A Gaza, où la faim tenaille, ruée sur les rations alimentaires

Des Palestiniens attendent de recevoir de la nourriture à un point de collecte dans un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 décembre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant du Hamas. (Photo Mahmud Hams AFP)
Des Palestiniens attendent de recevoir de la nourriture à un point de collecte dans un camp de réfugiés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 décembre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant du Hamas. (Photo Mahmud Hams AFP)
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Publié le Dimanche 24 décembre 2023

A Gaza, où la faim tenaille, ruée sur les rations alimentaires

  • A la pointe sud de Gaza, dans la ville de Rafah, «des milliers de personnes font la queue» pour un peu de nourriture à une antenne des Tkiyeh, version locale des «Restos du coeur»
  • D'après le Programme alimentaire mondial (PAM), 92% de la population de Gaza a atteint des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë voire plus

GAZA : Lorsque Bakr al-Naji se rend compte que les repas qu'il prépare pour une association caritative dans la bande de Gaza ne suffisent pas à remplir le ventre des enfants, son coeur se serre d'impuissance, chaque jour davantage.

A la pointe sud de Gaza, dans la ville de Rafah, «des milliers de personnes font la queue» pour un peu de nourriture à une antenne des Tkiyeh, version locale des «Restos du coeur», raconte M. al-Naji, 28 ans.

Ce déplacé originaire de la ville de Gaza cuisine bénévolement pour venir en aide aux autres Palestiniens qui connaissent les mêmes difficultés que lui.

«Le moment le plus difficile, pour moi, c'est quand on distribue les repas», dit-il à l'AFP.

«Je ressens un pincement au coeur quand il n'y a plus de nourriture et que les enfants se plaignent et disent qu'ils n'ont pas assez mangé», se désole-t-il.

Alors, la plupart des bénévoles sacrifient leurs propres gamelles.

D'après le Programme alimentaire mondial (PAM), 92% de la population de Gaza a atteint des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë voire plus.

L'aide humanitaire arrive au compte-gouttes dans le territoire palestinien, pilonné par l'armée israélienne qui entend «anéantir» le Hamas au pouvoir après l'attaque sanglante de ses commandos sur le sol israélien le 7 octobre.

Cette attaque a fait environ 1.140 morts en Israël, selon un décompte de l'AFP, en se basant sur les informations des autorités locales. L'offensive israélienne de représailles a fait au moins 20.258 morts, d'après le dernier bilan du gouvernement du Hamas.

- «Mon fils pleure» -

Au cours des six prochaines semaines, les habitants sont confrontés à des risques élevés d'insécurité alimentaire, voire de famine, d'après un rapport du système de surveillance de la faim de l'ONU.

A Rafah, on se presse contre une barrière qui sépare la foule de grandes marmites fumantes. Des adultes mais surtout beaucoup d'enfants attendent avec leur écuelle de plastique ou leur petite casserole à la main.

«Les lentilles et le boulghour ont disparu des marchés, comme les pois et les haricots blancs», note Khaled Cheikh al-Eid, responsable du réfectoire, qui accueille environ 10.000 personnes chaque jour.

Son centre vit grâce aux dons et aux bénévoles et doit sans cesse jongler avec les denrées disponibles.

«La boîte de fèves est passé de un (0,25 euros) à six shekels (1,50 euros)», précise Bakr al-Naji.

«Les gens étaient pauvres avant la guerre, même ceux qui travaillaient avaient à peine de quoi nourrir leurs enfants, comment peuvent-ils faire maintenant?», s'interroge-t-il. «J'ai peur que les gens meurent de faim».

Dès le matin, Salam Haidar, 36 ans, fait le pied de grue devant le centre.

«On me dit que c'est trop tôt mais je veux être sure d'avoir quelque chose», dit la mère de trois enfants en bas âge. «Mon fils pleure quand il voit un autre enfant tenir un bout de pain. Il a essayé de piquer des bonbons à un autre enfant, je lui ai dit que c'était très mal».

- «Mourir de faim» -

Nour Barbakh, enceinte de cinq mois, attend elle aussi pendant de longues heures avant l'ouverture du centre de distribution des repas à Rafah.

