L'envoyé de l'Allemagne à l'ONU: "Nous devons réussir au Moyen-Orient, mais tout le monde doit s'y mettre"

Le représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’ONU, Christoph Heusgen. (Photo, AFP/Archives)
Le représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’ONU, Christoph Heusgen. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 24 décembre 2020

L'envoyé de l'Allemagne à l'ONU: "Nous devons réussir au Moyen-Orient, mais tout le monde doit s'y mettre"

  • Un cessez-le-feu à l'échelle nationale parrainé par l’Allemagne est désormais en vigueur en Libye
  • L'Allemagne a été membre du Conseil de sécurité à six reprises

NEW YORK: Il a apporté un sablier au Conseil de sécurité afin d’encourager les membres à avoir des conversations franches au lieu de lire les déclarations de leurs pays. Malgré les conflits quotidiens, il appelle un chat un chat, coûte que coûte.

Lorsque l’ambassadeur de l'Allemagne auprès de l'ONU, Christoph Heusgen, a rejoint la conférence de presse, un spectacle rare s'est produit: les visages des journalistes, dans la salle et ceux en duplex, ont rayonné avec une franche gratitude pour l'ouverture d'esprit qu'il a manifestée envers les médias ces deux dernières années.

L'homme croit non seulement que la transparence avec «nos homologues, les journalistes» est un principe fondamental et universel, il met également ce principe en action, rapportant sans relâche des nouvelles du Conseil de sécurité qui, autrement, resteraient cachées.

Le mandat de deux ans de l’Allemagne comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU prenant fin le 31 décembre, Heusgen se souvient sûrement de ses deux années de diplomatie intensive.

«Nous sommes venus au Conseil de sécurité en tant que membre à part entière», affirme le diplomate.

«Nous avons profité de cette période pour défendre le système multilatéral, l'ordre international qui respecte les règles, en plus d'œuvrer pour le respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme. Et nous avons suivi cette stratégie du début et jusqu'au dernier jour».

L’ambassadeur déclare que la leçon qui se dégage des livres d’histoire en Allemagne, est que les conflits doivent être résolus non par la force mais par l’état de droit.

«Notre deuxième leçon est d'adopter une vision plus large et plus globale de la sécurité: non seulement (s'attaquer) aux simples conflits, mais aussi à leurs véritables causes profondes».

Le mandat de l'Allemagne se décline entre la conférence de Berlin sur la Libye, une nouvelle mission politique au Soudan, un plaidoyer continu pour l’ouverture de canaux humanitaires en Syrie, en plus des efforts déployés pour le processus de paix au Moyen-Orient et au Sahara occidental. Berlin mène aussi la campagne pour renforcer le traité de non-prolifération, maintient une position agressive contre les violences sexuelles dans les zones de conflits, et encourage une participation plus forte des femmes en tant que leaders et actrices dans la consolidation de la paix.

De tous les conflits inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et dans lesquels l’Allemagne s’est impliquée, Heusgen applaudit le travail de son pays sur question libyenne. Il estime qu'un nouveau chapitre a commencé lors de la conférence internationale de janvier 2020 à Berlin, à l'invitation du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et de la chancelière Angela Merkel, en vue de soutenir les efforts de paix de l'ONU et «passer d'une logique militaire à une logique      purement politique. Notre objectif était de réduire l'influence externe pour ainsi permettre un processus politique intra-libyen sous les auspices de l'ONU».

Le Conseil de sécurité a ensuite adopté la résolution 2510, approuvant les résultats de la conférence.

Un cessez-le-feu à l'échelle nationale est désormais en vigueur en Libye. Depuis le début novembre, 75 Libyens négocient à Tunis sur l’avenir politique de leur pays, et des élections sont aussi prévues pour décembre 2021.

Invité par Arab News à donner un aperçu des coulisses du conflit libyen, Heusgen souligné l’importance du rôle de l'ONU comme puissance rassembleuse: «(Il est) essentiel que vous réunissiez (non seulement) toutes les parties sur le terrain, mais aussi d'éventuels casseurs ou des acteurs étrangers».

