Comment sauver le Liban d’une guerre dont personne ne veut?

De la fumée s'échappe à la suite d'une frappe aérienne israélienne à la périphérie du village libanais d'Alma al-Shaab le 20 novembre 2023 (Photo, AFP).
De la fumée s'échappe à la suite d'une frappe aérienne israélienne à la périphérie du village libanais d'Alma al-Shaab le 20 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 décembre 2023

Comment sauver le Liban d’une guerre dont personne ne veut?

Comment sauver le Liban d’une guerre dont personne ne veut?
  • La première phase du processus d’échange d’otages et de prisonniers se déroule toujours avec succès entre le Hamas et Israël
  • En ce qui nous concerne, au Liban, il est important de ne pas revenir à la situation qui a placé le pays devant le danger d’une guerre totale avec Israël

La première phase du processus d’échange d’otages et de prisonniers se déroule toujours avec succès entre le Hamas et Israël. C’est un point positif et les efforts doivent se multiplier pour poursuivre les échanges dans le cadre des trêves militaires afin de s’appuyer sur ces dernières et de mettre un terme à la guerre. Certes, Israël annonce déjà, par la voix de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, que, après l’achèvement de l’opération en cours, la guerre reprendra de plus belle. Mais il n’en est pas moins vrai que les pressions internationales et régionales pour mettre fin à la guerre s’accentuent. Le coût pour Israël dépasse ses propres capacités, d’où l’espoir qu’une brèche s’ouvre enfin.

En ce qui nous concerne, au Liban, il est important de ne pas revenir à la situation qui a placé le pays devant le danger d’une guerre totale avec Israël. Ainsi, il faut à tout prix éviter, à la fin de la trêve et lors du retour de la guerre à Gaza, de relancer les escarmouches avec Israël à partir du sud du Liban. Le Hezbollah est donc sommé de prendre en compte l’opinion publique libanaise qui est opposée à une implication dans une guerre ouverte ou limitée. Cette position est dominante dans le pays, indépendamment des composantes sociales et des régions.

L’équipe actuellement au pouvoir est également appelée à œuvrer à l’application immédiate de la résolution 1701 en déployant immédiatement l’armée libanaise à condition qu’elle se concentre dans un premier temps sur la prévention de toute présence armée dans le sud du Liban.

Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons en tant que Libanais, nous devons continuer à révéler les exactions du Hezbollah

Il faut remettre en avant le principe de la souveraineté de l'État sur l'ensemble de son territoire. Par ailleurs, il faudra redonner vie à la légalité nationale et internationale, qui forme le socle de la protection du Liban et qui transcende toutes les milices armées, quels que soient les slogans qu’elles brandissent.

Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons en tant que Libanais, nous devons continuer à révéler les exactions du Hezbollah, car elles ne visent pas à la défense du Liban contre une attaque ou une invasion et ne s’inscrivent sûrement pas dans le cadre d’une guerre de libération. La tactique du parti pro-iranien est similaire à celle de toutes les autres milices iraniennes dans la région: il ne s’agit rien d’autre que de politique et de propagande. En effet, au Moyen-Orient, les milices iraniennes se focalisent sur leur mission, qui vise à s’assurer que les autorités de Téhéran sont en bonne position pour se lancer dans le grand «bazar» régional qui s’ouvrira à la fin de la guerre à Gaza.

Tout ce qui se passe dans le Sud-Liban s’inscrit dans le cadre d’un renforcement du pouvoir de l’Iran par l’intermédiaire de ses factions qui vont de l’Irak à la Syrie, en passant par le Liban et le Yémen. Personne au Liban ne veut d’une guerre avec Israël et les États-Unis. Les Iraniens savent très bien que s’ils déclenchent un conflit contre Israël, ils auront aussi à affronter les États-Unis. C’est ce dont le régime de Téhéran ne veut pas. Ainsi, les escarmouches dans lesquelles le parti iranien s'est engouffré pendant plusieurs semaines n'ont jamais eu d’effets sur la situation militaire à Gaza.

En conclusion, les responsables officiels, et en premier lieu le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, doivent faire preuve de courage vis-à-vis du Hezbollah en lui demandant ouvertement de saisir l’occasion de la trêve actuelle pour mettre fin à toutes les opérations militaires à la frontière. Plus important encore, il devra se retirer du Sud-Liban, en application de la résolution 1701. L'armée libanaise renforcée devra déployer des forces supplémentaires afin d’assurer la sécurité dans la région. Le Liban doit être sorti de cette situation extrêmement périlleuse. Il faudra œuvrer pour faire valoir la neutralité du pays du Cèdre dans le conflit à Gaza, qui risque de perdurer.

Nous devons immédiatement ressusciter la résolution 1701.

 

Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar

NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.