Patienter debout et dans la foule est un supplice.

«Parfois j'envoie mon fils aîné de 12 ans, mais il se fait brutaliser. Il revient en pleurant, les mains vides», relate Mme Barbakh, originaire de Khan Younès et déplacée avec huit membres de sa famille dans une école de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

«S'il n'y avait pas ce réfectoire, nous n'aurions rien du tout», dit-elle, en tenant trois tomates et deux shekels dans la main. «Je ne trouve pas de pain».

«Mes enfants ont perdu beaucoup de poids, la faim les réveille la nuit. Je pleure quand ils me demandent à manger le soir», ajoute-t-elle, disant réfléchir à l'option de rentrer chez elle à Khan Younès, pourtant au centre de combats entre le Hamas et Israël.

«Mieux vaut mourir chez soi en martyr que de mourir de faim».


Les forces israéliennes tuent 13 personnes lors d'une opération dans le sud de la Syrie

Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
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  • Des troupes israéliennes ont arrêté des membres présumés de ce que l’armée a appelé l’organisation Jemaah islamique lors d’une opération nocturne dans le village syrien de Beit Jinn
  • Au moins 10 personnes auraient été tuées lors du raid, selon la télévision d’État syrienne.

DUBAÏ : Au moins 13 personnes ont été tuées et 24 blessées par les forces israéliennes lors d’un raid nocturne sur le village de Beit Jinn, dans le sud de la Syrie, selon l’agence syrienne SANA.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné l’opération comme un « crime de guerre » et accusé Israël de vouloir « enflammer la région ».

« Nous dormions quand nous avons été réveillés à trois heures du matin par des tirs », a raconté le blessé Iyad Taher à l’AFP depuis l’hôpital Al-Mouwassat à Damas.

« Nous sommes sortis pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’armée israélienne dans le village, des soldats et des chars. Puis ils se sont retirés, l’aviation est arrivée et les obus ont commencé à tomber. J’ai été touché au cou par des éclats. »

Un responsable local a indiqué à l’AFP que les forces israéliennes avaient fait irruption dans le village pour capturer trois hommes, déclenchant des affrontements.

« Après les affrontements, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé la zone à l’artillerie et aux drones », a déclaré le responsable du village, Abdul Rahman Al-Hamrawi.

À l’hôpital, Ahmad Kamal a raconté à l’AFP que lui et d’autres « avaient ouvert le feu sur la patrouille israélienne pour se défendre et les empêcher de nous emmener. Mon frère a été tué et j’ai été blessé. »

Les troupes israéliennes affirment avoir arrêté des membres présumés de la Jamaa Islamiya, groupe basé au Liban et allié au Hamas palestinien, lors de l’opération nocturne.

Selon l’armée israélienne, les soldats ont essuyé des tirs et ont riposté avec un soutien aérien, faisant six blessés dans leurs rangs.

L’armée affirme que toutes les cibles recherchées ont été arrêtées et que plusieurs combattants ont été tués, ajoutant que des troupes restent déployées dans la zone.

Israël a mené de nombreuses frappes en Syrie en 2025, visant des secteurs autour de Damas et dans le sud du pays, affirmant vouloir contrer des menaces et protéger la communauté druze proche de la frontière.

Israël dit agir contre des groupes qu’il considère comme hostiles, tandis que les autorités syriennes affirment que les frappes ont tué des soldats.

Depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad en décembre 2024 et l’arrivée d’un nouveau leadership à Damas, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie.

Israël a également envoyé des troupes dans la zone tampon patrouillée par l’ONU, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau du Golan depuis 1974.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale.

Dans une résolution adoptée le 6 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé son ferme soutien à la « souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale » de la Syrie.

Au cours de l’été, des contacts de haut niveau ont eu lieu entre responsables israéliens et syriens, avec l’aide de Paris et Washington.

L'envoyée spéciale adjointe de l’ONU pour la Syrie, Najat Rochdi, a condamné l’attaque israélienne, la qualifiant de « violation grave et inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.