L'envoyé de l'Allemagne à l'ONU: "Nous devons réussir au Moyen-Orient, mais tout le monde doit s'y mettre"

Le représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’ONU, Christoph Heusgen. (Photo, AFP/Archives)
Le représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’ONU, Christoph Heusgen. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 24 décembre 2020

L'envoyé de l'Allemagne à l'ONU: "Nous devons réussir au Moyen-Orient, mais tout le monde doit s'y mettre"

  • Un cessez-le-feu à l'échelle nationale parrainé par l’Allemagne est désormais en vigueur en Libye
  • L'Allemagne a été membre du Conseil de sécurité à six reprises

NEW YORK: Il a apporté un sablier au Conseil de sécurité afin d’encourager les membres à avoir des conversations franches au lieu de lire les déclarations de leurs pays. Malgré les conflits quotidiens, il appelle un chat un chat, coûte que coûte.

Lorsque l’ambassadeur de l'Allemagne auprès de l'ONU, Christoph Heusgen, a rejoint la conférence de presse, un spectacle rare s'est produit: les visages des journalistes, dans la salle et ceux en duplex, ont rayonné avec une franche gratitude pour l'ouverture d'esprit qu'il a manifestée envers les médias ces deux dernières années.

L'homme croit non seulement que la transparence avec «nos homologues, les journalistes» est un principe fondamental et universel, il met également ce principe en action, rapportant sans relâche des nouvelles du Conseil de sécurité qui, autrement, resteraient cachées.

Le mandat de deux ans de l’Allemagne comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU prenant fin le 31 décembre, Heusgen se souvient sûrement de ses deux années de diplomatie intensive.

«Nous sommes venus au Conseil de sécurité en tant que membre à part entière», affirme le diplomate.

«Nous avons profité de cette période pour défendre le système multilatéral, l'ordre international qui respecte les règles, en plus d'œuvrer pour le respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme. Et nous avons suivi cette stratégie du début et jusqu'au dernier jour».

L’ambassadeur déclare que la leçon qui se dégage des livres d’histoire en Allemagne, est que les conflits doivent être résolus non par la force mais par l’état de droit.

«Notre deuxième leçon est d'adopter une vision plus large et plus globale de la sécurité: non seulement (s'attaquer) aux simples conflits, mais aussi à leurs véritables causes profondes».

Le mandat de l'Allemagne se décline entre la conférence de Berlin sur la Libye, une nouvelle mission politique au Soudan, un plaidoyer continu pour l’ouverture de canaux humanitaires en Syrie, en plus des efforts déployés pour le processus de paix au Moyen-Orient et au Sahara occidental. Berlin mène aussi la campagne pour renforcer le traité de non-prolifération, maintient une position agressive contre les violences sexuelles dans les zones de conflits, et encourage une participation plus forte des femmes en tant que leaders et actrices dans la consolidation de la paix.

De tous les conflits inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et dans lesquels l’Allemagne s’est impliquée, Heusgen applaudit le travail de son pays sur question libyenne. Il estime qu'un nouveau chapitre a commencé lors de la conférence internationale de janvier 2020 à Berlin, à l'invitation du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et de la chancelière Angela Merkel, en vue de soutenir les efforts de paix de l'ONU et «passer d'une logique militaire à une logique      purement politique. Notre objectif était de réduire l'influence externe pour ainsi permettre un processus politique intra-libyen sous les auspices de l'ONU».

Le Conseil de sécurité a ensuite adopté la résolution 2510, approuvant les résultats de la conférence.

Un cessez-le-feu à l'échelle nationale est désormais en vigueur en Libye. Depuis le début novembre, 75 Libyens négocient à Tunis sur l’avenir politique de leur pays, et des élections sont aussi prévues pour décembre 2021.

Invité par Arab News à donner un aperçu des coulisses du conflit libyen, Heusgen souligné l’importance du rôle de l'ONU comme puissance rassembleuse: «(Il est) essentiel que vous réunissiez (non seulement) toutes les parties sur le terrain, mais aussi d'éventuels casseurs ou des acteurs étrangers».

Il a réitéré l'importance de nommer un nouvel envoyé de l'ONU en Libye, après que le diplomate bulgare Nickolay Mladenov ait informé Guterres cette semaine qu'il ne serait pas en mesure d'assumer ce rôle pour «des raisons personnelles et familiales».

