Yémen: Les Houthis jurent de riposter à des raids américaino-britanniques

Les membres des tribus Houthis se rassemblent pour montrer leur défi après les frappes aériennes américaines et britanniques sur les positions houthies près de Sanaa (Photo, Reuters).
Les membres des tribus Houthis se rassemblent pour montrer leur défi après les frappes aériennes américaines et britanniques sur les positions houthies près de Sanaa (Photo, Reuters).
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Publié le Dimanche 04 février 2024

Yémen: Les Houthis jurent de riposter à des raids américaino-britanniques

  • Les frappes américano-britanniques ont visé samedi 36 cibles
  • Les Houthis ont commencé à s'en prendre au trafic maritime en mer Rouge en novembre

SANAA: Les Houthis ont juré dimanche de riposter aux frappes américano-britanniques contre des régions sous leur contrôle au Yémen, menées en réponse aux attaques de ces insurgés soutenus par l'Iran contre des navires marchands en mer Rouge.

Les raids ont suivi une série de frappes américaines contre des forces d'élite iraniennes et des groupes pro-Iran en Syrie et en Irak, en représailles à une attaque meurtrière contre une base américaine en Jordanie le 28 janvier.

C'est la troisième opération conjointe des Etats-Unis et du Royaume-Uni contre les Houthis au Yémen. Les forces américaines ont mené aussi, seules, des frappes contre des cibles rebelles dans le pays en guerre depuis 2014.

Mais malgré l'intensification des opérations américaines, les Houthis ont poursuivi leurs attaques en mer Rouge et dans le Golfe d'Aden, disant viser des navires liés à Israël "en solidarité" avec les Palestiniens à Gaza, ravagée par la guerre entre Israël et le Hamas.

Les frappes américano-britanniques ont visé samedi 36 cibles "dans 13 lieux au Yémen en réponse aux attaques continues des Houthis contre le trafic maritime international et commercial ainsi que les navires de guerre transitant par la mer Rouge", selon un communiqué conjoint des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d'autres pays ayant soutenu l'opération.

"Des arsenaux profondément enterrés, des systèmes et lanceurs de missiles, des systèmes de défense antiaérienne et des radars des Houthis" ont été ciblés, ajoute le texte.

Les Houthis ont commencé à s'en prendre au trafic maritime en mer Rouge en novembre. Et ils ont désigné les intérêts américains et britanniques comme des cibles légitimes après les frappes de ces deux pays.

«L'escalade par l'escalade»

Les nouvelles frappes "n'ébranleront pas" le "soutien des Houthis au peuple palestinien résistant à Gaza et ne passeront pas sans réponse et sans punition", a averti Yahya Saree, le porte-parole militaire des Houthis.

Sans mentionner de victimes, il a fait état de 48 frappes dans six provinces, dont treize sur la capitale Sanaa et ses alentours, et neuf dans la région de Hodeida, sous contrôle des Houthis.

"Soit il y a la paix pour nous, la Palestine et Gaza, soit il n'y a pas de paix et pas de sécurité pour vous dans notre région", a prévenu samedi un porte-parole des Houthis, Nasr al-Din Amer. "Nous répondrons à l'escalade par l'escalade."

"Nous avons eu peur quand nous avons entendu les frappes" samedi soir, témoigne à Sanaa Hamed Ghanem, 35 ans. "Nous avions l'espoir que la guerre se termine, mais maintenant Dieu sait combien de temps" elle va durer, déplore ce père de cinq enfants.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique dévasté par la guerre, le Yémen connaît toutefois une accalmie fragile après une trêve négociée par l'ONU en 2022.

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a déclaré que les frappes de samedi visaient "à dégrader davantage les capacités de la milice des Houthis, soutenue par l'Iran, à mener ses attaques déstabilisatrices".

Tôt dimanche, les Etats-Unis ont annoncé avoir mené une nouvelle frappe contre un missile antinavire des Houthis qui était "prêt à être lancé contre des navires en mer Rouge".

«Inacceptable»

Ennemi juré des Etats-Unis, l'Iran a "fermement condamné" les frappes américano-britanniques, qui sont selon lui en "contradiction" avec leur souhait affirmé de "ne pas vouloir une extension du conflit" au Moyen-Orient.

 

Le Hamas dénonce «une escalade» après les frappes au Yémen

Le mouvement palestinien Hamas a condamné dimanche les frappes menées la veille par les Etats-Unis et le Royaume-Uni contre des cibles Houthis au Yémen, dénonçant une "escalade" menaçant la stabilité dans la région.

"Nous condamnons fermement le bombardement américano-britannique du Yémen et nous le considérons comme une attaque flagrante contre la souveraineté d'un pays arabe frère, et une escalade qui entraînera la région dans davantage de troubles et d'instabilité", a indiqué le Hamas dans un communiqué.

"Washington et l'occupation sioniste (israélienne, ndlr) portent la pleine responsabilité des répercussions" de ces attaques, selon le Hamas.

Les violences liées au conflit ont débordé au-delà de leurs frontières.

Le 28 janvier, un drone a frappé une base en Jordanie, tuant trois soldats américains et blessant plus de 40, une attaque attribuée par Washington à des groupes pro-Iran.

Les Etats-Unis ont répliqué vendredi par des frappes contre des cibles liées à l'Iran en Irak et en Syrie, mais n'ont pas frappé le territoire iranien.

A la demande de la Russie, qui a accusé Washington de "semer le chaos" au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir en urgence lundi.


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".