Ambassade américaine attaquée en Irak: Certains assaillants ont «des liens» avec les forces de l'ordre

Une vue générale montre l'ambassade américaine de l'autre côté du Tigre, à Bagdad, la capitale irakienne, le 3 janvier 2020 (Photo, AFP).
Une vue générale montre l'ambassade américaine de l'autre côté du Tigre, à Bagdad, la capitale irakienne, le 3 janvier 2020 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 décembre 2023

Ambassade américaine attaquée en Irak: Certains assaillants ont «des liens» avec les forces de l'ordre

  • «Selon des informations préliminaires, certains» des assaillants «ont malheureusement des liens avec certains services de sécurité», a indiqué dans un communiqué un porte-parole du Premier ministre irakien
  • «Les services de sécurité ont arrêté un certain nombre d'entre eux», précise le communiqué, sans fournir leur nombre ni leur identité

BAGDAD: Les autorités irakiennes ont annoncé jeudi avoir interpellé plusieurs des assaillants ayant participé à l'attaque contre l'ambassade américaine à Bagdad, précisant que parmi les auteurs de ces tirs de roquettes "certains ont des liens avec certains services de sécurité".

Des salves de roquettes avaient été tirées à l'aube du 8 décembre contre l'ambassade américaine dans la capitale irakienne sans faire de blessés, dans un contexte de tensions régionales accrues alimentées par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien.

Jamais revendiquée, cette attaque était la première rapportée contre l'ambassade à Bagdad depuis que des groupes armés pro-Iran ont lancé à la mi-octobre des frappes similaires contre les soldats américains ou les forces de la coalition internationale antidjihadiste, en Irak ou en Syrie voisine.

"Selon des informations préliminaires, certains" des assaillants "ont malheureusement des liens avec certains services de sécurité", a indiqué dans un communiqué un porte-parole du Premier ministre irakien, le général Yehia Rasool, évoquant l'attaque contre l'ambassade américaine.

"Les services de sécurité ont arrêté un certain nombre d'entre eux", précise le communiqué, sans fournir leur nombre ni leur identité.

Les autorités ont arrêté "ceux qui ont aidé les criminels et leur ont apporté un soutien logistique, pour arriver à la zone d'où a été menée l'attaque, puis assurer leur fuite", ajoute le communiqué.

Un responsable des services de sécurité à Bagdad, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier, a fait état de 13 personnes interpellées, dont des membres des forces de sécurité.

«Coordination étroite»

Les Etats-Unis ont salué jeudi ces "premières mesures", le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller rappelant à l'occasion que Washington avait exigé "de voir le gouvernement irakien prendre des mesures pour enquêter sur les attaques contre notre ambassade et que les responsables rendent des comptes".

"Les Etats-Unis sont engagés dans une coordination étroite avec le gouvernement irakien, pour garantir que les assaillants soient traduits en justice, que le personnel américain - dans le pays à l'invitation de l'Irak - soit en sécurité, et que la souveraineté et l'indépendance de l'Irak soient protégés", a écrit de son côté l'ambassadrice américaine à Bagdad Alina Romanowski sur X (anciennement Twitter).

Le jour même de l'attaque, un porte-parole de l'ambassade américaine avait estimé qu'elle portait la marque "des milices alignées sur l'Iran, qui opèrent librement en Irak".

Les factions pro-Iran sont ulcérées par le soutien apporté par Washington à Israël dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque meurtrière sans précédent du mouvement islamiste sur le sol israélien.

Au total, Washington a recensé au moins 92 attaques contre les troupes américaines et les forces de la coalition internationale en Irak et en Syrie depuis le 17 octobre, soit dix jours après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

La plupart de ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse formée par des combattants enrôlés dans des groupes affiliés au Hachd al-Chaabi.

Cette coalition d'anciens paramilitaires est intégrée aux forces de l'ordre.

«Sans ingérence étrangère»

Les arrestations interviennent deux jours après un appel téléphonique entre le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

M. Soudani avait réitéré "l'engagement de l'Irak à protéger les missions diplomatiques" et les conseillers de la coalition internationale, selon un communiqué de ses services.

"Les forces de sécurité ont toutes les capacités pour effectuer leur devoir et retrouver les auteurs d'attaques contre les missions diplomatiques", avait-il souligné. "Sans aucune ingérence étrangère".

Car en représailles des attaques des groupes pro-Iran, le Pentagone a effectué plusieurs frappes contre des combattants en Irak, mais aussi en Syrie contre des sites liés à l'Iran.

Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, le gouvernement Soudani est contraint de se livrer à un délicat exercice d'équilibriste pour préserver les liens stratégiques unissant son pays à Washington.

Vendredi après l'attaque contre l'ambassade américaine, la coalition pro-Iran du Parlement, le Cadre de coordination, avait dénoncé ces tirs de roquettes et apporté son soutien aux procédures intentées par le gouvernement.

Washington compte environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie qui combattent l'organisation Etat islamique (EI) avec une coalition internationale antidjihadiste lancée en 2014.

En Irak, la coalition assure que son engagement se limite à un rôle d'assistance et de conseils apportés aux forces locales.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk