Echanges d'obus au dessus du Nil à Khartoum, des atrocités rapportées au Darfour

Les survivants ont fait état à HRW de tueries de masse, d'exécutions pour des motifs ethniques, de détentions arbitraires, de torture, de pillages et de violences sexuelles (Photo, AFP).
Les survivants ont fait état à HRW de tueries de masse, d'exécutions pour des motifs ethniques, de détentions arbitraires, de torture, de pillages et de violences sexuelles (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 novembre 2023

Echanges d'obus au dessus du Nil à Khartoum, des atrocités rapportées au Darfour

  • Les experts, les humanitaires et les Etats-Unis ont mis en garde contre une attaque imminente d'El Fasher tandis que les défenseurs des droits humains ont fait état de massacres ethniques
  • Le conflit au Soudan a déplacé plus de six millions de personnes, selon l'ONU, et détruit la plupart des infrastructures

PORT-SOUDAN: L'armée soudanaise et les paramilitaires ont échangé lundi des obus depuis deux rives opposées du Nil dans la capitale, rapportent des habitants de Khartoum, au septième mois d'une guerre dont les ONG dénoncent les atrocités.

"L'armée, depuis Omdourman, sur la rive ouest, et les Forces de soutien rapide (FSR) depuis Khartoum-Nord sur la rive est", ont échangé des tirs d'artillerie et des roquettes a déclaré un témoin à l'AFP.

Un récit corroboré par d'autres habitants, notamment des militants locaux, qui affirment que, ces dernières semaines, les bombardements ont fait des dizaines de victimes civiles.

Le conflit déclenché le 15 avril entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait plus de 10.000 morts selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme largement sous-évaluée.

Il a également déplacé plus de six millions de personnes, selon l'ONU, et détruit la plupart des infrastructures.

A la table des négociations, les deux camps n'entendent guère faire de concessions, comme l'a à nouveau démontré l'échec début novembre des négociations parrainées par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.

Lundi, les FSR ont affirmé avoir "attaqué la base de Wadi Seidna", une base aérienne stratégique située au nord de Khartoum, "détruisant un avion de transport militaire C130 et un dépôt de munition".

A plus de 800 kilomètres au sud-ouest, à al-Muglad, au Kordofan-Ouest, l'armée s'est retirée d'une base, après une attaque des paramilitaires dans cette région riche en pétrole, ont rapporté des témoins.

Dans le même Etat, à Babanusa, des témoins ont fait état de bombardements aériens de l'armée visant des paramilitaires.

L'armée a battu en retraite à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, tandis que les FSR prenaient le contrôle de bases militaires dans la vaste région du Darfour (ouest).

Massacres ethniques organisés

Les paramilitaires ont annoncé avoir pris le "contrôle total" d'El Daein, le chef-lieu du Darfour-Est marquant la dernière des avancées fulgurantes des FSR au Darfour, où seul le chef-lieu du Darfour-Nord, El Fasher, est encore aux mains de l'armée.

Les experts, les humanitaires et les Etats-Unis ont mis en garde contre une attaque imminente d'El Fasher tandis que les défenseurs des droits humains ont fait état de massacres ethniques massifs dans les localités contrôlées par les FSR au Darfour, déjà ravagé par des décennies de violences ethniques.

Dans un rapport publié tard dimanche, Human Rights Watch (HRW) a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'agir afin d'empêcher de nouvelles atrocités, après le meurtre de centaines de civils au Darfour.

"Les assassinats basés sur l'appartenance ethnique commis par les FSR au Darfour-Ouest, présentent les caractéristiques d'une campagne d'atrocités contre les civils Massalit", une minorité ethnique non arabe ciblée par les paramilitaires, a déclaré Mohamed Osman de HRW.

"Le Conseil de sécurité de l'ONU doit cesser d'ignorer le besoin désespéré de protection des civils du Darfour", a-t-il ajouté.

