Le ministre turc des Affaires étrangères dénonce les sanctions américaines et occidentales relatives aux liens militaires avec la Russie

Mevlut Cavusoglu a été rejoint par son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour s’engager à poursuivre le renforcement des liens entre leurs deux pays (Photo, AFP/Ministère russe des Affaires étrangères).
Mevlut Cavusoglu a été rejoint par son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour s’engager à poursuivre le renforcement des liens entre leurs deux pays (Photo, AFP/Ministère russe des Affaires étrangères).
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Publié le Mercredi 30 décembre 2020

Le ministre turc des Affaires étrangères dénonce les sanctions américaines et occidentales relatives aux liens militaires avec la Russie

  • «La politique étrangère affirmée et indépendante naissante d’Ankara a certainement attiré l’attention de la communauté transatlantique»
  • Les voies de coopération récentes entre la Russie et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes pourraient provoquer la colère d’Ankara

ANKARA: Mardi, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a durement critiqué la menace de nouvelles sanctions américaines et occidentales contre Ankara pour sa coopération militaire avec la Russie. Ces sanctions vont «à l’encontre de nos droits souverains».

Il a été rejoint par son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour mettre en évidence leur engagement à poursuivre le renforcement des liens entre les deux pays.

Les commentaires interviennent alors que les deux ministres se réunissent dans la ville balnéaire russe de Sotchi afin de discuter des questions régionales et internationales avant une réunion prévue des présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan dans le cadre du Conseil de coopération russo-turc de haut niveau.

Parmi les questions bilatérales figurent la construction d’une centrale nucléaire et la poursuite du développement du gazoduc TurkStream. La coopération militaire avec Ankara a été saluée par Moscou – malgré les sanctions américaines en vertu de la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (Caatsa), une loi de 2017 qui cible les exportations de l’industrie de défense russe.

Pour Sergueï Lavrov, les sanctions américaines pour l’achat et l’activation par la Turquie du système de défense aérienne russe S-400 sont une «tentative de promouvoir les intérêts de l’industrie américaine à l’aide de méthodes injustes». Il affirme que la Turquie et la Russie font face à des sanctions occidentales pour avoir simplement continué leurs politiques indépendantes.

«Ces sanctions contre les industries de défense turques vont à l’encontre de nos droits souverains. Nous n’abandonnerons jamais nos objectifs», souligne Mevlut Cavusoglu.

Le renforcement des relations militaires entre la Turquie et la Russie, au mépris des appels de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), risque de provoquer une rupture sans précédent avec l’Alliance. Néanmoins, pour le ministre turc, le partenariat entre la Turquie et la Russie ne s’ingère en aucun cas dans l’alliance de l’Otan.

Washington et l’Otan craignent que l’activation par la Turquie du système de défense russe ne donne au Kremlin un aperçu des capacités de défense de l’Alliance dans la région.

Au cours de l’année passée, Erdogan et Poutine se sont entretenus quinze fois. Selon Samuel Ramani, analyste du Moyen-Orient de l’université d’Oxford, l’Otan sera certainement mécontente de la réunion Russie-Turquie, d’autant plus que les deux pays se sont engagés à accroître leur coopération militaire.

«Il est impossible de connaître la teneur des échanges au sujet de la Syrie et de la Libye, mais rien ne permet de penser que la Russie donnera son feu vert à une expansion turque dans l’un ou l’autre pays», explique-t-il à Arab News.

Mercredi, M. Lavrov devait rencontrer Mohammed Syala, ministre libyen des Affaires étrangères du gouvernement d’union nationale (GUN) installé à Tripoli, afin d’aborder les questions régionales ainsi que les problèmes purement libyens.

Au sujet du conflit libyen, le ministre russe indique que les deux parties «continueront leurs efforts de manière à rendre la situation en Libye la plus normale possible par le biais d’un dialogue intralibyen global.

Selon Samuel Ramani, le défi des sanctions occidentales était un principe fondamental de la politique étrangère russe. Moscou considère que c’est un moyen de renverser la politique étrangère indépendante des États opposés aux intérêts américains.

«La Russie et la Turquie partagent généralement cette vision de la politique de sanctions des États-Unis. Pour eux, c’est la même logique contre l’Iran et contre le Venezuela. La Russie et la Turquie considèrent les sanctions comme des punitions pour les actions antiaméricaines de Téhéran et de Caracas», précise-t-il.

Toutefois, les voies de coopération récentes entre la Russie et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes pourraient provoquer la colère d’Ankara.

Le jour de la rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères, un responsable des FDS a confirmé que davantage de points d’observation seraient installés autour de la ville syrienne d’Ain al-Issa par l’armée russe.

Néanmoins, pour la Turquie, les unités de protection du peuple kurde syrien (YPG) vont se retirer complètement de la ville. La Turquie bloque également les efforts du régime syrien pour reprendre le bastion rebelle d’Idlib malgré le soutien de la Russie aux forces du président Bachar al-Assad.

«L’Otan continuera très probablement à surveiller le réseau complexe des relations entre Moscou et Ankara, qui couvre une zone géographique qui s’étend désormais de la Libye au Caucase du Sud», explique à Arab News Rauf Mammadov, chercheur à l’Institut du Moyen-Orient.

«La politique étrangère affirmée et indépendante naissante d’Ankara a certainement attiré l’attention de la communauté transatlantique, mais elle n’a débouché sur aucune action concrète, principalement en raison de la désunion entre les membres de l’Alliance.»

«Cette situation découle des intérêts contradictoires de certains membres de l’Otan concernant les actions de la Turquie en Libye et ailleurs», dévoile M. Mammadov.

Contrairement à la Syrie, où la Russie a soutenu sans équivoque le régime d’Assad, Mammadov explique que Moscou, alternant entre Tobrouk et Tripoli, a montré un soutien latent à l’homme fort libyen Khalifa Haftar, commandant de l’armée nationale libyenne basée à Tobrouk.

«C’est l’engagement actif d’Ankara en Libye qui a conduit à l’opposition du Kremlin au GUN. Moscou devrait continuer à contrecarrer l’expansion de la Turquie en Libye, compte tenu surtout de l’importance des régions du sud, riches en pétrole et en gaz», poursuit le chercheur.

Certains experts soulignent tout de même que les récentes sanctions américaines approuvées par l’administration du président sortant, Donald Trump, poussent Erdogan à identifier ses alliés et à définir sa stratégie pour 2021.

Pour Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d’Ankara du Fonds Marshall allemand, il n’est pas surprenant que la Russie souhaite utiliser les sanctions américaines contre la Turquie comme une occasion de creuser de plus en plus le fossé entre Ankara et l’Otan.

«À ce stade, la Turquie devra décider s’il faut aggraver la tension avec les États-Unis en réaction des récentes sanctions de la Caatsa ou l’apaiser dans le but de trouver une solution équilibrée», ajoute-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.