«Il n'y a pas de justice crédible sans prison», affirme Borne

«Il n'y a pas de justice, pas de fermeté contre la délinquance crédible sans prison», a affirmé vendredi Elisabeth Borne en inaugurant un nouveau centre pénitentiaire à Caen (Photo, AFP).
«Il n'y a pas de justice, pas de fermeté contre la délinquance crédible sans prison», a affirmé vendredi Elisabeth Borne en inaugurant un nouveau centre pénitentiaire à Caen (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 07 octobre 2023

«Il n'y a pas de justice crédible sans prison», affirme Borne

  • La cheffe du gouvernement a insisté sur la nécessité d'une prison «digne pour les personnels comme pour les détenus»
  • Elle a rendu «hommage» aux personnels de l'administration pénitentiaire

CAEN: "Il n'y a pas de justice, pas de fermeté contre la délinquance crédible sans prison", a affirmé vendredi Elisabeth Borne en inaugurant un nouveau centre pénitentiaire à Caen, au lendemain d'un Conseil national de la refondation consacré aux émeutes du début d'été.

"Construire des places de prison, c'est assurer que les peines prononcées puissent être effectuées et donner confiance à nos concitoyens dans la capacité de la justice à les protéger", a ajouté la Première ministre aux côtés du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui défend actuellement au Parlement un projet de loi d'augmentation des moyens de la Justice.

Ce texte a été largement adopté par l'Assemblée nationale mardi, avec le soutien du RN ainsi que de la droite, qui a obtenu l'ajout de 3.000 places de prison au plan déjà prévu de création de 15.000 places d'ici 2027.

Le nouveau centre pénitentiaire de Caen-Ifs sera doté de 551 places.

"Bien sûr, la prison n'est pas la réponse à tout et, dans un Etat libre et démocratique, une politique pénale ne peut pas se fonder sur le tout-carcéral. Mais il n'est pas question de céder à l'angélisme, de refuser la prison par principe et d'affaiblir notre réponse pénale", a ajouté Mme Borne, qui a rencontré des détenus de l'actuelle maison d'arrêt de Caen.

Cette "prison cellulaire de Caen", ouverte en 1904, fermera définitivement ses portes en novembre.

Pas de douches dans les cellules, peu d'espaces extérieurs, pas de salle de sport, ce bâtiment "ne convenait plus à la justice du XXIe siècle", selon le directeur de l'administration pénitentiaire Laurent Ridel.

"C'est étroit ici", a glissé le garde des sceaux Eric Dupond-Moretti sur l'une des passerelles reliées par des filets anti-évasion.

"Quand les actes commis sont graves, nous devons protéger les Français, avoir des réponses fermes, et les peines doivent être exécutées", a insisté Mme Borne, dans une allusion aux violences urbaines qui ont secoué le pays fin juin et début juillet, et sur lesquelles un Conseil national de la refondation s'est penché jeudi soir.

La cheffe du gouvernement a toutefois insisté sur la nécessité d'une prison "digne pour les personnels comme pour les détenus", alors que les prisons françaises comptent 73.699 détenus pour 60.562 places, en rendant "hommage" aux personnels de l'administration pénitentiaire.

Le contraste avec la prison est en effet saisissant dans le nouveau centre pénitentiaire d'Ifs, au sud de Caen : une superficie quintuplée, des douches dans chaque cellule, occupée en grande majorité par un seul détenu.

Pour autant, "la fermeté de notre politique pénale (...) ne doit pas s'opposer à une meilleure réflexion sur le sens de la peine et sur la réinsertion des personnes détenues", afin de "prévenir la récidive", a-t-elle ajouté.

En visite plus tôt dans sa circonscription de l'Orne, Elisabeth Borne avait été apostrophée au marché de Vire par un membre du comité de défense des hôpitaux et maternité de proximité, pancarte à bout de bras, sur le thème des déserts médicaux.

"Je vous demande (au député Freddy Sertin, suppléant d'Elisabeth Borne et présent à ses côtés NDLR) de ne pas voter le budget santé, il ne rattrape pas l'inflation et accentuera le désert médical alors même que 3000 habitants de Vire n'ont plus de médecins", a déclaré Gérald Le Verrier.

