Amputé après le séisme au Maroc, Saïd face à une nouvelle vie d'invalide

Des membres de la protection civile transportent une victime du tremblement de terre du 8 septembre dans un hôpital militaire de campagne dans le village d'Asni près de Moulay Brahim dans la province d'al-Haouz dans les montagnes du Haut Atlas du Maroc central, le 11 septembre 2023. (Photo Philippe Lopez AFP)
Des membres de la protection civile transportent une victime du tremblement de terre du 8 septembre dans un hôpital militaire de campagne dans le village d'Asni près de Moulay Brahim dans la province d'al-Haouz dans les montagnes du Haut Atlas du Maroc central, le 11 septembre 2023. (Photo Philippe Lopez AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 17 septembre 2023

Amputé après le séisme au Maroc, Saïd face à une nouvelle vie d'invalide

  • Le soir du tremblement de terre, le 8 septembre, ce jeune de 24 ans dîne avec sa famille quand leur maison «commence à trembler», dans le village de Tamatert, à une centaine de kilomètres au sud de Marrakech
  • «Je n'arrive plus à bouger, c'est mon cousin qui m'assiste jour et nuit. Pour le moindre geste, j'ai besoin d'assistance», constate l'homme qui vivait de petits boulots dans la maçonnerie

MARRAKECH, Maroc : «J'ai regardé le bas de mon corps et j'ai commencé à crier», relate Saïd Yahia, admis au CHU de Marrakech après avoir perdu ses deux jambes durant le puissant séisme qui a frappé le Maroc.

Le soir du tremblement de terre, le 8 septembre, ce jeune de 24 ans dîne avec sa famille quand leur maison «commence à trembler», dans le village de Tamatert, à une centaine de kilomètres au sud de Marrakech.

Ils sortent tous à la hâte mais son bébé d'un an et demi est toujours à l'intérieur. Saïd rentre en courant, deux de ses soeurs et son frère le suivent en panique.

Il réussit à récupérer l'enfant vivant mais au moment de sortir, un rocher tombe sur le toit, le heurte et lui écrase les jambes, avant d'emporter son frère qui meurt sur le champ.

«A ce moment-là, je n'avais pas conscience que j'avais perdu les deux jambes. J'avais mon enfant dans les bras, c'est ce qui importait. C'est ma femme qui m'a dit que mes jambes étaient coupées», raconte-t-il à l'AFP sur son lit d'hôpital.

«J'ai regardé le bas de mon corps et j'ai commencé à crier», ajoute le jeune homme, posément.

Cette nuit restera «gravée» dans la mémoire de son cousin, Abdelaziz Aoussam, qui est arrivé juste au moment où Saïd était extrait de sa maison en ruine.

«Nous l'avons d'abord porté à pied sur quelques kilomètres avant de trouver un pick-up qui a accepté de nous prendre. C'était compliqué car la route était coupée, on l'a déblayée à mains nues», explique cet homme de 25 ans qui est resté au chevet de son cousin depuis son hospitalisation samedi.

Mais au niveau de Oumnass (à 97 km au nord de Tamatert), les rochers sur la route étaient trop grands pour les déplacer et avancer.

L'accès aux villages reculés, frappés de plein fouet par le séisme, a d'ailleurs été le principal défi dans les premières heures suivant la catastrophe.

- «Ma vie va changer» -

«Ils m'ont porté et ont marché jusqu'à ce qu'on trouve une ambulance. Les personnes qui m'accompagnaient ont fait des efforts phénoménaux», lance Saïd Yahia, qui est obligé de marquer des temps d'arrêt à cause de la douleur.

Six heures plus tard, il arrive enfin à l'hôpital provincial de Tahanaout, à une trentaine de km au sud de Marrakech, où il est rapidement pris en charge avant d'être envoyé d'urgence au CHU de la ville ocre.

Les urgences de l'hôpital ont accueilli 1.200 blessés en une semaine, note auprès de l'AFP son directeur, Lahcen Boukhanni.

Les blessés les plus graves ayant désormais été pris en charge, «il ne faut pas oublier le travail sur la santé mentale», note le directeur, dont l'établissement a mis en place une cellule d'écoute.

Une semaine après le séisme, qui a fait plus de 2.900 morts, Saïd doit apprendre, petit à petit, à vivre avec son lourd handicap.

«Je n'arrive plus à bouger, c'est mon cousin qui m'assiste jour et nuit. Pour le moindre geste, j'ai besoin d'assistance», constate l'homme qui vivait de petits boulots dans la maçonnerie à Marrakech et dans d'autres villes. «J'ai l'impression d'être un nouveau-né qui ne peut rien faire tout seul».

