Manifestation propalestinienne à Paris: Le tribunal administratif lève l'interdiction de la préfecture

Des manifestants se rassemblent autour du Monument à la République lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens sur la place de la République à Paris, le 19 octobre 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants se rassemblent autour du Monument à la République lors d'une manifestation de soutien aux Palestiniens sur la place de la République à Paris, le 19 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 octobre 2023

Manifestation propalestinienne à Paris: Le tribunal administratif lève l'interdiction de la préfecture

  • La décision du tribunal est intervenue alors que se déroulait dans le calme une manifestation place de la République
  • Le juge administratif a mis en avant que le préfet de police de Paris n’apportait «aucun élément de nature à étayer» que la manifestation visait «à soutenir les attaques terroristes du Hamas»

PARIS: Pas de "risque particulier de violences": le tribunal administratif de Paris, saisi avant la tenue d'une manifestation propalestinienne dans la capitale, a décidé jeudi de suspendre l'interdiction préfectorale qui la frappait, estimant que celle-ci représentait "une atteinte grave" à la liberté de manifester.

La décision du tribunal est intervenue alors que se déroulait depuis 18H00, dans le calme, une manifestation place de la République qui a réuni 4.000 personnes, selon la préfecture de police. Elles s'étaient rassemblées à l'appel de l'association CAPJO-Europalestine et du Nouveau parti anticapitaliste.

"Le respect de la liberté de manifestation et de la liberté d'expression, qui ont le caractère de libertés fondamentales (....) doit être concilié avec l'exigence constitutionnelle de sauvegarde de l'ordre public", a estimé le tribunal dans son ordonnance dont l'AFP a obtenu copie.

Le juge administratif a mis en avant que le préfet de police de Paris n’apportait "aucun élément de nature à étayer" que la manifestation visait "à soutenir les attaques terroristes du Hamas qui se sont déroulées à compter du 7 octobre" s'agissant de la CAPJPO-Europalestine.

Et "si le préfet fait valoir que le NPA est visé par une enquête pour 'apologie du terrorisme'", après des propos d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou selon lesquels la lutte du peuple palestinien est "légitime", "cette circonstance ne saurait être tenue pour suffisante pour établir que le NPA 'plateforme C', qui affirme (...) avoir fait scission avec le NPA dirigé par Philippe Poutou, (...) soutiendrait le Hamas, souligne le tribunal.

Par ailleurs, "il ne résulte pas de l’instruction, et en particulier de la note des services spécialisés établie en vue de la présente manifestation, que le rassemblement projeté présenterait un risque particulier de violences, à l’encontre d’autres groupes ou des forces de l’ordre", argue-t-il.

Les arrêtés préfectoraux attaqués portent donc "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester", conclut le tribunal, en ordonnant leur suspension.

Le Conseil d'Etat avait rappelé mercredi au gouvernement que les manifestations propalestiniennes ne pouvaient être interdites systématiquement et qu'il revenait aux seuls préfets d'apprécier s'il y avait localement un risque de troubles à l'ordre public.

«Tous ensemble»

"Je suis un Républicain, j'applique les décisions de justice. Ce qui est sûr, c'est que les manifestations, quand elles seront autorisées, elles doivent se tenir dans le bon ordre public", a réagi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur BFMTV, en apprenant la décision du tribunal administratif.

Dans un télégramme qu'il avait adressé aux préfets le 12 octobre, cinq jours après l'attaque sanglante perpétrée en Israël par le Hamas, consigne avait été donnée d'interdire les "manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles (étaient) susceptibles de générer des troubles à l'ordre public".

Dès que la nouvelle de la décision s'est propagée dans la manifestation place de la République, les forces de police qui avaient "nassé" la foule se sont totalement retirées, selon un journaliste de l'AFP.

Auparavant, certains avaient crié au sein du rassemblement: "Israël assassin, Macron complice", "Vive la Palestine" ou encore "Nous sommes tous des Palestiniens".

Sarah Katz, une militante qui a vécu deux ans à Gaza, portait, elle, un panneau "antisioniste parce que juive": "On a un gouvernement entièrement aux ordres pour soutenir un régime colonial, un régime d'apartheid", a-t-elle dit. "Il n'y a pas de guerre entre Israël et le Hamas, c'est une blague (...) Il y a une résistance, avec plusieurs composantes", a-t-elle estimé.

"Les violences me touchent toutes au même niveau", a assuré pour sa part Zéphyr, un étudiant interrogé par l'AFP, qui a expliqué suivre la situation via des médias "indépendants" et Instagram (un réseau social de Meta).

Et Rachid, un manifestant de 60 ans, de renchérir: "On est ici pour transmettre un mot de paix à tout le monde. On n'est pas contre un État, on est tous ensemble".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.