Le hackeur français Sébastien Raoult condamné à trois ans de prison par la justice américaine

Le parquet, qui dénonce dans son communiqué un jeune homme «dont le mobile était la pure cupidité», réclamait six ans d'emprisonnement (Photo, AFP).
Le parquet, qui dénonce dans son communiqué un jeune homme «dont le mobile était la pure cupidité», réclamait six ans d'emprisonnement (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

Le hackeur français Sébastien Raoult condamné à trois ans de prison par la justice américaine

  • Le magistrat l'a également condamné à rembourser cinq millions de dollars pour les pertes causées aux firmes victimes, selon un communiqué du parquet
  • «Je comprends mes erreurs et je veux mettre cette histoire derrière moi», a déclaré le jeune Français de 22 ans lors du prononcé de sa peine

LOS ANGELES: Le hackeur français Sébastien Raoult, accusé par la justice américaine d'avoir fait partie d'un groupe de pirates informatiques qui a siphonné les données d'une soixantaine d'entreprises, a été condamné mardi à trois ans de prison par un juge de Seattle.

Le magistrat l'a également condamné à rembourser cinq millions de dollars pour les pertes causées aux firmes victimes, selon un communiqué du parquet.

"Je comprends mes erreurs et je veux mettre cette histoire derrière moi", a déclaré le jeune Français de 22 ans lors du prononcé de sa peine, d'après le communiqué. "Plus de piratage. Je ne veux pas décevoir à nouveau ma famille".

Arrêté au Maroc en mai 2022, puis extradé huit mois plus tard aux Etats-Unis, cet ancien étudiant en informatique avait d'abord plaidé non coupable. Mais, en novembre, il a finalement fait volte-face en nouant un accord avec l'accusation.

Sébastien Raoult a reconnu être coupable d'association de malfaiteurs pour commettre une escroquerie informatique et d'usurpation d'identité aggravée. En échange, les procureurs ont abandonné sept autres chefs d'accusation à son encontre.

Le parquet, qui dénonce dans son communiqué un jeune homme "dont le mobile était la pure cupidité", réclamait six ans d'emprisonnement.

Affaire diplomatique

Originaire d'Epinal, dans l'est de la France, Sébastien Raoult a admis avoir fait partie des "ShinyHunters", un groupe de pirates informatiques au sein duquel il se cachait derrière le pseudonyme "Sezyo Kaizen".

A partir de 2020, ces hackeurs ont dérobé les données confidentielles d'une soixantaine d'entreprises afin de les revendre sur le "dark web" (la zone clandestine d'internet), causant des pertes estimées à plus de six millions de dollars par la justice américaine.

Le groupe comptait également deux autres jeunes français dans ses rangs: Abdel-Hakim El-Ahmadi et Gabriel Bildstein, un hackeur bien connu de la justice française.

Mais la France n'extrade pas ses ressortissants et ils sont restés dans l'Hexagone. Sébastien Raoult était donc poursuivi seul dans cette affaire.

Son extradition par le Maroc, où il a passé des mois en prison dans des conditions déplorables après son arrestation à l'aéroport de Rabat, avait fait de son cas une affaire diplomatique.

Sa famille et sa défense française ont tenté en vain de le faire extrader vers la France pour qu'il y soit jugé, allant jusqu'à saisir le Comité des droits de l'homme de l'ONU pour s'opposer à sa remise aux Etats-Unis.

Après cette condamnation, "on est quand même assez soulagé parce qu'on va pouvoir enfin passer à autre chose", a réagi son père, Paul Raoult, auprès de l'AFP. Il a toutefois souligné son "amertume vis-à-vis du gouvernement français qui a laissé tomber un de ses ressortissants en difficulté à l'étranger".

Entre ses mois de détention déjà effectués au Maroc et aux Etats-Unis, et une possible remise de peine, Sébastien Raoult pourrait être libéré et de retour en France "pour les fêtes de fin d'année 2024", a-t-il calculé.

Hameçonnage par e-mails

Sur le fond de l'affaire, "on n'aura jamais le fin mot car il n'y a pas eu de confrontation" avec les autres pirates informatiques, a-t-il estimé.

Selon la justice américaine, les "ShinyHunters" utilisaient un mode opératoire bien connu des hackeurs.

Ils avaient créé des sites internet ressemblant aux pages d'authentification d'entreprises réelles. Avec des e-mails de hameçonnage imitant ceux de l'employeur, ils attiraient les salariés de ces organisations vers ces pages et récupéraient leurs identifiants.

Cela leur permettait de pénétrer dans les systèmes informatiques de ces firmes, afin de copier leurs fichiers clients et leurs informations financières. Des données qu'ils mettaient ensuite en vente sur des forums cybercriminels, cachés sur le "dark web".

Selon l'accusation, Sébastien Raoult a "développé une partie substantielle du code et des sites web d'hameçonnage que lui et ses co-conspirateurs ont utilisés" pour leurs escroqueries.

Les "ShinyHunters" ont aussi fait chanter une vingtaine de victimes, en exigeant une rançon en cryptomonnaies pour ne pas mettre en vente les données dérobées. L'une d'elles a atteint 425.000 dollars, selon des documents judiciaires.