L'envoyée par intérim de la Libye, Stephanie Williams, continuera à jouer ce rôle, a dévoilé Stéphane Dujarric, porte-parole du chef de l'ONU.

Mladenov devait remplacer Ghassan Salame, qui a démissionné de son poste d'envoyé de l'ONU en Libye en mars en raison du stress.

L'envoyé allemand a exprimé son vif souhait que Williams reste à son poste et accepte le rôle.

La situation humanitaire en Syrie figure également au premier rang des priorités de la mission allemande. «Nous nous sommes battus pour que l'aide continue à affluer dans le pays», déclare Heusgen, une question qui n'a pas été sans controverse au Conseil de sécurité.

Les États-Unis et l'Europe soutiennent aussi la poursuite de l'aide transfrontalière, mais l'invasion par la Turquie du nord-est, sous contrôle kurde, a entraîné des complications. Ankara, avec la Russie, alliée d’Assad, voulait ajouter un passage dans la nouvelle «zone de sécurité» de la Turquie pour en éliminer un autre qui apporte une aide importante aux Kurdes.

En tant que membre non permanent, cotitulaire avec la Belgique, l'Allemagne a mené de longues et difficiles négociations pour prolonger la résolution transfrontalière (2165), garantissant ainsi l'accès pour les livraisons de vivres et de matériels médicales.

«La stabilité de la Syrie est absolument dans notre intérêt», a déclaré l’émissaire.

«Nous devons essayer de faire les choses correctement pour que le peuple syrien se sente chez lui, pour établir des réformes constitutionnelles et des élections libres et équitables.

«C'est la direction que nous voulons prendre, et nous encourageons toutes les parties à aller (avec nous). Mais tout le monde doit jouer le jeu.

Pour l'Allemagne, le désarmement et le contrôle des armes sont également des objectifs clés de la politique étrangère, en particulier en ce qui concerne la non-prolifération nucléaire.

En avril 2019, l’Allemagne a enfin remis le désarmement nucléaire à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, pour la première fois en plus de sept ans, une priorité de sa présidence d’un mois.

Avec l’Algérie, l’Allemagne est actuellement coprésidente du processus de l’article IVX, qui soutient activement l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Interrogé sur la question de savoir si le Plan d'action global conjoint (JCPOA) ou l'accord avec l'Iran – qui reste toujours dans l’incertitude depuis le retrait américain en 2018 - a vraiment besoin d'un supplément pour le remettre sur pied, Heusgen a signalé: «Il faudra des discussions intensives. Il y a une volonté de revenir au JCPOA. Nous l'avons entendu de la part de l'administration Biden, mais cela doit se faire de manière officielle».

Heusgen a par ailleurs ajouté que «l'administration Biden est très prudente en résistant à toutes les tentatives d'engager des négociations avec ces partenaires. Ils veulent attendre le 20 janvier (jour de l'inauguration) pour les déclencher».

À propos de la question Palestinienne, Heusgen a réitéré l'optimisme de l'envoyé spécial Mladenov quant à la faisabilité de la solution à deux États, tout en soulignant la nécessité pour les Palestiniens d'un pays contigu qui ne soit pas séparé de Jérusalem.

Il a aussi indiqué que le président Donald Trump pensait que réduire le financement de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) motiverait les Palestiniens à renoncer à leur statut de réfugié, à s'intégrer dans les pays voisins et à renoncer à leur désir ardent de rentrer en Palestine.

«Cela ne fonctionnera certainement pas», a assuré Heusgen. «Ni les Palestiniens ni les autres pays ne veulent de telles solutions unilatérales».

L'Allemagne a été membre du Conseil de sécurité à six reprises.

Avec ses cinq membres permanents et ses 10 membres non permanents élus pour deux ans, le Conseil de sécurité des Nations Unies est le seul organe des Nations Unies dont les décisions sont contraignantes en vertu du droit international.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Madagascar: le président contesté écarte toute démission

Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays. (AFP)
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  • Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne
  • D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille"

ANTANANARIVO: Le président malgache, Andry Rajoelina, a écarté lundi soir toute démission en appelant à "respecter la Constitution", dans sa première prise de parole depuis un lieu inconnu, après le ralliement ce weekend des militaires à la contestation qui agite le pays.

Lors de ce direct diffusé sur les réseaux sociaux mais pas à la télévision publique malgache, M. Rajoelina s'est dit dans un "lieu sûr" après une "tentative de meurtre", sans plus de précisions sur sa localisation.