Il a réitéré l'importance de nommer un nouvel envoyé de l'ONU en Libye, après que le diplomate bulgare Nickolay Mladenov ait informé Guterres cette semaine qu'il ne serait pas en mesure d'assumer ce rôle pour «des raisons personnelles et familiales».

L'envoyée par intérim de la Libye, Stephanie Williams, continuera à jouer ce rôle, a dévoilé Stéphane Dujarric, porte-parole du chef de l'ONU.

Mladenov devait remplacer Ghassan Salame, qui a démissionné de son poste d'envoyé de l'ONU en Libye en mars en raison du stress.

L'envoyé allemand a exprimé son vif souhait que Williams reste à son poste et accepte le rôle.

La situation humanitaire en Syrie figure également au premier rang des priorités de la mission allemande. «Nous nous sommes battus pour que l'aide continue à affluer dans le pays», déclare Heusgen, une question qui n'a pas été sans controverse au Conseil de sécurité.

Les États-Unis et l'Europe soutiennent aussi la poursuite de l'aide transfrontalière, mais l'invasion par la Turquie du nord-est, sous contrôle kurde, a entraîné des complications. Ankara, avec la Russie, alliée d’Assad, voulait ajouter un passage dans la nouvelle «zone de sécurité» de la Turquie pour en éliminer un autre qui apporte une aide importante aux Kurdes.

En tant que membre non permanent, cotitulaire avec la Belgique, l'Allemagne a mené de longues et difficiles négociations pour prolonger la résolution transfrontalière (2165), garantissant ainsi l'accès pour les livraisons de vivres et de matériels médicales.

«La stabilité de la Syrie est absolument dans notre intérêt», a déclaré l’émissaire.

«Nous devons essayer de faire les choses correctement pour que le peuple syrien se sente chez lui, pour établir des réformes constitutionnelles et des élections libres et équitables.

«C'est la direction que nous voulons prendre, et nous encourageons toutes les parties à aller (avec nous). Mais tout le monde doit jouer le jeu.

Pour l'Allemagne, le désarmement et le contrôle des armes sont également des objectifs clés de la politique étrangère, en particulier en ce qui concerne la non-prolifération nucléaire.

En avril 2019, l’Allemagne a enfin remis le désarmement nucléaire à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, pour la première fois en plus de sept ans, une priorité de sa présidence d’un mois.

Avec l’Algérie, l’Allemagne est actuellement coprésidente du processus de l’article IVX, qui soutient activement l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Interrogé sur la question de savoir si le Plan d'action global conjoint (JCPOA) ou l'accord avec l'Iran – qui reste toujours dans l’incertitude depuis le retrait américain en 2018 - a vraiment besoin d'un supplément pour le remettre sur pied, Heusgen a signalé: «Il faudra des discussions intensives. Il y a une volonté de revenir au JCPOA. Nous l'avons entendu de la part de l'administration Biden, mais cela doit se faire de manière officielle».

Heusgen a par ailleurs ajouté que «l'administration Biden est très prudente en résistant à toutes les tentatives d'engager des négociations avec ces partenaires. Ils veulent attendre le 20 janvier (jour de l'inauguration) pour les déclencher».

À propos de la question Palestinienne, Heusgen a réitéré l'optimisme de l'envoyé spécial Mladenov quant à la faisabilité de la solution à deux États, tout en soulignant la nécessité pour les Palestiniens d'un pays contigu qui ne soit pas séparé de Jérusalem.

Il a aussi indiqué que le président Donald Trump pensait que réduire le financement de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) motiverait les Palestiniens à renoncer à leur statut de réfugié, à s'intégrer dans les pays voisins et à renoncer à leur désir ardent de rentrer en Palestine.

«Cela ne fonctionnera certainement pas», a assuré Heusgen. «Ni les Palestiniens ni les autres pays ne veulent de telles solutions unilatérales».

L'Allemagne a été membre du Conseil de sécurité à six reprises.

Avec ses cinq membres permanents et ses 10 membres non permanents élus pour deux ans, le Conseil de sécurité des Nations Unies est le seul organe des Nations Unies dont les décisions sont contraignantes en vertu du droit international.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.