Mme Borne lui a suggéré de "lui envoyer ses chiffres pour les comparer" aux siens, en expliquant avoir "augmenté le budget de la Sécurité sociale entre 2017 et 2023".


France: une grenade lancée dans un bar à Grenoble, une douzaine de blessés

Les services d'urgence travaillent près de la scène d'une explosion dans un bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025. (AFP)
Les services d'urgence travaillent près de la scène d'une explosion dans un bar où une grenade a été lancée, à Grenoble, le 12 février 2025. (AFP)
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  • Une grenade lancée mercredi soir dans un bar d'un quartier sensible de Grenoble, dans le sud-est de la France, a fait une douzaine de blessés dont deux graves, la piste terroriste étant pour l'instant écartée
  • L'explosion est survenue un peu après 20H00 (19H00 GMT) dans le quartier sensible du Village olympique, dans le sud de Grenoble

GRENOBLE: Une grenade lancée mercredi soir dans un bar d'un quartier sensible de Grenoble, dans le sud-est de la France, a fait une douzaine de blessés dont deux graves, la piste terroriste étant pour l'instant écartée.

"Une personne est rentrée, a lancé une grenade, n'a pas prononcé de mot, semble-t-il, et ensuite a pris la fuite", a déclaré à la presse le procureur François Touret de Coucy, présent sur place.

"Aucune hypothèse n'est privilégiée à ce stade", a-t-il ajouté.

Mais "on peut exclure l'attentat purement terroriste, puisqu'il n'y a rien qui nous permet de penser que c'est lié à du terrorisme", a dit le magistrat, évoquant "un acte de violence extrême" qui "peut être lié à un règlement de compte, d'une manière ou d'une autre".

"Cette personne aurait été armée aussi d'une kalachnikov, mais ça reste à déterminer. Il n'est pas certain que cette kalachnikov ait été utilisée. A priori, les dégâts ont été causés par l'éclatement de la grenade", a-t-il expliqué.

"Beaucoup de clients" étaient présent au moment de l'explosion, selon lui.

L'explosion est survenue un peu après 20H00 (19H00 GMT) dans le quartier sensible du Village olympique, dans le sud de Grenoble.

Catherine Séguin, la préfète du département de l'Isère, dont Grenoble est le chef-lieu, également sur place, a annoncé de son côté six blessés graves, avec un bilan susceptible d'évoluer.

Au plus fort de l'intervention des secours, 80 sapeurs-pompiers étaient présents.

"C'est un acte d'une lâcheté inouïe, qui n'a pas sa place dans notre République. L’État ne tolérera pas de tels actes", a déclaré Mme Séguin.

L'hôpital de Grenoble a déclenché un plan d'urgence pour soigner les blessés, a précisé le maire écologiste de la ville Eric Piolle, qui a condamné sur X "avec la plus grande fermeté (un) acte criminel d'une violence inouïe".

"Nous vivons une période d'escalade de violence, à la fois dans sa localisation, dans sa temporalité, souvent en pleine journée", a observé l'édile qui s'est aussi rendu sur les lieux, sans vouloir faire de lien avec "d'autres événements", dans l'attente des résultats de l'enquête.

Un lien avec le trafic de stupéfiants est l'une des hypothèses explorées, a indiqué le procureur.

Les épisodes de violence par arme à feu liés au trafic de drogue sont fréquents sur le territoire de Grenoble et sa banlieue, les autorités n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs".

Le bilan vers 23H00 (22H00 GMT) faisait état d'une douzaine de personnes prises en charge par les secours, toujours présents sur place en nombre, dont deux blessés graves, sans que leur pronostic vital ne soit "forcément" engagé, selon le procureur.

"Tout est mis en œuvre pour retrouver" le suspect, a-t-il assuré.