Est-il encore dans le pays, ou parti à l'étranger, comme l'a indiqué lundi la radio française RFI? Cette incertitude nourrit la confusion sur cette île très pauvre de l'Océan indien où de nouvelles scènes de joie ont eu lieu lundi dans la capitale Antananarivo entre militaires et des milliers de manifestants appelant à son départ.

"Il n'y a qu'une seule issue pour résoudre ces problèmes, c'est de respecter la Constitution en vigueur dans le pays", a affirmé le président de 51 ans, rejetant de fait les appels à la démission du mouvement de contestation né le 25 septembre.

Elu en 2018, puis réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, M. Rajoelina n'a pu faire diffuser son allocution par la télévision publique TVM après l'arrivée d'un "groupe de soldats armés" au siège de la chaîne.

D'après RFI, il a embarqué dimanche "à bord d'un avion militaire français pour La Réunion, avant de partir vers une autre destination avec sa famille". "Je ne confirme rien aujourd'hui", a répondu à ce sujet depuis l'Egypte le président français, Emmanuel Macron, disant sa "grande préoccupation" pour Madagascar.

Des remises de peine ont été accordées lundi par décret présidentiel à une série de personnes parmi lesquelles le Franco-Malgache Paul Maillot Rafanoharana, emprisonné depuis 2021 pour tentative de coup d'Etat, et point de crispation entre les deux pays.

Ce weekend, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle majeur dans le coup d'État en 2009 qui a porté au pouvoir M. Rajoelina, à la suite déjà d'une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à "refuser de tirer" sur les manifestants, avant de rejoindre ces derniers dans le centre de la capitale.

"Plus de dinosaures" 

"C'est tout bizarre, vu qu'on était habitués à toujours être pourchassés et bombardés par des gaz lacrymogènes", a témoigné auprès de l'AFP Finaritra Manitra Andrianamelasoa, 24 ans. Cet étudiant en droit figurait parmi les milliers de manifestants ayant rejoint lundi la place du 13-mai dans une ambiance de fête.

Marchant au rythme d'une fanfare, le cortège a enflé à mesure qu'il approchait de ce lieu symbolique de l'histoire politique malgache, baptisé en hommage aux tués d'un soulèvement populaire en 1972 ayant conduit au départ du premier président.

"Au tout début, ce qu'on demandait, c'était l'électricité, la liberté de s'exprimer, mais on attend actuellement sa démission", a asséné Steven Mandimbiarivong Rasolonjanahary, 19 ans, un autre étudiant en droit.

"On attend sa démission mais le connaissant, je ne crois pas qu'il va dire ça", pronostiquait avec succès Rotsinasandratra Lucas Hantamalala, étudiante de 20 ans. "Plus de dinosaures politiques s'il vous plaît, on en a assez vus", exhorte-t-elle.

Des soldats ont accompagné samedi dans le centre-ville de la capitale malgache des milliers de manifestants, les rejoignant à nouveau dimanche pour un rassemblement en hommage aux personnes tuées au cours des plus de deux semaines de manifestations.

Départ du président du Sénat 

Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d'eau et d'électricité, s'est mué depuis en une contestation plus large du président Rajoelina et de son clan.

Le Conseil sécurité de l'Union africaine "rejette catégoriquement toute tentative de changement anticonstitutionnel du gouvernement dans le pays", a-t-il averti lundi dans un communiqué qui "exhorte toutes les unités des forces armées malgaches à "s'abstenir de toute ingérence dans les affaires politiques".

Les manifestants ont obtenu ce weekend le départ du décrié président du Sénat Richard Ravalomanana, ancien commandant de gendarmerie.

Surnommé "Général Bomba" pour son recours généreux aux grenades lacrymogènes lors de la crise de 2009, Richard Ravalomanana était accusé par les contestataires d'être un des principaux acteurs de la répression des manifestations ces dernières semaines.

Quant au troisième homme vilipendé par la rue, l'homme d'affaires et proche du chef de l'Etat Maminiaina Ravatomanga, il a fui dimanche matin à l'île Maurice voisine, comme l'a confirmé le gouvernement mauricien.

Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations et plus d'une centaine blessées, d'après un bilan des Nations unies.

Madagascar, île à la population très démunie, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition.

Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté de la Banque mondiale.


