WEF: L’Arabie saoudite «extrêmement inquiète» pour la sécurité en mer Rouge et à Gaza, selon le ministre des AE

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s’adresse à la ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors d’une table ronde au WEF, à Davos, en Suisse. (AP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s’adresse à la ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors d’une table ronde au WEF, à Davos, en Suisse. (AP)
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

WEF: L’Arabie saoudite «extrêmement inquiète» pour la sécurité en mer Rouge et à Gaza, selon le ministre des AE

  • La paix entre Israël et la Palestine «résoudra une grande partie des problèmes» auquel le Moyen-Orient est confronté, a estimé le prince Faisal ben Farhane à Davos
  • Riyad continuera à travailler avec Washington «en faveur d’un avenir bien meilleur pour la région»

LONDRES: L’Arabie saoudite est «extrêmement inquiète» pour la sécurité régionale à la suite des attaques des Houthis contre la navigation internationale en mer Rouge et de la situation à Gaza, a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Royaume lors du Forum économique mondial (WEF) de Davos, en Suisse.

Le prince Faisal ben Farhane a affirmé lors d’une table ronde intitulée «Securing an Insecure World» («Assurer la sécurité d’un monde peu sûr») que la désescalade en mer Rouge était essentielle et que Riyad continuerait à «collaborer avec toutes les parties prenantes» après les frappes aériennes américaines et britanniques contre les positions des Houthis au Yémen la semaine dernière.

Bien qu’il soit «clairement lié à la guerre à Gaza», il est important que le conflit dans l’enclave palestinienne soit traité séparément, a-t-il souligné. «Nous devons nous concentrer sur la guerre à Gaza non en raison de la situation en mer Rouge, mais d’abord en raison de son impact sur les Palestiniens, sur la sécurité régionale en général et les risques d’escalade qu’elle pose», a-t-il indiqué lors de la table ronde.

Le prince Faisal a indiqué que depuis le début des opérations militaires menées par Israël à Gaza, près de 30 000 Palestiniens sont morts et l’aide humanitaire était toujours fortement restreinte. Cependant, il n’a «vu aucun signe réel» montrant que Tel-Aviv était en train de réaliser ses objectifs stratégiques.

Il a félicité certaines membres de la communauté internationale qui ont «progressé dans la direction» d’un appel au cessez-le-feu, ajoutant que la paix entre les deux parties «résoudra une grande partie des problèmes dans la région».

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a qualifié la guerre de «désastre total» et a réaffirmé que la «seule issue» à la situation actuelle était une solution à deux États. Toutefois, elle a fait remarquer qu’«un cessez-le-feu ne tombait malheureusement pas du ciel» et ne pouvait être obtenu que si les deux parties «sont prêtes». Mme Baerbock a indiqué qu’un «cercle vicieux» de reproches empêchait l’instauration d’un cessez-le-feu, mais elle a insisté sur le fait que le Hamas devait avant tout déposer ses armes et libérer tous les otages restants qui se trouvent à Gaza. «La réponse est sur la table», a-t-elle déclaré. «Mais nous ne pouvons pas ignorer que la majorité des otages sont toujours détenus par le Hamas.» 

Le sénateur américain Christopher Coons s’est dit «optimiste» quant à la possibilité d’instaurer la paix sur la base des discussions qui ont eu lieu entre les sénateurs américains et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, à Riyad en 2023, ainsi que des réunions avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Tel-Aviv et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi au Caire.

Toutefois, M. Coons a ajouté que les conditions de vie à Gaza se dégradaient de jour en jour et que M. Netanyahou s’était construit une carrière politique en s’opposant à une solution à deux États. Le prince Faisal s’est montré satisfait de l’«accord concret» entre les principales nations selon lequel la situation actuelle est intenable, ajoutant: «Nous devons passer à l’action.»

Il a assuré que Riyad continuerait à travailler avec Washington «en faveur d’un avenir bien meilleur pour la région» et a évoqué la possibilité d’une reconnaissance future d’Israël par l’Arabie saoudite si la paix avec les Palestiniens pouvait être conclue.

M. Coons a laissé entendre qu’une série d’élections dans les pays occidentaux en 2024 pourrait potentiellement influer sur la forme que prendront les crises actuelles au Moyen-Orient. Selon lui, le rôle de l’Iran dans les conflits allant du Yémen à l’Ukraine doit être reconnu, mais il a écarté toute possibilité qu’un retour de l’ancien président Donald Trump à la Maison-Blanche conduise à un retrait des États-Unis de l’Otan. «Les États-Unis ratifient rarement les traités de défense, mais quand ils le font, ils les respectent», a noté M. Coons.

Invoquant les préoccupations croissantes que suscitent les conflits interrégionaux, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré que «ce qui se passe en Asie est important pour l’Europe». Il a également constaté que l’Iran soutenait la Russie en Ukraine en vendant à Moscou des drones militaires et en l’aidant à construire des installations de fabrication de drones et de munitions au Tatarstan.

Il estime toutefois que les Ukrainiens ont des raisons d’être optimistes, observant que la Russie n’avait pas réalisé de progrès majeurs après les premiers jours de l’invasion et que Kiev avait réussi à ouvrir des canaux pour l’exportation de céréales par la mer Noire.

La ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, a affirmé que personne ne voulait vivre dans un monde «où seuls les plus forts survivent», ajoutant que son pays s’était senti obligé de rejoindre l’Otan en raison de l’agression de la Russie. Elle a également attiré l’attention sur l’utilisation par Moscou de «stratégies hybrides» pour pousser des «citoyens tiers» d’autres pays à entrer en Europe en passant par la frontière finlandaise.

Rappelant le droit de la Finlande à la sécurité, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yussuf Tuggar, a déclaré que «ce que dit la ministre pourrait s’appliquer tout autant à la Palestine –  ils ont le droit».

Pour lui, le monde a besoin de changements concrets dans la composition des institutions de sécurité mondiale. Déplorant le déclin de la diplomatie internationale, il a ajouté qu’un pays comme le Nigeria devrait avoir sa place au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. «Le Conseil de sécurité doit se moderniser. Il est clair qu’il n’est pas adapté à sa finalité», a lancé M. Tuggar.

«Le Nigeria est un grand pays. C’est le pays le plus peuplé du continent africain. Il compte 220 millions d’habitants et en comptera 400 millions en 2050. Il a sa place au Conseil de sécurité», a-t-il poursuivi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.