Le Congrès américain bute sur une grande enveloppe pour l’Ukraine et Israël

Cet échec est une déconvenue pour Joe Biden qui avait exhorté quelques heures plus tôt à l'approbation de ces fonds lors d'un discours très solennel. (AFP)
Cet échec est une déconvenue pour Joe Biden qui avait exhorté quelques heures plus tôt à l'approbation de ces fonds lors d'un discours très solennel. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 07 décembre 2023

Le Congrès américain bute sur une grande enveloppe pour l’Ukraine et Israël

  • La promesse du président démocrate Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l'Ukraine est sérieusement mise en péril, un scénario catastrophe pour Kiev
  • Leur blocage serait «le plus beau cadeau» offert au président russe Vladimir Poutine, avait-il prévenu

WASHINGTON: Le Congrès américain a échoué mercredi à avancer sur une grande enveloppe de plus de 106 milliards de dollars réclamée avec insistance par le président Biden, comprenant des fonds pour l'Ukraine et Israël.

L'opposition républicaine a refusé de soutenir ce texte au coeur de tractations très acrimonieuses, réclamant des concessions significatives sur la politique migratoire des Etats-Unis en échange de leurs voix.

Cet échec est une déconvenue pour Joe Biden qui avait exhorté quelques heures plus tôt à l'approbation de ces fonds lors d'un discours très solennel.

Leur blocage serait "le plus beau cadeau" offert au président russe Vladimir Poutine, avait-il prévenu, en affirmant que le maître du Kremlin, s'il parvenait à s'emparer de l'Ukraine, "ne s'arrêtera(it) pas là".

Le démocrate a clairement évoqué l'hypothèse d'une attaque russe contre un pays membre de l'Otan, ce qui déclencherait l'entrée en guerre des Etats-Unis et donc des "soldats américains combattant les soldats russes". Une situation qui n'existe pas actuellement et que Washington ne souhaite pas, a-t-il insisté.

Ukraine: les nouvelles promesses d'aide occidentale au plus bas depuis l'invasion russe

Les nouvelles promesses d'aide occidentale à l'Ukraine ont fortement ralenti, sur fond de dissensions politiques en Europe et aux Etats-Unis, tombant à leur plus bas niveau depuis le début de l'invasion russe début 2022, a indiqué jeudi l'institut de recherche allemand Kiel Institute.

"La dynamique de soutien à l'Ukraine ralentit. Les promesses d'aide ont atteint leur plus bas niveau entre août et octobre 2023 --une baisse de près de 90% par rapport à la même période en 2022", détaille l'institut, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe le 24 février 2022.

Selon les données du Kiel Institute, les nouveaux engagements pris entre début août et fin octobre s'élèvent à 2,11 milliards d'euros, soit un chiffre en chute de 87% par rapport à la même période en 2022. Il s'agit du montant trimestriel "le plus bas" depuis le début de la guerre.

Au total, depuis le début de la guerre, les alliés de l'Ukraine et les grandes organisations internationales (Banque mondiale, FMI...) lui ont promis près de 255 milliards d'euros d'aide, dont 182 milliards à court terme (déjà livrée ou prévue à l'horizon d'une année). Ces engagements comprennent 141 milliards d'euros d'aide financière, près de 16 milliards d'aide humanitaire et 98 milliards d'aide militaire.

Sur la période d'août à octobre 2023, parmi les 42 pays donateurs suivis par l'institut, "seulement 20 se sont engagés sur de nouveaux packages d'aide" et les nouveaux engagements de l'Union européenne et des Etats-Unis ont été "limités".

"Les perspectives sont incertaines", selon l'institut, "puisque le plus grand engagement en attente --de la part de l'Union européenne-- n'a pas été approuvé et que l'aide des États-Unis est en baisse".

"Compte tenu de l’incertitude entourant la poursuite de l'aide américaine, l’Ukraine ne peut qu’espérer que l’UE adopte enfin son plan de soutien de 50 milliards d’euros, annoncé depuis longtemps. Un nouveau retard renforcerait clairement la position de Poutine", alerte Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute suivant l'aide à l'Ukraine.

Une enveloppe de 50 milliards d'euros envisagée pour consolider le soutien européen à l'Ukraine est bloquée par les réticences de certains pays européens à débourser davantage.

«Compromis importants»

Les Etats-Unis sont actuellement le pays fournissant le plus important soutien militaire à Kiev. Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis l'invasion russe en février 2022.

Mais la promesse du président démocrate Joe Biden de continuer à appuyer financièrement l'Ukraine est sérieusement mise en péril, un scénario catastrophe pour Kiev, dont la contre-offensive à l'été n'a pas apporté les gains territoriaux espérés.

Les responsables ukrainiens martèlent qu'il leur faut davantage d'armement pour éviter que les frappes russes ne plongent des millions de personnes dans le noir cet hiver, comme l'an dernier.

Mais les élus conservateurs, pourtant encore nombreux à soutenir l'Ukraine en public, conditionnent cette aide à un net durcissement de la politique migratoire face aux arrivées de migrants à la frontière avec le Mexique.

Le président démocrate s'est d'ailleurs dit prêt mercredi à des "compromis importants" sur ce point, afin d'obtenir un soutien des deux chambres au Capitole.

Les négociations continuent.

Aide limitée en attendant 

En attendant qu'elles n'aboutissent, Washington a annoncé mercredi une nouvelle aide militaire à Kiev, d'un montant limité de 175 millions de dollars ponctionné sur les réserves de l'exécutif. Le détail inclut des équipements de défense anti-aérienne, des missiles et des munitions d'artillerie.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui devait s'adresser aux membres du Congrès en visioconférence mardi mais a annulé son intervention à la dernière minute, est finalement intervenu lors d'une téléconférence entre les dirigeants des pays du G7.

Vladimir Poutine compte sur l'"effondrement" du soutien occidental à l'Ukraine a-t-il affirmé, admettant que l'armée russe avait "augmenté la pression de manière significative" sur le front.

"La Russie n'espère qu'une chose: que l'unité du monde libre s'effondre l'année prochaine. La Russie pense que l'Amérique et l'Europe feront preuve de faiblesse et ne maintiendront pas leur soutien à l'Ukraine au niveau approprié", a déclaré le président ukrainien.

Anticipant le risque de lassitude du grand allié américain, le président Zelensky s'était rendu à Washington en personne en septembre, rencontrant Joe Biden mais aussi des élus du Congrès avec lesquels il a eu de longs échanges.

Sa visite n'avait toutefois pas eu l'effet escompté: embourbé dans une série de crises internes qui ont mené à la destitution du précédent chef de la chambre basse, le Congrès n'avait finalement pas validé de nouveaux fonds pour son offensive.

Contrairement à la plupart de ses pairs démocrates, le sénateur Bernie Sanders, socialiste revendiqué, a voté contre l'enveloppe soumise au vote mercredi, exprimant de "vives inquiétudes" sur le fait d'envoyer des fonds au "gouvernement d'extrême droite" du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Short Url
  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Short Url
  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
Short Url
  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com