Réforme de la justice : «Israël est en voie de devenir une tyrannie»

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’un événement marquant l’acceptation d’Israël dans le programme d’exemption de visa du gouvernement américain, à Jérusalem, le 28 septembre 2023. (Photo de Chaim Goldberg / POOL / AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime lors d’un événement marquant l’acceptation d’Israël dans le programme d’exemption de visa du gouvernement américain, à Jérusalem, le 28 septembre 2023. (Photo de Chaim Goldberg / POOL / AFP)
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Publié le Jeudi 05 octobre 2023

Réforme de la justice : «Israël est en voie de devenir une tyrannie»

  • La coalition au pouvoir assure que la réforme est nécessaire pour corriger un déséquilibre, en renforçant le pouvoir des élus sur celui des magistrats
  • Pour les opposants à la réforme, cette loi, en restreignant les pouvoirs de la Cour suprême pour invalider une loi ou une décision gouvernementale, marque un premier pas vers un régime dictatorial

JERUSALEM: Israël est en train de se transformer à grands pas en "tyrannie" à mesure que le gouvernement avance dans son programme de réforme du système judiciaire, estime la professeure Shikma Bressler, symbole de la mobilisation populaire contre ce projet.

Depuis la présentation du projet gouvernemental en janvier, cette physicienne des particules de 43 ans s'est imposée comme une figure de proue de la contestation, l'une des plus importantes de l'histoire du pays, qui réunit chaque samedi soir des dizaines de milliers de manifestants.

"Israël est en voie de devenir une tyrannie. Cela signifie que quelqu'un a intérêt à devenir un tyran", affirme Mme Bressler.

"Si Israël poursuit dans cette voie, nous ne serons plus Israël tel que vous et moi et les gens l'imaginons".

Depuis le début de la contestation, Israël est divisé entre partisans de la politique de Benjamin Netanyahu, à la tête d'un des gouvernement les plus à droite qu'ait connu Israël, et opposants à la réforme, qui assurent vouloir défendre l'identité démocratique du pays.

La coalition au pouvoir, qui unit le Likoud (droite) de M. Netanyahu et des partis d'extrême droite ainsi que des formations juives ultra-orthodoxes, assure que la réforme est nécessaire pour corriger un déséquilibre, en renforçant le pouvoir des élus sur celui des magistrats.

Le Parlement a adopté en juillet un texte clé qui empêche la Cour suprême d'invalider une décision gouvernementale en jugeant de son "caractère raisonnable".

«Contre-pouvoirs»

Avant le vote, Mme Bressler avait mené une marche de protestation de plusieurs jours de Tel-Aviv à Jérusalem.

Pour les opposants à la réforme, cette loi, en restreignant les pouvoirs de la Cour suprême pour invalider une loi ou une décision gouvernementale, marque un premier pas vers un régime dictatorial.

"A long terme, ils (le gouvernement, NDLR) peuvent agir contre notre volonté comme en juillet", affirme Mme Bressler, mère de cinq filles.

"Mais ils sont condamnés à échouer car vous ne pouvez pas imposer des décisions à une très large majorité du peuple qui s'y oppose sans recourir à la violence".

Israël n'a pas de Constitution ni de Chambre haute, et la doctrine sur le "caractère raisonnable", forgée par la jurisprudence des juges de la Cour suprême, a précisément été utilisée pour permettre à ceux-ci de déterminer si un gouvernement outrepasse ses prérogatives.

"En Israël, nous n'avons pas de contre-pouvoirs institutionnels comme dans d'autres pays et notre démocratie est par conséquent très fragile", estime Mme Bressler.

Face à la fronde contre la réforme, le gouvernement affirme que celle-ci est mise en œuvre de façon démocratique puisque la coalition au pouvoir a été élue.

Mais "le fait qu'un gouvernement soit élu démocratiquement ne lui donne pas le droit de supprimer la démocratie", réplique Mme Bressler, pour qui le mouvement de contestation bénéficie d'un soutien plus large que le gouvernement, ainsi que semblent en témoigner plusieurs sondages récents.

En janvier, la Cour suprême a invalidé la nomination d'Arié Deri, chef du parti ultra-orthodoxe Shass, comme ministre de l'Intérieur. Les juges ont estimé qu'il n'était pas "raisonnable" que M. Deri, reconnu coupable de fraude fiscale, siège au gouvernement.

«Processus organisé»

Les détracteurs de la réforme accusent M. Netanyahu, en procès pour corruption, de vouloir changer le système pour adoucir un éventuel jugement à son encontre, ce qu'il nie.

Avant mars 2020, Mme Bressler n'avait aucun engagement public ou politique.

Mais avec la pandémie de Covid-19, M. Netanyahu ordonne la fermeture des tribunaux dans le cadre du confinement national, une décision qui n'a pour autre but que de retarder le début de son procès selon certains critiques.

C'est alors que Mme Bressler décide de s'engager, en prenant la tête d'un convoi automobile vers Jérusalem pour protester contre la décision de M. Netanyahu, dont les images deviendront rapidement virales.

Mais la situation actuelle est plus grave et le combat plus compliqué, assure la physicienne, qui dirige un laboratoire du prestigieux Institut Weizmann pour les sciences.

"Nous assistons à un processus organisé (...) qui profite des conflits et problèmes internes du pays", dit-elle.

"Nous ne pouvons plus revenir en arrière. Nous ne pouvons qu'avancer (...) soit sur la route sombre qui mène à la tyrannie" soit vers "un système plus fort qui garantira nos valeurs libérales et démocratiques pour les générations futures", affirme la militante, qui dit n'aspirer sur le plan personnel qu'à une "vie normale"... après la "victoire".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.