L'assaillant du pont de Bir-Hakeim, un converti à l'islam radical avec des troubles psychiatriques

Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en être pris à deux autres personnes armé d'un marteau, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice (Photo d'illustration, AFP).
Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste germano-philippin à coups de couteau et s'en être pris à deux autres personnes armé d'un marteau, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Lundi 04 décembre 2023

L'assaillant du pont de Bir-Hakeim, un converti à l'islam radical avec des troubles psychiatriques

  • Né en France de parents réfugiés iraniens, résidant en Essonne, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé par le renseignement intérieur
  • Après son arrestation samedi soir, il a déclaré aux policiers «qu'il en voulait à ce qu'il se passait à Gaza»

PARIS: Arrêté samedi après avoir tué à Paris un touriste allemand d'origine philippine à coups de couteau et s'en être pris armé d'un marteau à deux autres personnes, dont un Britannique, Armand Rajabpour-Miyandoab, jeune Franco-Iranien, était connu de la justice pour son islamisme radical et des troubles psychiatriques.

Né à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, de parents réfugiés iraniens, l'homme de 26 ans avait déjà été interpellé en 2016 pour un projet d'attaque visant le quartier d'affaires de la Défense.

Alors étudiant en biologie après l'obtention d'un bac scientifique, il avait formé le projet de rejoindre le groupe Etat islamique en zone irako-syrienne et entretenait des contacts avec "trois terroristes récidivistes", d'après le tribunal de Paris qui l'a jugé en mars 2018. Avant, "il n'avait jamais fait parler de lui" et n'avait aucune mention au casier judiciaire.

Dans ce dossier, Armand Rajabpour-Miyandoab a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis et mise à l'épreuve pendant trois ans, et en était sorti en 2020 après quatre ans de détention, a détaillé dimanche le patron du parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard. Connu pour troubles psychiatriques et fiché pour radicalisation islamiste (FSPRT), il avait suivi un traitement médical psychiatrique tout au long de sa détention et après sa sortie, où il était placé sous contrôle judiciaire et sous Micas, un dispositif administratif assorti de mesures visant à prévenir des actes de terrorisme.

"Les premiers mois étaient encourageants", il semblait s'être "détaché de la religion" après sa remise en liberté, selon une source sécuritaire.

Mais samedi, vers 21H30, près du pont de Bir-Hakeim et de la Tour Eiffel, il a crié "Allah Akbar" à plusieurs reprises en passant à l'acte, selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Allégeance à l'EI

Armand Rajabpour-Miyandoab s'est "intéressé" à l'islam en 2014 puis converti après avoir rencontré en 2015 un djihadiste, Maximilien Thibaut, selon la justice. Il se définissait comme "salafiste", selon un de ses amis de lycée, qui l'a dépeint en 2016 comme "clairement pour l'idéologie de l'organisation de l'Etat islamique".

"Son besoin de repères" avait accéléré la radicalisation, estimait au cours de l'enquête en 2017 un psychologue l'ayant suivi, "l'Etat islamique lui donnant notamment des critères directifs de son mode de vie". Fini la musique, les amis... jusqu'à devenir "un promoteur de l'idéologie djihadiste" en 2015.

Dans un décret de naturalisation publié au Journal officiel en 2002, il est présenté avec le prénom "Iman", mais dans la sphère djihadiste il se faisait appeler "Amine" et demandait à ses parents de faire de même.

Lors de son interpellation en 2016 à Puteaux (Hauts-de-Seine), il affirme pourtant: "Je me suis radicalisé et auto-déradicalisé". Pour la justice, ce processus de déradicalisation apparaît "fragile": en juin 2016 encore, le jeune homme faisait des recherches en ligne sur "des bombes au phosphore" ou encore sur Adel Kermiche, assassin du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime).

Confrontré à ses contradictions, il reconnaît en 2016 avoir "encore des idées noires" - "l'attentat de Nice ne (lui) a pas déplu" - et estime avoir "besoin d'un suivi". Au procès en 2018, sa mère le dit "manipulé".

Dissimulation ? En 2020, selon le magazine L'Obs, il s'était présenté au commissariat après l'assassinat du professeur Samuel Paty pour signaler qu'il avait échangé avec l'assaillant Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux deux semaines plus tôt. Il ne sera pas poursuivi à l'issue de sa garde à vue, au cours de laquelle il avait affirmé être devenu "anti-islamistes radicaux ou non-radicaux".

Fin octobre 2023, sa mère, inquiète d'un changement de comportement de son fils, a fait un signalement auprès des autorités, a révélé M. Ricard.

Après son arrestation samedi soir, il a déclaré aux policiers "qu'il en voulait à ce qu'il se passait à Gaza, que la France serait complice de ce que faisait Israël. Il aurait dit qu'il en avait marre de voir des musulmans mourir, tant en Afghanistan qu'en Palestine", a précisé samedi M. Darmanin.

