Débat inflammable sur le Proche-Orient à l'Assemblée à la veille d'une visite de Macron en Israël

La présidente de l'Assemblée nationale Yael Braun-Pivet s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française le 17 octobre 2023. (AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale Yael Braun-Pivet s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale française le 17 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Débat inflammable sur le Proche-Orient à l'Assemblée à la veille d'une visite de Macron en Israël

  • Jean-Luc Mélenchon a lui accusé Mme Braun-Pivet de «camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre» à Gaza
  • Victime depuis des années de nombreuses menaces antisémites, Mme Braun-Pivet a accusé M. Mélenchon de lui avoir mis "une nouvelle cible dans le dos", se disant "très choquée"

PARIS: Un débat inflammable à la veille d'une visite d'Emmanuel Macron à Tel-Aviv: le gouvernement viendra réaffirmer lundi sa position sur le Proche-Orient devant les députés, avec l'espoir qu'y prévale "l’esprit d’unité", mis à mal par un tweet considéré par certains comme antisémite de Jean-Luc Mélenchon sur un déplacement de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet en Israël.

Ce débat sans vote, organisé au titre de l'article 50-1 de la Constitution, doit démarrer à 16H00 avec une déclaration d'Elisabeth Borne, suivie des prises de parole des orateurs des groupes et des présidents des commissions des Affaires étrangères et des Affaires européennes.

Il prend place au lendemain d'un déplacement polémique en Israël de Yaël Braun-Pivet, en tant que présidente de l'Assemblée nationale, au cours duquel elle a affirmé que la France soutenait "pleinement" Israël et que "rien ne devait empêcher" le pays "de se défendre" dans la guerre qui l'oppose au Hamas.

Mais le débat politique s'est emballé après la réaction de Jean-Luc Mélenchon qui a accusé Mme Braun-Pivet de "camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre" à Gaza. "Pas au nom du peuple français!", a protesté le leader de La France Insoumise sur le réseau social X, en postant une vidéo de la manifestation parisienne de soutien aux Palestiniens dimanche.

Victime depuis des années de nombreuses menaces antisémites, Mme Braun-Pivet a accusé M. Mélenchon de lui avoir mis "une nouvelle cible dans le dos", se disant "très choquée".

Le message de M. Mélenchon a été dénoncé par la Licra, le Crif et de nombreux élus, de la majorité, de LR, du RN et jusqu'au PS, où la députée Valérie Rabault l'a qualifié "d'accusations (...) abjectes".

M. Mélenchon s'est défendu en dénonçant une "absurde police des mots" quant au fait "d'attribuer au mot camper une connotation antisémite".

Devant l'Assemblée, le gouvernement devrait redire sa position résumée dimanche par la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna: "condamner le Hamas et son action terroriste, éviter l’embrasement dans la région et pour cela rappeler qu'il faut un horizon politique autour de la solution à deux Etats, rappeler que le droit international humanitaire doit être respecté, et bien sûr obtenir un accès humanitaire d’urgence pour les populations civiles à Gaza".

"Face à la gravité de la situation", Mme Colonna veut "croire que l’esprit d’unité et le sens des responsabilités prévaudront au cours de ce débat".

«Cessez-le-feu pour les civils»

Malgré la polémique, La France insoumise (LFI) a bien l'intention de "demander des comptes" à Yaël Braun-Pivet sur son déplacement en Israël. Elle est elle-même attaquée, depuis les massacres du 7 octobre, pour son refus de qualifier le Hamas de "terroriste".

Les patrons du PCF et du PS, Fabien Roussel et Olivier Faure, ont également critiqué ce voyage. Au-delà de Mme Braun-Pivet, M. Faure s'en est pris à Emmanuel Macron, l'accusant de ne pas avoir tenu une "ligne de neutralité" face au siège de Gaza.

Le président est attendu mardi à Tel-Aviv, où il doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Sur France 2, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran n'a pas exclu qu'Emmanuel Macron rencontre d'autres dirigeants de la région mais a renvoyé vers l'Elysée "qui sera amené à communiquer".

Le président "va pouvoir mener des entretiens fondamentaux, à la fois pour la région, pour nos ressortissants français, pour les familles des victimes et aussi pour le peuple palestinien", a assuré M. Véran, en rappelant que "30 familles françaises ont perdu un proche" dans les attaques du Hamas et que sept Français sont toujours disparus, dont au moins une est otage.

Le PCF, les écologistes, le PS et LFI devraient s'exprimer en faveur d'un "cessez-le-feu" et de la levée du blocus de Gaza. Fabien Roussel dira ainsi "que la position française n'est pas à la hauteur pour exprimer sa solidarité auprès des populations civiles palestiniennes" et que "l'indignation ne peut pas être sélective".

Au sein de la majorité, l'objectif est de faire bloc autour de la "ligne du président", selon le patron de Renaissance Sylvain Maillard.

Une ligne qui laisse la place à des positions nuancées sur la question du soutien au gouvernement israélien. Ainsi le président de la Commission des Affaires étrangères Jean- Louis Bourlanges entend-il évoquer la responsabilité du gouvernement israélien dans la crise: "Ils ont construit un système où ils ont écrasé toute possibilité d’avenir pour les Palestiniens", dit-il à l'AFP.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.