Pourquoi la guerre à Gaza n'a pas encore déclenché un conflit à grande échelle entre Israël et le Hezbollah

Le Hezbollah et l'Iran préféreraient éviter une confrontation plus importante avec les Forces de défense israéliennes (Photo, Getty Images).
Le Hezbollah et l'Iran préféreraient éviter une confrontation plus importante avec les Forces de défense israéliennes (Photo, Getty Images).
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Publié le Mardi 21 novembre 2023

Pourquoi la guerre à Gaza n'a pas encore déclenché un conflit à grande échelle entre Israël et le Hezbollah

  • Les échanges de tirs sont parmi les plus intenses depuis la guerre entre Israël et le Hezbollah à l'été 2006
  • Les analystes estiment que la stratégie de l'administration Biden pour prévenir une guerre régionale fonctionne, du moins pour l'instant

DUBAÏ: La dernière flambée de violence frontalière entre le Hezbollah libanais et Israël fait craindre que la guerre à Gaza ne déclenche un conflit plus large au Moyen-Orient.

Samedi, Israël aurait frappé une usine d'aluminium dans le sud du Liban, à une quinzaine de kilomètres de la frontière, tandis que le Hezbollah a affirmé avoir abattu un drone israélien Hermes 450 et lancé cinq autres attaques.

Ces récents échanges de tirs sont parmi les plus intenses depuis la guerre entre Israël et le Hezbollah à l'été 2006, qui a laissé au gouvernement de Beyrouth une facture de reconstruction colossale et a ancré la milice soutenue par l'Iran dans le tissu du pays.

«Il est très clair aujourd'hui que le Hezbollah et l'Iran préfèrent éviter une confrontation directe plus importante avec Israël», a déclaré à Arab News Firas Maksad, chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient.

Ils gèrent plutôt ce que l'on peut appeler une «guerre de zone grise», sans cessez-le-feu complet ou impasse, mais aussi sans guerre totale.

Selon M. Maksad, l'Iran et le Hezbollah, avec leurs alliés paramilitaires dans toute la région, excellent dans ce domaine.

«Ils ont la capacité d'intensifier ou de réduire leur action en fonction des circonstances et de la situation à Gaza, mais il ne s'agit pas d'une guerre totale», a-t-il expliqué.

«L'une des principales raisons à cela est que le Hezbollah est l'investissement le plus important de l'Iran à l'extérieur de ses frontières.»

Cet investissement a permis au Hezbollah d'attaquer les troupes israéliennes depuis le 8 octobre, au lendemain de l'attaque de villes israéliennes par le Hamas, qui a tué 1 200 personnes et pris 230 autres Israéliens et étrangers en otage, selon Israël.

Israël a mené une guerre de cinq semaines avec le Hezbollah en 2006, après l'enlèvement par les combattants du groupe de deux soldats israéliens lors d'un raid transfrontalier.

Le conflit a fait environ 1 200 morts parmi les Libanais et 157 parmi les Israéliens, principalement des soldats, déplacé 4,5 millions de civils libanais et causé des dommages aux infrastructures civiles au Liban pour un montant total de 2,8 milliards de dollars (1 dollar = 0.91 euro).

La résolution 1701 de l'ONU, qui visait à résoudre le conflit de 2006, interdit à Israël de mener des opérations militaires au Liban, mais Israël a accusé à plusieurs reprises le Hezbollah de violer la résolution en introduisant clandestinement des armes dans le sud du Liban.

EN CHIFFRES

- 90 personnes tuées du côté libanais lors d'hostilités transfrontalières depuis le mois dernier, dont au moins 10 civils.

- 9 personnes tuées du côté israélien, dont six soldats et trois civils, selon les autorités locales.

- 1 200 Libanais, principalement des civils, tués au cours de la guerre de 2006 avec Israël.

«Le Hezbollah est la première ligne de dissuasion et de défense du régime iranien et de son programme nucléaire si Israël décide de frapper, et il ne va pas gâcher cela pour essayer de sauver le Hamas», a déclaré M. Maksad.

Bien que les tensions le long de la Ligne bleue (surveillée par une force de maintien de la paix des Nations unies, la Finul) séparant le Liban d'Israël ne se soient pas aggravées au-delà d'échanges de tirs sporadiques, toute erreur de calcul pourrait déclencher un conflit régional entre Israël et les mandataires de l'Iran.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a indiqué que «toutes les options sont ouvertes», mais n'a pas déclaré la guerre. Selon M. Maksad, ceci indique clairement que les parties concernées préfèrent éviter une escalade régionale.

