Ce que l'on sait de l'offensive du Hamas contre Israël

Des Palestiniens recherchent des survivants sous les décombres d'une maison détruite par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 octobre 2023. (Photo, AFP)
Des Palestiniens recherchent des survivants sous les décombres d'une maison détruite par une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 octobre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

Ce que l'on sait de l'offensive du Hamas contre Israël

  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué une guerre "longue" contre le Hamas
  • Benjamin Netanyahu a promis de réduire en "ruines" les caches du Hamas à Gaza, une enclave pauvre peuplée de 2,3 millions d'habitants

JERUSALEM: Les combats se poursuivent lundi entre des activistes du Hamas et les forces israéliennes, après le lancement samedi d'une offensive surprise du mouvement islamiste palestinien contre Israël depuis la bande de Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué une guerre "longue" contre le Hamas.

Voici ce que l'on sait jusqu'à présent de ce conflit:

Déroulement de l'offensive

L'offensive du Hamas a été lancée samedi à l'aube en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, 50 ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973.

Le mouvement palestinien a tiré des milliers de roquettes sur Israël pendant que ses combattants utilisaient des explosifs et des bulldozers pour franchir la barrière qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien, attaquant des positions militaires et des civils en pleine rue.

A bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés, les combattants se sont infiltrés dans des zones urbaines d'Israël comme Ashkelon, Sderot et Ofakim, situé à environ 22 kilomètres de la frontière avec l'enclave côtière.

Le Hamas s'est emparé d'équipements militaires israéliens et a pris en otage des civils. "Plus de 100 prisonniers" sont entre ses mains, selon le gouvernement israélien, parmi lesquels des ressortissants allemands et américains.

Ses combattants ont envahi notamment un poste de police à Sdérot où ils ont échangé des tirs avec les forces israéliennes. Ils ont attaqué une rave party à laquelle participaient plusieurs centaines de jeunes Israéliens près du kibboutz Reim, proche de Gaza, selon les médias.

Réponse d'Israël

L'armée israélienne, qui a compté plus de 3.000 tirs palestiniens, a riposté par des frappes aériennes et déclenché l'opération "Sabre de fer", détruisant des bâtiments présentés comme des "centres de commandement" du Hamas à Gaza.

Benjamin Netanyahu a promis de réduire en "ruines" les caches du Hamas à Gaza, une enclave pauvre peuplée de 2,3 millions d'habitants.

L'armée a annoncé avoir déployé plusieurs dizaines de milliers de soldats pour combattre les activistes du Hamas infiltrés dans les régions désertiques du sud d'Israël.

Selon le porte-parole de l'armée Richard Hecht, les frappes ont visé 426 cibles, dont des tunnels et d'autres infrastructures à Gaza.

L'armée israélienne, qui a été prise au dépourvu selon des analystes, a annoncé son intention d'évacuer dans les 24 heures tous les habitants du pourtour de la bande de Gaza.

Combien de morts et de disparus?
Selon Israël, plus de 700 personnes ont été tuées et 2.150 blessées côté israélien.

Des journalistes de l'AFP ont vu des corps criblés de balles de civils allongés dans les rues à au moins trois endroits: à Sdérot, dans le sud d'Israël, le kibboutz voisin de Gevim et la plage de Zikim au nord de la bande de Gaza.

Dans la bande de Gaza, 413 Palestiniens ont été tués et 2.300 autres blessés selon le Hamas.

Dix Népalais, une Française, deux Thaïlandais, un étudiant cambodgien, deux Ukrainiennes et "plusieurs Américains" ont été tués.

Israël a reconnu que des civils et des militaires israéliens avaient été enlevés, sans en préciser le nombre. Le site d'information israélien en ligne Ynet a évoqué "une estimation d'une centaine de personnes". L'ambassadeur israélien aux Etats-Unis a indiqué que des citoyens américains se trouvaient parmi les personnes enlevées. Le Paraguay a fait état de deux ressortissants disparus.

Ce que dit le Hamas

Les Brigades Ezzedine Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché l'opération "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël et tiré plus de "5.000 roquettes" pour "mettre fin aux crimes de l'occupation".

Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, un territoire palestinien, et la partie orientale de Jérusalem, et impose un blocus à Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

"Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire", a affirmé Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.

Le mouvement a appelé "les combattants de la résistance en Cisjordanie" ainsi que "les nations arabe et musulmane" à rejoindre son combat.

Dimanche matin, le Hezbollah libanais pro-iranien a annoncé avoir tiré des "obus d'artillerie et des missiles guidés" sur des positions israéliennes à la frontière entre le Liban et Israël, par solidarité avec le Hamas.

L'armée israélienne a déclaré avoir riposté à l'aide d'un drone.

Les réactions dans le monde

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné "dans les termes les plus fermes" l'offensive du Hamas et appelé "la communauté internationale à des "efforts diplomatiques pour éviter un élargissement de la conflagration".

Le président américain Joe Biden a ordonné "un soutien supplémentaire" des Etats-Unis à Israël, tandis que de l'aide militaire est "en route", a annoncé la Maison Blanche. Washington a également commencé à livrer des munitions supplémentaires à Israël.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a condamné des attaques relevant du "terrorisme dans sa forme la plus méprisable" et estimé qu'Israël avait "le droit de se défendre".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté dimanche Israël et le Hamas à "soutenir la paix" et à épargner les civils.

L'Iran "soutient la légitime défense de la nation palestinienne", a déclaré son président Ebrahim Raïssi, en ajoutant qu'Israël devait "être tenu pour responsable" de la situation.

L'Arabie saoudite a appelé à "l'arrêt immédiat de l'escalade entre les deux parties, à la protection des civils et à la retenue".

Le Programme alimentaire mondial (PAM) s'est dit "profondément inquiet" des difficultés d'accès aux produits alimentaires de base dans les zones impactées, réclamant "un accès humanitaire sécurisé" pour distribuer de la nourriture aux personnes déplacées ou se trouvant dans des refuges.


Les forces israéliennes pénètrent dans des villages de la campagne syrienne

Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
Un véhicule de la Force des Nations Unies chargée de l'observation du désengagement (FNUOD) passe devant un membre des forces de sécurité syriennes qui monte la garde devant une ancienne base militaire près de la ville de Quneitra, dans le sud de la Syrie, à la limite du plateau du Golan annexé par Israël, le 21 septembre 2025. (AFP)
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  • SANA indique que les incursions font partie des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien
  • Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer

DUBAI : Les forces israéliennes ont pénétré mercredi dans deux zones de la campagne de Quneitra en Syrie avant de se retirer, selon l'agence de presse syrienne SANA.

Un correspondant de SANA a rapporté qu'une unité israélienne composée de huit véhicules militaires, d'un véhicule lourd et de deux chars a avancé de Tal Kroum vers la ville orientale d'Al-Samadaniyeh Al-Sharqiya, y restant pendant plusieurs heures avant de retourner vers la ville détruite de Quneitra.

Le rapport ajoute qu'une autre force israélienne est entrée dans le village d'Ofaniya, où les troupes ont perquisitionné et fouillé deux maisons avant de se retirer.

SANA a déclaré que ces incursions s'inscrivaient dans le cadre des attaques israéliennes continues sur le territoire syrien, qui, selon Damas, violent l'accord de désengagement de 1974 et le droit international.

Les autorités syriennes ont appelé la communauté internationale à adopter une position ferme pour mettre fin à ces actions.


Israël confirme l'identification des deux otages israéliens morts restitués mercredi

L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. (AFP)
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  • "Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés"
  • Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas.

"Après la fin du processus d'identification mené par l'Institut national de médecine légale [...] les représentants de Tsahal ont informé les familles d'Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.

Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu'elle a été assassinée au festival Nova. Sa dépouille avait été emmenée a Gaza, comme celle du sergent Mohammad al-Atrash, soldat d'origine bédouine de 39 ans, tué au combat le 7 octobre.

