À Douvres et à Calais, trafic fluide et sans accroc au premier jour du Brexit

« Aucun problème » non plus sur le site du tunnel sous la Manche, où 400 camions sont passés entre minuit et 14H00, selon le groupe exploitant Getlink (Photo, AFP)
« Aucun problème » non plus sur le site du tunnel sous la Manche, où 400 camions sont passés entre minuit et 14H00, selon le groupe exploitant Getlink (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 02 janvier 2021

À Douvres et à Calais, trafic fluide et sans accroc au premier jour du Brexit

  • Un accord commercial signé la veille de Noël entre Londres et Bruxelles permet d'éviter droits de douanes et quotas, qui laissaient craindre des perturbations majeures voire le chaos
  • Il a déversé 36 camions, dont trois ont dû subir des contrôles supplémentaires, les autres étant autorisés à poursuivre leur route

CALAIS: Le ballet des camions et ferries du trafic transmanche s'opérait sans accroc dans les ports de Douvres et de Calais vendredi au premier jour du Brexit, après la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen et le rétablissement des formalités douanières.  

Au pied des falaises blanches de Douvres, le flot des ferries dans ce port britannique, désormais l'une des principales portes d'entrées de l'UE pour le Royaume-Uni, s'écoulait vendredi sans anicroche malgré les nouvelles formalités. 

Les services concernés « ont eu largement le temps de se préparer » pour que les marchandises continuent à circuler sans encombre malgré la sortie du Royaume-Uni du marché commun européen et de l'union douanière, observe Alan Leigh, un habitant de la ville voisine de Folkestone, venu profiter de la première matinée de l'année sur les falaises qui surplombent le port. 

Un accord commercial signé la veille de Noël entre Londres et Bruxelles permet d'éviter droits de douanes et quotas, qui laissaient craindre des perturbations majeures voire le chaos. 

Mais les entreprises qui commercent à travers le détroit craignent des difficultés dans les semaines et les mois qui viennent, avec le retour de formalités douanières disparues depuis des décennies. 

En ce premier jour de l'année, le trafic s'annonce plutôt ténu, nombre d'entreprises ayant intensifié les échanges avant la fin de la période de transition de 11 mois introduite depuis la date formelle du Brexit, le 31 janvier 2020, et qui a pris fin jeudi à 23H00 GMT. 

Matt Smith, directeur général d'une entreprise de transport de produits frais, HSF Logistics, a expliqué avoir affronté une Saint-Sylvestre « extrêmement chargée » avec plus d'une douzaine de chargements expédiés vers l'UE avant l'entrée en vigueur des nouvelles règles. 

La police britannique a fermé des tronçons de la principale autoroute pour Douvres, la M20, dans le cadre de leur plan de gestion du trafic des camions en direction du port du sud-est de l'Angleterre. 

« The show must go on ! » 

Pour être autorisés à rouler dans le Kent, les routiers à destination de l'Europe doivent disposer d'une autorisation, délivrée électroniquement, prouvant qu'ils ont préalablement accompli les formalités qui s'imposent. 

Les contrevenants risquent des amende de 300 livres sterling (334 euros). 

Les autorités ont indiqué jeudi que presque 500 de ces permis - valables 24 heures - ont été délivrés pour le 1er janvier, anticipant un total de 800. 

Après avoir pris le large comme prévu à 07h50 GMT depuis Douvres, le ferry « Pride of Kent » de la compagnie britannique P&O, a accosté peu après 09h00 GMT au port français de Calais. Il s'agit du premier ferry venu de Douvres soumis aux nouvelles modalités douanières. 

Il a déversé 36 camions, dont trois ont dû subir des contrôles supplémentaires, les autres étant autorisés à poursuivre leur route.  

« Les outils informatiques ont parfaitement fonctionné », s'est réjoui Jean Michel Thillier, directeur interrégional des Douanes. « Ce sont trois ans de travail qui voient leur concrétisation » avec « un système informatique complètement nouveau », et « de gros aménagements en termes d'infrastructures ». 

« On s'y prépare depuis trois ans », a fait écho le président du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau. 

« Nous étions tellement habitués à aller (en Angleterre) comme en prenant le métro, avec une carte d'identité ». Mais si le Royaume-Uni redevient « un pays étranger, un pays tiers », « nous avons quand même une grande amitié avec eux », a-t-il souligné, avant de lancer, en anglais: « That is life ! The show must go on!". 

