Le Parlement turc examine les abus envers les femmes kurdes à Afrin

Si des femmes parlent de torture dans les camps au nord de la Syrie, d'autres détenues auraient été maltraitées et violées par les mercenaires (Photo, Reuters/Archives).
Si des femmes parlent de torture dans les camps au nord de la Syrie, d'autres détenues auraient été maltraitées et violées par les mercenaires (Photo, Reuters/Archives).
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

Le Parlement turc examine les abus envers les femmes kurdes à Afrin

  • Si des femmes parlent de torture dans les camps au nord de la Syrie, d'autres détenues auraient été maltraitées et violées par les mercenaires
  • Les détails sur ces allégations sont régulièrement documentés dans le cadre du projet des femmes disparues d’Afrin, qui enregistre les enlèvements et les disparitions de femmes et de filles kurdes à Afrin depuis 2018

DJEDDAH: Tulay Hatimogullari, une députée du Parti démocratique du peuple pro-kurde, a déposé mardi une enquête parlementaire destinée au ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, au sujet d’allégations selon lesquelles des centaines de femmes et de filles kurdes auraient été enlevées dans le nord de la Syrie par des milices pro-Turcs, et emmenées en Libye pour y être vendues comme esclaves sexuelles.

Ces affirmations choquantes ont récemment fait la une sur le réseau d'information Afrin Report, qui a révélé les témoignages de survivants de la ville d'Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie. Les témoignages font état d'hôpitaux remplis de cadavres de femmes et de filles, kidnappées après avoir été accusées de soutenir le terrorisme.

Hatimogullari a également demandé à Cavusoglu si les affirmations selon lesquelles des femmes kurdes d'Afrin sont kidnappées à partir de la Turquie sont vraies: «Enquêtez-vous sur les allégations selon lesquelles des filles et des femmes d'Afrin ont été envoyées en Libye comme esclaves? Votre ministère est-il au courant des agressions sexuelles dans les camps et les prisons d'Afrin? Allez-vous prendre les mesures nécessaires pour faire face à ces violations des droits? Allez-vous mener des activités coordonnées avec les organisations internationales à cet égard?»

Hatimogullari est la première parlementaire à porter l’affaire à l’ordre du jour national turc. Elle est aussi la première à souligner la responsabilité et la complicité judiciaires d’Ankara au sujet des accusations relatives aux actes criminels des miliciens soutenus par la Turquie.

Si des femmes parlent de torture dans les camps au nord de la Syrie, d'autres détenues auraient été maltraitées et violées par les mercenaires.

Au moment où les appels à l’aide des femmes kurdes sont largement ignorés, leur situation rappelle celle des milliers de femmes yézidies de Sinjar au Kurdistan irakien. Celles-ci ont été enlevées, violées, assassinées et réduites en esclavage par Daech il y a six ans.

Les détails sur ces allégations sont régulièrement documentés dans le cadre du projet des femmes disparues d’Afrin, qui enregistre les enlèvements et les disparitions de femmes et de filles kurdes à Afrin depuis 2018. Le projet comprend une carte interactive qui comprend le nom de la personne, la date et le lieu de l'incident, le groupe armé responsable et si la personne concernée a été libérée ou non.

Sur la base de témoignages, des centaines de filles kurdes ont été enlevées et emmenées en Turquie via des points de passage militaires à la frontière syro-turque pour être vendues comme esclaves sexuelles à des commerçants qatariens pour être enfin renvoyées en Libye.

La Turquie et le Qatar ont ouvert en décembre un hôpital pour femmes et enfants à Afrin.

Des groupes de défense des droits de l'homme expriment depuis l’année dernière leurs inquiétudes face à l'augmentation des abus contre les civils à Afrin.

Au total, plus de 1 000 femmes et filles seraient portées disparues uniquement à Afrin à la suite de l’opération turque «Rameau d'olivier» de deux mois, il y a deux ans, qui a évincé les unités de protection du peuple kurde (YPG) de la région.