Dans la seule ville d'Ardamata, début novembre, plus de 1.000 personnes auraient été tuées, selon l'Union européenne, par des groupes armés qui ont forcé plus de 8.000 personnes à fuir vers le Tchad voisin en une semaine, selon l'ONU.

Fosses communes

Les survivants ont fait état à HRW de tueries de masse, d'exécutions pour des motifs ethniques, de détentions arbitraires, de torture, de pillages et de violences sexuelles.

HRW a vérifié des images satellites qui semblent confirmer les témoignages faisant état de fosses communes nouvellement creusées où les civils ont enterré leurs morts avant de s'enfuir.

L'ONG a également mis en garde contre la fermeture imminente de la mission de l'ONU au Soudan qui "réduirait considérablement la surveillance de la situation par l'ONU".

Le Soudan a demandé ce mois-ci qu'il soit mis fin au mandat de la mission de l'ONU qui, depuis le début de la guerre, opère principalement dans l'est du pays, contrôlé par l'armée.


Gaza: le Hamas rencontre les médiateurs au Caire

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
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  • Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté
  • La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas, conduite par Khalil al-Hayya, rencontre lundi au Caire des responsables égyptiens et qataris pour évoquer le cessez-le-feu fragile et l'après-guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.

Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté.

La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza".

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"Unifier" les mouvements 

Par ailleurs, "la délégation, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet du dialogue interpalestinien que l'Egypte doit prochainement parrainer", a précisé la source familière des négociations.

L'Egypte a déjà accueilli plusieurs rencontres entre les mouvements politiques palestiniens, notamment les deux principaux groupes politiques palestiniens, le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Ces deux mouvements sont opposés depuis des décennies.

"Ce dialogue vise à unifier le corps politique palestinien et à aborder les grandes questions, notamment l'avenir de la bande de Gaza et la formation d'un comité d'experts indépendants chargé de la gestion du territoire", a déclaré la source, faisant écho à la mise en place d'une autorité de transition formée de technocrates chapeautée par un comité dirigé par le président américain Donald Trump, et proposée par ce dernier.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Plusieurs responsables politiques palestiniens ont également évoqué ces derniers mois la création d'un groupe de gestionnaires palestiniens, non affiliés, en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Une autre source informée a affirmé que "les contacts et efforts des médiateurs ont permis hier soir de rétablir le calme et de réactiver le cessez-le-feu à Gaza", ajoutant que "les médiateurs continueront de suivre et de surveiller les violations israéliennes".


Gaza: la Défense civile annonce un nouveau bilan de 45 morts dans des frappes israéliennes dimanche

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
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  • Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés
  • L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, en vigueur depuis le 10 octobre.

"Au moins 45 personnes ont été tuées du fait de frappes aériennes israéliennes sur plusieurs endroits de la bande de Gaza", a indiqué Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l'autorité du Hamas.

Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés.

L'hôpital Al-Awda à Nuseirat a recensé 24 morts, l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah 12, l'hôpital Nasser à Khan Younès cinq et celui d'Al-Shifa à Gaza-ville  quatre.

Des dizaines de blessés ont également été pris en charge par ces hôpitaux. L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle vérifiait les informations concernant les frappes.

Parmi les victimes figure, selon M. Bassal, six personnes tuées quand une frappe israélienne a ciblé "un groupe de civils" dans la ville de Zuwaida (centre).

Il a également fait état de deux autres Gazaouis, dont un journaliste, tués dans la partie ouest de cette ville.

Deux frappes distinctes ont par ailleurs tué six personnes, dont des enfants, près de Nuseirat (centre) et blessé 13 autres, a-t-il indiqué.

Il a aussi fait état d'une femme et deux enfants tués dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées au nord de Khan Younès (sud).

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

 


Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron discutent de l'évolution de la situation à Gaza

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  • Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient
  • Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet

RIYADH : Le prince héritier Mohammed bin Salman a reçu dimanche un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les deux dirigeants ont passé en revue la coopération dans divers domaines et ont discuté des développements régionaux et internationaux d'intérêt commun.

Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet.

Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes en vue d'une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.