« Aucun problème » non plus sur le site du tunnel sous la Manche, où 400 camions sont passés entre minuit et 14H00, selon le groupe exploitant Getlink. Tous « avaient bien rempli les formalités ».   

« C'est un jour difficile pour l'Europe » avec le départ du Royaume-Uni, « mais grâce aux préparatifs (...) nous sommes au rendez-vous, nous sommes prêts et les choses se passent bien, le mieux possible», a synthétisé le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, venu faire le point avec le ministre aux Comptes publics, Olivier Dussopt. 

Côté français, les nouvelles formalités sont entrées en vigueur dès minuit, avec l'arrivée sur le « pit stop » - point de contrôle des camions en partance pour le Royaume-Uni - d'un premier poids lourd venant de Roumanie, transportant courrier et colis. 

« Je suis très heureux, c'est un privilège pour moi », a déclaré son chauffeur, Toma Moise, 62 ans, avant que la maire de Calais, Natacha Bouchart, n'appuie symboliquement sur le bouton autorisant son départ.  

Si elle y a vu un « moment historique », elle a regretté « 48 ans de retour en arrière avec des conséquences pour lesquelles nous n'avons pas encore tous les contours ».  

Calais vit depuis quatre ans au rythme du Brexit. En moyenne, 60 000 passagers et 12 000 camions transitent quotidiennement par son littoral, 70% des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l'UE.  


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.


Pourquoi le chocolat reste cher avant Noël malgré la baisse du prix du cacao

Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
Des producteurs récoltent du cacao dans une plantation à Agboville, dans la région d'Agneby-Tiassa, le 4 décembre 2025. (AFP)
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  • Après des récoltes déficitaires ayant fait exploser les prix du cacao en 2024, la production repart en Côte d’Ivoire et au Ghana grâce à la hausse du prix payé aux producteurs, entraînant une baisse des cours mondiaux
  • Malgré cette accalmie, les consommateurs ne verront pas les prix du chocolat baisser pour Noël, car les coûts élevés ont déjà conduit à des hausses tarifaires, des réductions de portions et une baisse de la teneur en cacao

LONDRES: Après être montés en flèche pendant deux ans, les cours du cacao sont largement retombés cette année, mais sans répercussion sur les prix du chocolat à quelques jours des fêtes de fin d'année. Explications.

- L'Afrique de l'Ouest est le coeur de la production -

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les principaux fournisseurs de cabosses, les fruits du cacaoyer, desquels sont extraits les fèves de cacao utilisées pour le chocolat.

Ces deux pays d'Afrique de l'Ouest concentrent plus de la moitié de la production mondiale, le reste étant principalement réparti entre le Nigeria, le Cameroun, ainsi que l'Equateur, l'Indonésie et le Brésil.

Cette concentration de la production mondiale dans quelques zones géographiques rend le marché très vulnérable aux aléas climatiques de l'Afrique de l'Ouest et aux maladies des cacaoyers.

- Les prix ont battu des records en 2024 -

Les récoltes des "saisons 2021-2022, 2022-2023, et 2023-2024 ont été déficitaires" par rapport à la demande, entraînant une hausse mécanique des prix, explique à l'AFP Oran Van Dort, de Rabobank.

Ce déficit s'explique selon lui par les mauvaises conditions météorologiques, mais aussi des problèmes systémiques dans les plantations ghanéennes et ivoiriennes, comme "le vieillissement des arbres, la propagation du "swollen shoot virus" (oedème des pousses du cacaoyer) ou la faible utilisation d'engrais et de pesticides", faute de revenus suffisants.

Résultat, en décembre 2024, le prix du cacao a atteint le niveau inédit de 12.000 dollars la tonne à la Bourse de New York, lui qui s'échangeait entre 1.000 et 4.000 dollars depuis les années 80.

- La récolte de fèves a redécollé ces derniers mois -

Au Ghana et en Côte d’Ivoire, le prix payé aux producteurs est fixé par l'État, qui l'a largement augmenté pendant l'année 2025, après l'avoir longtemps maintenu inchangé malgré la hausse des cours.

"Pour la première fois depuis des années, j'ai l'impression que nous cultivons avec le soutien du gouvernement", témoigne auprès de l'AFP, Kwame Adu, de la région d'Ahafo au Ghana.

La hausse des revenus a permis aux producteurs d'acheter des engrais et des machines pour améliorer la récolte, ainsi que de planter de nouveaux arbres, favorisant leurs perspectives.

"L'année passée (saison 2024/2025, ndlr), ça s'est bien passé parce qu'au moment où le cacao a donné les fruits, il y avait la pluie", explique aussi à l'AFP Jean Kouassi, agriculteur ivoirien de 50 ans, qui possède 4 hectares de plantation.

