Les appels à armer les civils se multiplient au Soudan en guerre

Des enfants déplacés de l'État soudanais de Jazira transportent de l'eau sur une charrette tirée par un âne dans un abri temporaire à Gedaref, dans l'est du pays, le 28 décembre 2023 (Photo par AFP).
Des enfants déplacés de l'État soudanais de Jazira transportent de l'eau sur une charrette tirée par un âne dans un abri temporaire à Gedaref, dans l'est du pays, le 28 décembre 2023 (Photo par AFP).
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Publié le Jeudi 28 décembre 2023

Les appels à armer les civils se multiplient au Soudan en guerre

  • Plus de 12 000 personnes ont déjà été tuées depuis que le conflit a éclaté mi-avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Daglo
  • Le chiffre des déplacés est également très élevé -il concerne 7,1 millions des quelque 48 millions de Soudanais

ETAT D'AL-JAZIRA:  Les appels à armer la population se multiplient au Soudan avec l'avancée des paramilitaires vers le sud, faisant planer le spectre d'une guerre civile totale dans un pays déjà ravagé par huit mois de conflit entre les généraux rivaux.

Après s'être emparés de la majeure partie de l'Etat d'al-Jazira et de sa capitale Wad Madani, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo ont continué leur percée vers le sud et se sont emparés de territoires dans l'Etat voisin de Sennar.

Effrayés par les violences contre les civils dont sont accusées les FSR, des citoyens ont lancé une campagne "de résistance populaire armée" dans d'autres Etats, ceux du Nil Blanc, du Nil, de Gedaref, du Nord, de Kassala et de la mer Rouge.

Dans les zones qu'elles ont conquises, les FSR ont de leur côté exigé des habitants qu'ils fournissent des volontaires, afin de les armer pour "protéger leur territoire".

Cette course à l'armement auprès des populations fait craindre une militarisation à grande échelle.

Plus de 12 000 personnes ont déjà été tuées depuis que le conflit a éclaté mi-avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Daglo.

Et ce chiffre est, selon toute vraisemblance, largement sous-estimé tant des pans entiers du pays sont coupés du monde.

Le chiffre des déplacés est également très élevé -il concerne 7,1 millions des quelque 48 millions de Soudanais, dont 1,5 million dans les pays voisins, d'après l'ONU.

«Former les jeunes au port d'armes»

Dans la ville de Chendi (Etat du Nil), dans le Nord jusqu'ici épargné par les combats, le gouverneur Mohammed Badaoui s'est exprimé la semaine dernière devant des milliers de personnes: "nous allons former les jeunes au port d'armes pour qu'ils puissent défendre leurs terres, leur honneur et protéger leurs familles de la rébellion", a-t-il dit, en référence aux FSR.

Lundi, dans le port soudanais de Suakin (Etat de la mer Rouge), situé à près de 800 km au nord-est de Khartoum, un chef tribal Beja, Mohammed el-Amine Turk, a lui menacé: "nous sommes prêts à prendre les armes pour vaincre" les paramilitaires.

Dans un village situé dans la partie orientale d'al-Jazira, un habitant qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité a affirmé à l'AFP: "les FSR arment un certain nombre de jeunes hommes de chaque village, ils leurs remettent des Kalachnikovs et un ou plusieurs véhicules, selon la taille du village".

A ce jour, selon le projet de recherche Small Arms Survey (SAS), 6,6% des 48 millions de Soudanais possèdent une arme à feu.

La situation est particulièrement critique au Darfour (ouest). Cette région, la plus touchée par les combats avec la capitale Khartoum et le Kordofan (sud), a connu un conflit sanglant dans les années 2000 ayant fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU.

Dans cette vaste région, affirmait déjà l'ONU en mai, des civils armés et des combattants tribaux ou rebelles ont rejoint les affrontements entre camps rivaux.

«Désastreux»

Dans ce contexte, analyse un responsable soudanais de la sécurité qui a requis l'anonymat auprès de l'AFP, les appels à armer les civils "sont désastreux (...), dans un pays qui souffre déjà de la prolifération des armes".

"Il faut appeler les deux camps à mettre fin au conflit au lieu d'encourager les citoyens à rejoindre la résistance populaire ou à rejoindre les rangs de l'armée", estime aussi Sherif Mohammed Othman, un dirigeant des Forces pour la liberté et le changement (FLC), le principal bloc civil au Soudan. Car, dit-il, "cela aura pour seul effet de prolonger la guerre".

Fin 2022, la Commission gouvernementale en charge de la collecte des armes estimait que "cinq millions d’armes étaient aux mains de citoyens, sans compter celles des groupes rebelles du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil Bleu".

Un chiffre là encore largement sous-estimé, selon le responsable de la sécurité. "Même avant la guerre, les autorisations de port d'armes étaient devenues faciles à obtenir", dit-il, sans compter le fait que la contrebande d'armes en provenance des pays voisins a aussi prospéré.

Youssef Ali, un habitant d'al-Jazira ne s'embarrassera pas de cette autorisation: "si aucun camp ne me donne une arme, j'en achèterai une moi-même", prévient-il.

Car, dit-il, "c'est même plus facile que de trouver de la nourriture".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.