Aide à Gaza: L'ONU défend l'Unrwa qu'Israël juge «fondamentalement compromise»

Des Palestiniens déplacés font la queue pour recevoir de l'aide devant le centre de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés font la queue pour recevoir de l'aide devant le centre de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 janvier 2024, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 janvier 2024

Aide à Gaza: L'ONU défend l'Unrwa qu'Israël juge «fondamentalement compromise»

  • Le gouvernement israélien a accusé mardi l'agence onusienne d'être «fondamentalement compromise»
  • L'agence a aussi «embauché massivement des terroristes» parmi ses 13000 employés à Gaza et s'est «appuyée sur le Hamas pour la distribution de l'aide», a affirmé le porte-parole du gouvernement

NATIONS UNIES: Aucune organisation ne peut "remplacer" l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qu'Israël accuse de "cacher des terroristes", afin d'aider la population de la bande de Gaza, a mis en garde mardi une haute responsable de l'ONU.

"Il n'y a en aucune manière une organisation capable de remplacer ou de se substituer à la capacité énorme et au tissu de l'Unrwa, et à sa connaissance de la population de Gaza", a déclaré à la presse la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le territoire, Sigrid Kaag.

Elle s'exprimait au siège de l'ONU à New York après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.

Dans la bande de Gaza, territoire palestinien totalement assiégé par Israël et en proie à une crise humanitaire majeure, des quartiers entiers ont été détruits par les bombardements qui ont poussé 1,7 million des 2,4 millions d'habitants à fuir leur foyer, selon l'ONU.

Mais les opérations d'aide aux civils de l'Unrwa sont depuis le week-end dernier menacées après qu'Israël a accusé 12 de ses 30.000 employés régionaux d'implication dans l'attaque sanglante du 7 octobre menée par le mouvement palestinien Hamas.

Le gouvernement israélien a accusé mardi l'agence onusienne d'être "fondamentalement compromise", en laissant notamment le Hamas "utiliser ses infrastructures" pour mener ses activités militaires et "cacher des terroristes".

L'agence a aussi "embauché massivement des terroristes" parmi ses 13.000 employés à Gaza et s'est "appuyée sur le Hamas pour la distribution de l'aide", a affirmé le porte-parole du gouvernement Eylon Levy, dans une vidéo.

"Environ 10%" des employés sont des membres du Hamas et du Jihad islamique", l'autre important mouvement islamiste à Gaza, et "environ 50% sont parents au premier degré de ces membres", a-t-il affirmé.

Il n'a pas avancé de preuves pour étayer ces accusations, que l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier.

Les accusations portées par Israël sont intervenues peu après une décision très attendue de la Cour internationale de Justice, plus haute juridiction de l'ONU, qui avait demandé vendredi à Israël d'empêcher d'éventuels actes de "génocide" à Gaza et de "prendre des mesures immédiates" pour permettre la fourniture de l'aide humanitaire.

Blinken exige que l'Unrwa enquête sur les accusations la visant mais juge son travail "indispensable"

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a jugé lundi "impératif" que l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) enquête sur les accusations selon lesquelles certains de ses employés ont été impliqués dans l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, tout en jugeant son travail "indispensable".

"L'Unrwa a joué et continue de jouer un rôle absolument indispensable pour s'assurer que les hommes, les femmes et les enfants qui ont désespérément besoin d'aide à Gaza en bénéficient effectivement", a déclaré à la presse M. Blinken.

Le secrétaire d'Etat a ajouté que "cela ne fait que souligner l'importance pour l'Unrwa de s'attaquer à ce problème aussi rapidement, efficacement et minutieusement que possible".

Le haut diplomate a jugé particulièrement "troublantes" ces allégations, révélées vendredi dernier, et qui ont amené les Etats-Unis à suspendre temporairement leur financement à l'agence.

«Crucial»

Douze pays -- dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, le Japon -- ont annoncé la suspension de leur aide à l'Unrwa.

Une réunion à huis clos de ces principaux donateurs est prévue mardi à 17H00 (22H00 GMT) au siège de l'ONU à New York, à l'initiative du secrétaire général Antonio Guterres, pour tenter de maintenir le financement de l'organisation.

"Sans ce financement, les perspectives pour l'Unrwa et les millions de gens qu'elle aide sont très sombres", a dit lundi le porte-parole de M. Guterres, Stéphane Dujarric.

L'Unrwa a licencié la plupart des salariés concernés et promis une enquête.

"N'importe quel employé impliqué dans un acte de terreur sera tenu pour responsable, y compris par des poursuites pénales", a assuré le porte-parole du chef de l'ONU.

A Washington, le département d'Etat a jugé d'autant plus "important" dans ce contexte de tourmente que l'agence mène une enquête approfondie, exige des comptes et s'assure de prendre "toutes les autres mesures nécessaires pour que ce genre de choses ne se reproduise plus".

Alliés d'Israël, les Etats-Unis, également le principal bailleur de fonds de l'agence, ne lui ont pas retiré leur soutien, jugeant le travail de l'Unwra "crucial" pour l'acheminement de l'aide humanitaire.

"Il n'y a pas d'autre acteur humanitaire à Gaza qui puisse fournir de la nourriture, de l'eau et des médicaments à l'échelle de l'Unrwa", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.

Il a précisé que les Etats-Unis avaient débloqué "121 millions de dollars" pour l'Unrwa depuis le début de l'année fiscale (au 1er octobre) et suspendu vendredi un prochain versement de 300.000 dollars.

Le responsable n'a pas été en mesure de dire combien il restait à verser mais il a rappelé que les Etats-Unis dégagaient entre "300 à 400 millions de dollars par an" pour financer l'Unrwa.


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne a frappé plus de 50 «cibles terroristes» au Liban au cours du dernier mois

Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre
  • Le Premier ministre israélien Netanyahu a promis d'empêcher le Hezbollah d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge"

JERUSALEM : L'armée israélienne a déclaré lundi qu'elle avait frappé plus de 50 "cibles terroristes" au Liban au cours du mois dernier, malgré le cessez-le-feu de novembre qui a mis fin à la guerre entre Israël et les militants du Hezbollah.
Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre, ce qui a incité le président libanais Joseph Aoun à demander à la France et aux États-Unis, qui en sont les garants, d'y mettre fin.
"Au cours du mois dernier, les forces de défense israéliennes ont frappé plus de 50 cibles terroristes au Liban. Ces frappes ont été menées à la suite de violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, qui constituaient une menace pour l'État d'Israël et ses citoyens", a déclaré l'armée dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la frappe de dimanche visait un bâtiment utilisé par le Hezbollah pour stocker des "missiles guidés avec précision" et a promis d'empêcher le groupe militant soutenu par l'Iran d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge".
Le chef du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré dans un discours lundi que l'attaque "n'a aucune justification" et l'a qualifiée d'"attaque politique visant à changer les règles par la force".
Israël a continué à mener des frappes régulières au Liban malgré la trêve, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, lesquelles ont culminé avec une campagne de bombardements israéliens intensifs et une incursion terrestre.
En vertu de cet accord, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante au sud.
Israël devait retirer toutes ses forces du Sud-Liban, mais des troupes restent sur cinq positions jugées "stratégiques".