- Il y a moins de cacao dans les produits -

"Le coût record des matières premières a contraint les fabricants de chocolat à prendre une série de décisions impopulaires: réduction des quantités, augmentation des prix", mais aussi la "dilution discrète de la teneur en cacao" dans les produits, souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.

La pratique peut même coûter l'appellation "barre au chocolat" à certains produits, comme c'est arrivé aux biscuits Penguin et Club de la marque McVitie's cette année au Royaume-Uni, qui impose un minimum de teneur en cacao.

La demande des géants comme Mondelez, Mars, Ferrero ou Nestlé s'est affaiblie, ce qui, ajouté à la bonne récolte 2024-2025, a entraîné une baisse des cours. La tonne de cacao évolue désormais à New York aux alentours de 6.000 dollars.

- Le chocolat reste cher -

La baisse des prix du cacao ne profitera pas aux amateurs de chocolat durant les fêtes, celle-ci arrivant "bien trop tard pour affecter les assortiments de Noël déjà produits et dont les prix ont été fixés il y a plusieurs mois", tranche Ole Hansen

"Les récentes fluctuations des prix du cacao sont encourageantes, mais le marché reste volatil (...) il est encore trop tôt pour se prononcer sur des changements spécifiques concernant les prix", reconnaît Nestlé, interrogé par l'AFP.

L'espoir demeure pour les oeufs et les lapins de Pâques, selon M. Hansen, à condition que le marché se stabilise autour des niveaux actuels.


EDF inaugure en Guadeloupe son premier compensateur synchrone pour stabiliser le réseau

Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
Le logo du géant français de l'énergie EDF est visible au siège social de l'entreprise à Marseille, dans le sud de la France, le 10 octobre 2025. (AFP)
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  • EDF a inauguré en Guadeloupe un compensateur synchrone de 180 tonnes, une première mondiale destinée à stabiliser un réseau insulaire en forte transition vers les énergies renouvelables
  • L’équipement, sans émission de CO₂, doit réduire les coûts et renforcer la sécurité électrique

PARIS: EDF a inauguré mercredi en Guadeloupe son premier compensateur synchrone, une machine de 180 tonnes destinée à stabiliser un réseau insulaire non interconnecté, une "première mondiale" pour l'électricien.

Installé sur le site industriel de Jarry, près de Pointe-à-Pitre, l'équipement sera "mis en service très prochainement", a indiqué à la presse Hugo Gevret, qui a piloté ce projet. Il s'agit d'"un gros alternateur qui tourne à vide" et contribue à maintenir la tension et à soutenir la fréquence du réseau, deux paramètres essentiels dans un système isolé.

Dans les systèmes électriques traditionnels, cette stabilité est assurée par les turbines lourdes des centrales thermiques ou nucléaires. Leur masse en rotation fournit une inertie mécanique qui amortit naturellement les variations de fréquence.

Mais la Guadeloupe, engagée vers la décarbonation et l'autonomie énergétique d'ici 2035, doit intégrer davantage d'énergies renouvelables, dont l'intermittence ne fournit pas cette sécurité. "L'éolien et le photovoltaïque (...) n'apportent pas cette inertie qu'on recherche dans un système électrique: c'est le rôle du compensateur", souligne encore Hugo Gevret.

Son rotor en rotation permanente imite l'inertie mécanique d'une centrale classique, sans brûler de combustible. La machine peut absorber ou injecter de l'énergie réactive pour maintenir la tension, et réagir en quelques millisecondes aux fluctuations du réseau, un paramètre crucial dans un territoire non interconnecté.

L'investissement, engagé en 2019, atteint plus de 20 millions d'euros. La machine doit "faire économiser cinq millions d'euros à la collectivité et 30.000 tonnes annuelles de CO2", précise Hugo Gevret car contrairement aux turbines à combustion utilisées jusqu'ici pour stabiliser le système, elle n'émet aucun gaz à effet de serre.

Ce dispositif constitue pour l'électricien une "première mondiale", a rappelé Marie-Line Bassette, directrice régionale d'EDF. Selon elle, d'autres installations sont prévues dans les territoires ultramarins, pour lesquels des appels d'offres ont été lancés.

L'archipel a été frappé ces dernières années par des délestages et coupures à répétition, aggravés par des conflits sociaux dans le secteur de l'énergie. En 2024, une grève avait même provoqué un black-out total de plus de 36 heures.