La loi immigration relance le débat sur la lepénisation des esprits

Les députés Yoann Gillet et Edwige Diaz s’expriment à la sortie des débats de la CMP, le 19 décembre (Photo, AFP).
Les députés Yoann Gillet et Edwige Diaz s’expriment à la sortie des débats de la CMP, le 19 décembre (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 décembre 2023

La loi immigration relance le débat sur la lepénisation des esprits

  • A droite toute? L'allongement, pour les seuls étrangers, du délai pour obtenir les aides sociales, «cela s'appelle la préférence nationale, et c'est le programme du Rassemblement national»
  • «C'est une victoire idéologique majeure de notre famille politique», a salué lundi la députée RN Laure Lavalette

PARIS: La version en débat du projet de loi immigration scelle, selon le RN et la gauche, une "victoire idéologique" du parti d'extrême droite, notamment dans sa consécration de la "préférence nationale", un concept toutefois bien plus large dans la doxa lepéniste.

Lundi, députés et sénateurs de la commission mixte paritaire (CMP) dominée par la droite examinaient une nouvelle mouture du texte, au terme d'une semaine de négociations entre la macronie et LR.

A droite toute? L'allongement, pour les seuls étrangers, du délai pour obtenir les aides sociales, "cela s'appelle la préférence nationale, et c'est le programme du Rassemblement national", a fustigé dès dimanche le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, à l'unisson de nombreux responsables de gauche.

"C'est une victoire idéologique majeure de notre famille politique", a salué lundi la députée RN Laure Lavalette, renvoyant à un marqueur du parti "depuis trente ans", qui montre selon elle que le mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen avait "raison sur les constats et même les solutions".

"Tout ça, c'est le programme de Marine Le Pen", a appuyé lundi son collègue Jean-Philippe Tanguy, notamment à propos de la facilitation des reconduites à la frontière pour les étrangers criminels ou de la déchéance de nationalité des binationaux auteurs de crimes contre les forces de l'ordre.

Théorisée au mitan des années 80 par les cadres du Front national d'alors, la "préférence nationale", depuis rebaptisée "priorité nationale", est l'un des fondements de la pensée et du programme du Rassemblement national. Une revendication singulière dans la classe politique française qui lui vaut une part de son ostracisation.

Une forme de lepénisation des esprits? "Ces questions, eu égard au niveau atteint par le RN (dans les urnes et les sondages, NDLR), sont aujourd'hui +débattables+", relève le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, en estimant qu'"il y a encore cinq ans, quand les chances de victoire de Marine Le Pen n'étaient qu'une chimère, ce type de propositions n'aurait pas passé la rampe".

L'original et la copie

Mais, tempère-t-il, le projet de loi dans sa rédaction discutée par la CMP "ne touche pas tous les aspects que le RN met derrière la notion de préférence nationale: pas de priorité à l'embauche, à la formation, au logement..."

"Notre pays passe avant tout, nos familles passent avant tout, notre peuple passe avant tout", avait ainsi résumé la candidate Le Pen en 2022, affirmant vouloir "faire de tous les citoyens français des privilégiés dans leur propre pays".

Par ailleurs, des différenciations entre Français et étrangers non-Européens existent déjà dans la législation actuelle: "On ne peut, par exemple, pas être fonctionnaire si on n'est pas français", rappelle Jean-Yves Camus, selon qui "la CMP a instauré une extension du domaine, pas une innovation totale".

"On n'est pas sur une révolution radicale, mais lente: aujourd'hui, ça n'est plus aberrant", abonde le constitutionnaliste Benjamin Morel, qui interroge toutefois la nature des aides soumises à une forme de préférence nationale: "S'il s'agit de droits qui relèvent de l'entraide nationale, il n'y a pas de problème; mais s'il s'agit d'une aide de solidarité, par principe, elle est censée être universelle et protégée par les droits de l'Homme".