"L'actualité récente pourrait l'avoir fait décompenser", juge la source sécuritaire.

Les enquêteurs vont aussi se pencher sur son suivi médical.

En mars 2022 il avait arrêté son traitement médicamenteux, en accord avec son médecin, selon une source proche de l'enquête. Mais en août 2022, une expertise psychiatrique avait conclu à une injonction de soins, ce qui avait été ordonné en septembre de la même année par un juge, selon la même source.

Il avait alors repris son traitement et l'avait arrêté en avril 2023, a précisé M. Ricard.

Dans ses rapports successifs, le médecin coordonnateur n'avait pas conclu à la nécessité de reprendre un suivi médicamenteux. Le 21 avril dernier, dans son dernier rapport, il notait "aucune dangerosité d’ordre psychiatrique identifiée".

Très peu de temps avant son attaque, il a fait allégeance au groupe Etat islamique dans une vidéo de revendication postée sur X, selon le magistrat, dans laquelle il a apporté "son soutien aux djihadistes agissant dans différentes zones".

Il avait ouvert début octobre ce compte qui comportait "de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine". Sur cette vidéo, il porte un bonnet noir, des lunettes de soleil noires, une longue barbe noire et un masque chirurgical. Il s'y exprime en arabe.


Paris estime que la demande de révision de l'accord entre l'Union européenne et Israël est « légitime »

Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
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  • « Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.
  • « C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

PARIS : Invité de France Info/Le Monde, le ministre français des Relations avec le Parlement a estimé que la demande des Pays-Bas de réviser l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël était « légitime », invitant « la Commission européenne à instruire le dossier », alors que l'aide humanitaire ne parvient plus à Gaza depuis plus de deux mois.

« Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.

Celui-ci précise que les relations entre l'UE et Israël sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.

« C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur le fait que cela signifiait-il que la France était favorable à la remise en question de cet accord, le ministre a répondu : « Attendons l'analyse que fera la Commission européenne du respect ou non par Israël de l'article 2 de cet accord. »

Le ministre a insisté sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

« Je crois qu'il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens de Gaza sont affamés, assoiffés, et qu'ils manquent de tout ; la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de la famine », a-t-il dénoncé.

« Je crois que tout le monde s'en aperçoit », a-t-il poursuivi. « On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien », a-t-il dit. « Et c'est en donnant de la voix qu'on peut espérer infléchir la position des Israéliens. » 

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé à Israël de l'aider à acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, lui a adressé une lettre dans laquelle il réclame une révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, conformément à son article 2.

« Je voudrais demander un examen du respect par Israël de l'article 2 dans les plus brefs délais », a écrit le ministre dans cette lettre.


Les Français favorables à l'organisation d'un référendum proposé par Bayrou

France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
France's Prime Minister Francois Bayrou delivers a speech during commemorations to mark the National Day of Remembrance of Slavery and its Abolitions, in Brest, western France, on May 10, 2025. (Photo by Fred TANNEAU / AFP)
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  • Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques.
  • « Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

PARIS : D'après un sondage Elabe pour BFMTV publié dimanche, ils sont très majoritairement favorables à l'organisation d'un référendum (83 %) et placent l'économie, les retraites et l'immigration en tête des sujets sur lesquels ils aimeraient être questionnés.

Dans cette étude publiée après la proposition du Premier ministre François Bayrou d'interroger les Français sur la trajectoire à venir des finances publiques, plus d'un Français sur deux se dit favorable à l'organisation d'un référendum, et 28 % très favorable.

« Cette idée a pénétré l'opinion », s'est d'ailleurs félicité M. Bayrou samedi en marge d'un déplacement à Brest.

« Beaucoup de citoyens français disent oui au fond, que nous soyons pour une fois associés à ces décisions, c'est une chose qui nous intéresse et qui est très importante. Le monde politique est en revanche un peu moins enthousiaste, ce que l'on comprend assez bien : l'intervention directe des citoyens change le rapport de force et le débat », a encore observé le Premier ministre. 

Le président Emmanuel Macron avait également proposé d'organiser plusieurs scrutins de ce type dans ses vœux pour 2025. Il pourrait se montrer plus précis sur la question lors d'une émission spéciale sur TF1 mardi soir.

Parmi les sujets sur lesquels ils souhaitent se prononcer, les personnes interrogées citent en premier lieu la dépense, la dette et les impôts (59 %). Arrivent ensuite ex aequo les retraites et l'immigration (52 %). Ils sont 43 % à demander à être interrogés sur la fin de vie, 22 % sur la réduction du nombre d'échelons territoriaux et 19 % sur la proportionnelle.

