Sénatoriales: À Paris, la gauche rafle la mise, le camp présidentiel sorti

Un électeur saisit un bulletin de vote lors des élections sénatoriales françaises à Paris (Photo, AFP).
Un électeur saisit un bulletin de vote lors des élections sénatoriales françaises à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 25 septembre 2023

Sénatoriales: À Paris, la gauche rafle la mise, le camp présidentiel sorti

  • La liste réunissant les composantes de la majorité municipale, le PS, EELV, le PCF, Paris en commun et Génération.S a raflé les deux tiers des sièges au Sénat
  • Ce résultat marque «une victoire historique des écologistes à Paris»

PARIS: Pari gagné pour le rassemblement à gauche issu de la majorité municipale d'Anne Hidalgo : la principale liste à gauche envoie au palais du Luxembourg huit des douze sénateurs parisiens, la droite divisée obtenant quatre sièges, quand la majorité présidentielle sort, selon des sources à l'Hôtel de Ville de Paris.

La liste réunissant les composantes de la majorité municipale, le PS, EELV, le PCF, Paris en commun et Génération.S a raflé les deux tiers des sièges au Sénat de la capitale y envoyant notamment trois écologistes dont l'ancien candidat à l'élection présidentielle Yannick Jadot.

Ce résultat marque "une victoire historique des écologistes à Paris", a souligné auprès de l'AFP Yannick Jadot selon qui elle "dit la montée en puissance des écologistes sur ce territoire", soulignant également la "réussite de l'union".

LFI critique la «vieille gauche» qui a «refusé tout accord»

La France Insoumise a critiqué dimanche soir la "vieille gauche" qui a "refusé tout accord d'union" avec LFI aux sénatoriales et "empêché l'élection d'un seul sénateur ou une seule sénatrice insoumise".

"Le refus de l'union autour de la Nupes aura coûté à la gauche près de 10 sièges", a dénoncé LFI dans un communiqué.

"Nous étions rejetés de tout accord par les partis traditionnels de la gauche", pointe le parti mélenchoniste, au moment où la coalition Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) traverse une nouvelle période de tensions.

"Le choix de la division fait par les socialistes, écologistes et communistes et l'éparpillement des listes coûtent aux composantes de la Nupes une demi-douzaine de sièges et aident à la progression de l'extrême droite au Sénat", où le RN a obtenu trois sièges dimanche, poursuit La France Insoumise.

M. Jadot a également décrit "une nouvelle gaufre pour le gouvernement quand il s'agit d'élection locale", alors que le sénateur sortant de la majorité présidentielle Julien Bargeton, ancien adjoint socialiste, n'a pas été réélu.

"Déçu de ne pas être réélu au Sénat alors que nous avons fait une belle campagne", Julien Bargeton a estimé auprès de l'AFP avoir néanmoins obtenu "un bon score (171 voix) au regard des municipales de 2020", relativisant le résultat dans son ensemble : "une traduction de la composition du conseil municipal".

C'est "une excellente nouvelle pour la gauche et les écologistes parisiens et pour mon équipe", a salué quant à elle la maire de Paris Mme Hidalgo: "c'est une belle leçon que lorsque le rassemblement est là (..) on marque les points".

Malgré des divisions à droite - trois listes concourraient - celle officielle de LR, soutenue par la maire du VIIe arrondissement et cheffe de l'opposition à Paris Rachida Dati a obtenu trois sièges: la sénatrice sortante Catherine Dumas, le maire du XVIe arrondissement Francis Szpiner et l'élue du XIVe arrondissement Marie-Claire Carrère-Gée.

Agnès Evren, patronne de la fédération parisienne qui avait été éjectée de la liste a obtenu un score lui permettant de faire confortablement son siège.

Saluant le "témoignage de confiance qui m'est fait par les grands électeurs (...) pour une liste de rassemblement", Mme Evren, qui était soutenue par le maire LR du XVe arrondissement de Paris Philippe Goujon et les élus Centristes de Paris, rappelle avoir mené "une liste de rassemblement qui incarne une stratégie gagnante".

"Je fais gagner un siège à ma famille politique", a-t-elle souligné, rappelant ne pas être "à l'origine de la division".

Sénatoriales: le point dans les régions

Dans un scrutin marqué par une grande stabilité, voici les principaux changements intervenus parmi les sénateurs à l'issue des élections de dimanche région par région, hormis en Île-de-France.