Politiquement, l'affaire s'annonce délicate pour la majorité macroniste, qui s'affiche comme l'ennemi le plus déterminé autant que le meilleur rempart à l'extrême droite.

"On ouvre la voie à ce que certains réclament d'autres extensions: si on donne des gages de préférence nationale, alors il se trouvera des électeurs pour dire +c'est bien qu'on peut y aller jusqu'au bout+", considère Jean-Yves Camus.

A contrario, mordre sur les terres historiques du RN peut-il permettre à LR, voire aux macronistes, de mieux le contenir?

"Beaucoup de gouvernements européens ont serré la vis sur l'immigration, par exemple celui de Mark Rutte (centre droite) aux Pays-Bas, ça n'a pas arrêté la progression des populistes", arrivés en tête des législatives néerlandaises le mois dernier, objecte le politologue. Qui rappelle la formule chère à Jean-Marie Le Pen: "les électeurs préfèrent toujours l'original à la copie".


Entretien Barrot - Barrack sur les dossiers syrien et libanais

L’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack. (AFP)
L’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack. (AFP)
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  • Le ministre et son interlocuteur américain ont également évoqué les avancées récentes dans les discussions entre les autorités syriennes de transition et les Forces démocratiques syriennes
  • Concernant le Liban, les discussions ont porté sur le soutien international aux Forces armées libanaises (FAL), dans le cadre de la mise en œuvre du plan de désarmement présenté le 5 septembre devant le Conseil des ministres

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est entretenu lundi avec l’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, afin d’évoquer la situation régionale, notamment en Syrie et au Liban, ainsi que les perspectives de coopération internationale pour la stabilité du Proche-Orient.

Sur la Syrie

Les deux responsables ont réaffirmé leur soutien à la transition politique en cours en Syrie et à la relance socio-économique du pays. Ils ont souligné l’importance d’une coordination étroite entre les acteurs régionaux et internationaux, ainsi qu’avec les autorités syriennes de transition, afin de faciliter la réintégration progressive de la Syrie dans son environnement régional et dans le système économique mondial.

Le ministre et son interlocuteur américain ont également évoqué les avancées récentes dans les discussions entre les autorités syriennes de transition et les Forces démocratiques syriennes. La France et les États-Unis ont convenu de maintenir leur coordination et de poursuivre leurs efforts en faveur d’un dialogue constructif, notamment pour la mise en œuvre de l’accord du 10 mars et la consolidation du cessez-le-feu du 7 octobre.
Les deux parties ont souligné que seule une solution politique négociée permettra l’unification durable de la Syrie et l’intégration de l’ensemble de ses régions dans le processus de transition nationale.

Sur le Liban

Concernant le Liban, les discussions ont porté sur le soutien international aux Forces armées libanaises (FAL), dans le cadre de la mise en œuvre du plan de désarmement présenté le 5 septembre devant le Conseil des ministres. Les deux responsables ont insisté sur la nécessité pour l’armée libanaise de montrer des résultats concrets et mesurables, notamment dans ses opérations au sud du Litani, tout en clarifiant ses besoins prioritaires.

Le ministre a réaffirmé l’engagement du président de la République à mobiliser la France pour l’organisation, en novembre à Riyad, d’une conférence internationale de soutien aux FAL. Il a par ailleurs sollicité l’appui des États-Unis pour assurer le succès de cette initiative, qui vise à renforcer les capacités de l’armée libanaise et à consolider la stabilité du pays.

Sur le plan économique, les deux responsables ont appelé les autorités libanaises à respecter leurs engagements, notamment en adoptant une loi sur la répartition des pertes bancaires et en concluant un accord avec le FMI. La France a indiqué être prête à accueillir à Paris une conférence consacrée à la reconstruction et au redressement économique du Liban dès que les conditions seront réunies.

