Nouvelle politique américaine au Moyen-Orient: Iran, normalisation et perspectives

Tout au long de son mandat, Trump, avec l’aide de Kushner a placé le Moyen-Orient comme priorité sur son agenda diplomatique. Après avoir satisfait Israël avec son projet dénommé «deal du siècle» il pressait le pas pour engranger un succès diplomatique juste à la veille de la présidentielle (Photo, AFP).
Tout au long de son mandat, Trump, avec l’aide de Kushner a placé le Moyen-Orient comme priorité sur son agenda diplomatique. Après avoir satisfait Israël avec son projet dénommé «deal du siècle» il pressait le pas pour engranger un succès diplomatique juste à la veille de la présidentielle (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

Nouvelle politique américaine au Moyen-Orient: Iran, normalisation et perspectives

  • Sous Donald Trump, le dossier iranien fut l’un des axes forts de la politique extérieure américaine
  • Même si, en matière de politique étrangère et de sécurité nationale, l’équipe constituée par Joe Biden est dans la continuité de celle de Barack Obama, il est normal qu’elle prenne en compte les nouveaux faits

PARIS: La victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle américaine entraînera sans doute des ajustements à la politique étrangère de Washington, mais non une rupture en profondeur. Globalement, il n'y aura pas de différence fondamentale entre «l'Amérique d'abord», le slogan de Trump, et «l'Amérique, la puissance exceptionnelle et indispensable» des démocrates. Cela s’applique au Moyen-Orient et aux deux conflits qui le tiraillent depuis longtemps: le conflit israélo-arabe, l’un des conflits régionaux les plus anciens; et la crise provoquée par l’expansionnisme iranien dont le dossier nucléaire ne représente qu’une des facettes.

Sous Donald Trump, le dossier iranien fut l’un des axes forts de la politique extérieure américaine. Cette politique s’est traduite par le retrait unilatéral, en mai 2018, de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) signé le 14 juillet 2015 par les cinq membres permanents de l’Organisation des Nations unies, l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran. Elle s’est également exprimée dans une stratégie maximale de pressions qui ont pris la forme de sanctions et d’opérations de pointe menées directement par Washington dont l’élimination du général Qassem Soleimani, ou, indirectement, le récent attentat qui a coûté la vie à Mohsen Fakhrizadeh, le père des deux programmes nucléaire et balistique.

L’action de Trump a bien affaibli l’Iran, mais la République islamique, qui s’appuie sur un soutien et des facilités de la part de la Russie et de la Chine ainsi que sur une compréhension politique de la troïka européenne (Allemagne, Grande-Bretagne et France), a refusé de céder à l’administration Trump en pariant comme les Européens sur l'arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche.

Même si, en matière de politique étrangère et de sécurité nationale, l’équipe constituée par Joe Biden est dans la continuité de celle de Barack Obama, il est normal qu’elle prenne en compte les nouveaux faits. En effet, l’Iran et le monde ont changé entre 2008, 2015 et 2020, et les données et les circonstances se sont modifiées au point que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’a pas hésité à avertir l’administration qui va s’installer le 20 janvier prochain, de faire attention aux développements de facto créés par l’Iran dans son programme nucléaire.

Tout cela va compliquer la tâche de l’équipe Biden pour effectuer un retour en bonne et due forme à l’accord de 2015. Plusieurs obstacles se dressent devant elle:

-       La revendication iranienne de l’abrogation de toutes les sanctions imposées par Trump, sachant que cette démarche nécessite un long processus institutionnel à Washington;

-       La durée de l’accord qui expire en 2025;

-       Le refus iranien de tout dialogue ou accord concernant le programme de missiles balistiques, sachant que l'assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, a mis en évidence l'existence d'un «programme nucléaire militaire parallèle qui a été tenu secret même aux yeux des responsables officiels du gouvernement du pays».

Selon une source européenne en charge du suivi des activités iraniennes, un certain nombre d'indications permettent de penser que l'Iran cherche, depuis le milieu des années 1990, à établir un programme parallèle qui ne vise pas nécessairement à fabriquer en secret une bombe nucléaire, mais plutôt à assurer l'atteinte du «seuil nucléaire» (selon l'exemple japonais). Ce seuil indique la maîtrise du cycle du combustible nucléaire nécessaire pour composer une bombe nucléaire sans la fabriquer. De surcroît, la menace augmente si l’effort secret iranien se concentre sur le développement d’un missile balistique capable de porter une ogive nucléaire.