D'après différents experts, ils ont pris pour cible le compte de Microsoft sur la plateforme de partage de code informatique Github, le site d'e-commerce indonésien Tokopedia, la marque de vêtement américaine Bonobos ou encore l'opérateur téléphonique américain AT&T.


Le Soudan du Sud annonce un accord avec les belligérants soudanais sur un champ pétrolier frontalier

Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi. (AFP)
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  • Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises
  • "Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes"

JUBA: Les autorités du Soudan du Sud ont annoncé mercredi avoir conclu un accord avec les belligérants du conflit au Soudan voisin, chargeant l'armée sud-soudanaise de sécuriser un champ pétrolier-clé situé sur une zone frontalière, dont les paramilitaires soudanais se sont emparés lundi.

Le site de Heglig, qui abrite la principale installation de traitement du pétrole sud-soudanais destiné à l'exportation via Port-Soudan, est situé à l'extrême sud de la région soudanaise méridionale du Kordofan, frontalière du Soudan du Sud.

Le Kordofan est devenue l'épicentre actuel des combats, après la prise de contrôle en octobre de la totalité de celle du Darfour, dans l'ouest du pays, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent les Forces armées soudanaises (SAF) depuis 2023.

"Un accord tripartite a été conclu entre les SSPDF (Forces armées sud-soudanaises), les SAF et les FSR, accordant aux SSPDF la responsabilité principale de la sécurité du champ pétrolier de Heglig (...) dans un contexte de tensions croissantes", a déclaré le porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud, Ateny Wek Ateny.

Le Soudan du Sud, préoccupé par l'insécurité croissante le long du champ pétrolier, a "toujours plaidé en faveur d'une solution pacifique et diplomatique", a souligné M. Ateny lors d'une conférence de presse, sans donner de détails supplémentaires sur le contenu de l'accord.

Importantes réserves pétrolières 

"La production pétrolière se poursuit", a assuré le porte-parole, assurant ne pas avoir d'informations sur des "dégâts importants ayant pu faire cesser la production".

L'AFP n'a pas pu vérifier ces informations.

Contactés par l'AFP, le RSF et l'armée soudanaise n'ont pas réagi dans l'immédiat sur l'accord.

Les FSR ont annoncé en début de semaine avoir pris le contrôle de Heglig "après la fuite de l'armée" soudanaise.

Selon Juba, quelque 1.650 sous-officiers et 60 officiers ayant abandonné leurs positions sur le site pétrolier et déposé leurs armes au Soudan du Sud devraient être rapatriés vers le Soudan.

Les FSR ont cette semaine accusé l'armée soudanaise d'avoir mené une attaque de drone contre le champ pétrolier, qui aurait tué "des dizaines" de personnes, dont des ouvriers et des ingénieurs.

Lors de son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves pétrolières du Soudan pré-sécession, mais, enclavé, continue de dépendre des infrastructures soudanaises pour l'exporter.

Malgré l'exploitation de ce pétrole, le plus jeune pays du monde connaît depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté.

Au Soudan, la guerre entre l'armée et les paramilitaires a tué depuis deux ans et demi des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de douze millions d'habitants, mais aussi dévasté les infrastructures du pays.


Le Premier ministre espagnol appelle à «élever la voix» pour ne pas «oublier» les Palestiniens

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. (AFP)
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  • Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien"
  • "Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a appelé mercredi à "élever la voix" pour que "la situation dramatique" des Palestiniens ne soit pas oubliée, au cours d'une rencontre à Madrid avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Se prononçant une nouvelle fois à la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats, "la seule solution possible" pour mettre fin au conflit opposant Israéliens et Palestiniens, le chef du gouvernement espagnol s'est engagé à la promouvoir en "élevant la voix pour que la situation dramatique dans laquelle se trouve le peuple palestinien ne tombe pas dans l'oubli".

"Oui, il y a eu un accord de cessez-le-feu mais cet accord doit être réel ; il ne peut pas être factice. C’est pourquoi nous ne nous reposerons pas tant que les attaques contre la population n'auront pas cessé et qu'il n'y aura, par conséquent, plus aucune victime", a-t-il poursuivi,

Pedro Sánchez a également assuré de son "soutien" l'Autorité palestinienne, celle-ci devant "jouer un rôle central et fondamental dans la conception des mécanismes de gouvernance qui définiront l’avenir du peuple palestinien".

"Cette année 2025, qui touche à sa fin, a été terrible pour le peuple palestinien", a-t-il encore déclaré.

"Pour reconstruire l'espoir, nous avons besoin d'une véritable paix et cette véritable paix doit reposer sur la justice. C’est pourquoi je veux être très clair : (...) les responsables de ce génocide devront rendre des comptes, tôt ou tard, afin que les victimes obtiennent justice, réparation et un certain apaisement", a-t-il ajouté.

A ses côtés, Mahmoud Abbas a quant à lui notamment remercié l'Espagne, qui avait reconnu l'Etat de Palestine en mai 2024, "pour son rôle moteur dans la création d’une coalition internationale visant à obtenir une reconnaissance plus large de notre pays", appelant également à "mettre fin à la violence sous toutes ses formes", dans la bande de Gaza mais aussi en Cisjordanie.

L'Espagne, où la cause palestinienne est très populaire, est en Europe l'un des critiques les plus véhéments de l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza déclenchée après les attaques du 7 octobre 2023 commises par le Hamas.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.