Au sommet sur Gaza, Trump proclame un «jour formidable pour le Moyen-Orient»

Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux
  • M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras

CHARM EL-CHEIKH: Donald Trump a proclamé lundi un "jour formidable pour le Moyen-Orient" lors d'un sommet sur Gaza en Egypte et a cosigné une déclaration visant à cimenter le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, après un échange d'otages et de détenus entre Israël et le Hamas.

Plus tôt, lors d'une visite éclair à Jérusalem, le président américain a annoncé devant le Parlement israélien la fin d'un "long cauchemar" pour Israël et les Palestiniens. "Ce n'est pas seulement la fin d'une guerre, c'est la fin d'une ère de terreur et de mort", a-t-il dit, appelant les Palestiniens à "se détourner pour toujours de la voie du terrorisme".

Au quatrième jour du cessez-le-feu dans la bande de Gaza dévastée par deux ans de guerre, le mouvement islamiste Hamas a libéré les 20 derniers otages vivants qu'il retenait, en échange de 1.968 prisonniers palestiniens relâchés par Israël.

Sur la place des Otages à Tel-Aviv, des scènes de liesse ont accueilli la libération des otages enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre.

"C'est superbe et bouleversant que cela arrive enfin" a déclaré Shelly Bar Nir, 34 ans. "Nos otages rentrent enfin chez eux."

"Ma vie, tu es ma vie... tu es un héros", s'exclame Einav Zangauker en serrant dans ses bras son fils Matan, tout sourire, après sa libération, selon une vidéo diffusée par l'armée israélienne.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, une explosion de joie a accompagné l'arrivée des cars transportant des prisonniers palestiniens libérés. "C'est une renaissance", a dit Mahdi Ramadan après sa libération. D'autres bus ont gagné la bande de Gaza, accueillis par des milliers de personnes agitant le drapeau palestinien et celui du Hamas.

"PEACE 2025" 

A l'origine du plan sur un cessez-le-feu à Gaza, M. Trump a coprésidé le sommet à Charm el-Cheikh avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en présence de nombreux dirigeants internationaux, mais sans le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ni le Hamas.

M. Trump a accueilli les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Derrière une inscription géante "PEACE 2025", il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras.

Avec les dirigeants d'Egypte, du Qatar et de Turquie, il a ensuite signé une déclaration sur Gaza dans laquelle ils engagent à "poursuivre une vision de paix" au Moyen-Orient. Ce document, publié en fin de journée par la Maison Blanche, s'en tient néanmoins à des termes vagues sur le besoin de parvenir à une "paix durable" entre Israël et ses voisins, dont les Palestiniens.

Donald Trump a, dans l'avion de retour à Washington, évacué la question de la solution à deux Etats. "Je ne parle pas d'un seul Etat, de double Etat ou de deux Etats. Nous parlons de la reconstruction de Gaza."

Avant de partir d'Egype, le président américain a assuré avoir "réussi ensemble ce que tout le monde pensait impossible. Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient."

M. Sissi a, lui, annoncé que son pays allait accueillir une conférence sur la reconstruction de Gaza, sans donner de date.

Dans la journée, 20 otages ont été remis en deux phases au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont les voitures ont pris la direction d'Israël sous l'œil de combattants armés du Hamas.

La majorité des 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre avaient été libérées lors de deux précédentes trêves à Gaza.

"Libération totale" 

L'attaque du Hamas a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une offensive qui a ravagé la bande de Gaza, provoqué un désastre humanitaire et fait 67.869 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.

"Il est temps de laisser entrer l'aide humanitaire à grande échelle, notamment par l'intermédiaire de l'Unrwa", a réagi lundi le directeur général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, dans un communiqué.

La première phase du plan américain prévoit outre le cessez-le-feu et un retrait israélien de certains secteurs de Gaza, le retour dans les 72 heures des 47 derniers otages retenus à Gaza, dont 27 sont morts.

Mais l'armée israélienne a annoncé la remise de seulement quatre corps d'otages via le CICR lundi: "Le Hamas est tenu de respecter l'accord et de prendre les mesures nécessaires pour le retour de tous les otages décédés".

Le Hamas a salué "la libération des prisonniers palestiniens des prisons de l'occupation" comme "un succès national sur le chemin de la libération totale".

Le plan Trump prévoit dans une phase ultérieure le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007.

Le mouvement islamiste ne s'est pas prononcé sur son désarmement et exige un retrait total israélien de la bande de Gaza. L'armée israélienne contrôle aujourd'hui 53% du territoire.

Un responsable du Hamas a dit prévoir une deuxième phase "difficile" des négociations.

 

 


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".