Requête pour «génocide» contre Israël: l'Afrique du Sud monte au front

La fumée s'élève à la suite d'un bombardement israélien dans la bande de Gaza, le 16 décembre 2023. (AP)
La fumée s'élève à la suite d'un bombardement israélien dans la bande de Gaza, le 16 décembre 2023. (AP)
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

Requête pour «génocide» contre Israël: l'Afrique du Sud monte au front

  • La requête de Pretoria est motivée par des raisons historiques et politiques, selon les observateurs
  • L'Afrique du Sud exhorte les juges à ordonner d'urgence à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza

JOHANNESBURG: En affrontant Israël, qu'elle accuse d'"actes génocidaires" à Gaza, devant la plus haute juridiction de l'ONU jeudi, le pouvoir sud-africain espère sortir grandi sur la scène internationale et gagner en popularité chez lui avant des élections à risque pour son parti.

Dans une requête de 84 pages adressée à la Cour internationale de Justice (CIJ) qui siège à La Haye, l'Afrique du Sud exhorte les juges à ordonner d'urgence à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza.

Pretoria estime qu'Israël "s'est livré, se livre et risque de continuer à se livrer à des actes de génocide contre le peuple palestinien à Gaza". Des propos qu'Israël a qualifié de "diffamation sanglante absurde".

Pour défendre cette première affaire portée par le pays devant la CIJ, Pretoria envoie "une équipe d'élite" d'avocats, a souligné Cathleen Powell, professeur de droit international à l'université du Cap.

Parmi eux, John Dugard, associé au cabinet d'avocats international Doughty Street Chambers, auquel appartient notamment Amal Clooney. Me Dugard a été rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens.

Y figure aussi Tembeka Ngcukaitobi, qui a notamment travaillé sur l'affaire qui a conduit l'ancien président Jacob Zuma en prison.

Une délégation menée par le ministre de la Justice, Ronald Lamola, se rend aussi à La Haye pour soutenir l'initiative.

«Question de principe»

La requête de Pretoria est motivée par des raisons historiques et politiques, selon les observateurs.

Le parti au pouvoir (ANC, Congrès national africain), soutient depuis longtemps la cause palestinienne, qu'il a associée à la lutte contre l'apartheid. Nelson Mandela avait ainsi affirmé que la liberté de l'Afrique du Sud serait "incomplète sans la liberté des Palestiniens".

Le président Cyril Ramaphosa a déclaré cette semaine que Mandela avait inspiré l'action devant la justice internationale, et évoqué une "question de principe": "Le peuple palestinien est bombardé, tué (...) Nous avions le devoir de nous lever et soutenir les Palestiniens".

Les motivations de Pretoria sont aussi domestiques, selon les analystes. Pour la première fois de son histoire, l'ANC risque de perdre sa majorité parlementaire lors des prochaines élections prévues entre mai et août, dans un contexte socio-économique morose.

L'ANC voit dans ce recours "une base pour retrouver une primauté perdue ces 30 dernières années avec une gouvernance abandonnant peu à peu ses principes", explique Sara Gon, du groupe de réflexion Institute of Race Relations.

L'Afrique du Sud accueille la plus grande communauté juive d'Afrique subsaharienne. Mais le pays compte une population musulmane largement plus importante, dont une partie pourrait voir le recours contre Israël d'un bon œil.

Contrepoids

L'Afrique du Sud pourrait aussi gagner du terrain sur la scène internationale avec sa démarche, estime Mme Gon.

Membre des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), Pretoria considère ce groupe comme un contrepoids à l'ordre mondial dominé par les Etats-Unis et l'Europe. 

Israël a juré de "détruire" le Hamas après son attaque d'une ampleur sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre qui a fait environ 1 140 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Depuis, les bombardements israéliens ont réduit de grandes parties de la bande de Gaza à l'état de ruines, et ont fait plus de 23 000 morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les quelque 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, dont environ 1,9 million ont dû fuir leur foyer selon l'ONU, continuent d'être confrontés à une situation humanitaire désastreuse.

Les décision de la CIJ sont sans appel et juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun pouvoir pour les faire appliquer.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.