Le manque de cuivre pourrait mettre la transition énergétique mondiale en péril

Un ouvrier concasse du minerai à la main dans la mine artisanale de cuivre et de cobalt de Kamilombe, près de la ville de Kolwezi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, le 20 juin 2023. (AFP)
Un ouvrier concasse du minerai à la main dans la mine artisanale de cuivre et de cobalt de Kamilombe, près de la ville de Kolwezi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, le 20 juin 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 26 septembre 2023

Le manque de cuivre pourrait mettre la transition énergétique mondiale en péril

  • Le monde est entré dans une électrification à marche forcée afin de réduire les émission de gaz à effet de serre
  • Le marché du cuivre a augmenté d'environ 50% entre 2017 et 2022, atteignant près de 200 milliards de dollars

PARIS: Un "déficit de 5 à 6 millions de tonnes" à moyen terme dans le monde: les tensions entre l'offre et la demande de cuivre inquiètent pour la transition énergétique, tant le métal rouge est central pour l'électrification des usages, levier majeur de réduction des gaz à effet de serre.

Pourquoi le cuivre est important dans la transition énergétique ?

"Quand vous voulez transporter de l'énergie, à l'intérieur de la voiture, du bâtiment, ou entre la centrale de production et votre lieu de consommation, vous allez avoir besoin de passer un courant électrique et aujourd'hui on n'a rien trouvé de mieux, dans un ratio acceptable coût/résistance, que le cuivre", explique un industriel.

De quoi attiser les convoitises: le monde est entré dans une électrification à marche forcée afin de réduire les émission de gaz à effet de serre. L'Europe, notamment, souhaite réduire ses émissions de CO2 de 55% en 2030 par rapport à 1990. Parallèlement, les pays émergents sont "en cours d'électrification", souligne Vincent Dessale, directeur des opérations du groupe Nexans.

Comment évolue la demande?

Selon l'AIE, qui organise cette semaine un sommet sur les métaux critiques de la transition, le marché du cuivre a augmenté d'environ 50% entre 2017 et 2022, atteignant près de 200 milliards de dollars.

"On consommait de l'ordre de 9 à 10 millions de tonnes (Mt) de cuivre dans le monde il y a une vingtaine d'années, aujourd'hui on doit être à 23, 24 Mt, donc on a doublé en 20 ans. (...) On pense que dans dix ans seulement, on sera probablement entre 35 et 40 Mt", précise Vincent Dessale.

Outre le raccordement aux réseaux électriques des éoliennes en mer, très gourmand en câbles, un véhicule électrique nécessite "globalement deux fois plus de cuivre qu'un véhicule thermique", selon lui.

Va-t-on vers une pénurie?

Les modèles statistiques utilisés depuis des années "prédisent toujours un déficit de l'offre", mais celui-ci ne s'est pas produit à ce jour, "pour différentes raisons: évolution des prix, dynamiques de marché diverses et variées, le fait que la substitution parfois intervient", explique Laurent Chokoualé, de l'International Copper Association (entreprises minières et fondeurs), qui représente 50% environ du tonnage du cuivre produit dans le monde.

Mais, étant donné la croissance exponentielle de la demande, "on pourrait effectivement se retrouver avec un problème au début des années 2030, avec un déficit de l'ordre de 5 à 6 Mt", ajoute-t-il.

L'International Copper Study Group, organisme intergouvernemental, évalue à environ 10 Mt les quantités de cuivre "verrouillées" dans des projets miniers en cours d'approbation sur les cinq à dix prochaines années.

"Plus vite on pourra mettre cet outil de production en marche, plus on sera en mesure au moins de réduire les inquiétudes qui pourraient survenir sur l'adéquation de l'offre à la demande", souligne M. Chokoualé.

Mais, souligne l'AIE, "les opérations existantes rencontrent toujours des difficultés", car le Chili, premier producteur mondial, "est confronté à une baisse de la qualité du minerai et à des pénuries d'eau", et les protestations des communautés locales "pourraient perturber les approvisionnements" du Pérou, deuxième producteur.

Y a-t-il des solutions pour l'éviter?

Plusieurs leviers sont évoqués: le recours à l'aluminium, bon conducteur de courant, ne pose pas de problèmes de ressources, mais sa chaîne d'approvisionnement présente des difficultés. Produit à partir de la bauxite pour faire de l'alumine, puis de l'aluminium, il nécessite "trois étapes de production différentes, pas toujours dans les mêmes zones géographiques", souligne M. Dessale.

En outre, sa production est très énergivore (et émettrice de carbone) et son prix est donc très tributaire des coûts de l'énergie. Enfin, "il y a un élément géopolitique, un des plus gros producteurs d'aluminium dans le monde est russe et ça a généré de la contrainte supplémentaire sur ce marché", ajoute-t-il.

Autre levier fréquemment évoqué: le recyclage du cuivre.

L'International Copper Alliance évalue à 40% la part de cuivre en circulation actuellement recyclée, laquelle représente "environ un tiers de l'offre annuellement". Ce levier est d'autant plus important dans les pays industrialisés, qui regorgent de "mines urbaines".

Si un recyclage à terme de 100% du cuivre est difficilement envisageable, compte tenu des difficultés d'accès à cette ressource, souvent enfouie dans le sol ou dans les immeubles, le taux de 40% peut progresser, "par une amélioration générale des systèmes de collecte, et une amélioration des technologies de séparation du cuivre des autres éléments", conclut M. Chokoualé.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Short Url
  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Short Url
  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.