Après le choc, les écoles rendent hommage au professeur tué à Arras

Des rubans noirs entourent le drapeau français et le drapeau européen, alors que des personnes se rassemblent pour rendre hommage à la place des Héros à Arras, dans le nord-est de la France, le 15 octobre 2023, deux jours après qu'un enseignant a été tué et que deux autres personnes ont été gravement blessées le 13 octobre, lors d'une attaque au couteau au lycée Gambetta. (AFP)
Des rubans noirs entourent le drapeau français et le drapeau européen, alors que des personnes se rassemblent pour rendre hommage à la place des Héros à Arras, dans le nord-est de la France, le 15 octobre 2023, deux jours après qu'un enseignant a été tué et que deux autres personnes ont été gravement blessées le 13 octobre, lors d'une attaque au couteau au lycée Gambetta. (AFP)
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Publié le Lundi 16 octobre 2023

Après le choc, les écoles rendent hommage au professeur tué à Arras

  • Dans l'établissement d'Arras, où a eu lieu l'attaque, une cellule de soutien médico-psychologique sera en place lundi, mais les élèves n'auront pas cours. Ils devraient reprendre mardi matin, selon plusieurs enseignants
  • Gabriel Attal, qui a demandé le renforcement de la sécurité autour de tous les établissements, a annoncé aussi le déploiement de 1 000 personnels de sécurité du ministère

PARIS: Trois ans jour pour jour après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, la France rend hommage lundi à Dominique Bernard, un professeur de français poignardé vendredi par un ex-élève radicalisé, avec une minute de silence à l'école, sur fond de sécurité renforcée face à la menace terroriste.

Après cette attaque devant un collège-lycée d'Arras, dans le nord de la France, par un ancien élève de 20 ans de nationalité russe et fiché pour sa radicalisation dans un établissement scolaire, les enseignants pourront se retrouver de 8H00 à 10H00 dans leurs établissements pour un temps d'échange, "à la fois humain et pédagogique".

"C’est un des leurs qui a été tué, assassiné", a souligné dimanche sur TF1 le ministre français de l'Education Gabriel Attal. "Ils ont tout mon soutien et le soutien de toute la nation", a-t-il ajouté. "Ensemble, ils sauront trouver les mots pour s'adresser à leurs élèves et répondre à leurs questions".

Cette journée sera aussi dédiée à la mémoire du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 par un jeune radicalisé après avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

Les élèves ne commenceront leurs cours qu'à 10H00. Une minute de silence aura ensuite lieu à 14H00 dans tous les établissements scolaires du pays "en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école", selon les mots de Gabriel Attal.

Le ministre de l'Education nationale a précisé qu'il ne "tolérerai(t) aucune contestation, aucune provocation" lors de cet hommage.

Pas de cours à Arras

"Il y aura un signalement nominatif de toutes les contestations et toutes provocations", a-t-il insisté, promettant "des sanctions disciplinaires et une saisine systématique du procureur de la République pour engager des poursuites".

De nombreuses communes vont aussi organiser des rassemblements, à l'instar de la ville de Paris, qui rendra hommage à Dominique Bernard à 12H00.

A Arras, plusieurs milliers de personnes ont déjà honoré dimanche le professeur de français.

Dans l'établissement d'Arras, où a eu lieu l'attaque, une cellule de soutien médico-psychologique sera en place lundi, mais les élèves n'auront pas cours. Ils devraient reprendre mardi matin, selon plusieurs enseignants.

Trois ans jour pour jour après son assassinat, qui avait suscité une émotion considérable dans tout le pays, l'attentat au couteau d'Arras, qui a fait aussi trois blessés, est venu raviver l'effroi et la sidération, en particulier chez les enseignants, dont certains appréhendent le retour en classe.

Borne et Attal participeront à la minute de silence au collège de Samuel Paty

Elisabeth Borne participera avec le ministre de l'Education Gabriel Attal à la minute de silence prévue lundi à 14H00 en hommage à Dominique Bernard, l'enseignant mortellement poignardé à Arras, au collège de de Samuel Paty, professeur lui aussi assassiné dans un attentat islamiste il y a trois ans jour pour jour.

La Première ministre et Gabriel Attal se rendront au collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour cet hommage aux deux enseignants, selon Matignon. L'école restera un "rempart contre l’obscurantisme" et "un sanctuaire pour nos élèves et pour tous ceux qui y travaillent", a assuré lundi le président Emmanuel Macron dans un message sur X aux enseignants et aux élèves.

