Rome s'engage à renforcer ses relations avec Riyad et le CCG, assure le leader de Forza Italia

Antonio Tajani a été élu chef du parti Forza Italia en juillet de cette année (Photo, ANSA).
Antonio Tajani a été élu chef du parti Forza Italia en juillet de cette année (Photo, ANSA).
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Publié le Jeudi 05 octobre 2023

Rome s'engage à renforcer ses relations avec Riyad et le CCG, assure le leader de Forza Italia

  • Tajani qualifie l'Arabie saoudite d’«acteur central» dans une région importante sur le plan géostratégique et économique
  • Il salue la transition écologique de l’Arabie saoudite et envisage la région du Golfe comme un pôle d'énergie renouvelable pour l'Europe

ROME: L'Italie est «profondément engagée» dans le renforcement de ses relations avec l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, selon Antonio Tajani, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du pays.

Dans une interview accordée à Arab News à la veille de sa visite en Arabie saoudite, Tajani a offert une perspective large et prometteuse des relations actuelles et futures entre l'Italie et l’Arabie saoudite.

«L'importance de la région du Golfe sur la scène mondiale, en termes géostratégiques et économiques, ne peut guère être surestimée», a-t-il souligné.

«L'Arabie saoudite est un acteur clé et ma visite à Riyad vise à réaffirmer les relations étroites qui unissent nos deux pays», a-t-il ajouté.

Les délégations saoudienne et italienne lors d’une réunion commune en mai 2023 (Capture d’écran).

Il faisait référence à une relation qui s'est épanouie ces dernières années non seulement dans les secteurs économique et commercial, mais aussi aux niveaux géopolitique et culturel.

Les relations entre les deux pays ont été établies pour la première fois en février 1932 et ont été renforcées après la création du Royaume d'Arabie saoudite par un traité commercial signé le 22 septembre de la même année.

«Notre objectif est de renforcer encore plus nos relations», a indiqué Tajani. «L'approche de l'Italie est fondée sur le dialogue et la recherche d'un consensus à tous les niveaux, sans agenda caché. Nous pouvons donc jouer un rôle dans la promotion d'un partenariat stratégique fondé sur la compréhension mutuelle, capable de produire des résultats positifs au profit des pays concernés, dans l'intérêt de la stabilité internationale.»

Selon les données de l'Observatoire de la complexité économique, l'Italie a exporté l’équivalent de plus de 4 milliards de dollars de marchandises vers l'Arabie saoudite (1 dollar américain = 0,95 euro), principalement des pièces de machines et des médicaments, en 2021. La même année, les exportations saoudiennes vers l'Italie – surtout du pétrole brut et raffiné – ont atteint 5,86 milliards de dollars. En 2022, le volume des échanges entre l'Italie et l'Arabie saoudite a atteint 11,5 milliards d'euros.

Une délégation d'entrepreneurs et d'investisseurs saoudiens, présidée par Kamel al-Munajjed, président du Conseil d'affaires italo-saoudien, a rencontré à Rome le ministre italien du Développement économique, Adolfo Urso, en mai 2023 (Photo fournie).

L'Italie et l'Arabie saoudite cherchent également à diversifier leurs relations commerciales, d'autant plus que Riyad et l'UE se détournent des combustibles fossiles dans le cadre d'une transition vers les «énergies vertes» et d'une diversification économique.

Tajani a décrit la région du Golfe arabe comme une puissance potentielle en matière d'énergie renouvelable d'une importance stratégique tant pour l'Italie que pour l'Europe, en maintenant au fil du temps sa pertinence en tant que fournisseur clé dans ce domaine.

À cet égard, il a souligné que l'UE prévoit d'importer de l'électricité propre et de l'hydrogène dans le cadre du plan REPowerEU, qui vise à mettre fin à la dépendance de l'Union à l'égard des approvisionnements en gaz de la Russie d'ici à 2030.

«Nous saluons les efforts considérables entrepris par les pays du Golfe, en particulier par l'Arabie saoudite, dans la transition verte en investissant dans l'énergie solaire et éolienne et en réorientant les combustibles fossiles vers la production d'hydrogène», a précisé Tajani.

«Je suis certain que cette stratégie vous garantira des rendements exceptionnels à long terme», a-t-il ajouté.

La capacité de la plus grande centrale solaire photovoltaïque à contrat unique du monde, qui sera située dans la ville industrielle de Sudair, dans le nord de l'Arabie saoudite, sera de 1 500 MW (Photo fournie).

Développant la question, Tajani a déclaré: «Par exemple, l'hydrogène vert produit à Neom (ville intelligente d'Arabie Saoudite) peut effectivement alimenter le marché européen en transitant par le réseau italien.

«En outre, l'Italie agit déjà en tant que fournisseur de connaissances et de technologies pour le parcours de l’Arabie saoudite vers l’objectif zéro émission nette, car de nombreuses entreprises italiennes sont engagées dans plusieurs projets énergétiques avec des acteurs saoudiens de l'énergie, à commencer par Aramco et ACWA Power», a-t-il signalé.

