L'économie israélienne encaisse le choc d'un conflit sans précédent

Un ouvrier polit un cadre métallique à l'usine de portes de sécurité RB-Doors (groupe Rav-Bariach) dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 14 novembre 2023. (Photo Fadel Senna  AFP)
Un ouvrier polit un cadre métallique à l'usine de portes de sécurité RB-Doors (groupe Rav-Bariach) dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 14 novembre 2023. (Photo Fadel Senna AFP)
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Publié le Dimanche 19 novembre 2023

L'économie israélienne encaisse le choc d'un conflit sans précédent

  • Au quotidien, c'est surtout le manque de main d'oeuvre qui perturbe le plus l'activité de l'entreprise depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre
  • Signe de l'anxiété ambiante, peu après l'attaque du Hamas, le volume des transactions par carte de crédit a chuté de 10% dans le pays, et jusqu'à 20% après le début de l'opération militaire à Gaza le 27 octobre

ASHKELON, Israël : Lorsque la sirène d'alerte à la roquette retentit dans la vaste halle de production, les ouvriers n'ont qu'une poignée de secondes pour rejoindre l'abri. Presque une routine dans cette usine du sud d'Israël, à portée de tirs de la bande de Gaza.

Comme l'ensemble de l'économie nationale, le groupe Rav-Bariach tente de s'adapter à une situation de guerre sans commune mesure avec les précédents conflits israélo-palestiniens.

«Dans les premières semaines de la guerre, les alertes étaient beaucoup plus nombreuses», assure Ravid Brosh, responsable du développement international du groupe, dans l'une des salles sécurisées de l'usine où l'alerte est levée après quelques minutes.

L'abri opaque est équipé des produits conçus sur place : Rav-Bariach est le principal fabricant israélien de portes blindées, coupe-feu, de protection, et de serrures, qu'il fournit pour des résidences privées comme des ministères ou ambassades à travers le pays.

Avoir son siège et son usine phare à Ashkelon, ville côtière de quelque 150.000 habitants, n'est pas anodin. Le site du groupe est situé à moins de dix kilomètres de la bande de Gaza.

Des roquettes sont tirées régulièrement par le mouvement islamiste palestinien Hamas ou ses alliés vers le sud d'Israël et interceptées par le bouclier antimissile «Dôme de fer». Leurs débris causent souvent des dégâts et font parfois des blessés.

- Appelés et déplacés -

L'un d'eux a atterri, le 10 octobre, sur la passerelle surplombant les ateliers de production, après avoir traversé le plafond. «Cela fait partie de notre réalité», explique Idan Zu-Aretz, PDG de l'entreprise.

Au quotidien, c'est surtout le manque de main d'oeuvre qui perturbe le plus l'activité de l'entreprise depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre.

«Il nous manque des bras. Certains employés ont été recrutés dans l'armée, d'autres ont été déplacés dans d'autres régions pour des raisons de sécurité», constate Idan Zu-Aretz, qui estime fonctionner avec 60 à 65% de son personnel habituel sur ce site, comptant quelque 600 employés en temps normal.

Au-delà des plus de 360.000 réservistes mobilisés selon des chiffres officiels, au moins 125.000 Israéliens ont été contraints de quitter leurs domiciles dans le sud d'Israël, ou au nord, à la frontière avec le Liban, une zone touchée chaque jour par des échanges de tirs entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas.

Si la société et l'économie israéliennes sont habituées aux crises, «tous les conflits israélo-arabes des dernières années étaient relativement mineurs par rapport à celui d'aujourd'hui», note M. Bental.

- Anxiété ambiante -

Certains secteurs souffrent plus que d'autres: «celui de la construction est à l'arrêt», assure-t-il. Il employait de nombreux travailleurs palestiniens dont les permis de travail ont été annulés en raison du conflit et les Arabes israéliens «ne sont plus les bienvenus sur les chantiers en Israël».

Le secteur de l'hôtellerie-restauration est, lui, plombé par le moral en berne des consommateurs. Signe de l'anxiété ambiante, peu après l'attaque du Hamas, le volume des transactions par carte de crédit a chuté de 10% dans le pays, et jusqu'à 20% après le début de l'opération militaire à Gaza le 27 octobre.

La capacité de résistance de la puissante branche de la tech israélienne, qui compte pour 18% du PIB, sera déterminante. Dans une enquête menée fin octobre auprès de 500 entreprises du secteur, 70% ont déclaré des commandes et projets importants annulés ou reportés depuis le début de la guerre.

Alors que beaucoup d'instituts économiques ont sabré leurs prévisions de croissance pour 2023 et 2024, la banque nationale d'Israël fait preuve d'un relatif optimisme tablant pour l'an prochain sur une croissance du PIB de 2,8%.

«Il y a beaucoup de conditionnel dans les scénarios. Une extension du conflit dans le nord d'Israël changerait totalement la donne», prévient pourtant Benjamin Bental.

Et alors que la guerre va entraîner des milliards d'euros de dépenses supplémentaires pour le budget de l'Etat, 300 économistes israéliens de renom ont interpellé le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans une lettre ouverte, fin octobre.

Ils lui ont demandé des mesures urgentes, lui reprochant de ne pas «comprendre l'ampleur de la crise économique à laquelle l'économie israélienne est confrontée».


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.