«Anxiogène»

"C’est le contexte violent qui m’inquiète, pour mes élèves de 6e", explique Marie Travert, professeure de mathématiques d’un collège de Betton, près de Rennes (ouest de la France), évoquant, outre l'attaque d'Arras, la situation en Israël.

"On doit en plus faire cette semaine des exercices attentat-intrusion dans le collège, et reparler de ce qui s’est passé avec Samuel Paty. C’est assez anxiogène", ajoute-t-elle.

Gabriel Attal, qui a demandé le renforcement de la sécurité autour de tous les établissements, a annoncé aussi le déploiement de 1 000 personnels de sécurité du ministère.

La France, placée vendredi en alerte "urgence attentat", prévoit de déployer 7 000 soldats sur le territoire.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, prônant l'"expulsion systématique de tout étranger (...) considéré comme dangereux par les services de renseignement", a évoqué un possible "lien" entre l'attaque et le conflit dévastateur en cours entre Israël et le Hamas.

Depuis son arrestation, l'assaillant, Mohammed Mogouchkov, qui aurait crié "Allah Akbar" selon des témoins, "ne s'est pas exprimé", a indiqué à l'AFP une source policière. Huit autres personnes étaient encore en garde à vue dimanche.

Gabriel Attal a précisé que "cet élève, et même la fratrie, avaient fait l’objet depuis plusieurs années de signalements de la part des enseignants".


Éducation Nationale : plus de 3.600 actes racistes et antisémites recencsé à l'école l'an dernier

Anne Genetet, ministre de l’Éducation, quitte le gouvernement à la suite de la réunion hebdomadaire du cabinet à l’Élysée, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
Anne Genetet, ministre de l’Éducation, quitte le gouvernement à la suite de la réunion hebdomadaire du cabinet à l’Élysée, le 1er octobre 2024. (Photo AFP)
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  • .670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites...) et 1.960 actes racistes ont été signalés sur l'ensemble de l'année scolaire 2023-2024
  • Sur un an, les actes antisémites ont été multipliés par plus de quatre et les actes racistes par près de deux.

PARIS : Plus de 3.600 actes racistes et antisémites ont été recensés à l'école sur l'année scolaire 2023-2024, multipliés par près de trois sur un an, après l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, selon des chiffres communiqués jeudi par le ministère de l'Education nationale.

Selon le ministère, confirmant des chiffres donnés par RMC, 1.670 actes à caractère antisémite (insultes et violences verbales ou physiques, inscriptions antisémites...) et 1.960 actes racistes ont été signalés sur l'ensemble de l'année scolaire dernière pour le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et le second degré (collèges et lycées).

"Le déclenchement du conflit israélo-palestinien du 7 octobre 2023 et son impact en France est évidemment à prendre en compte dans l'explication de ces chiffres, qui sont en forte hausse par rapport à l'année précédente", a précisé le ministère à la presse.

La nouvelle ministre de l'Education nationale, Anne Genetet, qui rencontrait jeudi matin les recteurs d'académies, leur a demandé "la plus grande vigilance et une remontée la plus précise des actes antisémites - et plus largement des actes ou discours de haine - ainsi que des sanctions justes et proportionnées, en complément des actions de sensibilisation et prévention prévues par les enseignants", a encore indiqué le ministère.

Sur un an, les actes antisémites ont été multipliés par plus de quatre et les actes racistes par près de deux. Lors de l'année scolaire 2022-2023, 400 actes antisémites et 870 actes racistes avait été signalés, selon les chiffres communiqués par le ministère.

Au total, comparé aux 1.270 actes recensés en 2022-23, le nombre d'actes racistes et antisémites signalés a donc presque triplé l'an dernier.

En mai, le ministère de l'Education nationale avait fait état de 1.434 actes racistes et antisémites après le 7 octobre, mais ces chiffres portaient seulement sur la période allant de décembre à mars, a-t-il précisé jeudi.

Le ministère avait alors indiqué que, selon ses remontées, le conflit israélo-palestinien pouvait expliquer "une partie" de ces faits, "en raison des tensions qu’il provoque et de l'atmosphère qui en découle, les insultes étant majoritaires dans les faits recensés".


La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif.

