant à une dynamique politique en constante évolution», a révélé Khair.

Parmi ces groupes, on peut citer le Mouvement pour la justice et l'égalité, le Mouvement de libération du Soudan-Minni Minnawi et le Mouvement de libération du Soudan-Abdel Wahid.

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Des combattants du Mouvement de libération du Soudan-Minni Minnawi roulent dans des véhicules qui accompagnent le gouverneur de l'État du Darfour lors d'une escale dans la ville de Gedaref, dans l'est du pays, en route vers Port-Soudan, le 30 août 2023 (Photo, AFP).

Selon Khair, ils sont tous motivés par la perspective de «donner plus de pouvoir à leurs régions et aux citoyens qui y vivent».

La crise actuelle au Soudan a débuté le 15 avril lorsqu'une lutte de pouvoir de longue date entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide a dégénéré en violence, dont la majeure partie s'est concentrée autour du Darfour et de la capitale, Khartoum. Environ 4 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays par le conflit et 1,1 million d'autres ont fui vers les pays voisins, principalement le Tchad et l'Égypte.

Au Darfour, le conflit a pris une tournure à la fois différente des hostilités précédentes et en même temps trop familière, les forces de soutien rapide et les milices alliées ciblant des groupes ethnolinguistiques spécifiques.

La région occidentale du Darfour, une région de la taille de la France et abritant un quart de la population du Soudan , avait déjà connu certains des troubles les plus graves du conflit avant que la violence ne s'intensifie le mois dernier. Selon l’ONU, plus de 50 000 personnes ont fui la ville en l'espace de dix jours au mois d'août.

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Des corps éparpillés à l'extérieur près de maisons dans la capitale de l'État du Darfour occidental, Al-Genaïna, ce qui a suscité des avertissements selon lesquels le conflit entre deux généraux dans le Soudan déchiré par la guerre avait «pris une dimension ethnique, entraînant des attaques ciblées basées sur l'identité des personnes et le déplacement ultérieur des communautés» (Photo, AFP).

Alice Wairimu Nderitu, conseillère spéciale des Nations unies pour la prévention du génocide, a tiré la sonnette d'alarme face à la multiplication des «attaques fondées sur l'identité», avertissant qu’au Darfour, les civils «sont pris pour cible sur la base de leur race».

Perthes, qui a annoncé cette semaine qu'il démissionnerait de son poste de chef de la mission des Nations unies au Soudan, a déclaré mercredi au Conseil de sécurité, lors de son dernier briefing, que le conflit dans le pays risquait de s'aggraver.

Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises et dirigeant de facto du Soudan, a accusé à plusieurs reprises l'envoyé de l'ONU de faire preuve de partialité à l'égard des forces de soutien rapide, et que Perthes est persona non grata depuis qu'il a dénoncé d'éventuels «crimes contre l'humanité» au Darfour.

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Le chef des forces armées soudanaises, le général Abdel Fattah al-Burhan, salue ses partisans lors d'une visite d'un quartier de Port-Soudan (photo de l'armée soudanaise/AFP).

Le gouvernement soudanais a demandé à plusieurs reprises que Perthes soit démis de ses fonctions, mais le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réitéré son soutien à l'envoyé. Mercredi, cependant, Guterres a accepté la démission de Perthes, déclarant que l'envoyé avait «de très bonnes raisons» de se retirer.

«Je suis reconnaissant au secrétaire général de m'avoir donné cette opportunité et de m'avoir fait confiance, mais je lui ai demandé de me relever de cette fonction», a déclaré Perthes, tout en avertissant que le conflit «pourrait se transformer en une véritable guerre civile».

Il a ajouté que les parties belligérantes «ne peuvent pas agir en toute impunité et que les auteurs des crimes commis devront rendre des comptes».

Au début de septembre, Washington a imposé des sanctions à Abdelrahim Hamdan Dagalo, le frère de Mohammed Hamdan «Hemedti» Dagalo, chef des forces de soutien rapide, pour «le massacre de civils, les meurtres ethniques et l'utilisation de la violence sexuelle».

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Une image extraite d'une vidéo publiée sur la page Twitter, rebaptisées X,  des Forces de soutien rapidele 28 juillet 2023, montre le général Mohamed Hamdan Daglo s'adressant à des combattants des forces de soutien rapide dans un lieu non divulgué (Photo des Forces de soutien rapide/AFP).

Dans le sud du Darfour, une région historiquement associée à l'influence des forces de soutien rapide, les factions rivales sont engagées dans une lutte féroce pour le contrôle du pays. Alors que les forces de soutien rapide et les milices arabes qui lui sont alliées contrôlent la majeure partie de la capitale du Sud-Darfour, Nyala, les Forces armées soudanaises s'appuient sur leur artillerie et leurs forces aériennes pour affirmer leur présence dans une région qui a longtemps été négligée.

Les civils et les travailleurs humanitaires qui tentent de les aider se sont retrouvés pris entre deux feux. Soixante personnes ont été tuées et 285 blessées au cours de 12 jours de combats intenses dans la seule ville de Nyala, le 22 août, selon un rapport récent du Darfur Cinema Center, un groupe de surveillance local. Ce mercredi, un raid aérien a tué au moins 40 civils, a indiqué une source médicale à l'Agence France-Presse.