S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un analyste politique libanais a confié à Arab News: «Les Américains, qui jouent le rôle de médiateurs, ne veulent pas d'une guerre, surtout en cette année de réélection. Les États du Golfe se concentrent sur la croissance économique et le prix du pétrole, et n'en veulent donc pas. L'Iran et ses mandataires n'en veulent pas non plus.»

Pour renforcer cette impression, le ministre iranien des Affaires étrangères, Amir-Abdollahian, a déclaré publiquement à plusieurs reprises que l'Iran ne souhaitait pas que la guerre entre Israël et le Hamas s'étende.

«L'Iran a atteint la plupart de ses objectifs, tels que la perturbation de la normalisation diplomatique israélo-saoudienne et la destruction du mythe de l'invulnérabilité d'Israël, le 7 octobre», a déclaré Ali Alfoneh, chercheur principal à l'Institut des États arabes du Golfe, à Arab News par courrier électronique.

«Les petites provocations du Hezbollah contre Israël servent à compliquer les calculs des Forces de défense israéliennes, mais comme le montre le faible nombre de morts de la milice libanaise au Liban et en Syrie depuis le 7 octobre (seulement 72 selon ma base de données), l'Iran n'a aucun intérêt à sacrifier le Hezbollah au profit du Hamas, plus facile à sacrifier.»

Recherchés ou non, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts. Ainsi, le 19 novembre, les Houthis du Yémen, autres mandataires de l'Iran, ont-ils détourné un cargo lié à Israël et une vingtaine de membres d'équipage. Selon certaines informations, la milice a affirmé que le navire avait été pris pour cible en raison de ses liens avec Israël.

Par ailleurs, selon le Pentagone, les forces américaines en Irak et en Syrie ont subi 61 attaques de la part de militants soutenus par l'Iran depuis le 17 octobre.

Soucieux de maintenir une ligne de démarcation étroite, les États-Unis n'ont riposté qu'à trois reprises, mais ils ont renforcé leur présence militaire dans la région. Fin octobre, ils ont déployé 2 000 soldats américains non combattants, deux porte-avions avec environ 7 500 personnes à bord de chacun d'eux, deux destroyers à missiles guidés et neuf escadrons aériens dans la région de la Méditerranée orientale et de la mer Rouge, en tant que force de dissuasion.

Certains se demandent combien de temps les États-Unis pourront se permettre de maintenir leurs forces de frappe sur porte-avions et leurs sous-marins nucléaires au Moyen-Orient pour dissuader une guerre régionale, tout en soutenant la guerre en Ukraine.

«Je ne pense pas qu'il y ait une limite temporelle claire», a déclaré par courriel à Arab News Hussein Ibish, chercheur résident principal auprès des États arabes du Golfe à Washington. «Ces groupes d'attaque de porte-avions sont conçus pour rester en mer pendant de longues périodes. Je pense qu'ils peuvent y rester très longtemps.»

Le consensus de ces analystes semble être que la stratégie de l'administration Biden pour prévenir une guerre régionale fonctionne, du moins pour l'instant.

«Les efforts américains en matière de dissuasion ont porté leurs fruits», a déclaré M. Maksad. «Qu'il s'agisse des porte-avions en Méditerranée ou dans le Golfe, ou de la diplomatie discrète par le biais de messages envoyés à l'Iran par divers interlocuteurs pour l'avertir que les États-Unis s'impliqueraient sérieusement si la guerre s'étendait.»

Il estime que tous ces éléments ont permis d'obtenir un résultat et de gérer les combats de manière à éviter une guerre ou une confrontation totale.

Mais qu'est-ce qui pourrait changer cette équation? D'une part, Israël pourrait-il se tourner vers le Liban après avoir réglé ses comptes avec le Hamas?

«Le Liban a évité l’embrasement – jusqu'à présent», estime M. Maksad.

Mais une erreur de calcul pourrait entraîner le Liban dans une guerre plus importante. En 2006, ni le Hezbollah ni Israël ne voulaient d'une guerre, mais ils ont fini par se battre pendant 34 jours. Le risque existe également du côté israélien, qui a clairement fait savoir qu'il n'épargnerait pas le Liban si le Hezbollah entrait en guerre.

«Ce que nous faisons à Gaza, nous pouvons le faire à Beyrouth», avait lancé Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, le 11 novembre, en mettant en garde le Hezbollah contre une escalade de la violence le long de la frontière.