Sans savoir quand elle sera possible, il appréhende sa sortie d'hôpital et le retour dans son village de 200 âmes, perché à 2.300 mètres.

«Je vis dans un endroit reculé dans les montagnes, je ne sais pas ce que je vais devenir. Ma vie va changer mais je n'y pense pas», dit-il. «Ce qui m'importe aujourd'hui, c'est d'être resté en vie».


Pleurs et cris de joie à Tel-Aviv après la libération d'otages de Gaza

Dès que les trois silhouettes des jeunes femmes retenues dans la bande de Gaza apparaissent passant d'une voiture du Hamas à un 4x4 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une vague d'applaudissements les a accueillis. (Reuters)
Dès que les trois silhouettes des jeunes femmes retenues dans la bande de Gaza apparaissent passant d'une voiture du Hamas à un 4x4 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une vague d'applaudissements les a accueillis. (Reuters)
Short Url
  • À Jérusalem, le président israélien Isaac Herzog avait choisi de se rendre au mur des Lamentations - l'un des lieux les plus sacrés du judaïsme - juste avant la libération pour prier pour les trois femmes
  • Des milliers de Palestiniens déplacés par la guerre ont pris la route pour rentrer chez eux dimanche dans la bande de Gaza après l'entrée en vigueur d'une trêve entre Israël et le Hamas

TEL-AVIV: Certains crient de joie, d'autres fondent en larmes sur la "place des Otages" à Tel-Aviv dimanche en fin d'après-midi à l'annonce de la libération de trois Israéliennes otages dans la bande de Gaza, au premier jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

"Je n'arrive pas à expliquer... pardon", s'excuse Roni Tarnovyski, journaliste de 23 ans avant de fondre en larmes au pied d'un des écrans géants installés sur ce lieu, haut lieu de la mobilisation de centaines de milliers d'Israéliens pour la libération des personnes prises en otages lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"C'est tout simplement bouleversant, c'est un sentiment que nous n'avons pas ressenti depuis plus d'un an", ajoute la jeune femme, amie d'Emily Damari, libérée avec Romi Gonen, et Doron Steinbrecher. "J'espère simplement que ça va continuer et qu'ils vont tous rentrer parce que nous ne pouvons laisser personne de l'autre côté" .

"Il fallait que je sois là, pour voir ça en direct, pour comprendre que cela arrive (...) enfin", déclare Hagar Drake, habitante de Tel-Aviv.  C'est crucial "d'être ici, tous ensemble pour ce moment", ajoute la jeune femme de 34 ans dans un sourire radieux.

Pendant une longue attente, la foule qui s'était formée au cours de l'après-midi a retenu son souffle alors que les télévisions annonçaient sur les écrans l'imminence de la libération.

Des centaines de regards inquiets fixent les écrans montrant des combattants armés de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, masqués, tentant de contrôler une autre foule, rassemblée dans la ville de Gaza pour assister à la remise des otages à la Croix-Rouge.

Dès que les trois silhouettes des jeunes femmes retenues dans la bande de Gaza apparaissent passant d'une voiture du Hamas à un 4x4 du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une vague d'applaudissements les a accueillis.

 "Respirer, un moment" 

Au milieu de téléphones filmant la scène, quelques personnes pleurent à chaudes larmes et d'autres trépignent d'exultation.

Les acclamations reprennent lorsque le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée confirme que les trois jeunes femmes, sont enfin arrivées en Israël après 471 jours de captivité.

À Jérusalem, le président israélien Isaac Herzog avait choisi de se rendre au mur des Lamentations - l'un des lieux les plus sacrés du judaïsme - juste avant la libération pour prier pour les trois femmes.

Saluant "un rayon de lumière dans les ténèbres, un moment d'espoir (...) qui restera à jamais gravé dans notre mémoire", le Forum des familles, principale association israélienne de proches d'otages estime dans un communiqué que le retour des trois jeunes femmes "nous rappelle la responsabilité profonde qui est la nôtre de continuer à œuvrer pour la libération de tous, jusqu'à ce que le dernier otage rentre chez lui".

A côté des écrans de la "place des Otages", une grande horloge affiche chaque seconde passée depuis la prise d'otages. Les chiffres continuent à défiler pour les plus de 90 otages encore détenus dans la bande de Gaza.

En attendant leur libération à la faveur de la trêve, Gal Handberg, 28 ans, savoure "un instant de soulagement". "Nous pouvons enfin respirer, pour un moment"

Gaza: des milliers de déplacés sur le chemin du retour 

Des milliers de Palestiniens déplacés par la guerre ont pris la route pour rentrer chez eux dimanche dans la bande de Gaza après l'entrée en vigueur d'une trêve entre Israël et le Hamas, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A la mi-journée, des milliers de personnes arrivaient à Jabalia à partir de Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien. D'autres mouvements de retour de la population ont été observés dans les secteurs de Rafah et Khan Younès (sud), selon des témoignages recueillis par téléphone.