L'opération a été fortement critiquée par la communauté internationale comme une tentative de changement démographique et de déplacement forcé.

Ankara considère le YPG kurde comme faisant partie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), engagé dans une guerre de plus de trois décennies contre l’État turc. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne.

En février 2019, la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur la Syrie a publié un rapport d'évaluation sur la situation des droits de l'homme à Afrin. «La commission est d’avis qu'il y a des motifs raisonnables de croire que les membres des groupes armés d'Afrin ont commis des crimes de guerre de prise d'otages, de traitements cruels, de torture et de pillage», indique le rapport.

En novembre 2020, l'inspecteur général en chef du département d'État américain pour l'opération Résolution inhérente a publié un rapport qui couvre la période de juillet à septembre 2020.

Le rapport indique que le département d'État américain est «profondément préoccupé par les informations selon lesquelles des groupes d'opposition soutenus par la Turquie se sont livrés à des «violations flagrantes des droits de l'homme et des violations du droit des conflits armés» dans le nord-est de la Syrie», notamment des meurtres, des tortures, des viols et des enlèvements, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump à Abou Dhabi après Riyad et Doha

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  • Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes
  • Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

DOHA: Déjà fêté en Arabie saoudite et au Qatar, Donald Trump conclut jeudi aux Emirats arabes unis, une tournée dans le Golfe ponctuée de spectaculaires annonces économiques et d'un coup d'éclat sur la Syrie.

Il n'est toutefois pas exclu que l'impulsif président américain change ses projets.

Il a évoqué mercredi la "possibilité" d'un déplacement en Turquie jeudi si son homologue russe Vladimir Poutine s'y rendait afin de parler de l'issue de la guerre en Ukraine, comme le réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

S'il ne va pas à Istanbul, Abou Dhabi lui offrira à son tour un accueil plein de pompe, ce à quoi le président américain s'est montré très sensible depuis son arrivée à Ryad mardi.

Cette tournée de trois pays du Golfe est le premier déplacement international important de Donald Trump, après son passage à Rome pour les funérailles du pape.

Milliards 

Comme pendant son premier mandat, il a boudé les alliés occidentaux traditionnels au profit de ces monarchies pétrolières et gazières, richissimes et de plus en plus influentes sur la scène diplomatique internationale.

Mais alors qu'en 2017 il avait profité de son passage dans la région pour aller en Israël, il ne fera pas le voyage cette fois, ce qui, selon les analystes, confirme un froid avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Donald Trump ne devrait pas repartir des Emirats arabes unis sans avoir glané des promesses d'investissements et de commandes aux montants aussi faramineux que difficilement vérifiables sur le long terme.

L'Arabie saoudite a par exemple promis 600 milliards de dollars d'investissements, tandis que la compagnie Qatar Airways a passé une gigantesque commande à l'avionneur américain Boeing pour 200 milliards de dollars.

Adepte d'une diplomatie transactionnelle, le président américain estime que l'amitié des Etats-Unis ne va pas sans contreparties sonnantes et trébuchantes.

Et s'il a créé la surprise mercredi en annonçant une levée des sanctions pesant sur la Syrie, et même accepté de rencontrer le président islamiste Ahmad al-Chareh, c'est en bonne partie dû à l'insistance du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Président syrien "séduisant" 

Le dirigeant de fait du royaume saoudien a su répondre aux attentes de faste monarchique et de "deals" spectaculaires du président républicain pour provoquer cette entrevue, la première du genre en 25 ans.

Donald Trump en a retiré une excellente impression du chef d'Etat syrien, qui a par le passé figuré sur une liste de jihadistes recherchés par les Etats-Unis, et qu'il a décrit comme un homme "jeune et séduisant".

L'ancien promoteur immobilier a aussi très clairement confirmé la rupture avec la stratégie diplomatique de l'ancien président démocrate Joe Biden, faite en partie d'appels au respect des droits humains et à la démocratie.

