«Je ne peux pas payer ça!»: les Turcs terrorisés par l'envolée des loyers

Des membres de l'Union de tous les retraités tiennent une banderole alors qu'ils protestent contre les hausses du gouvernement et l'augmentation de l'inflation, à Ankara, le 24 juillet 2023. (Photo Adem Altan AFP)
Des membres de l'Union de tous les retraités tiennent une banderole alors qu'ils protestent contre les hausses du gouvernement et l'augmentation de l'inflation, à Ankara, le 24 juillet 2023. (Photo Adem Altan AFP)
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Publié le Dimanche 01 octobre 2023

«Je ne peux pas payer ça!»: les Turcs terrorisés par l'envolée des loyers

  • Selon les médias turcs, onze personnes ont été tuées et au moins quarante-six blessées en un an dans de violents conflits entre locataires et propriétaires
  • Face à la gronde des locataires, menacés par l'envolée des prix, le gouvernement a plafonné la révision des loyers à 25% pour les logements, mais selon des experts, cette mesure n'a fait qu'aggraver les tensions

ANKARA, Turquie : Sur la façade extérieure de son atelier de sculpture sur bois, à Ankara, Cengiz Orsel a tendu une bannière pour dénoncer son propriétaire.

Après 20 ans de loyers payés rubis sur l'ongle, l'artisan se voit menacé d'expulsion par son bailleur qui exige soudain près de 700% d'augmentation: de 3.200 livres turques (110 euros) à 25.000 (867 euros) par mois.

«J'ai voulu me faire entendre. Avec de telles exigences, on risque de voir des gens se battre, jusqu'à se poignarder les uns les autres», s'alarme Cengiz Orsel qui, à 58 ans, redoute de devoir quitter son atelier et son métier en même temps.

Selon les médias turcs, onze personnes ont été tuées et au moins quarante-six blessées en un an dans de violents conflits entre locataires et propriétaires.

Les loyers ont augmenté en moyenne de 121% sur un an en Turquie, une hausse qui atteint 188% dans certaines grandes villes comme Ankara, la capitale, selon une étude publiée en août par l'université de Bahçesehir.

Mais toujours très loin de l'inflation réelle que connait la Turquie: sans discontinuer depuis fin 2019, de près de 60% sur un an selon le gouvernement. Mais plus sûrement proche des 130% selon un groupe d'économistes indépendants.

Face à la gronde des locataires, menacés par l'envolée des prix, le gouvernement a plafonné la révision des loyers à 25% pour les logements, alignée sur le taux officiel de l'inflation pour les commerces.

Mais, selon des experts, cette mesure n'a fait qu'aggraver les tensions, poussant de nombreux propriétaires à chercher par tous les moyens, parfois frauduleux, à se débarrasser de leurs locataires pour relouer à meilleur prix.

- Gros bras -

Un agent immobilier de Besiktas, quartier très animé d'Istanbul le long du Bosphore, raconte - sous couvert d'anonymat - des locataires terrorisés par des gros bras, dépéchés par leur propriétaire pour les convaincre de quitter les lieux sans discuter.

D'autres harcelés de coups de fils à toute heure pour les faire craquer et les convaincre de céder les lieux.

L'hiver dernier, un propriétaire a fait la une des journaux après avoir démoli à la hache la porte de son locataire pour le chasser de force.

«Le nombre de litiges entre locataires et propriétaires a explosé ces derniers temps», constate Meliha Selvi, avocate à Ankara.

Près de 47.000 procès pour expulsion et 100.000 autres concernant la révision des loyers ont été ouverts sur les six premiers mois de 2023, soit plus du double comparé à l'année précédente, selon la presse locale.

«Locataires et propriétaires se retrouvent en conflit alors qu'ils sont tous victimes des politiques du gouvernement», dénonce l'avocate.

Le séisme meurtrier du 6 février, qui a fait plus de 50.000 morts et des millions de déplacés dans le sud-est du pays, a encore aggravé la situation, estime Osman Cal, agent immobilier dans le centre d'Ankara.

Selon lui, le loyer d'un deux ou trois pièces dans le centre d'Ankara a bondi d'environ 2.500 livres (86 euros) à près de 17.000 (590 euros) en un an, soit une hausse de près de 650%.

- Bien au-dessus de l'inflation -

Encouragés par l'afflux des déplacés, «les propriétaires demandent des révisions de loyer bien au dessus de l'inflation», affirme-t-il.

Ankara, à l'écart des grandes failles qui menacent la Turquie, est considérée comme l'une des régions les plus sûres du pays.

«Les propriétaires s'estiment lésés par le plafonnement des loyers. Mais un fonctionnaire, un retraité ou un employé au Smic n'ont pas vu leurs salaires augmenter autant et ne peuvent payer les loyers actuels».

Le salaire minimum net atteint 11.400 livres turques (395 euros).

Arrivée d'Hatay (sud-est), la province la plus dévastée par le séisme, pour s'installer à Ankara, Meryem Altunlu appréhende déjà la révision de son loyer l'hiver prochain.

«Je paye déjà difficilement 13.000 livres (450 euros). Si le propriétaire veut aller au-delà de 25%, je devrai partir. Je ne sais pas où aller», se lamente-t-elle.

L'avocate, Me Selvi, redoute déjà une aggravation des conflits.

«Les locataires voient leurs droits bafoués et les propriétaires s'estiment lésés par la crise. Ils s'accusent mutuellement au lieu de demander des comptes au gouvernement», dit-elle.

Autrefois moteur de l'économie turque, le secteur du bâtiment s'est contracté de 8,4% en 2022 à cause de la hausse des coûts, selon les chiffres officiels.

Malgré un nouvel élan après le séisme, il peine encore à offrir des logements à prix abordables, explique l'agent immobilier pour qui «tous les loyers devraient baisser d'un tiers».

«Les promoteurs préfèrent construire des résidences de luxe rentables au lieu de logements sociaux et le gouvernement laisse faire», accuse-t-il avec dépit.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com