HAUTS DE FRANCE

Deux élus Rassemblement national font leur entrée au Sénat: Joshua Hochart dans le Nord et Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais, respectivement âgés de 36 et 38 ans. Le LR Marc-Philipe Daubresse est réélu malgré sa mise en examen pour prise illégale d'intérêts. Au sein de la majorité présidentielle, le philippiste Franck Dhersin s'octroie le siège du Renaissance Frédéric Marchand, battu.

Le président des socialistes au Sénat, Patrick Kanner, est reconduit et fait entrer la première adjointe de Martine Aubry à la mairie de Lille, Audrey Linkenheld. Evincée au profit de cette dernière et exclue du PS, la sortante Martine Filleul échoue à conserver son siège.

Dans le Pas-de-Calais, c'est la majorité présidentielle qui recule. Alors que Michel Dagbert ne se représentait pas, l'ex-éphémère ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, N.2 sur la liste Ensemble, échoue à lui succéder.

GRAND-EST

Les sénateurs sortants candidats à leur réélection ont tous été réélus dans la région Grand-Est. La gauche a gagné un siège en Meurthe-et-Moselle, pour Silvana Silvani. Dans la Marne, le candidat Horizons Cédric Chevalier va lui aussi découvrir le Palais du Luxembourg.

En Meuse, le sénateur LR et ancien ministre Gérard Longuet, n'a pas brigué de mandat supplémentaire. Mais la droite conserve le siège avec Jocelyne Antoine (DVD), 62 ans, maire de Senon. L'autre sénateur sortant, Franck Menonville (groupe les Indépendants) est reconduit.

NOUVELLE AQUITAINE

Peu de mouvement en Nouvelle-Aquitaine : la seule nouvelle figure se trouve dans le Lot-et-Garonne, où l'outsider Michel Masset (divers gauche) a doublé le centriste sortant Jean-Pierre Moga, qui n'avait jamais perdu une élection, pour s'adjuger le deuxième siège derrière Christine Bonfanti-Dossat (LR).

Pour le reste, rien ne bouge. Les Landes restent aux mains des socialistes Monique Lubin et Eric Kerrouche, et dans les Pyrénées-Atlantiques, ce sont les mêmes trois sénateurs qui ont été reconduits : Frédérique Espagnac (PS), Max Brisson (LR) et Denise Saint-Pé (MoDem).

GRAND OUEST

Pas de changement en Mayenne, où les deux candidats sortants du centre (Elisabeth Doineau, UDI) et de la droite (Guillaume Chevrollier, LR) ont été réélus.

En Loire-Atlantique, la répartition reste la même, trois sièges à gauche, et deux sortants de droite réélus.

Dans le Maine-et-Loire, la liste soutenue par Emmanuel Capus (Horizons), soutenue par le ministre Christophe Béchu, a remporté deux des quatre sièges en jeu. Stéphane Piednoir (LR) est reconduit. La gauche conserve un siège avec le nouvel élu Grégory Blanc.

Dans le Morbihan, la sénatrice LR sortante Muriel Jourda est arrivée en tête du scrutin. Le centre conserve un siège, avec l'élection d'Yves Bleuven et la gauche remporte le troisième, avec l'élection du socialiste Simon Uzenat.

Dans la Manche, deux sénateurs sortants de la liste d'union des droites ont été réélus, Philippe Bas et Béatrice Gosselin. Le maire socialiste de Cherbourg, Sébastien Fagnen, remporte sans surprise le troisième siège.

Dans l'Orne, la sortante Nathalie Goulet a été confortablement réélue dès le premier tour. Olivier Bitz, candidat Horizons, a éliminé le LR sortant, Vincent Segouin.

En région Centre-Val de Loire, huit sièges étaient en jeu sur trois départements. En Touraine, la droite LR fait élire le président du conseil départemental Jean-Gérard Paumier mais se fait croquer un siège par la gauche. Le socialiste Pierre-Alain Roiron est élu, dans le sillage du passage du basculement écologiste de la mairie de Tours. Le centre conserve sa place, avec un élu Horizons, Vincent Louault.

AUVERGNE-RHONE-ALPES

Dans les quatre départements concernés, le scrutin a offert peu de surprises et l'équilibre des forces est maintenu.

En Isère, les quatre sénateurs qui se représentaient ont été réélus. Il s'agit de Didier Rambaud (Divers centre, majorité présidentielle), Michel Savin (DVD), Frédérique Piussat (DVD) et Guillaume Gontard (Union de la gauche).  Pas de suspense en Haute-Loire, où les deux sénateurs sortants Olivier Cigolotti (UDI) et Laurent Duplomb (LR) ont été réélus dès le premier tour.