Ces notions n'ont pas été mises en avant dans le Golfe par le président américain, qui s'est bien gardé, contrairement à son prédécesseur, de commenter l'assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie

Dans un discours remarqué à Ryad, Donald Trump, dont la famille a de très importants intérêts financiers privés dans le Golfe, a au contraire rejeté toute ingérence dans les affaires intérieures des pays.

Ne pas "sonder les âmes" 

"Trop de présidents américains ont été affectés par la notion selon laquelle c'est notre travail de sonder les âmes de dirigeants étrangers et d'utiliser l'action américaine pour faire justice", a-t-il déclaré.

"C'est le travail de Dieu de rendre la justice, le mien est de défendre l'Amérique", a encore dit l'ancien promoteur immobilier.

L'extrait vidéo du discours, qui étrille la doctrine interventionniste chère à des républicains de la vieille école, a été partagé sur X par le vice-président JD Vance.

Ce dernier, qui soutient ouvertement des partis d'extrême-droite en Europe, a applaudi "la meilleure explication d'une politique étrangère intelligente et réaliste que j'aie jamais entendue de la part d'un président américain".


L'armée israélienne dit avoir «éliminé» un membre du Hezbollah au Liban

Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
Des personnes circulent dans une rue devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre. (File/AFP)
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  • L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban
  • En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban

Jérusalem, Non défini: L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir "éliminé" un membre du mouvement pro-iranien Hezbollah dans le sud du Liban, où les autorités ont fait état d'un mort dans une frappe de drone sur une voiture.

En dépit d'un cessez-le-feu conclu il y a plus de cinq mois après une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, Israël continue de mener régulièrement des frappes au Liban, surtout dans le sud du pays, frontalier du nord du territoire israélien.

Dans un communiqué, l'armée israélienne dit avoir "mené une frappe dans la région de Qaaqaiyat al-Jisr, dans le sud du Liban, éliminant un commandant" local.

A Beyrouth, le ministère de la Santé a fait état d'un mort dans une frappe de drone israélienne visant une voiture dans ce secteur.

Après le début de la guerre dans la bande de Gaza, le Hezbollah, groupe islamiste armé soutenu par l'Iran, a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban, affirmant agir en soutien au Hamas, son allié.

Les hostilités ont dégénéré en guerre ouverte, Israël menant entre septembre et novembre 2024 de violents bombardements sur le Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, sorti très affaibli du conflit.

Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre mais l'armée israélienne continue de bombarder le Liban, disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu des positions dans le sud du territoire libanais.


Faisal ben Farhane: La visite de Trump «reflète la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume»

Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
Les investissements saoudiens aux États-Unis ont été guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté. (Photo capture d'écran)
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  • Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume
  • "Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

RIYAD: La visite du président américain Donald Trump en Arabie saoudite a reflété la profondeur du partenariat stratégique entre les États-Unis et le Royaume, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Faisal bin Farhan lors d'une conférence de presse à Riyad mercredi.

"Notre partenariat de défense et de sécurité avec les États-Unis, qui dure depuis des décennies, continuera à se renforcer", a-t-il déclaré.

Les investissements saoudiens aux États-Unis sont guidés par le principe de la priorité accordée aux intérêts nationaux du Royaume, a-t-il ajouté.

Le ministre a déclaré que l'Arabie saoudite partageait un partenariat économique solide et stratégique avec les États-Unis et qu'elle visait à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays.

M. Bin Farhan a déclaré que le Royaume était d'accord avec les États-Unis sur la nécessité d'arrêter la guerre à Gaza et a salué la décision du président Trump de lever les sanctions contre la Syrie.

"La réunion entre le prince héritier, Trump, Sharaa et Erdoğan a souligné l'importance de soutenir la Syrie", a-t-il ajouté.

"Le Royaume sera un pionnier dans le soutien à l'économie syrienne".