Tunisie: l’élection de la deuxième chambre parlementaire, un test crucial pour Kaïs Saïed

Le deuxième point crucial pour Kaïs Saïed, et peut-être le plus important, concerne le taux de participation au scrutin de décembre prochain. (AFP)
Le deuxième point crucial pour Kaïs Saïed, et peut-être le plus important, concerne le taux de participation au scrutin de décembre prochain. (AFP)
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Publié le Mardi 21 novembre 2023

Tunisie: l’élection de la deuxième chambre parlementaire, un test crucial pour Kaïs Saïed

  • En raison de leur complexité, ces élections risquent d’être un véritable casse-tête pour les Tunisiens et leur président
  • À cette complexité s’ajoute le manque de visibilité sur la façon dont l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et la deuxième chambre se répartiront les prérogatives

TUNIS: Les Tunisiens se rendront aux urnes le 24 décembre 2023 pour la troisième fois en quinze mois afin d’élire les membres du Conseil national des régions et des districts, qui fera office de deuxième chambre parlementaire. Le scrutin est d’une importance majeure pour le président tunisien: s’il ne parvient pas à éviter un très faible taux de participation lors de ces élections locales, comme lors du référendum du 25 juillet 2022 et des élections législatives du 17 décembre de la même année, l’idée selon laquelle les Tunisiens soutiennent Kaïs Saïed en tant que personne mais n’adhèrent pas à son projet politique serait définitivement ancrée.

En raison de leur complexité, ces élections risquent d’être un véritable casse-tête pour les Tunisiens et leur président. Ce scrutin se déroulera en quatre temps et débouchera sur la formation de 279 conseils locaux, puis de 24 conseils régionaux et, enfin, de 5 conseils de districts récemment créés.

Les membres des conseils locaux sont élus (un par délégation, la plus petite unité administrative). Un tirage au sort sera ensuite effectué parmi leurs 279 membres pour composer les conseils régionaux. Pour la dernière partie de ce millefeuille institutionnel, le Conseil national des régions et des districts sera composé, comme son nom l’indique, par des membres des conseils des régions (trois par conseil) et des districts (un par conseil).

À cette complexité s’ajoute le manque de visibilité sur la façon dont l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et la deuxième chambre se répartiront les prérogatives. Il y a dans ce domaine une zone grise qui peut être source de conflits entre les deux institutions.

Aussi étrange que cela paraisse, ce sont les députés qui, pour éviter d’éventuels couacs, vont se charger de répartir les tâches entre les deux chambres.

D’après la nouvelle Constitution du 25 juillet 2022, l’ARP «exerce la fonction législative» et les députés ont le droit de proposer des projets de loi. La deuxième chambre, elle, examine obligatoirement «les projets de loi concernant le budget de l’État et les plans de développement régionaux, des districts et nationaux afin de garantir l’équilibre entre les régions et les districts».

Aussi étrange que cela paraisse, ce sont les députés qui, pour éviter d’éventuels couacs, vont se charger de répartir les tâches entre les deux chambres. Si ces problèmes ne sont pas de nature à empêcher le président Kaïs Saïed de dormir, puisqu’il a le pouvoir d’intervenir en cas de besoin pour les résoudre, d’autres pourraient bien le tourmenter. 

Il s’agit en l’occurrence de deux points cruciaux pour lui. Le premier a trait à la composition de la future deuxième assemblée, c’est-à-dire à son identité politique. Déterminé depuis son élection, en octobre 2019, à marginaliser les partis politiques – à défaut de pouvoir les interdire –, Kaïs Saïed a modifié par décret, deux mois avant les législatives, en septembre 2022, le mode de scrutin et il a abandonné le système de liste au profit du scrutin uninominal. 

Toutefois, cette réforme n’a pas permis d’élire une ARP majoritairement acquise au président, comme le démontre le bras de fer sur le projet de loi qui criminalise la normalisation avec Israël, dont le chef de l’État tunisien ne veut pas, malgré sa rhétorique antisioniste, en raison de ses possibles conséquences sur les relations avec les pays occidentaux, les États-Unis en particulier.

Le deuxième point crucial pour Kaïs Saïed, et peut-être le plus important, concerne le taux de participation au scrutin de décembre prochain. En effet, réaliser à nouveau un mauvais score, après celui de la consultation sur le projet de nouvelle constitution (30%) et, surtout, celui des législatives de 2022 (11,3%), aura pour conséquence d’acter que les Tunisiens n’adhèrent résolument pas au projet politique de Kaïs Saïed.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk