Les troupes israéliennes entrent dans l’hôpital Chifa de Gaza après un échange de tirs à l'extérieur

Des soldats israéliens marchent dans le complexe hospitalier d’Al-Chifa sur cette image fixe tirée d’une vidéo obtenue le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
Des soldats israéliens marchent dans le complexe hospitalier d’Al-Chifa sur cette image fixe tirée d’une vidéo obtenue le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
Le personnel médical examine les dégâts dans les salles remplies de fumée de l'hôpital Al-Chifa suite à un raid israélien le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
Le personnel médical examine les dégâts dans les salles remplies de fumée de l'hôpital Al-Chifa suite à un raid israélien le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
Des médecins déplacent un patient dans les couloirs enfumés de l’hôpital d’Al-Chifa après un raid israélien le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
Des médecins déplacent un patient dans les couloirs enfumés de l’hôpital d’Al-Chifa après un raid israélien le 15 novembre 2023 (Photo, Forces de défense israéliennes via Reuters).
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Publié le Mercredi 15 novembre 2023

Les troupes israéliennes entrent dans l’hôpital Chifa de Gaza après un échange de tirs à l'extérieur

  • «Les forces de défense israélienne mènent une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Chifa», a indiqué l'armée
  • L'armée israélienne estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas

GAZA: L'armée israélienne est entrée mercredi dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza où s'entassent des milliers de déplacés palestiniens pour une opération "ciblée" contre le Hamas, accusé par Israël et les Etats-Unis d'y abriter un site militaire stratégique.

Au 40e jour de guerre entre le mouvement islamiste palestinien et Israël, l'armée a dit mener tôt mercredi "une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Chifa", dans le nord de la bande de Gaza, selon un communiqué.

Des soldats israéliens interrogent des personnes dans l'hôpital, dont des patients et des médecins, tandis que des chars et des transports de troupes encerclent le complexe, rapporte un journaliste collaborant avec l'AFP sur place.

Alors que l'ONU et des ONG s'alarment de la situation des civils dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, où sont concentrées les opérations de l'armée israélienne, celle-ci a précisé avoir envoyé "des équipes médicales parlant arabe et entraînées" pour cet type d'environnement "complexe" afin "qu'aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains".

«Dizaines de soldats» dans l'hôpital 

Le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, présent dans al-Chifa, a déclaré à l'AFP que "des dizaines de soldats et de commandos" israéliens se trouvaient "aux urgences et à la réception" de l'hôpital et que "des chars sont entrés dans le complexe de l'hôpital".

L'ONU et la communauté internationale doivent intervenir "immédiatement" pour mettre fin à cette opération, a-t-il encore plaidé.

Plusieurs milliers de personnes, malades, personnels et civils déplacés par la guerre, s'entassent à al-Chifa. Les médecins et des ONG internationales affirment qu'aucun d'eux ne peut en sortir sous peine d'être visé par des tirs alors que les combats font rage entre soldats israéliens et combattants palestiniens.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas sur le sol israélien d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948.

Environ 1.200 personnes ont été tuées dans cette attaque, en grande majorité des civils, selon les autorités israélienne. Et quelque 240 otages ont été enlevés et amenés à Gaza, selon l'armée.

En représailles, Israël a juré d'"anéantir" le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza. L'armée pilonne sans relâche le petit territoire palestinien assiégé et a lancé une opération terrestre le 27 octobre.

Les bombardements israéliens ont tué 11.320 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.650 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans la nuit, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que l'armée israélienne avait informé l'hôpital de son intention de mener une opération.

"Nous tenons l'occupation (nom donné par le Hamas à Israël, ndlr), la communauté internationale, les Etats-Unis entièrement responsables de la sécurité des milliers de membres des équipes médicales, blessés, déplacés dans l'enceinte. Nous mettons en garde contre un massacre à l'hôpital", avait indiqué le ministère.

«Boucliers humains»

L'armée israélienne a dit avoir "fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l'hôpital devaient cesser dans les 12 heures" mais que cela "n'avait malheureusement pas été le cas".

L'armée israélienne estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de "boucliers humains". Le mouvement islamiste et le ministère de la Santé à Gaza démentent formellement et ont, à plusieurs reprises, réclamé la visite de "commissions d'enquêtes internationales".

La Maison Blanche a elle aussi assuré mardi que le Hamas et son allié le Jihad islamique avaient "un centre de commandement et de contrôle depuis l'hôpital al-Chifa".

"L'adoption par la Maison Blanche et le Pentagone du faux récit de l'occupation selon lequel la résistance utilise al-Chifa à des fins militaires a donné le feu vert à l'occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils", a affirmé le Hamas, classé "terroriste" par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Le directeur d'al-Chifa Mohammed Abou Salmiya avait rapporté mardi qu'au moins "179 corps" avaient dû être enterrés dans une fosse commune.

"Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier et les chambres frigorifiées des morgues ne sont plus alimentées" en électricité, avait-il aussi raconté à l'AFP avant l'opération israélienne dans cet hôpital de la ville de Gaza.

La Maison Blanche n'a pas voulu commenter l'opération israélienne en cours mais a assuré que Washington s'opposait à des "échanges de tirs dans un hôpital où des personnes innocentes, démunies, malades cherchant à recevoir des soins".

En Israël, la pression s'accentue sur le gouvernement israélien pour qu'il obtienne la libération des otages.

«Ramener tous les otages»

Le Forum des familles d'otages et disparus a réclamé mardi soir que le gouvernement approuve un accord "pour ramener à la maison tous les otages de Gaza".

Une centaine de proches d'otages, leurs portraits imprimés sur des tee-shirt noirs, avaient entamé un peu plus tôt une marche de 63 kilomètres de Tel-Aviv à Jérusalem, jusqu'au bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Au même moment, une télévision proche des services de sécurité égyptiens indiquait que le chef du Mossad, le renseignement israélien, avait discuté au Caire "du dossier de l'échange de prisonniers", alors que deux otages ont récemment été relâchées par le Hamas via le territoire égyptien.

Dimanche, le Premier ministre israélien avait évoqué la possibilité d'un accord pour libérer des otages. Mais le Hamas avait par la suite accusé Israël de "tergiverser" pour la libération.

Dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre par Israël à un siège complet, la situation humanitaire est désastreuse selon des ONG, la population étant privée d'approvisionnements en eau, électricité, nourriture et médicaments. L'aide humanitaire y entre au compte-gouttes depuis l'Egypte voisine.

Ces derniers jours, des dizaines de milliers de Palestiniens ont fui le nord de la bande de Gaza, transformé en champ de ruines, après l'ouverture par Israël de "couloirs" d'évacuation. D'après l'ONU, plus de 1,6 des 2,4 millions d'habitants du territoire ont été déplacés par la guerre.

Dans le sud du territoire, qui n'est pas non plus épargné par les bombardements, des centaines de milliers de déplacés sont massés près de la frontière avec l'Egypte, dans des conditions très dures.


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.