Foot: Dix mois avec sursis requis contre Atal, qui plaide la maladresse

Le défenseur algérien de Nice Youcef Atal arrive avec son avocat Antoine Veyau palais de justice de Nice, dans le sud de la France, pour son procès pour incitation à la haine, le 18 décembre 2023. (Photo, AFP)
Le défenseur algérien de Nice Youcef Atal arrive avec son avocat Antoine Veyau palais de justice de Nice, dans le sud de la France, pour son procès pour incitation à la haine, le 18 décembre 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

Foot: Dix mois avec sursis requis contre Atal, qui plaide la maladresse

  • Le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 45000 euros d'amende contre le joueur niçois Youcef Atal
  • Le jugement a été mis en délibéré au 3 janvier

NICE: Le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre le joueur niçois Youcef Atal, jugé lundi pour avoir partagé une vidéo de 35 secondes appelant à "un jour noir sur les juifs", mais qu'il dit ne pas avoir regardée en entier.

Le jugement a été mis en délibéré au 3 janvier.

"Ce sont des faits graves, qu'il ne faut pas banaliser. Partager une vidéo c'est s'attribuer les propos et leur donner une visibilité", a déclaré la vice-procureure Meggi Choutia.

"Je pensais qu'il y avait un message de paix pour les gens qui souffraient dans cette guerre", s'est défendu le joueur international algérien de 27 ans à la barre du tribunal correctionnel de Nice, assurant avoir "partagé cette vidéo sans regarder jusqu'à la fin".

"Il a envoyé un message de soutien aux Palestiniens de Gaza. Pour lui c'est cela la paix, et il n'est pas le seul", a précisé son avocat, Me Antoine Vey.

"A aucun moment, au cours de ces 35 secondes, il n'est question de paix", a répliqué Mme Choutia dans son réquisitoire, estimant que la prison avec sursis pouvait être "une peine d'avertissement" qui inciterait le joueur à réfléchir désormais avant toute publication.

Elle a aussi demandé que la condamnation soit publiée pendant un mois sur la page d'accueil du compte Instagram du joueur.

Cinq jours après les attaques sans précédent du Hamas, le 7 octobre, et le début des bombardements d'Israël sur Gaza, et alors qu'il était en Algérie avec son équipe nationale, Atal avait reposté sur son compte Instagram, suivi par 3,2 millions de personnes, la vidéo d'un prédicateur, Mahmoud Al Hasanat.

Dans cette vidéo, le prédicateur évoque d'abord, ému aux larmes, le sort des enfants de Gaza. Puis il durcit le ton et appelle Dieu à envoyer "un jour noir sur les juifs".

"Sur Instagram, 35 secondes c'est long", a reconnu Me Vey, assurant que le partage de cette vidéo était certes une "faute" éthique mais pas une faute pénale de la part du joueur, poursuivi pour provocation à la haine à raison de la religion.

«De haine contre personne»

Suspendu pour sept matches par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP), Youcef Atal n'a plus porté le maillot niçois depuis cette publication, mais il a été titulaire lors des trois matches joués depuis par les "Fennecs" algériens, dont plusieurs lui ont apporté leur soutien.

Au lendemain de sa publication, c'est l'OGC Nice qui l'avait prévenu du caractère polémique des propos. Atal l'avait alors supprimée, avec un message d'excuses rédigé par son agent.

Il avait déjà présenté des excuses similaires après avoir "liké" une vidéo polémique du combattant tchétchène de MMA Khabib Nurmagomedov, dont il n'avait pas cherché à comprendre les propos en russe.

Lui qui partage très peu de contenu extérieur au football a reconnu qu'il n'avait pas cherché à se renseigner sur Mahmoud Al Hasanat, un prédicateur aux propos souvent très virulents.

"Je ne suis pas antisémite. Je ne suis ni contre les juifs, ni contre les chrétiens, je n'ai de haine contre personne", a-t-il insisté, en rappelant que contrairement à de nombreux sportifs du monde arabe, il n'avait pas hésité à jouer à Tel-Aviv avec Nice.

Ses propos n'ont pas convaincu les parties civiles, essentiellement des organisations juives et la LFP.

"Vous avez le droit de vous exprimer, d'arborer le drapeau palestinien", a expliqué Me Serge Tavitian, avocat de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme): "Mais pourquoi ne pas avoir condamné dans un même mouvement le 7 octobre et la pluie de fer, de feu, de sang qui est en train de se répandre à Gaza ?", a-t-il lancé.

Si le joueur est resté calme et discret, refusant de parler aux médias, plusieurs femmes l'avaient accueilli au tribunal avec des "l'Algérie est avec toi" ou "vive la Palestine", avant de prendre à partie des journalistes qui interrogeaient des avocats des parties civiles dans la salle des pas perdus.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.