Une Palestinienne déplacée par la guerre à Gaza accouche de quadruplés

La mère et ses nouveaux nés Yasser, Tia et Lynn habitent dans une salle de classe d'une école à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza (Photo, AFP).
La mère et ses nouveaux nés Yasser, Tia et Lynn habitent dans une salle de classe d'une école à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 28 décembre 2023

Une Palestinienne déplacée par la guerre à Gaza accouche de quadruplés

  • La mère et ses nouveaux nés Yasser, Tia et Lynn habitent dans une salle de classe d'une école à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza
  • Son quatrième enfant, Mohammad est sous surveillance médicale dans un hôpital du camp de Nousseirat, à sept km plus au nord

DEIR AL-BALAH: Iman Al-Masry est épuisée. Près d'elle, sur un matelas en mousse usé, trois de ses quadruplés prématurés dont elle a accouché en pleine guerre après un éprouvant voyage pour rejoindre le sud de la bande de Gaza.

La mère et ses nouveaux nés Yasser, Tia et Lynn habitent dans une salle de classe d'une école à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, entassés avec une cinquantaine de membres de sa famille élargie.

Son quatrième enfant, Mohammad est sous surveillance médicale dans un hôpital du camp de Nousseirat, à sept km plus au nord.

Comme les 1,9 million de déplacés, selon l'ONU, Iman Al-Masry, a dû fuir les combats entre l'armée israélienne et le Hamas. Elle a quitté précipitamment sa maison de Beit Hanoun dans le nord du petit territoire au 5ème jour de la guerre déclenchée le 7 octobre, persuadée de la retrouver rapidement.

"Je n'ai emporté avec moi que quelques vêtements d'été pour mes enfants. Je pensais que la guerre ne durerait pas plus d'une semaine ou deux et que nous rentrions chez nous", confie la femme de 29 ans.

«Etat instable»

Enceinte de six mois, elle a parcouru avec ses trois enfants en bas âge à pied les 5 km qui séparent sa maison du camp de Jabaliya, où elle a trouvé un moyen de transport pour les emmener à Deir el-Balah.

"La distance m'a fatiguée et affectée ma grossesse. Je suis allée chez le médecin qui m'a dit que j'avais des signes d'un accouchement prématuré. Ils m'ont donné des injections pour stabiliser la grossesse", poursuit-elle.

A huit mois de grossesse, les médecins ont finalement décidé de provoquer l'accouchement. Elle donnera naissance par césarienne à des quadruplés le 18 décembre en pleine guerre déclenchée à la suite de l'attaque sanglante que le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza, a lancé sur le sol israélien le 7 octobre, faisant environ 1.140 morts selon les derniers chiffres officiels israéliens.

En représailles, Israël, qui a juré "d'anéantir" le Hamas, mène des bombardements et une offensive terrestre dans le petit territoire où plus de 21.110 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon le dernier bilan du gouvernement du Hamas.

Dans le tumulte de la guerre, Iman Al-Masry n'a même pas le temps de se remettre de son accouchement. Faute de place dans les hôpitaux, elle doit partir laissant dernière elle Mohammad, le nouveau-né nécessitant un suivi médical.

"L'état de santé du quatrième bébé était instable. Il ne pèse qu'un kilo. Il peut ne pas survivre", explique la jeune palestinienne. "Dieu soit loué, les trois autres bébés sont nés en bonne santé".

«rêves de fête brisés»

Elle n'a pas vu Mohammad depuis sa naissance. "Je m'inquiète pour lui, mais la route est dangereuse", pour aller lui rendre visite, raconte Iman Al-Masry. C'est un ami de son mari qui habite au camp de Nousseirat qui le surveille.

Ses "rêves de fête" pour célébrer la naissance de ses bébés se sont brisés avec la guerre. Elle avait imaginé "les arroser avec de l'eau de rose selon nos coutumes". Or depuis 10 jours et leur naissance, "nous ne les avons pas baignés", se désole-t-elle.