M. Gallant aurait fait part au secrétaire d'État américain, Antony Blinken, de son désir de frapper le Hezbollah de manière préventive, mais il a manifestement été écarté par ses collègues israéliens.

Selon M. Ibish, si le Hezbollah entrait en guerre, Israël pourrait être «durement touché, avec des dizaines de milliers de victimes au minimum», mais le Liban serait «complètement décimé et reculerait de plusieurs générations».

Un tournant qui pourrait entraîner le Hezbollah dans les combats serait la destruction imminente du Hamas en tant qu'organisation militaire.

«Le Hezbollah aurait alors un choix difficile à faire: rester les bras croisés et assister au démantèlement de la branche palestinienne de l'alliance ou tenter de se sacrifier pour la sauver», a déclaré M. Maksad. «Je pense qu'ils ne le feront pas. Ils resteraient à l'écart.»

Si le Hezbollah était aspiré plus profondément dans le conflit, le résultat serait dévastateur.

«Ce que le Hamas a fait le 7 octobre est un jeu d'enfant comparé à ce que le Hezbollah pourrait faire s'il s'impliquait davantage, ce qu'il pourrait faire à tout moment, mais qu'il ne veut pas faire», a déclaré à Arab News un analyste politique libanais basé dans le sud du pays.

«Le rôle du Hezbollah est d'être dissuasif. La Palestine occupée veut tendre un piège au Hezbollah. Le Hezbollah n'est pas encore tombé dans le piège.»

Toutefois, selon M. Ibish, une attaque contre le complexe de la mosquée Al-Aqsa dans la partie occupée de Jérusalem pourrait entraîner le Hezbollah dans sa chute.

«Ce serait une autre histoire, mais si la guerre reste circonscrite à Gaza, je pense que le Hezbollah sera en mesure de ne pas s'en mêler», a-t-il déclaré.

"En effet, l'une des rares choses sur lesquelles les quatre acteurs qui avaient la possibilité de faire de cette guerre une guerre régionale - Israël, l'Iran, les États-Unis et le Hezbollah - ont pu se mettre d'accord à partir du 7 octobre est que cette guerre ne doit pas s'étendre au Hezbollah ou à toute autre chose de ce genre.

«C'est la principale raison pour laquelle elle ne s'est pas étendue et pour laquelle elle ne s'étendra probablement pas.»

Il ne reste donc que les actions de tierces parties – telles que le Hamas, le Djihad islamique palestinien et d'autres factions palestiniennes – opérant à l'intérieur du Liban.

«De petits groupes pourraient attaquer Israël à l'aide de roquettes ou d'autres engins similaires et avoir de la chance, en allant plus loin en Israël, bien au-delà du rayon tacitement convenu d'un mile (environ 1,6 kilomètre) dans chaque direction pour les escarmouches limitées, et en tuant un groupe important de soldats israéliens, par exemple 25 ou plus», a déclaré M. Ibish.

«Si cela devait se produire, Israël pourrait riposter avec une grande force, sans savoir si le Hezbollah est impliqué ou s'il a tacitement toléré l'action et a besoin d'être blâmé. Une fois que les roquettes volent et que la paranoïa commence à s'installer, il est très fréquent que des ennemis armés commencent à mal reconnaître et à mal interpréter les intentions et les actions de l'autre. Cela peut facilement dégénérer en un conflit dont personne ne veut», a-t-il ajouté. 

Comme s'il prédisait une tempête se préparant à l'horizon mais dont la trajectoire est encore incertaine, l'analyste politique libanais anonyme a affirmé: «Vous pouvez visiter Beyrouth avant la fin de l'année. Je suis sûr qu'il n'y aura pas de guerre d'ici là.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le Hamas et Israël s'accusent mutuellement d'entraver les négociations en vue d'une trêve

Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés dans un camp de déplacés improvisé à la suite d'une incursion signalée la veille par des chars israéliens dans la région de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Hamas souhaite qu'Israël se retire sur les positions qu'il occupait avant la reprise des hostilités en mars, lors du précédent cessez-le-feu.
  • L'émissaire américain Witkoff, qui a joué un rôle majeur dans l'élaboration de la dernière proposition de cessez-le-feu, se rendra à Doha cette semaine.

Le CAIRE/DOHA : samedi, le Hamas et Israël se sont mutuellement accusés de bloquer les tentatives visant à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza, près d'une semaine après le début de pourparlers indirects entre les deux parties pour mettre fin à 21 mois de combats acharnés dans le territoire palestinien.

