L'aviation israélienne pilonne la bande de Gaza, le bilan de la guerre dépasse les 3 000 morts

Des soldats israéliens patrouillent sur une route près de la barrière frontalière avec Gaza, le 10 octobre 2023. (AFP).
Des soldats israéliens patrouillent sur une route près de la barrière frontalière avec Gaza, le 10 octobre 2023. (AFP).
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Publié le Jeudi 12 octobre 2023

L'aviation israélienne pilonne la bande de Gaza, le bilan de la guerre dépasse les 3 000 morts

  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié l'offensive massive lancée samedi par le Hamas contre Israël de «sauvagerie jamais vue depuis la Shoah»
  • L'offensive a suscité de multiples condamnations internationales ainsi que des inquiétudes face à l'éventualité d'un assaut terrestre sur Gaza

GAZA: Israël a annoncé mardi avoir repris en partie le contrôle de sa frontière avec la bande de Gaza, en état de siège et pilonnée par les raids israéliens, après quatre jours d'une guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a déjà fait des milliers de morts.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié l'offensive massive lancée samedi par le Hamas contre Israël de "sauvagerie jamais vue depuis la Shoah", promettant que son pays allait "vaincre (le groupe palestinien) avec de la force, énormément de force".

L'offensive a suscité de multiples condamnations internationales ainsi que des inquiétudes face à l'éventualité d'un assaut terrestre sur Gaza.

Les Etats-Unis ont dit être prêts à déployer des "ressources supplémentaires" pour soutenir leur allié, et le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, doit se rendre jeudi en Israël.

L'Etat israélien, qui a annoncé l'évacuation des zones frontalières, a imposé un "siège total" à Gaza et suspendu l'approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture de l'enclave palestinienne.

Le Hamas, qui contrôle depuis 2007 ce petit territoire, menace de son côté d'exécuter des otages enlevés en Israël, environ 150 personnes dont des enfants, des femmes, des personnes âgées ainsi que des jeunes capturés pendant un festival de musique.

Cent morts dans un kibboutz

Les combattants qui ont fait irruption samedi dans ce festival y ont massacré 250 personnes, et ont tué aussi "plus de 100 personnes" dans le seul kibboutz de Beeri, selon l'ONG Zaka, qui a participé à la collecte des corps.

"Ils tiraient sur tout le monde", "ils ont assassiné de sang-froid des enfants, des bébés, des gens âgés, tout le monde", a témoigné Moti Bukjin, le porte-parole de l'ONG.

Samedi à l'aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu'Israël considérait infranchissable, des centaines de combattants du Hamas s'étaient engouffrés dans des localités du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant.

Lors de cette offensive terrestre, aérienne et maritime d'une ampleur sans précédent depuis la naissance de l'Etat d'Israël en 1948, menée en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, le Hamas a tiré des milliers de roquettes.

L'attaque a provoqué la sidération en Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001.

Depuis, l'armée israélienne pilonne Gaza, une bande de terre pauvre et exiguë, enclavée le long de la Méditerranée, où s'entassent 2,3 millions d'habitants et où des rues entières sont désormais transformées en champs de ruines.

Israël a mobilisé 300.000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza, ainsi qu'à sa frontière nord avec le Liban.

Mardi, des salves de roquettes, revendiquées par le Hamas, ont de nouveau été tirées depuis le sud du Liban vers Israël, provoquant une riposte de l'Etat israélien qui dit avoir visé des positions du Hezbollah pro-iranien, allié du mouvement palestinien.

Sur un autre front, l'armée israélienne a dit avoir tiré des obus mardi soir sur la Syrie voisine à partir du plateau du Golan en riposte à des "tirs" de projectiles sur ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Biden assure Israël de son appui sans réserve face au «mal à l'état pur»

"Il y a dans l'existence des moments (...) où le mal à l'état pur frappe le monde. Le peuple d'Israël vient de vivre l'un de ces moments, par les mains couvertes de sang de l'organisation terroriste Hamas", a dit le président américain.

Le groupe islamiste palestinien a qualifié ses propos d'"incendiaires", et l'a accusé de vouloir "dissimuler les crimes d'Israël".

"Nous nous devons d'être absolument clairs. Nous nous tenons aux côtés d'Israël", a dit Joe Biden, en présence de la vice-présidente Kamala Harris et du chef de la diplomatie Antony Blinken, qui se rendra jeudi dans l'Etat hébreu en signe de "solidarité et de soutien" ainsi qu'en Jordanie.