Conférence internationale sur la Syrie: nouvel acte dans les relations franco-syriennes

Cette photo montre un monument représentant le défunt président syrien Hafez al-Assad, recouvert d'un drapeau de l'époque de l'indépendance, sur une autoroute à l'entrée de Damas, le 21 décembre 2024. (AFP)
Cette photo montre un monument représentant le défunt président syrien Hafez al-Assad, recouvert d'un drapeau de l'époque de l'indépendance, sur une autoroute à l'entrée de Damas, le 21 décembre 2024. (AFP)
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  • La conférence internationale sur la Syrie qui se tient demain jeudi à Paris marque une nouvelle étape dans l'engagement de la France dans ce pays
  • L’objectif de la conférence, qui sera clôturée par le président français Emmanuel Macron, est de coordonner les efforts pour une transition inclusive en Syrie, mobiliser les pays voisins et traiter des questions relatives à la justice transitionnelle

PARIS : La conférence internationale sur la Syrie qui se tient demain jeudi à Paris marque une nouvelle étape dans l'engagement de la France dans ce pays et prépare le terrain à une visite du président syrien de l'autorité de transition Ahmad  al-Chareh dans les prochaines semaines.

Il s’agit de la troisième Conférence internationale sur la Syrie depuis la chute de l’ancien président syrien Bachar al-Assad le 8 décembre dernier, les deux premières éditions ayant eu lieu à Aqaba et la seconde à Riad.

Cette conférence ministérielle, durant laquelle la Syrie sera représentée par son ministre des affaires étrangères Assaad al-Chaibani, « revêt une importance particulière », selon le palais de l’Elysée, et se tient pour la première fois, dans un format élargi, incluant les pays arabes et les principales organisations régionales.

Sont notamment présents la Ligue des États arabes, le Conseil de coopération du Golfe, ainsi que la Turquie, les États-Unis, la France, l’Union européenne et les Nations unies, représentées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général.

« Cette mobilisation reflète la reconnaissance collective des enjeux majeurs auxquels la Syrie est confrontée aujourd’hui, qu’il s’agisse de sécurité, de stabilisation ou de relèvement économique », affirme l’Elysée.

L’objectif de la conférence, qui sera clôturée par le président français Emmanuel Macron, est de coordonner les efforts pour une transition inclusive en Syrie, mobiliser les pays voisins et traiter des questions relatives à la justice transitionnelle.

Elle témoigne d’après l’Elysée, de la mobilisation de la communauté internationale aux côtés du peuple syrien, et constitue une étape majeure pour coordonner l’aide internationale vers ce pays.

Revenant sur l’entretien téléphonique qui a eu lieu récemment entre Macron et Al-Charaa, l’Elysée indique que le président « a réaffirmé notre soutien à une transition démocratique conforme aux aspirations du peuple syrien et notre engagement dans la lutte contre le terrorisme ».

Il l’a également invité Al-Charaa à se rendre en France dans les prochaines semaines, marquant ainsi « une nouvelle étape dans notre engagement diplomatique ».

D’autre part, la conférence internationale va débattre également de la manière dont   la Syrie pourra contribuer à la stabilité des pays voisins, en particulier le Liban, à travers un renforcement du contrôle sur la frontière syro-libanaise, et de sa capacité à affirmer sa souveraineté en dehors de toute ingérences étrangères.

Autre question importante, la levée des sanctions, qui revêt un caractère crucial pour le redressement économique du pays, à ce sujet l’Elysée indique que le travail au sein de l'union européenne a permis d'obtenir un accord le 27 janvier dernier, qui donne lieu à une levée des sanctions sectorielles, notamment sur les secteurs des transports et de l'énergie.

« Cette levée des sanctions, est évidemment essentielle pour que nous puissions travailler au relèvement économique de la Syrie. C'est un défi majeur pour les autorités de transition et une partie du débat que nous aurons avec elle ».

Concernant les sanctions américaines, l’Elysée indique que « notre compréhension, c'est que la nouvelle administration américaine est encore en cours d'examen de sa position sur la Syrie. Il ne nous semble pas que cette position sera clarifiée à l'occasion de cette conférence et que cet examen se poursuit encore aujourd'hui à Washington ».

Depuis 2011, la France a constamment soutenu les aspirations démocratiques du peuple syrien, malgré les années terribles de répression, de bombardements et de violations des droits humains commises par le régime de Bachar al-Assad.

« Notre engagement s’est traduit par un soutien humanitaire massif » souligne le palais présidentiel, « nous avons alloué plus de 100 millions d’euros depuis le début de la crise, avec un effort continu de 50 millions d’euros par an pour répondre aux besoins des populations, tant à l’intérieur de la Syrie que dans les camps de réfugiés des pays voisins (Turquie, Irak, Jordanie, Liban).

