Au Liban, des réfugiés palestiniens craignent pour leurs familles à Gaza

Le camp de réfugiés palestiniens de Chatila, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 7 novembre 2023 (Photo, AFP).
Le camp de réfugiés palestiniens de Chatila, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 7 novembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 18 novembre 2023

Au Liban, des réfugiés palestiniens craignent pour leurs familles à Gaza

  • Les communications sont coupées, en raison du manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs
  • Dans les ruelles du camp, des portraits du dirigeant historique palestinien Yasser Arafat ornent les murs

BEYROUTH: Dans un camp de réfugiés palestiniens délabré près de Beyrouth, Hayat Chehadeh se tord les mains en regardant, à la télévision, la guerre entre Israël et le Hamas: sa fille qui se trouve à Gaza ne lui a plus parlé depuis une semaine.

"Je ne peux pas dormir. Je me lève à trois heures du matin (...) et je regarde la télévision", dit cette femme menue de 69 ans, dans son appartement sombre du camp de Bourj Barajneh.

"Parfois elle m'écrit: +je vais bien+. C'est tout", car elle ne peut pas recharger la batterie de son téléphone, ajoute-t-elle alors qu'un de ses petits-enfants joue par terre avec un drapeau palestinien.

Elle tente de garder son calme en racontant que sa fille a décidé de séparer ses trois enfants, les répartissant entre différents membres de sa famille.

"Elle pleurait, elle a dit +je sépare les enfants+ (..) pour que si l'un meurt, un autre reste en vie", affirme Hayat Chehadeh.

Dans les ruelles du camp, des portraits du dirigeant historique palestinien Yasser Arafat ornent les murs, côtoyant parfois des slogans à la gloire du "Déluge d'Al Aqsa", l'attaque du Hamas sur le sol israélien qui a déclenché la guerre.

L'attaque le 7 octobre a fait 1.200 morts, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes. Les bombardements menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 12.000 morts, majoritairement des civils, dont 5.000 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le petit territoire palestinien, soumis depuis le 9 octobre à un "siège complet" par Israël, sous un déluge de bombardements, manque d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

Les communications sont coupées, en raison du manque de carburant pour faire fonctionner les générateurs.

Plus de 1,5 million de personnes, soit plus de la moitié de la population de Gaza, ont été déplacées par la guerre selon l'ONU, qui a mis en garde contre un "risque immédiat de famine".

«On va bien»

Hayat Chehadeh explique que sa fille, trentenaire, vivait au Liban, mais il y a quelques mois, "son mari est venu et l'a emmenée" à Gaza.

"Elle se déplace (...) je ne sais pas où elle se trouve maintenant", ajoute-t-elle, demandant à ce que la jeune femme ne soit pas identifiée par son nom.

Tout ce qu'elle souhaite, c'est un cours message de sa part: "On va bien", dit-elle.

La famille de Hayat Chehadeh, des rescapés de la "Nakba", la "catastrophe" que représente pour les Arabes la création d'Israël, synonyme d'exode pour plus de 760.000 Palestiniens, s'est réfugiée au Liban en 1948.

Elle raconte que ses parents ont eu peur pour leur vie, surtout après le massacre de Deir Yassine, où les groupes paramilitaires juifs ont tué plus d'une centaine de villageois en avril 1948.

Elle-même est née dans le camp de Bourj Barajneh, partiellement détruit durant l'invasion israélienne du Liban en 1982, puis assiégé par des milices au milieu des années 80 lors de la guerre civile.

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), environ 250.000 réfugiés palestiniens résident au Liban.

«Plus rien»

Dans son appartement exigu dans le camp, Fatima al-Ashwah, 61 ans, a également les yeux rivés sur la télévision, et prie pour que les membres de sa famille à Gaza ne fassent pas partie des victimes extraites des décombres. Elle espère les apercevoir dans les images des déplacées dans les abris.

Egalement originaire de la région d'Acre, elle affirme avoir quelque 70 proches à Gaza, dont ses cousins et leurs familles.

Ils vivaient à Beit Hanoun dans le nord de la bande de Gaza, que l'armée israélienne a appelé ses habitants à évacuer. Aujourd'hui "leurs maisons n'existent plus  (...) parce qu'ils sont sur la ligne de front. Il ne reste plus rien".

Les proches de Fatima al-Ashwah ont fui d'un lieu à l'autre, certains trouvant refuge dans des écoles près du passage de Rafah avec l'Egypte, dans le sud.

Elle dit avoir entendu les bombes lors des courts appels qu'elle a reçus de leur part. Ses proches lui ont dit "+nous avons faim, nous avons peur, les enfants sont terrifiés+".

"La situation vous brise le coeur", ajoute-t-elle.

Retenant ses larmes, elle raconte comment elle s'est rendue en juillet dernier à Gaza, où sa famille l'a accueillie avec une autre proche par des tambours et des danses au passage de Rafah.

"Si Dieu le veut, tout cela va se terminer et Gaza reviendra comme avant", affirme-t-elle.


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Short Url
  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Short Url
  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Short Url
  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.