Ses carences alimentaires ne lui permettent pas d’allaiter suffisamment. Elle manque aussi de produits d'hygiène pour ses nouveaux nés. "J'utilise les couches avec parcimonie. Normalement, je les change toutes les deux heures, mais la situation est difficile et donc je les change juste matin et soir".

Face au dénuement de sa famille, son mari Ammar Al-Masry avoue ne pas savoir quoi faire. "Je me sens impuissant", confie le père de famille de 33 ans, installé avec ses six enfants dans la salle classe d'où émanent des odeurs nauséabondes.

"J'ai peur pour la vie de mes enfants, je ne sais pas comment les protéger", se désole-t-il.

Sa prématurée, Tia, souffre de jaunisse, ce qui pourrait entraîner des atteintes neurologiques, selon les médecins.

"Elle doit être allaitée pour réduire la maladie et ma femme a besoin de manger des aliments qui contiennent des protéines, mais je ne peux pas lui en fournir. Mes enfants ont besoin de lait et de couches", énumère l'ouvrier gazaoui.

Il passe ses journées dehors pour tenter de trouver "n'importe quoi" pour les nourrir, et surtout éviter de croiser le regard de ses enfants pour ne pas se "sentir coupable".


Gaza: l'armée israélienne annonce la remise de trois dépouilles d'otages à la Croix-Rouge

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui prévoit des échanges de dépouilles.

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne.

 

 


A Gaza, des enfants reprennent les cours après deux ans de guerre

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là. (AFP)
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  • Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive
  • Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles

GAZA: Des élèves de l'école Al Hassaina à Nousseirat,  dans le centre de la bande de Gaza, viennent de reprendre les cours malgré les destructions dans le territoire palestinien, où l'ONU a annoncé rouvrir progressivement des établissements, a constaté samedi l'AFPTV.

Mettant à profit le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé cette semaine cette réouverture progressive, après deux ans de guerre dévastatrice délenchée par l'attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023.

Le patron de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X mardi que plus de 25.000 écoliers avaient déjà rejoint les "espaces d'apprentissage temporaires" de l'agence, tandis qu'environ 300.000 d'entre eux suivraient des cours en ligne.

Dans l'école Al Hassaina, des images de l'AFPTV ont montré dans la matinée des jeunes filles se rassemblant dans la cour en rang pour pratiquer des exercices en clamant "Vive la Palestine!"

Environ 50 filles se sont ensuite entassées dans une salle de classe, assises à terre sans bureaux, ni chaises.

Malgré l'inconfort, elles ont répondu aux questions du professeur et ont copié la leçon du tableau noir dans leurs cahiers, visiblement heureuses d'être là.

Pendant la guerre entre Israël et le Hamas, cette école, comme de nombreuses autres installations de l'UNRWA, s'était transformée en refuge pour des dizaines de familles.

Des déplacés sont toujours hébergées dans le bâtiment, sur la façade duquel des cordes à linge sont visibles.

Une autre salle de classe accueillait un nombre similaire d'adolescentes, presque toutes portant des hijabs et également assises au sol, cahiers posés sur leurs genoux.

Warda Radoune, 11 ans, a déclaré avoir hâte de reprendre sa routine d'apprentissage. "Je suis en sixième maintenant, mais j'ai perdu deux années de scolarité à cause du déplacement et de la guerre", a-t-elle confié à l'AFP.

"Nous reprenons les cours lentement jusqu'à ce que l'école soit à nouveau vidée (des déplacés), et que nous puissions continuer à apprendre comme avant", a-t-elle ajouté.

"Alors que l'UNRWA travaille à ouvrir davantage d'espaces d'apprentissage temporaires dans les abris, certains enfants sont contraints d'apprendre sur des escaliers, sans bureaux ni chaises. Trop d'écoles sont en ruines", a pointé cette semaine l'UNRWA sur X.