 


Gaza: Israël menace de reprendre les combats si le Hamas ne rend pas toutes les dépouilles d'otages

 Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages. (AFP)
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  • De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP
  • "Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a affirmé mercredi soir que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l'accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n'avait pas rendu toutes les dépouilles d'otages.

"Si le Hamas refuse de respecter l'accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement, indique un communiqué de son bureau.

Le Hamas avait affirmé plus tôt avoir remis à Israël toutes les dépouilles d'otages auxquelles il avait pu accéder.

Le mouvement islamiste palestinien continue de nous dire qu'il compte "honorer l'accord" sur Gaza et rendre les corps des otages décédés, a dit à des journalistes mercredi un haut responsable américain, sous le couvert de l'anonymat.

Aux termes de l'accord du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël sur la base du plan du président américain Donald Trump, Hamas devait remettre à tous les otages encore détenus à Gaza, les vivants et les morts, dans les 72 heures suivant la cessation des hostilités, soit au plus tard à 09H00 GMT lundi.

Le mouvement palestinien a bien libéré dans les temps les 20 otages vivants, mais il n'a pour l'instant remis que neuf dépouilles de captifs sur les 28 retenues à Gaza: quatre lundi soir, trois mardi et deux mercredi.

"Nous avons rempli notre engagement au titre de l'accord en remettant tous les prisonniers israéliens vivants, ainsi que les corps auxquels nous avons pu accéder", a assuré le Hamas. "Quant aux dépouilles restantes, leur récupération et extraction nécessitent des efforts considérables et un équipement spécial."

En échange du retour mardi des dépouilles de trois captifs, Israël a remis à Gaza 45 dépouilles de Palestiniens.

"Accès totalement libre" 

Accusant le Hamas de jouer la montre et de violer l'accord de cessez-le-feu, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l'extrême droite israélienne, a de nouveau appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à couper totalement l'aide humanitaire pour Gaza.

Plus tôt, la radio-télévision publique israélienne KAN avait présenté comme imminente la réouverture du passage de Rafah entre l'Egypte et Gaza, crucial pour l'afflux de l'aide humanitaire qui attend du côté égyptien. Mais il est resté fermé jusque-là.

L'ONU a exhorté Israël à ouvrir "immédiatement" tous les accès de la bande de Gaza à l'aide humanitaire.

"Nous voulons que tous (les) points de passage soient ouverts et que l'accès soit totalement libre", a déclaré à l'AFP au Caire Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l'ONU.

"Nous voulons que cela se fasse maintenant, dans le cadre de l'accord" de cessez-le-feu, a dit M. Fletcher, soulignant "l'urgence totale" de la situation et la nécessité de "livrer de l'aide à grande échelle."

Fin août, l'ONU a déclaré une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël.

"Il ne reste plus rien" 

Israël autorise actuellement l'acheminement de l'aide humanitaire essentiellement via le passage de Kerem Shalom (sud), mais les organisations humanitaires se plaignent des lenteurs administratives et des contrôles de sécurité.

Selon l'ONU et l'Organisation mondiale de la Santé, Israël a permis ces derniers jours l'entrée d'aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine, pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments.

Dans la bande de Gaza, des habitants affamés interceptent régulièrement les camions d'aide pour voler et stocker de la nourriture, ce qui empêche une distribution ordonnée vers les communautés les plus touchées, selon une source humanitaire.

De retour dans les ruines de leurs maisons à Gaza-ville, plusieurs habitants installent des tentes ou des abris de fortune au milieu des décombres, selon des images de l'AFP.

"Nous sommes jetés à la rue. Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité. Rien. Toute la ville de Gaza a été réduite en cendres", déclare Mustafa Mahram.

"Il ne reste plus rien à Gaza-ville. Ni arbres, ni bâtiments, ni être humains, ni vie. Juste des destructions", dit un autre Palestinien, Youssef Jodah.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a mené une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait des dizaines de milliers de morts.

L'attaque du Hamas a entraîné, du côté israélien, la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un nouveau bilan établi par l'AFP à partir de données officielles, après l'identification de deux dépouilles d'otages.

Dans la bande de Gaza, la campagne de représailles israélienne a fait 67.938 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.