Le 21 août, les Forces armées soudanaises auraient bombardé un marché à Nyala, tuant 24 civils. Les Forces armées soudanaises nient être responsables de cet incident, mais les habitants ont déclaré qu'ils soupçonnaient la présence de combattants des forces de soutien rapide à proximité d'être la cause de ce bombardement meurtrier.

Un incident tout aussi pénible s'est produit deux jours plus tard, lorsqu'une trentaine de civils, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été pris dans les tirs croisés entre les forces de soutien rapide et les forces armées soudanaises.

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Des corps de civils ont été enterrés dans des fosses communes par des habitants de Nyala, au Darfour (Photo via REUTERS).

Selon les habitants et les observateurs qui ont parlé à Arab News, le nombre réel de morts résultant de tels incidents est probablement beaucoup plus élevé que les chiffres fournis.

Le conflit a perturbé les infrastructures de communication dans la région, ce qui rend difficile l'enregistrement précis des décès par le personnel médical. Dans de nombreux cas, les familles endeuillées n'ont d'autre choix que d'enterrer leurs morts sans les enregistrer officiellement.

Les services des hôpitaux et des cliniques dans les zones de conflit ont également été affectés. Les opérations de secours ont été entravées par la fermeture des installations médicales, et les travailleurs de la santé risquent constamment d'être pris pour cible par les factions belligérantes, en violation du droit humanitaire international.

Les combats ont également perturbé l'approvisionnement en nourriture et «la pénurie alimentaire est une préoccupation urgente dans tout le Darfour, ce qui aggrave encore la crise humanitaire», a déclaré à Arab News, William Carter, directeur national pour le Soudan au Conseil norvégien pour les réfugiés.

«Tout cela est très difficile et complexe: la sécurité, mais aussi la logistique, le passage des frontières depuis l'est du Tchad, la saison des pluies et les énormes distances à parcourir», a-t-il ajouté. «Il s'agit de l'une des régions les plus critiques du pays où il faut s'assurer qu'une aide est apportée.»

Le manque de nourriture et d'eau potable oblige souvent les civils à prendre des risques extrêmes, en se plaçant dans la ligne de mire lorsqu'ils cherchent des vivres.

«La situation est urgente», a souligné à Arab News Mohammed Adam Hassan, directeur exécutif du Réseau du Darfour pour les droits de l'homme. «En tant qu'organisations de défense des droits de l'homme, nous continuons à faire état de victimes civiles, de destructions de biens et de souffrances généralisées.»

Il a appelé la communauté internationale à intervenir dans le conflit et à accélérer la réponse humanitaire.

«Les sanctions sont un pas dans la bonne direction, mais il faut faire davantage afin de résoudre la crise complexe qui sévit sur le terrain», a-t-il ajouté. «Une telle intervention devrait donner la priorité à la protection des civils et à la création de zones sûres et de couloirs humanitaires pour faciliter l'acheminement de l'aide.»

Khair, chercheur au sein du Sudan Research and Consultancy Group, a convenu de l'urgence d'une intervention extérieure, mais a indiqué que les efforts devaient s'aligner sur les réalités politiques sur le terrain.

«Alors que la coordination dans les zones contrôlées par le gouvernement soudanais se poursuit grâce aux mécanismes établis, des problèmes se posent dans les zones contrôlées par des mouvements armés tels que les forces de soutien rapide», a-t-il précisé.

Khair a identifié Minni Arko Minnawi, le gouverneur du Darfour, comme une figure potentiellement centrale dans ce processus, étant donné qu'il bénéficie de l'approbation tacite des principaux partis.

«Pour combler ce fossé, il faut entamer un dialogue et créer des structures de coordination d'urgence», a estimé Khair.

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Minni Minnawi (au centre), gouverneur de l'État du Darfour au Soudan, est accueilli par des habitants lors d'une escale dans la ville de Gedaref, dans l'est du pays, alors qu'il se rend à Port-Soudan, le 30 août 2023 (Photo, AFP).

Les efforts déployés pour résoudre la crise par les voies diplomatiques régionales, telles que l'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement, se sont heurtés à des obstacles considérables. Al-Burhan a menacé de retirer le Soudan des organisations qui continuent à communiquer avec les représentants des forces de soutien rapide.

L'annonce récente de sanctions à l'encontre de Dagalo, chef des forces de soutien rapide, par Washington, pourrait indiquer que les États-Unis prennent parti dans le conflit, mais il pourrait s'agir simplement d'une mesure destinée à inciter les parties belligérantes à revenir à la table des négociations à Djeddah.

Quelles que soient les mesures prises jusqu'à présent, Hassan a soutenu que «l’obligation de rendre des comptes et la justice sont de la plus haute importance» et que des enquêtes approfondies menées par des institutions telles que la Cour pénale internationale seront finalement nécessaires de manière à s’assurer que les auteurs d'abus sont tenus de rendre des comptes.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com