Le 4 septembre, ACWA Power a signé des accords avec six entreprises italiennes, dont la société énergétique Eni, le fabricant d'additifs Italmatch Chemicals, le fournisseur de solutions industrielles Industrie De Nora et la société de gestion des déchets A2A. Les accords, finalisés lors du forum d'investissement italo-saoudien à Milan, ont renforcé la collaboration dans les domaines de l'hydrogène vert, du dessalement de l'eau et de la recherche sur les technologies durables.

Le forum a permis de conclure 21 accords de coopération dans divers secteurs, de l'énergie propre aux soins de santé en passant par l'immobilier et la gestion des déchets. Plus de 1 000 entreprises ont participé au forum, qui faisait suite au précédent forum organisé à Riyad l'année dernière.

«L'Italie n'est que l'un des 20 premiers investisseurs en Arabie saoudite, et la valeur de nos échanges bilatéraux non pétroliers ne s'élève qu'à 1,4 milliard de dollars, ce qui signifie que nous sommes loin d'atteindre le plein potentiel de notre partenariat», a déclaré Khalid al-Falih, ministre saoudien de l'Investissement, lors du forum de cette année.

Le ministre saoudien de l'Investissement, Khalid al-Falih, s'adressant au forum d'investissement italo-saoudien à Milan, en Italie, le 4 septembre 2023 (Photo fournie).

Tajani a mentionné que le forum d'investissement italo-saoudien a été couronné de succès en partie parce que «de nombreuses entreprises italiennes ont pris connaissance des opportunités tangibles disponibles dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, à la fois en termes des prochains appels d'offres dans le cadre de mégaprojets et de giga-projets, et en termes d'incitations pour les investissements industriels directs».

Avec plus de 150 entreprises italiennes détenant actuellement des licences d'investissement étranger en Arabie saoudite, la coopération économique entre les deux pays pourrait être bien plus importante.

Tajani a déclaré que l'Italie peut contribuer aux mégaprojets et aux giga-projets «en raison de son savoir-faire et de son expertise universellement reconnus dans les secteurs sur lesquels les autorités saoudiennes se concentrent, tels que la nouvelle mobilité, le nouveau design urbain et architectural, les nouvelles zones résidentielles et les nouvelles stations touristiques».

Le ministre saoudien de la Culture, le prince Bader ben Abdallah ben Farhane (à droite), et son homologue italien, Gennaro Sangiuliano, lors d'une cérémonie à Venise le 19 mai 2023 (Photo, X : @mocsaudi _en).

Pour faire bonne mesure, il a ajouté: «Nous pourrions collaborer avec l’Arabie saoudite pour tirer le meilleur parti du lien entre tourisme et patrimoine historique. Nous coopérons déjà pour le développement des sites d'AlUla et de Diriyah, classifiés par l’Unesco, ainsi que de Dumat al-Jandal, où l'Italie mène une importante mission archéologique depuis deux décennies.»

L'institut de conservation italien Centro Conservazione e Restauro «La Venaria Reale» s'est associé cette année à la Commission royale pour AlUla. Douze professionnels saoudiens participeront à des ateliers à Turin, dans le nord de l'Italie, et sur le site du patrimoine culturel saoudien à AlUla.

L'année dernière, l'Italie figurait parmi les cinq premiers pays d'origine des touristes en Arabie saoudite. Au cours du premier semestre de 2022, environ 1 500 Italiens se sont rendus dans le Royaume.

Rome a accueilli le Saudi Village à la fin du mois de septembre de cette année, donnant aux Italiens l'occasion, dans leur propre capitale, de découvrir la culture, le patrimoine, la gastronomie et les attractions touristiques de l’Arabie saoudite. Organisé par l'ambassade saoudienne en Italie, l'événement s'est tenu à la Villa Borghèse, le parc historique situé au cœur de la capitale italienne, avec des attractions pour les adultes et les enfants.

Plusieurs entreprises italiennes et saoudiennes étaient représentées à l'événement, ainsi que des représentants des ministères saoudiens de l'Investissement, des Sports et de l'Éducation, de l'Autorité saoudienne du tourisme et de la Commission royale pour AlUla.

Les Italiens ont eu un aperçu de la culture, du patrimoine, de la gastronomie et des attractions touristiques de l'Arabie saoudite lors de l’évènement du Saudi Village à Rome à la fin du mois dernier (Photo, X : @KSAembassyIT).

L'Italie est en quête des investissements du Golfe et de l'Arabie saoudite dans le fonds stratégique «Made in Italy», destiné à stimuler les chaînes d'approvisionnement essentielles. Faisant référence à ce fonds, Tajani a indiqué qu'il constituerait «un investissement sûr et rentable pour les fonds souverains du Golfe, tels que le Fonds d'investissement public saoudien (PIF), étant donné qu'il est également conforme à leurs stratégies à long terme».

Tajani a également indiqué que l'Italie a lancé une série d'expositions itinérantes pour présenter ses industries manufacturières et créatives à l'étranger, en soulignant leurs liens avec le territoire et le savoir-faire locaux.