Dans le Puy-de-Dôme, les deux sortants qui se représentaient sur trois, Eric Gold (sans étiquette, désigné par LREM en 2017, tendance centre gauche) et Jean-Marc Boyer (LR) sont réélus.  Dans la Loire, les deux élus sortants de la gauche sont réélus.  À droite, le maire LR de Saint-Chamond Hervé Reynaud a été élu ainsi que le maire DVD de Boën-sur-Lignon Pierre-Jean Rochette.

OCCITANIE

En région Occitanie, les deux sénatrices des Hautes-Pyrénées, Viviane Artigalas (PS) et Maryse Carrère (PRG) ont été réélues sans surprise dès le premier tour.

Dans le Lot, la sénatrice PS sortante Agnès Prévile a dû céder sa place face au maire de Cahors – PS lui aussi –, Jean-Marc Vayssouze-Faure, élu dès le premier tour, et au radical Raphaël Daubet.

Dans les Pyrénées-Orientales, où le RN a gagné l’an dernier les quatre sièges de député et la mairie de Perpignan en 2020, c’est la prime au sortant qui a finalement joué: les votes se sont portés vers Les Républicains, avec le sortant Jean Sol et Lauriane Josende, héritière désignée du sortant François Calvet.

OUTRE-MER

Surprise en Nouvelle-Calédonie avec l'élection de l'indépendantiste Robert Xowie au deuxième tour au détriment de la secrétaire d'Etat Renaissance Sonia Backès. Le LR dissident Georges Naturel a été élu dès le premier tour, au détriment du sénateur LR sortant Pierre Frogier.

A Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est la favorite, l'ancienne ministre Annick Girardin qui fera son entrée au Sénat.

A La Réunion, où quatre sièges étaient à pourvoir, la droite perd un fauteuil, avec deux élus, tandis que la gauche y fait son entrée. Avec 35,9% des voix rassemblées par sa liste, Viviane Malet, sénatrice LR sortante, retrouve son siège, accompagnée de Stéphane Fouassin, maire de Salazie, qui fait son entrée au Sénat.

À gauche malgré une division des forces, les deux tête de liste, Audrey Belim (25,3%) et Evelyne Corbières (21,6) sont élues.

A Mayotte, les 540 grands électeurs ont élu un nouvel entrant sans étiquette, Saïd Omar Oili (293 voix), et reconduit Thani Mohamed Soilihi (Renaissance) pour un troisième mandat.


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.


Droits de douane: la France déçue de l'accord UE-USA

Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 10 juin 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française, la chambre basse du parlement français, à Paris, le 10 juin 2025. (AFP)
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  • La France, déçue de l'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a plaidé lundi pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir
  • Le président français Emmanuel Macron n'avait pas réagi lundi. Mais son Premier ministre François Bayrou a évoqué un "jour sombre" pour l'Europe, qui "se résout à la soumission"

PARIS: La France, déçue de l'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a plaidé lundi pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir sur ses modalités d'application.

Le président français Emmanuel Macron n'avait pas réagi lundi. Mais son Premier ministre François Bayrou a évoqué un "jour sombre" pour l'Europe, qui "se résout à la soumission".

Se projetant vers la suite, le ministre de l'Economie Eric Lombard a lui estimé lundi soir que "cet accord n'est pas complet" et que "le travail continue". Car "l'accord n'est pas finalisé et nous veillerons à ce qu'il soit amélioré", a-t-il dit dans une interview à Libération.

"Les discussions doivent se poursuivre pour les produits pharmaceutiques - on comprend que certains génériques seront exemptés -, sur l'acier, sur l'aluminium, sur les produits chimiques, sur les semi-conducteurs et sur les vins et les produits agricoles", précise-t-il.

"Il ne faudrait pas que cet accord soit la fin de l'histoire, auquel cas nous nous serions tout simplement juste affaiblis", avait estimé sur France Inter dès lundi matin le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.

"Maintenant, il va y avoir une négociation technique" et "nous pouvons nous saisir de cette séquence pour nous renforcer", a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont annoncé dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%.

Avec l'espoir d'éviter une escalade commerciale, l'UE s'est aussi engagée à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie - visant notamment à remplacer le gaz russe - et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux Etats-Unis.

A Paris, si on concède que cet accord va apporter de la "stabilité" aux entreprises, on insiste surtout sur son caractère "déséquilibré", selon les termes utilisés par plusieurs membres du gouvernement.