Portrait-robot réalisé le 16 septembre 2024 montre le Français Peter Cherif, associé présumé des frères Kouachi qui ont perpétré l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, debout lors de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris. (Photo par Benoit PEYRUCQ / AFP)
Portrait-robot réalisé le 16 septembre 2024 montre le Français Peter Cherif, associé présumé des frères Kouachi qui ont perpétré l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, debout lors de son procès devant la cour d'assises spéciale de Paris, à Paris. (Photo par Benoit PEYRUCQ / AFP)
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  • La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif, jugé devant la cour d'assises spéciale de Paris.
  • L'accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

PARIS : La réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le jihadiste Peter Cherif, jugé devant la cour d'assises spéciale de Paris pour le rôle qu'il a pu jouer au Yémen auprès de Chérif Kouachi, l'un des assaillants du journal Charlie Hebdo en 2015, et pour la séquestration de trois humanitaires en 2011.

"Nous vous demandons qu'à la perpétuité Peter Cherif soit reclus", a déclaré l'avocate générale Aurélie Valente, en demandant que cette peine soit assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

A l'issue d'un réquisitoire à deux voix, rendu avec son collègue Benjamin Chambre, elle a demandé à la cour d'assises spéciale de reconnaître Peter Cherif "coupable" de l'ensemble des charges qui lui sont reprochées.

L'accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Il lui est reproché d'avoir rejoint les rangs de cette organisation jihadiste et, dans ce cadre, d'avoir participé à la formation de son ami d'enfance Chérif Kouachi à l'attentat commis le 7 janvier 2015 au journal satirique Charlie Hebdo, dans lequel 12 personnes ont été assassinées. L'attaque a été revendiquée par Aqpa.

Il comparaît aussi pour la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire.

Pendant plus de quatre heures, les deux représentants du ministère public ont dressé le portrait d'un "jihadiste intégral" qui fut "la pierre angulaire de la préparation des attentats des frères Kouachi" en janvier 2015 et qui "n'a entamé aucune remise en cause".

"Son jihad, il n'en sortira pas", a asséné l'avocate générale, estimant que sa dangerosité était "toujours maximale".


Lucie Peytermann, journaliste à l’AFP, primée pour ses enquêtes sur les enfants harkis privés de sépulture

Des tombes de harkis, au cimetière de la commune à Bias, près de Villeneuve-sur-Lot (Photo, AFP).
Des tombes de harkis, au cimetière de la commune à Bias, près de Villeneuve-sur-Lot (Photo, AFP).
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  • Ce prix est décerné par la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis.
  • "En réalisant cette enquête, j'ai d'abord voulu faire connaître cette tragédie méconnue des enfants et bébés harkis, morts dans ces camps indignes et traumatisantes", a déclaré Lucie Peytermann en recevant son prix

PARIS : La journaliste de l'AFP Lucie Peytermann a reçu mercredi le prix "général François Meyer" pour sa série d'enquêtes et de reportages sur les cimetières de fortune d'enfants harkis en France, qui ont poussé les autorités à entreprendre des fouilles en vue de leur offrir une sépulture digne.

Ce prix est décerné par la Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les Harkis (CNIH), ces Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance algérienne (1954-1962), abandonnés par la France à la fin du conflit.

Des dizaines de milliers d'entre eux et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été parqués en France dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée française, aux conditions de vie déplorables.

"En réalisant cette enquête, j'ai d'abord voulu faire connaître cette tragédie méconnue des enfants et bébés harkis, morts dans ces camps indignes et traumatisantes", a déclaré Lucie Peytermann en recevant son prix des mains de la présidente de la CNIH Françoise Dumas et de l'académicien Jean-Marie Rouart, président du jury.

En 2020, une enquête de Lucie Peytermann avait révélé l'existence d'un cimetière de fortune sur l'ancien camp de Saint-Maurice-l'Ardoise (Gard), ce qui avait conduit en mars 2023 à des fouilles menées par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Fin septembre, une stèle y a été inaugurée portant le nom d'une trentaine d'enfants harkis enterrés là.

"Il faut maintenant que les fouilles soient enfin menées au cimetière de fortune de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), où, selon les statistiques que j'ai pu compiler, 101 enfants sont décédés, dont 86 avaient moins d'un an", a-t-elle souligné. A l'automne 2023, le gouvernement avait annoncé le prochain lancement de ces fouilles.