«Le "Made in Italy" ne se limite pas aux trois secteurs à savoir la mode, l'alimentation et l'ameublement. En fait, l'Italie est le deuxième pays manufacturier d'Europe, un leader dans les secteurs à haute valeur ajoutée, tels que la mécanique, l'électronique et les produits pharmaceutiques», a expliqué Tajani.

«C'est la combinaison de la tradition et de l'innovation qui rend l'Italie capable de fabriquer des produits de plus en plus appréciés sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, nous souhaitons développer notre partenariat économique et commercial avec des pays comme l'Arabie saoudite, qui apprécient la valeur du savoir-faire, de l'artisanat et de la beauté de l’Italie.»

Il a cité Ferrari et Maserati comme exemples de deux «marques "Made in Italy" très connues et choisies dans le monde entier non seulement pour leur qualité, leur design et leur fonctionnalité, mais aussi pour le patrimoine culturel riche et diversifié qu'elles incarnent».

Si l'Italie est à la recherche d'investissements stratégiques en provenance d'Arabie saoudite, elle cherche également des partenaires de coopération économique au-delà du Golfe, bien que l'appartenance à des blocs économiques internationaux comporte des défis et des avantages.

L'Italie a récemment remis en question son rôle continu dans l'initiative chinoise Belt and Road (La ceinture et la route), tout en acceptant de rejoindre le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, ou IMEC, prévu à la mi-septembre.

«Lors de mon récent voyage à Pékin, j'ai confirmé l'intérêt de l'Italie à développer encore davantage notre coopération sur de nombreux fronts. En même temps, j'ai dit à mes homologues chinois que l'Italie ne bénéficiait pas de son adhésion à l’initiative “Belt and Road”» a-t-il affirmé.

Selon Tajani, il existe d'autres cadres bilatéraux qui pourraient contribuer à développer et à renforcer les relations de l'Italie avec la Chine.

En ce qui concerne l'avenir, il a déclaré: «Notre gouvernement souhaite créer des relations plus étroites avec des partenaires clés au Moyen-Orient, tels que l'Arabie saoudite et l'Inde. Notre décision de participer à l'IMEC va exactement dans ce sens.»

L'Italie recherche également des partenaires dans la lutte contre la migration clandestine, selon Tajani. «En juillet, nous avons organisé à Rome la Conférence internationale sur le développement et les migrations avec des partenaires clés d'Afrique, de la Méditerranée et du Golfe», a-t-il indiqué.

«À cette occasion, nous avons lancé le processus de Rome afin d'établir un dialogue inclusif et global pour mettre en place une vaste coopération visant à s'attaquer aux causes profondes des migrations massives, à lutter contre la traite des êtres humains et l'immigration clandestine, à régir les flux migratoires légaux et à soutenir les réfugiés et les personnes déplacées», a-t-il souligné.

Tajani a salué la participation du prince Abdelaziz ben Saoud ben Naif, ministre de l'Intérieur de l'Arabie saoudite, au sommet. «Nous sommes reconnaissants à votre pays pour sa précieuse contribution à la réussite du sommet. L'Italie et l'Arabie saoudite partagent le même point de vue sur la lutte contre la traite des êtres humains et les réseaux criminels actifs dans ce domaine», a déclaré Tajani.

Près d'un an s'est écoulé depuis la formation d'un nouveau gouvernement italien, qui a été marqué par le rétablissement des relations diplomatiques internationales et la relance des relations avec le monde arabe. Tajani a qualifié de «remarquables» les progrès réalisés par le gouvernement actuel.

«Notre principal objectif était de renforcer notre partenariat avec Washington, de rendre notre voix plus pertinente dans l'arène européenne et d'insuffler une nouvelle énergie dans nos relations avec les acteurs clés de la Méditerranée, du Golfe et de l'Afrique», a-t-il signalé.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, et le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah, basé à Tripoli, tiennent une conférence de presse commune à Tripoli, le 28 janvier 2023 (Photo, AFP).

Le gouvernement italien a déployé des efforts considérables dans le but d’améliorer et d’élargir ses relations avec les pays arabes. La Première ministre, Giorgia Meloni, a rencontré le roi Abdallah II de Jordanie et le président des Émirats arabes unis, le Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyan. Meloni s'est également rendue à Tripoli, la capitale de la Libye, en janvier de cette année, et s'est récemment entretenue par téléphone avec le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

«En nous appuyant sur le travail que nous avons accompli, nous continuerons à créer de nouveaux partenariats visant à forger les alliances nécessaires afin de relever les défis de notre époque», a révélé Tajani.

Étant donné que l'Italie change fréquemment de gouvernement, Tajani pense-t-il que l'intense activité diplomatique durera plus longtemps que le gouvernement actuel?

Tajani a répondu: «Je suis convaincu que ce gouvernement arrivera au terme de son mandat de cinq ans. La majorité au Parlement est forte et le peuple italien nous fait confiance.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.