"Notre responsabilité aujourd'hui, c'est de faire en sorte que cet accord, in fine, soit le moins déséquilibré possible", a déclaré sur RTL le ministre de l'Industrie et de l'Energie Marc Ferracci.

- Prochains jours déterminants -

MM. Ferracci et Saint-Martin ont plaidé pour un "rééquilibrage" portant sur les services, en particulier le numérique, en rappelant que si la balance commerciale des Etats-Unis avec l'Europe est déficitaire pour les biens, celle des services est excédentaire.

Concernant les échanges de biens, la France affichait en 2024 un excédent commercial de 16,4 milliards de dollars à l'égard des Etats-Unis selon les Américains, mais les Douanes françaises évoquent pour la même période un déficit de 4,2 milliards d'euros.

Les négociateurs européens devront utiliser "l'ensemble des outils qui sont à leur disposition" et notamment envisager "de limiter l'accès des entreprises américaines aux marchés publics européens", a insisté M. Ferracci.

Du côté des entreprises, Patrick Martin, le président du Medef, première organisation patronale française, a estimé que "si les choses sont bien ce qui nous a été annoncé, ce n'est pas admissible". "Il faut continuer à négocier", selon lui.

La CPME, deuxième organisation patronale, a dit anticiper "des répercussions désastreuses" pour les petites et moyennes entreprises. Et le mouvement des ETI (Meti) a évoqué "des conséquences particulièrement préoccupantes pour les entreprises de taille intermédiaire".

Selon les secteurs, les sentiments sont ambivalents.

"Il y a du soulagement parce que cet accord donne de la visibilité", a déclaré à l'AFP Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA). Mais "ce n'est pas un bon accord pour nous, tout simplement parce qu'on avait 0% de droits de douane en janvier vers les Etats-Unis et maintenant on va être à 15%."

"La catastrophe est évitée", en référence aux 30% de droits de douane évoqué par M. Trump, "mais les prochains jours seront déterminants pour le secteur français des vins et spiritueux", déclare dans un communiqué la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), à laquelle se joint l’ensemble des interprofessions françaises (CNIV) et de la filière.

Dans l'agroalimentaire, l'organisation patronale du secteur, l'Ania, a dénoncé un "accord clairement inéquitable (...) qui fragilise notre position".

Seuls les secteurs qui pourraient bénéficier d'une exemption de droits de douane, comme l'aéronautique, se sont montrés complètement soulagés.

Le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) a salué dans une déclaration transmise à l'AFP une exonération "bonne pour une industrie équilibrée entre la France et les Etats-Unis" et qui permettra de "conserver des emplois qualifiés en France à tous les niveaux de la chaîne de sous-traitance."

Les organisations patronales et les fédérations des filières économiques affectées par cet accord seront reçues mercredi à Bercy.


A New York, Paris et Riyad unis pour arrêter la guerre à Gaza et relancer la dynamique de paix dans la rėgion

Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient. (AFP)
Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient. (AFP)
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  • Malgré l’absence remarquée des États-Unis et d’Israël, la conférence sur la solution à deux États, organisée au siège des Nations unies à New York, a rassemblé 125 délégations et marqué une étape diplomatique majeure
  • Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend réaffirmer le soutien international à la solution des deux États

PARIS: Deux jours après l’annonce française d’une reconnaissance prochaine de l’État de Palestine, la conférence internationale pour la solution à deux États s’est ouverte à New York les 28 et 29 juillet. Il s'agit d’une initiative diplomatique inédite, portée conjointement par Paris et Riyad, dans un contexte de guerre ravageuse à Gaza.

Malgré l’absence remarquée des États-Unis et d’Israël, la conférence sur la solution à deux États, organisée au siège des Nations unies à New York, a rassemblé 125 délégations et marqué une étape diplomatique majeure.
Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient.

Dès l’ouverture des travaux, les deux ministres ont affiché une ligne commune claire : l’arrêt immédiat de la guerre à Gaza.
« Ce qui se passe à Gaza est épouvantable », a déclaré Jean-Noël Barrot. « Gaza est aujourd’hui au bord de la catastrophe totale. Les armes doivent se taire et laisser place à un cessez-le-feu durable. Tous les otages doivent être libérés sans condition et dans la dignité. »

Ben Farhane: Mettre fin à la catastrophe humanitaire

Le prince Faisal ben Farhane a, pour sa part, insisté sur l’urgence de mettre fin à la catastrophe humanitaire.
« Cette guerre ne peut plus durer. Les violations massives des droits de l’homme, les expulsions, les blocus doivent cesser. Il est temps de rendre justice au peuple palestinien, de soutenir la reconstruction de ses institutions et de mettre fin à la logique de violence. »