Mais ce soutien ne s’arrête pas là, puisque « nous avons également appuyé la société civile syrienne à travers un soutien aux médias indépendants », tels que Radio Rosana, ainsi que la création d’un incubateur de médias en Turquie.

Il comporte également, une aide à la gouvernance, et un appui aux initiatives de justice transitionnelle, notamment via le soutien aux défenseurs des droits des victimes de torture et de disparition forcée.

Cette conférence s’accompagne de différents évènements, dont une conférence organisée à l’Institut du monde arabe (IMA) entre des représentants de la société civile syrienne, groupés dans la plateforme « Madaniya » soutenue par la France, qui a débouchée sur des recommandations qui seront soumises à la conférence ministérielle, sur la manière de lutter contre l’impunité et les innombrables abus commis par le régime déchu en matière de droits de l’homme.

Un autre événement aura lieu dans la matinée de demain avant l’ouverture de la conférence internationale, et porte sur l’élaboration d’une stratégie qui permette de coordonner l'aide internationale, puisque cette aide est fragmentée, territorialement et politiquement.


Face à Trump, l'Europe doit "se réveiller", estime le gouverneur de la Banque de France

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, participe à une session lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 16 janvier 2024. (AFP)
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, participe à une session lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 16 janvier 2024. (AFP)
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  • Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé mercredi l'Union européenne à "se réveiller" pour innover "plus vite" face à "l'imprévisibilité" de la politique économique du président américain Donald Trump
  • Il faut "muscler la capacité d'innovation et de production en Europe", "investir mieux dans les technologies d'avenir et innover plus vite avec des simplifications", a-t-il ajouté

PARIS: Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé mercredi l'Union européenne à "se réveiller" pour innover "plus vite" face à "l'imprévisibilité" de la politique économique du président américain Donald Trump.

"Il est très souhaitable que l'Europe se réveille", a déclaré M. Villeroy de Galhau sur France Culture.

Il faut "muscler la capacité d'innovation et de production en Europe", "investir mieux dans les technologies d'avenir et innover plus vite avec des simplifications", a-t-il ajouté.

"L'Europe a beaucoup d'atouts", a-t-il développé, évoquant un marché unique d'environ 450 millions de consommateurs et des start-up, "mais l'Europe s'est un peu endormie face à la vague d'innovation née largement aux Etats-Unis et en partie en Chine".

La Banque de France prévoit une croissance économique de 0,1% à 0,2% en France au premier trimestre, dans un contexte de fortes incertitudes. Pour 2025, elle table sur une hausse de 0,9%, comme le gouvernement.

"S'il y a un maître mot aujourd'hui qui menace l'économie, c'est cette incertitude qui engendre l'attentisme des entrepreneurs qui diffèrent leurs investissements ou même des consommateurs (...) qui diffèrent leurs achats et qui préfèrent épargner", a prévenu François Villeroy de Galhau.

"De ce point de vue-là, l'imprévisibilité de Monsieur Trump (...) ne tient pas lieu de stratégie économique efficace. Partout dans le monde, cela augmente l'incertitude et donc cela pèse sur la confiance et la croissance", a-t-il ajouté.

Concernant Elon Musk, chargé par  Donald Trump de tailler dans les dépenses de l'Etat fédéral, "un innovateur génial" qui déploie toutefois "des méthodes extrêmement brutales", le gouverneur a dit espérer que "les forces de rappel de la démocratie et de l'économie américaine joueront".

"Le protectionnisme, ça peut apparaître séduisant à court terme - on se dit qu'on protège son économie - mais toujours et partout, c'est perdant dans la durée", a-t-il jugé.

Alors que l'inflation a baissé en France et que le taux de chômage s'est établi à 7,3% au quatrième trimestre 2024, "il reste deux maladies économiques sérieuses", a estimé François Villeroy de Galhau.

Pour la France, il a cité "le problème" des finances publiques et de la dette. Pour l'Europe, celui d'une croissance et d'une innovation insuffisantes.

Alors que l'économie européenne "tourne autour d'une croissance de 1%" elle est "entre 2% et 3%" aux Etats-Unis, "et année après année, ça creuse l'écart".