A Tel-Aviv, des habitants soudain «vulnérables»

Manifestation appelant à la libération des otages israéliens détenus par des militants palestiniens depuis l'attaque du 7 octobre, à Tel Aviv, le 21 octobre 2023 (Photo, AFP).
Manifestation appelant à la libération des otages israéliens détenus par des militants palestiniens depuis l'attaque du 7 octobre, à Tel Aviv, le 21 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

A Tel-Aviv, des habitants soudain «vulnérables»

  • «Jamais je ne me suis sentie aussi vulnérable», avoue Ravit Stein, une quinquagénaire, agente d'assurances
  • Dans la bande de Gaza, plus de 4400 Palestiniens ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne

TEL-AVIV: A première vue, tout semble normal: sous le soleil, quelques sportifs courent ou chevauchent leurs vélos. Mais lorsqu'ils s'arrêtent, des habitants de Tel-Aviv se disent choqués de se sentir soudain "vulnérables", deux semaines après l'attaque sanglante du Hamas en Israël.

"Jamais je ne me suis sentie aussi vulnérable", avoue Ravit Stein, une quinquagénaire, agente d'assurances, qui promène son chien dans le centre de Tel-Aviv. Plusieurs fois par jour sonnent dans la ville les sirènes d'alarme aux roquettes tirées par les groupes islamistes palestiniens depuis la bande de Gaza, une soixantaine de kilomètres au sud.

"Depuis cette terrible attaque, l'idée qu'ils peuvent recommencer ici ne me quitte pas. Alors j'essaie d'avoir des activités normales, comme promener mon chien", ajoute cette mère de famille.

"C'est aussi ce qu'ils ont réussi à nous faire: nous donner le sentiment que nous étions vulnérables", insiste-t-elle sans prononcer le nom du Hamas, le mouvement islamiste palestinien qui a perpétré l'attaque du 7 octobre, journée la plus meurtrière de l'histoire de l'Etat d'Israël depuis sa création en 1948.

Plus de 1.400 personnes ont été tuées côté israélien depuis lors, en majorité des civils massacrés par le Hamas au premier jour de la guerre, selon les autorités israéliennes. Dans la bande de Gaza, plus de 4.400 Palestiniens ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon les dernières données des autorités locales.

«Je vais acheter une arme»

"Nous avons perdu confiance dans notre dispositif de sécurité. Comment pourrait-il en être autrement?", s'interroge Ofer Kaddosh, un informaticien de 46 ans, le visage ruisselant après son jogging sur la plage étrangement vide pour un samedi, le jour du repos hebdomadaire en Israël.

Selon lui, "cela va prendre du temps pour restaurer cette confiance. En attendant, je vais acheter une arme".

Les députés ont approuvé de nouvelles directives pour armer des civils, et une session parlementaire a révélé que depuis le 7 octobre, quelque 41.000 Israéliens avaient demandé un permis pour posséder une arme à feu, contre 38.000 en moyenne chaque année.

Michel Haddad, 63 ans, Franco-israélien venu de Marseille s'installer ici au début des années 1980, partage ce sentiment de vulnérabilité et de confiance érodée.

"J'ai toujours été de gauche. Je n'ai pas manqué une manifestation contre la réforme judiciaire du gouvernement" de Benjamin Netanyahou. "Je ne pensais pas qu'un jour, quelqu'un dans ma famille envisagerait de s'acheter une arme par nécessité de se protéger."

Il confie que depuis le 7 octobre, sa fille dort avec deux couteaux sur sa table de nuit et une batte de baseball, qu'elle ne cesse de vérifier que sa porte est bien fermée et qu'elle scrute la rue du haut de son appartement au 9e étage.

Des rumeurs de projets d'attaque, que rien ne permet d'étayer, fleurissent à un tel niveau que la police et le porte-parole de l'armée, le général Daniel Hagari, ont adressé un appel au calme à la population priée de ne pas tenir compte de tout ce qui circule sur les réseaux sociaux.

"Nous demandons cependant aux citoyens israéliens de nous informer de la présence de toute personne au comportement suspect", a déclaré le général Hagari lors de l'un de ses derniers points presse à Tel-Aviv.

Intrusion

Des habitants se sont procurés des tasseaux de bois permettant d'empêcher l'ouverture de leur logement par l'extérieur.

Menachem Har Tzion, un solide sexagénaire sur son vélo tout-terrain, estime en pointant son doigt vers Jaffa, quartier de Tel-Aviv ou cohabitent juifs et musulmans, que "le massacre dont nous avons été victimes a décuplé la confiance que nos voisins arabes ont en eux-mêmes".

"Ce trop-plein de confiance tranche avec le sentiment d'insécurité que nous éprouvons en ce moment", ajoute-t-il. Au même moment, deux jeunes hommes, qu'un policier identifie comme appartenant à la minorité arabe, passent à scooter et lèvent le poing vers le ciel.

"C'est vrai que certains d'entre eux sont de plus en plus insolents", dit un policier sous couvert d'anonymat. "Mais, ajoute-t-il, je ne crois pas que ça ira au point de rentrer dans nos maisons à Tel-Aviv pour nous massacrer." Aucun incident grave mettant en cause des membres de la minorité arabe (environ 20% de la population du pays) n'a été signalé depuis le début de la guerre.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.