Selon des sources concordantes : «Les explosions et les incendies mystérieux» qui se sont produits l'été dernier ont bien visé l’installation de missiles de Parchin et le complexe de Natanz, où un groupe de centrifugeuses avancées a été détruit. Après l'assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, un nouveau bâtiment près de Natanz a été découvert, et, bien sûr, il est souterrain. Tout cela signifie que les frappes depuis 2010 ont retardé et épuisé le programme nucléaire, mais ne l'ont pas remis en cause, d'autant que l'échéance de l'accord de 2015 expire en 2025 et rend la situation ouverte à toutes les possibilités.

Il est remarquable que les pays européens qui ont signé l'accord aient adopté une position ferme, selon le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas (dont le pays occupe la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'à la fin de cette année). Il faut aboutir à un nouvel accord nucléaire qui assure le contrôle des deux programmes nucléaire et balistique, et qui prévoit un rôle régional iranien positif et non agressif.

Sans aucun doute, cette position constituera une base de travail pour se coordonner avec l’administration démocratique américaine élue et faire des pays européens des partenaires à part entière dans les négociations. Cette position met également la pression sur l'Iran et représente un succès moral pour l'administration du président américain Donald Trump, qui a tracé une ligne que l'administration Biden ou tout autre négociateur ne peut franchir.

D'après tous ces faits, la reprise des négociations entre Washington et Téhéran sur le dossier nucléaire iranien sera plus difficile et pourrait attendre l’élection présidentielle iranienne en juin prochain.

Toutefois, l'harmonie européenne avec l'administration Biden représentera une pression supplémentaire sur Téhéran et aura donc un impact sur les positions russe et chinoise, qui ne donnent pas nécessairement leur accord à toute tentative iranienne de franchir les lignes rouges dans les programmes nucléaire et balistique. Et, étant donné l'annonce de Washington d'impliquer l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans toutes les négociations futures et l'influence israélienne dans ce dossier, Téhéran sera dans une position de négociation plus embarrassante qu'elle ne l'était avec l'administration Obama.

Sans aucun doute, la tourmente interne en Iran – la bataille pour l’élection présidentielle et le dossier de la succession du guide – jettera une ombre sur le cercle décisionnel à Téhéran pour soit aller vers une aventure imprévisible soit arrondir les angles pour assurer la survie du régime.

La normalisation arabo-israélienne de Trump à Biden

Tout au long de son mandat, Donald Trump, avec l’aide de Jared Kushner, son dévoué gendre et conseiller, a placé le Moyen-Orient comme priorité sur son agenda diplomatique. Après avoir satisfait Israël avec son ambitieux projet dénommé «deal du siècle» (à travers la reconnaissance de Jérusalem comme capitale unifiée et unique de l’État hébreu et la validation de l’annexion du Golan et d’autres territoires de la Cisjordanie), il pressait le pas ces derniers mois pour engranger un succès diplomatique juste à la veille de la présidentielle. Mais la poursuite de l’effort jusqu’au bout du mandat, comme l’indique le dernier accord Maroc-Israël, prouve que Trump insiste pour redessiner le paysage géopolitique au Moyen-Orient avant son départ.

En août dernier, il se présentait comme artisan de la paix et déclarait: «Même les plus grands guerriers finissent par être fatigués de se battre, et ils sont fatigués.» Il marquait à sa manière la signature de l’accord entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël. Ce qui est encore plus significatif, c’est le degré d’implication américaine dans les accords avec le Soudan et le Maroc où les contreparties sont offertes par Washington et non par Netanyahou (la désinscription du Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme et la reconnaissance de la marocanité du Sahara).

Trump a permis à son ami Netanyahou de remporter une victoire idéologique incontestable. Cet opposant historique aux accords d’Oslo a sans cesse plaidé pour un rapprochement direct avec le monde arabe sans régler la question domestique palestinienne.

Au cours des dernières années, l’expansionnisme iranien a été perçu par beaucoup de pays arabes comme une menace existentielle de premier plan, ce qui change la perception par rapport à la primauté de la menace israélienne. Compte tenu de ce développement, la face cachée de la normalisation fut l’établissement d’une coordination entre certains pays arabes et Israël contre l’Iran.