 


Le cessez-le-feu entre en vigueur à Gaza avec près de trois heures de retard

Des Palestiniens déplacés se dirigent le long d’une rue alors qu’ils retournent à Rafah, après l’accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.Le 19 janvier 2025. (Photo : Eyad BABA / AFP)
Des Palestiniens déplacés se dirigent le long d’une rue alors qu’ils retournent à Rafah, après l’accord de cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.Le 19 janvier 2025. (Photo : Eyad BABA / AFP)
Short Url
  • L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération d'otages israéliens, trois femmes en premier lieu, est entré en vigueur avec près de trois heures de retard.
  • Avant même l'entrée en vigueur effective de la trêve, des milliers de Palestiniens déplacés, chargés de leurs affaires, ont pris la route, au milieu des destructions, pour retourner chez eux, dans le nord ou le sud de la bande de Gaza dévastée.

JERUSALEM : Après 15 mois de guerre dans la bande de Gaza, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération d'otages israéliens, trois femmes en premier lieu, est entré en vigueur avec près de trois heures de retard.

Ce retard était dû au fait que le Hamas n'avait pas fourni la liste des otages devant être libérés dans la journée avant 06 h 30 GMT, heure initiale de la mise en œuvre de l'accord, qui intervient à la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Cet accord, conclu mercredi, fait naître l'espoir d'une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti que son armée pourrait reprendre les armes.

Avant même l'entrée en vigueur effective de la trêve, des milliers de Palestiniens déplacés, chargés de leurs affaires, ont pris la route, au milieu des destructions, pour retourner chez eux, dans le nord ou le sud de la bande de Gaza dévastée, selon des images de l'AFP.

À bord de camionnettes ou à pied, certains affichent un sourire radieux. D'autres partagent des friandises ou brandissent le drapeau palestinien.

À Jabalia, au nord de Gaza, théâtre d'une intense opération militaire israélienne depuis octobre, les habitants découvrent un paysage apocalyptique de décombres.

- Trêve à partir de 9 h 15 GMT.

Les armes devaient se taire à 06 h 30 GMT, mais Israël a retardé son application, invoquant le retard pris par le Hamas. Le pays a ensuite mené de nouvelles frappes à Gaza qui ont fait huit morts selon la Défense civile locale.

Le Hamas a ensuite annoncé avoir publié les noms des trois Israéliennes libérables dans la journée, après avoir justifié son retard par « des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements ».

Dans la foulée, le bureau de M. Netanyahu a annoncé l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 09 h 15 GMT, ensuite confirmée par le médiateur qatari.

Selon Doha, la liste des otages libérables dimanche comprend « les noms de trois citoyennes israéliennes, dont l'une est également de nationalité roumaine et l'autre de nationalité britannique ».

- Avertissement de Netanyahu -

Arraché mercredi par les médiateurs (Qatar, États-Unis, Égypte), l'accord ambitionne, selon Doha, de déboucher à terme sur la « fin définitive » de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Mais Benjamin Netanyahu a prévenu samedi qu'il s'agissait « d'un cessez-le-feu provisoire » et que son pays se gardait « le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des États-Unis ».

Hostile à la trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé qu'il quittait la coalition de M. Netanyahu, qui jouit toutefois toujours d'une majorité au Parlement.

Selon les termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés dans une première phase étalée sur six semaines.

En échange, Israël a dit qu'il relâcherait 737 prisonniers palestiniens.

Trois points d'accueil des otages israéliens ont été installés à la frontière sud d'Israël avec Gaza, a précisé un responsable militaire. Les otages seront pris en charge par des médecins.

- « Respirer de nouveau » -

Selon Paris, deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d'une première trêve d'une semaine en novembre 2023.

« Quand ils franchiront la frontière de Gaza et qu'ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau », a déclaré à l'AFP samedi soir Shahar Mor Zahiro, neveu d'un otage décédé.

Israël a désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et des mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7 octobre. Leur libération doit intervenir après 14 heures GMT.

Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté en 2019 et emprisonné depuis.

- 600 camions d'aide -

D'après le président américain Joe Biden, la première phase de l'accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de la bande de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire dans ce territoire menacé par la famine selon l'ONU.

Les autorités égyptiennes ont précisé que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions d'aide par jour ».

Les modalités de la deuxième phase, qui doit permettre la libération des derniers otages, seront négociées pendant la première étape, avant la troisième et dernière consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.

Selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles, l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils. Sur l'ensemble des 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.

Selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles, l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils. Sur l'ensemble des 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'offensive israélienne de représailles à Gaza a aussi fait au moins 46 899 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Largement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif fixé par Benjamin Netanyahu, selon des experts.


Manipulation médiatique et instrumentalisation de Forbes France au service de la propagande royale du Maroc

Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Le bâtiment des galeries du magazine Forbes. 62, 5th avenue, Manhattan, New York, NYC, USA. (Photo par : -/VW Pics/Universal Images Group via Getty Images)
Short Url
  • Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime marocain.
  • Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante.

RIYAD : L’enquête explosive menée par Marianne, complétée par les révélations incisives d’Africa Intelligence, lève le voile sur un système d’influence sophistiqué dans lequel le Maroc, sous couvert de soft power, orchestre une propagande méthodique via des relais médiatiques internationaux.

Forbes France, autrefois symbole d’excellence journalistique, apparaît aujourd’hui comme un instrument docile entre les mains des autorités marocaines.

Les chiffres sont accablants : sur 49 articles publiés par Forbes France sur le Maroc, près de la moitié sont des contenus payants étiquetés « Brandvoice », financés directement ou indirectement par des proches du régime de Mohammed VI.

Ces textes déguisés en journalisme peignent un portrait idyllique du royaume, occultant sciemment la répression des libertés individuelles, les inégalités criantes et les réalités économiques sombres du pays. Il s'agit d'une véritable mascarade qui sape l’intégrité journalistique et trompe délibérément les lecteurs.

Forbes France : un média au service de la propagande royale

Plus qu’un simple complice passif, le magazine semble s’être vendu au plus offrant, troquant son indépendance contre des millions d’euros provenant des cercles de pouvoir marocains.

Dominique Busso, le PDG de l’édition française, ne cache pas que ces transactions douteuses sont monnaie courante. Pire, selon des sources internes, le Maroc achète régulièrement des articles pour redorer l’image de son régime monarchique, tout en évitant toute transparence sur les financements réels.

Abdelmalek Alaoui, présenté comme un analyste ou un économiste, mais qui n'est en réalité qu'un agent de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), est identifié comme un rouage clé de cette machinerie propagandiste.

Des courriels internes obtenus par Marianne montrent comment Alaoui et d’autres agents influencent directement la ligne éditoriale de ces articles en faveur de la monarchie marocaine. Forbes France ne serait rien d’autre qu’un outil au service de cette désinformation orchestrée depuis Rabat.

Un documentaire sous influence : glorification du règne de Mohammed VI

Les tentacules de cette stratégie de manipulation s’étendent bien au-delà de la presse écrite. Africa Intelligence révèle qu’un documentaire diffusé sur Public Sénat à l’approche d’une visite officielle d’Emmanuel Macron au Maroc a été conçu comme une véritable opération de communication. 

Réalisé par des proches de l’élite politique marocaine et française, ce film, présenté comme un travail journalistique, n’est rien d’autre qu’une glorification du roi Mohammed VI.

Tout en vantant les prétendus succès du roi, notamment en matière de condition féminine et de développement économique, le documentaire escamote les critiques concernant les inégalités sociales et la répression des libertés. Il s'agit là d'une manipulation éhontée, à peine voilée, où les consignes éditoriales semblent avoir été dictées par Rabat pour protéger l’image royale.

Le Maroc : un État stratège du mensonge médiatique

Ce qui se dévoile ici est bien plus qu’un simple scandale médiatique. Il s’agit d’une stratégie délibérée et agressive de soft power, dans laquelle le Maroc utilise des moyens financiers considérables pour infiltrer et manipuler les récits médiatiques internationaux.

En contrôlant la narration sur des plateformes influentes telles que Forbes France, le royaume impose une version réécrite et aseptisée de la réalité, tout en muselant les voix dissidentes.

Ces pratiques immorales révèlent la complicité choquante de médias qui, en échange d'avantages financiers, renoncent à leur devoir d'informer honnêtement. Ce brouillage systématique de la frontière entre journalisme et propagande constitue une attaque directe contre l’intégrité de l’information.

Un appel urgent à l’éthique journalistique

Les révélations de Marianne et d’Africa Intelligence mettent en lumière le manque de diligence de la part d'acteurs tels que Forbes France.

Il est désormais impératif de mener une enquête indépendante sur ces pratiques. En effet, tant que des médias accepteront de se vendre au plus offrant, les citoyens continueront à être trompés par des récits soigneusement fabriqués pour servir des intérêts politiques. 

L’intégrité de la presse n’est pas à vendre, il est temps de le rappeler.