Les deux diplomates ont souligné que cette exigence de cessez-le-feu s’accompagne d’une volonté ferme de bâtir une alternative politique crédible à la logique de guerre.
« La seule voie possible pour répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens, c’est celle des deux États », a martelé Jean-Noël Barrot. « Il n’existe pas d’alternative. »

Cette conférence intervient dans la foulée de l’annonce faite par la France de sa volonté de reconnaître officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Une décision que Jean-Noël Barrot a justifiée par la nécessité de « relancer un processus politique menacé plus que jamais » et de « créer les conditions d’une paix juste et durable. »

La conférence de New York ne se veut pas un simple forum : elle repose sur un travail diplomatique en profondeur. Huit groupes de travail ont été constitués, chacun co-présidé par plusieurs États, pour traiter de manière technique et opérationnelle les différents volets de la solution à deux États : politique, sécuritaire, économique et humanitaire.
Les 17 co-présidents de ces groupes ont mené un vaste processus de consultation avec les États membres de l’ONU, la société civile, les ONG internationales et les instances multilatérales.

« Ces groupes sont la force motrice de notre initiative diplomatique », a affirmé Jean-Noël Barrot. « Leurs recommandations concrètes vont nous permettre de poser les fondations d’un chemin politique irréversible vers une paix durable. »

L’un des résultats politiques les plus significatifs de cette dynamique a été obtenu en amont de la conférence : le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a adressé une lettre conjointe au président français Emmanuel Macron et au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.
Dans ce document, il s’engage à plusieurs réformes majeures : condamnation claire des attaques du 7 octobre 2023, organisation d’élections dans l’année, et refonte institutionnelle pour favoriser la déradicalisation et la transparence.
Un geste salué par les deux co-présidents de la conférence.
« Ce sont des engagements forts qui montrent que le leadership palestinien comprend l’urgence de reprendre la main politiquement », a noté Barrot.
Le prince Faisal ben Farhane a, quant à lui, souligné « la volonté du Royaume de soutenir la reconstruction des institutions palestiniennes dans un esprit de responsabilité et d’ouverture. »

Si les États-Unis n’ont pas pris part à la conférence, la France et l’Arabie saoudite se sont bien gardées de présenter leur initiative comme une alternative concurrente.
« Nos efforts sont très complémentaires », a assuré Jean-Noël Barrot. « Nous partageons avec Washington l’objectif à court terme d’un cessez-le-feu immédiat, et à long terme celui de la stabilité régionale. »

Paris a ainsi réaffirmé son soutien aux futurs Accords d’Abraham que pourrait relancer l’administration américaine, tout en soulignant que « l’inaction n’est pas une option ». En attendant que ces initiatives se concrétisent, « nous devons agir pour éviter que Gaza ne s’effondre totalement ».

Une dynamique irréversible 

La coopération régionale est également au cœur de l’initiative. L’Arabie saoudite a notamment salué les positions constructives prises par la Jordanie et insisté sur l’importance de la coordination entre États arabes modérés pour faire pression sur les acteurs du conflit.

Au-delà des discours, cette conférence marque une inflexion diplomatique majeure : celle du retour de la communauté internationale au cœur du processus de paix.
Jean-Noël Barrot a insisté sur ce point : « Nous avons remis au centre des efforts diplomatiques l’impératif de paix, la réforme de la gouvernance palestinienne, la sécurité d’Israël, et la viabilité d’un État palestinien. »
Il a également évoqué, en marge de la conférence, la rencontre organisée à Paris le 13 mars dernier entre représentants des sociétés civiles syrienne, israélienne et palestinienne, pour « réfléchir ensemble à la sortie de la guerre par le dialogue ».

La dynamique lancée à New York se veut donc inédite et irréversible.
« Nous avons enclenché une dynamique qui commence déjà à porter ses fruits », a conclu Barrot.
Reste à transformer l’élan diplomatique en décisions concrètes, notamment en matière d’aide humanitaire, de réforme politique et de garanties sécuritaires.
L’absence d’Israël et des États-Unis à New York rappelle les limites du moment, mais la France et l’Arabie saoudite misent sur une stratégie à long terme : repositionner la solution à deux États comme l’unique voie politique crédible, reconstruire la légitimité palestinienne, mobiliser les pays arabes et européens, et forcer le retour des puissances clés dans le jeu diplomatique.