Une source palestinienne proche des discussions au Qatar a déclaré à l'AFP que les propositions d'Israël visant à maintenir ses troupes dans le territoire déchiré par la guerre bloquaient un accord pour une trêve de 60 jours.

Mais du côté israélien, un haut responsable politique, s'exprimant également sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des négociations, a accusé le groupe militant d'être inflexible et de tenter délibérément de faire échouer les efforts visant à parvenir à un accord.

Sur le terrain, l'agence de défense civile de Gaza a déclaré que plus de 20 personnes avaient été tuées samedi dans tout le territoire, notamment lors d'une frappe aérienne nocturne visant une zone abritant des personnes déplacées. 

« Pendant que nous dormions, il y a eu une explosion là où se trouvaient deux garçons, une fille et leur mère », a déclaré Bassam Hamdan à l'AFP, après l'attaque survenue dans un quartier de la ville de Gaza.

« Nous les avons retrouvés déchiquetés, leurs restes éparpillés », a-t-il ajouté, expliquant que les victimes avaient été retrouvées dans un état extrêmement dégradé.

Dans le sud de la bande de Gaza, des corps recouverts de bâches en plastique blanc ont été transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, tandis que les blessés de Rafah ont été évacués vers des centres de soins à bord de charrettes tirées par des ânes, sur des civières ou à dos d'homme.

Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré que les dix otages détenus depuis l'attaque des militants du 7 octobre 2023, à l'origine de la guerre, seraient libérés si un accord était conclu.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu'il était prêt à entamer des négociations pour mettre fin de manière plus permanente aux hostilités. 

Cependant, une source palestinienne a déclaré que le refus d'Israël d'accepter la demande du Hamas d'un retrait complet de ses troupes de Gaza freinait les progrès des négociations.

Une deuxième source a indiqué que les médiateurs avaient demandé aux deux parties de reporter les discussions jusqu'à l'arrivée de l'émissaire spécial du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, à Doha.

« Les négociations à Doha sont confrontées à un revers et à des difficultés complexes en raison de l'insistance d'Israël, depuis vendredi, à présenter une carte de retrait qui est en réalité une carte de redéploiement et de repositionnement de l'armée israélienne plutôt qu'un véritable retrait », a déclaré cette source.

Elle a ajouté qu'Israël proposait de maintenir des forces militaires dans plus de 40 % du territoire palestinien, forçant ainsi des centaines de milliers de Palestiniens déplacés à se regrouper dans une petite zone près de la ville de Rafah, à la frontière avec l'Égypte. 

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

En réponse, un haut responsable politique israélien a rétorqué que c'était le Hamas qui avait décliné les offres sur la table, l'accusant de « dresser des obstacles » et de « rejeter tout compromis » dans le dessein de « saboter les pourparlers ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens.

« La délégation du Hamas n'acceptera pas les cartes israéliennes, car elles légitiment essentiellement la réoccupation d'environ la moitié de la bande de Gaza et transforment Gaza en zones isolées, sans points de passage ni liberté de circulation », ont-ils déclaré.

Un haut responsable politique israélien a ensuite répliqué que c'était le Hamas qui avait rejeté les propositions sur la table, l'accusant de « créer des obstacles » et de « refuser tout compromis » dans le but de « saboter les négociations ».

« Israël a démontré sa volonté de faire preuve de souplesse dans les négociations, tandis que le Hamas reste intransigeant et s'accroche à des positions qui empêchent les médiateurs de faire avancer un accord », a ajouté le responsable dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Les attaques du Hamas contre Israël en 2023 ont fait au moins 1 219 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres israéliens. 

Deux cessez-le-feu précédents, une trêve d'une semaine à la fin du mois de novembre 2023 et une autre de deux mois à partir de la mi-janvier de cette année, ont permis la libération de 105 otages en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Selon une deuxième source palestinienne, « certains progrès » auraient été réalisés lors des dernières négociations concernant les plans de libération des prisonniers palestiniens détenus par Israël et l'obtention d'une aide supplémentaire pour Gaza.

Netanyahu, qui subit des pressions nationales et internationales pour mettre fin à la guerre, a déclaré cette semaine que la neutralisation du Hamas en tant que menace pour la sécurité était une condition préalable à toute négociation de cessez-le-feu à long terme.

Cela inclut le désarmement, a-t-il précisé, avertissant que si cela n'était pas fait, Israël serait contraint d'y parvenir par la force.

 


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com