Dans le sillage de ces succès diplomatiques de fin de mandat, l’équipe Trump table sur de prochains accords avec le sultanat d’Oman, voire avec l’Indonésie lointaine, première puissance musulmane sur le plan démographique. Quant à l’Arabie saoudite qui n’a pas entravé les démarches de ces deux alliés – les Émirats arabes unis et Bahreïn –, ainsi que ses amis marocains et soudanais, il ne semble pas qu’elle se joigne à la normalisation, sans un accord plus large qui garantisse des droits légitimes pour les Palestiniens et proches des termes de «l’initiative arabe de paix» commencée par Riyad depuis 2002.

Tout laisse croire, que la politique de Biden par rapport à Israël et au conflit régional, ne va pas différer significativement de celle de Trump. Elle va marquer une continuité avec certains ajustements, notamment en ce qui concerne la Jordanie et la reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne. De plus, les opportunités économiques et les ouvertures touristiques issues de ces accords pourraient être la clé pour une normalisation qui touche les peuples, loin d’une «paix froide» entre dirigeants. Il est intéressant de noter que les pays arabes concernés par la normalisation ne sont pas tangents avec Israël, et cela prouve que l’ambiance politique a changé en faveur d’une priorité donnée aux intérêts nationaux directs (cas soudanais et marocain) avant la considération d’une solidarité panarabe qui s’avère plutôt utopique.

L’administration Biden aura la tâche difficile de traiter avec trois axes dans un Moyen-Orient redessiné: l’axe proaméricain formé de facto entre certains pays arabes et Israël contre la menace iranienne à la faveur de la normalisation; l’axe Turquie-Qatar-Frères musulmans; et l’axe dirigé par l’Iran qui s’étend vers l’Irak, la Syrie et le Liban. La gestion de crise et la non-poursuite du retrait américain entamé à l’ère d’Obama pourraient-elles être les traits d’une nouvelle politique américaine au Moyen-Orient?


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.


Au Soudan, les paramilitaires annoncent une trêve unilatérale de trois mois

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
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  • L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués
  • "En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Daglo

PORT-SOUDAN: Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé lundi une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu dans le pays ravagé par plus de deux ans d'un conflit meurtrier.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre pour le pouvoir, opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays, aux FSR de son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, marqué par des exactions dans les deux camps et auquel plusieurs médiateurs internationaux tentent de mettre un terme, a fait plusieurs dizaines milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes, plongeant le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire" au monde.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués.

"En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Hamdane Daglo, dans une allocution vidéo enregistrée.

Les paramilitaires avaient indiqué début novembre accepter le principe d'une trêve humanitaire proposée par les médiateurs, à laquelle l'armée n'avait pas répondu, et les combats entre les deux camps n'ont pas cessé depuis.

Le chef de l'armée a lui jugé dimanche "inacceptable" la nouvelle proposition de trêve, appelé les citoyens désireux de défendre leur pays à "rejoindre immédiatement les lignes de front" et accusé la médiation de partialité.

Frères musulmans? 

"Encore une fois, le général (Abdel Fattah) al-Burhane refuse les offres de paix. Dans son rejet de la proposition américaine pour le Soudan, dans son refus obstiné d'un cessez-le-feu, il fait sans cesse preuve d'un comportement d'obstruction", a réagi lundi la ministre d'Etat à la coopération internationale des Emirats, Reem al Hashimy.

Le général Burhane a estimé que la dernière proposition envoyée par l'émissaire américain était "la pire", car, selon lui elle "élimine les forces armées, dissout les agences de sécurité et maintient les milices là où elles sont" au lieu de les désarmer.

Il a également rejeté les "récits" selon lesquels les islamistes des Frères musulmans contrôleraient l'armée, accusant M. Boulos de reprendre les éléments de langage des Emirats.

"Où sont ces soi-disant membres des Frères musulmans au sein de l'armée soudanaise? Nous ne les connaissons pas. Nous entendons seulement de telles affirmations dans les médias", a-t-il dit.

Dans son discours diffusé lundi, le chef des FSR a réaffirmé son "engagement en faveur d'un processus politique auquel participent tous les acteurs, à l'exception du mouvement islamiste terroriste des Frères musulmans et du Congrès national (parti désormais interdit du général Omar el-Béchir au pouvoir de 1989 à 2019, NDLR), car ils sont responsables de toute la tragédie que vit notre peuple depuis trois décennies".

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes au Soudan ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.