Rapprochement entre le Liban et la Syrie

Le ministre et l’Envoyé spécial américain ont salué le rapprochement en cours entre Beyrouth et Damas, illustré par la visite du ministre syrien des Affaires étrangères à Beyrouth le 10 septembre. Ils ont souligné que ce dialogue contribue à renforcer la souveraineté et la stabilité régionale, et ont encouragé les deux pays à poursuivre sur cette voie.

Cessez-le-feu à Gaza et perspectives de paix

Enfin, les deux responsables ont évoqué la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza et le plan de paix régional, estimant que ces développements doivent ouvrir la voie à une nouvelle dynamique de paix entre Israël et ses voisins. En ligne avec la Déclaration de New York, la France a réaffirmé son soutien à tous les efforts de dialogue visant à consolider la stabilité et la coexistence dans la région.


Vol au Louvre: la direction du musée défend la qualité des vitrines fracturées

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  • "Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable
  • Le journal satirique affirme que "le vol des bijoux de la Couronne, survenu le 19 octobre au matin, aurait sans doute pu être évité si le musée du Louvre n’avait pas changé les vitrines qui les abritaient pour d’autres prétendument plus sécurisées"

PARIS: La direction du Louvre a défendu mardi auprès de l'AFP la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux dérobés dimanche dans la galerie d'Apollon, réagissant à un article du Canard enchaîné qui affirme qu'elles sont "apparemment plus fragiles que les anciennes".

"Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d'obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les œuvres de la vue du public", a déclaré la direction du musée parisien.

Le journal satirique affirme que "le vol des bijoux de la Couronne, survenu le 19 octobre au matin, aurait sans doute pu être évité si le musée du Louvre n’avait pas changé les vitrines qui les abritaient pour d’autres prétendument plus sécurisées".

Il n'a fallu dimanche aux malfaiteurs que quelques minutes pour pénétrer dans la galerie d'Apollon hissés sur un monte-charge, fracturer très rapidement à la disqueuse deux des trois nouvelles vitrines installées fin 2019 pour abriter les précieux bijoux, et repartir en emportant huit joyaux dans leur fuite.

Le Canard Enchaîné affirme qu'une ancienne vitrine blindée installée dans la galerie dans les années 1950 et dotée d'un système lui permettant de disparaître "à la première alerte" dans un coffre-fort aurait sans doute permis d'éviter le vol si elle avait été maintenue en place.

La direction du Louvre assure toutefois que ce système ancien, doté d'un nouveau mécanisme dans les années 1980, "était devenu inopérant et obsolète, avec des phénomènes de blocage dans la descente des volets latéraux". "Plusieurs accidents ont été déplorés", mettant "en danger les œuvres", selon le musée.

Trois nouvelles vitrines "présentant toutes les garanties nécessaires", dont les deux fracturées dimanche, avaient donc été commandées à l'issue d'études lancées en 2014, ajoute la direction.


Nicolas Sarkozy est en prison, une première historique

L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Ici, main dans la main avec son épouse Carla Bruni. (AFP)
L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Ici, main dans la main avec son épouse Carla Bruni. (AFP)
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  • "Il y est pour un minimum de trois semaines ou d'un mois" comme il a déposé une demande de mise en liberté, a dit son avocat Christophe Ingrain
  • Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n'était arrivé à aucun ancien chef d'Etat de l'Union européenne

PARIS: L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République.

"Il y est pour un minimum de trois semaines ou d'un mois" comme il a déposé une demande de mise en liberté, a dit son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison parisienne de la Santé, après y avoir laissé son client. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur cette demande de mise en liberté, déposée immédiatement après l'incarcération.

Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n'était arrivé à aucun ancien chef d'Etat de l'Union européenne.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15, Nicolas Sarkozy, 70 ans, est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé, après avoir été suivi par une noria de caméras et de photographes à moto. Sa voiture a patienté quelques minutes près du haut mur carcéral avant que l'ex-président ne pénètre dans l'enceinte de la seule prison parisienne.