En bas du tableau, on trouve les rythmes scolaires et l'usage des écrans et des réseaux sociaux pour les enfants (16 %).

Sondage réalisé en ligne les 6 et 7 mai auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points. 


Macron et Tusk vont signer un traité renforçant le partenariat franco-polonais

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors d'une cérémonie à l'Arc de Triomphe pour le 80e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, à Paris, le 8 mai 2025. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays

NANCY: Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk vont signer vendredi à Nancy, dans l'est de la France, un traité d'amitié renforçant le partenariat entre les deux pays, signe du poids grandissant en Europe de la Pologne, acteur-clé sur le flanc est face à la Russie.

Les deux dirigeants se retrouveront à 12H45 (10H45 GMT) dans la cité lorraine pour une séquence chargée de symboles, entre la Journée de l'Europe, qui célèbre cette année les 75 ans de la construction européenne, et un imposant défilé militaire sur la Place Rouge pour les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Avec en toile de fond la guerre en Ukraine qui, trois ans après le début de l'offensive russe, ne faiblit pas malgré la promesse de Donald Trump d'y mettre fin. Et une menace de désengagement américain qui pousse l'Europe à se réarmer massivement.

Dans ce contexte, le traité d'amitié et de coopération renforcée entre la France et la Pologne va "changer la donne", notamment en matière de sécurité et de défense, promet Donald Tusk.

Les deux pays avaient déjà conclu un tel traité bilatéral en 1991, alors que la Pologne sortait du glacis soviétique, après la chute du Rideau de fer, mais moins ambitieux.

"L'objectif de ce traité, c'est de consacrer l'amitié franco-polonaise, et de renforcer dans la sécurité, la défense, les infrastructures, l'énergie et toute une série d'autres domaines notre partenariat bilatéral", explique la présidence française.

- "Anomalie" -

Emmanuel Macron entend ainsi rehausser la relation avec Varsovie au niveau de celle déjà actée avec l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne à travers les traités de l'Elysée (1963), du Quirinal (2021) et de Barcelone (2023).

La Pologne est "un partenaire que pendant trop longtemps (...) on a un peu négligé", a reconnu vendredi sur RTL le ministre français chargé de l'Europe Benjamin Haddad, qui sera aux côté d'Emmanuel Macron à Nancy.

"Il n'y avait pas de raison, c'était même une anomalie, de considérer que nous avions un traité privilégié avec l'Allemagne (renforcé à Aix-la-Chapelle en 2019, ndlr), que nous avions rehaussé notre relation avec l'Italie et avec l'Espagne, mais pas avec elle", souligne l'Elysée.

Craignant la menace du grand voisin russe et soutien actif de l'Ukraine, la Pologne, pays de quelque 38 millions d'habitants, s'est lancée dans un programme de modernisation accélérée de son armée et est devenue un acteur politique et militaire majeur en Europe.

Jusqu'ici très dépendante des Etats-Unis pour sa défense, elle est profondément ébranlée par le climat d'incertitude généré par les ambivalences de Donald Trump envers l'Europe.

La France espère, elle, renforcer la coordination militaire et diplomatique dans la région, et ne plus laisser les Etats-Unis dominer le dialogue avec les Polonais.

Elle mise aussi sur un nouveau marché pour son industrie de défense au moment où Varsovie cherche à se doter d'avions de transport, d'avions-ravitailleurs ou encore de sous-marins.

- "Intérêts vitaux" -

Varsovie s'intéresse de son côté à l'idée française d'un parapluie nucléaire européen. Une proposition jugée "très prometteuse" par Donald Tusk et qui retient aussi l'attention de Berlin.

La France est le seul pays d'Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté de l'arme nucléaire. Les autres pays européens membres de l'Otan sont jusqu'ici sous le parapluie de la dissuasion nucléaire américaine.

Mais face aux remous transatlantiques, Emmanuel Macron s'est dit prêt à "ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen".

Comme ses prédécesseurs, il a relevé à plusieurs reprises que les intérêts vitaux de la France, à la base de sa doctrine de dissuasion, avaient une "dimension européenne", qui pourrait donc inclure des pays voisins, voire au-delà.

Mais il a aussi souligné que "quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République".

Soucieux des symboles, Emmanuel Macron et Donald Tusk signeront ce nouveau traité dans un décor chargé d'histoire pour les deux pays, déjà liés par une amitié séculaire.

Nancy fut la résidence du roi de Pologne Stanislas Leszczynski, devenu duc de Lorraine après avoir été exilé de son pays, et beau-père du roi de France Louis XV. Les retrouvailles des deux dirigeants auront lieu place Stanislas, joyau architectural de la ville.

La signature interviendra une semaine avant l'élection présidentielle en Pologne, le 18 mai, pour laquelle le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, candidat de la Coalition civique (KO) de Donald Tusk, est donné favori.