Le directeur régional Moyen-Orient d'Unicef, Edouard Beigbeder, avait souligné fin octobre à l'AFP que la communauté humanitaire était engagée dans une "course contre la montre" pour "remettre l'éducation au centre des priorités" à Gaza, au risque sinon d'y laisser une "génération perdue".


Israël menace d'intensifier les attaques contre le Hezbollah dans le sud du Liban

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.  L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé. L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah
  • A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer"

JERUSALEM: Israël a menacé dimanche d'intensifier ses attaques au Liban contre le Hezbollah, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé de tenter de se "réarmer", exhortant Beyrouth à tenir ses engagements de le désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le mouvement pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions libanais du Hezbollah et d'occuper cinq positions frontalières dans le sud du Liban.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes qu'elle a présentées comme des membres d'une force d'élite du Hezbollah.

"L'engagement du gouvernement libanais à désarmer le Hezbollah et le chasser du sud du Liban doit être pleinement tenu", a d'abord déclaré dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, affirmant que le groupe "joue avec le feu" et que "le président libanais traîne des pieds".

"Nous ne tolèrerons aucune menace contre les habitants du nord" d'Israël, a-t-il ajouté.

A l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire dimanche, M. Netanyahu a ensuite affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer".

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti.

"Nous ne permettrons pas au Liban de redevenir un nouveau front contre nous et nous agirons comme il faudra".

Des milliers d'Israéliens vivant près de la frontière nord avaient dû évacuer leurs domiciles pendant des mois, après l'ouverture par le Hezbollah d'un front contre Israël à la suite de la guerre déclenchée à Gaza en octobre 2023.

Les tirs de roquette du mouvement chiite avaient provoqué un conflit de plus d'un an, culminant par deux mois de guerre ouverte avant la conclusion d'un cessez-le-feu fin 2024.

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent, invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.

Raid meurtrier et nouvelle frappe 

L'armée israélienne a intensifié ses attaques contre des cibles du Hezbollah ces derniers jours.

Jeudi, elle a mené un raid meurtrier dans le sud du Liban, poussant le président libanais, Joseph Aoun, à ordonner à l'armée de faire face à de telles incursions.

M. Aoun avait appelé à des négociations avec Israël à la mi-octobre, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu à Gaza, parrainé par le président américain Donald Trump.

Il a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de dialogue en intensifiant ses attaques, avant qu'une nouvelle frappe israélienne ne tue quatre personnes samedi dans le sud du pays, dans le district de Nabatiyeh.

L'Agence nationale libanaise de presse a rapporté que l'armée israélienne avait touché une voiture avec un missile guidé.

L'armée a confirmé la frappe, affirmant avoir visé un membre de la Force Radwan, unité d'élite du Hezbollah.

"Le terroriste était impliqué dans le transfert d'armes et dans les tentatives de reconstitution des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle indiqué, précisant que trois autres membres du groupe avaient été tués.

"Les activités de ces terroristes constituaient une menace pour l'Etat d'Israël et ses civils, ainsi qu'une violation des accords entre Israël et le Liban", a ajouté l'armée.

La veille, elle avait annoncé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement.

A Nabatiyeh, des centaines de personnes se sont rassemblées dimanche pour rendre hommage aux cinq membres du Hezbollah tués, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les participants lançaient des pétales de fleurs sur les cercueils, recouverts du drapeau du Hezbollah, en scandant: "Mort à Israël, mort à l'Amérique".

"Voici le prix que le Sud (du Liban) paie chaque jour", a déclaré à l'AFP Rana Hamed, la mère de l'un des cinq hommes tués. "Nous savons qu'Israël est notre ennemi depuis des décennies."

L'émissaire américain, Tom Barrack, a exhorté samedi le Liban à engager des pourparlers directs avec Israël, affirmant que si Beyrouth franchissait le pas, les Etats-Unis pourraient faire "pression sur Israël pour qu'il se montre raisonnable".