Joe Biden a confirmé que des citoyens américains se trouvaient parmi les otages du Hamas et a par ailleurs fait état d'un nouveau bilan de 14 Américains tués.

Une «scène terrifiante»

Au total, la guerre a déjà fait plus de 3.000 morts de part et d'autre, civils, soldats israéliens et combattants palestiniens.

En Israël, plus de 900 personnes ont été tuées, selon les autorités. L'armée a annoncé en outre mardi avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas dans les zones voisines de Gaza.

L'armée israélienne a "plus ou moins repris le contrôle de la clôture à la frontière" avec Gaza, "mais des infiltrations peuvent encore arriver", a déclaré son porte-parole, le lieutenant-colonel Richard Hecht.

Mardi soir, elle a annoncé en outre avoir tué "trois terroristes palestiniens" lors d'un échange de tirs avec des soldats à Ashkelon, ville du sud d'Israël située à une quinzaine de kilomètres de Gaza.

Du côté palestinien, 830 personnes sont mortes, selon les autorités locales. Le Hamas a annoncé que deux de ses hauts responsables avaient été tués par des frappes israéliennes. Huit journalistes palestiniens ont également été tués.

Un habitant de l'enclave âgé de 70 ans, Muhammad Najib, a raconté qu'il avait fui sa maison lundi. De retour mardi dans son quartier d'Al-Rimal, pilonné par des centaines de raids pendant la nuit, il a découvert une "scène terrifiante".

"Le secteur entier était dévasté, de nombreuses maisons ont été complètement détruites", a-t-il témoigné. "Etait-ce la faute des enfants et des femmes?"

A Gaza, une ville très densément peuplée, des images aériennes tournées par l'AFP montrent l'étendue des destructions, avec des immeubles entiers réduits à l'état de ruines.

Dans les hôpitaux, la situation est "catastrophique". L'hôpital al-Chifa de Gaza déborde de blessés. "Certains meurent bien avant" d'avoir pu être soignés, raconte un médecin.

A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, un homme désemparé portait mardi le corps drapé de blanc d'un enfant, tandis que des dépouilles étaient entassées à l'arrière d'un pick-up.

L'ONU a affirmé que le siège total de la bande de Gaza, où 187.500 personnes ont déjà été déplacées par la guerre, était "interdit" par le droit international humanitaire.

Face à l'offensive, dans un pays marqué par de profondes fractures, Benjamin Netanyahu a appelé lundi "les dirigeants de l'opposition à former immédiatement un gouvernement d'union nationale".

Le Danemark et la Suède suspendent leur aide au développement

"Le gouvernement danois a décidé de suspendre son aide au développement en faveur de la Palestine", a indiqué la diplomatie danoise dans un communiqué.

Au Danemark, le gouvernement a lancé une étude pour "s'assurer que les fonds danois ne sont pas utilisés à mauvais escient, notamment pour soutenir indirectement des organisations terroristes qui s'en prennent à Israël".

"Cet examen se fera dans le cadre d'un dialogue étroit avec les partenaires du Danemark au sein de l'UE et de la région nordique", a précisé le communiqué.

A Stockholm, le gouvernement a également annoncé la suspension de l'aide au développement: "La Suède va suspendre l'aide au développement à la Palestine jusqu'à nouvel avis", a dit le ministre chargé de l'Aide au développement Johan Forsell aux journalistes.

«Ville fantôme»

Dans les grandes villes israéliennes, la vie semble à l'arrêt. Tables et chaises restent vides dans plusieurs restaurants d'un marché de Tel-Aviv. Jérusalem "est une ville fantôme", résume Mary Bahba, une quadragénaire palestinienne.

L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël par surprise et fait 2.600 morts côté israélien en trois semaines.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette offensive majeure pour "mettre fin aux crimes de l'occupation", en référence à l'occupation israélienne des territoires palestiniens.

Israël avait retiré ses troupes et évacué les colons de la bande de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967.

Mais il a gardé le contrôle de l'espace aérien et des eaux territoriales et imposé un blocus depuis 2007, contrôlant strictement le passage des biens et des personnes entre Israël et l'enclave.

L'Union européenne (UE) s'est dite mardi opposée au blocus total de Gaza et a annoncé soutenir majoritairement la poursuite de l'aide à l'Autorité palestinienne. Le respect du droit international signifie un "non au blocus de l'eau, de la nourriture ou de l'électricité", a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell, après une réunion extraordinaire des chefs de la diplomatie.


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".