Gouvernement: Oudéa-Castéra exfiltrée de l'Education, le MoDem garde quatre ministres après la crise Bayrou

Le chef du parti centriste français MoDem François Bayrou arrive pour assister à une cérémonie pour rendre hommage aux 42 citoyens français tués et à toutes les victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier (Photo, AFP).
Le chef du parti centriste français MoDem François Bayrou arrive pour assister à une cérémonie pour rendre hommage aux 42 citoyens français tués et à toutes les victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 09 février 2024

Gouvernement: Oudéa-Castéra exfiltrée de l'Education, le MoDem garde quatre ministres après la crise Bayrou

  • Le Premier ministre a admis «un trouble, un malaise» autour d'Amélie Oudéa-Castéra, tout en saluant son «engagement total»
  • Nicole Belloubet, 68 ans, ministre de la Justice lors du premier quinquennat du chef de l'Etat, récupère les dossiers de l'école et de la jeunesse

PARIS: Après un mois d'attente et une crise ouverte par François Bayrou, Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont fini jeudi par nommer la deuxième moitié d'un gouvernement un peu moins resserré qu'espéré, avec l'entrée de Nicole Belloubet à l'Education nationale à la place d'Amélie Oudéa-Castéra.

Affaiblie par des semaines de polémiques pour avoir critiqué d'emblée l'école publique, "AOC" est rétrogradée mais reste ministre des Sports et des JO en cette année olympique, selon la liste dévoilée par l'Elysée dans un communiqué.

Invité de France 2 juste après l'annonce de son équipe au complet, le Premier ministre a admis "un trouble, un malaise" autour d'Amélie Oudéa-Castéra, tout en saluant son "engagement total".

"Le mépris édifiant d'Amélie Oudéa-Castéra pour l'école publique exigeait son départ. Mais le projet destructeur d'Emmanuel Macron pour l'école publique, lui, reste intact", a réagi la députée insoumise Clémentine Autain.

Son grand ministère n'aura été qu'éphémère: Nicole Belloubet, 68 ans, ministre de la Justice lors du premier quinquennat du chef de l'Etat, récupère les dossiers de l'école et de la jeunesse.

Ancienne rectrice, la nouvelle ministre chargée de la "mère des batailles", comme Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont baptisé les réformes scolaires, est issue du Parti socialiste. Un petit gage à l'aile gauche macroniste, après la droitisation constatée lors de la première salve de nominations, dont la sarkozyste Rachida Dati avait été la grande surprise à la Culture.

Mais elle risque d'être heurtée par la ligne du chef du gouvernement, qui a dit "assumer" de travailler avec "tout le monde" à l'Assemblée nationale, y compris l'extrême droite.

En tout, 20 personnalités viennent prêter main forte aux 14 ministres nommés le 11 janvier, mais cinq seulement sont de nouveaux entrants. Au total, avec 35 membres dont le Premier ministre, le gouvernement est resserré mais au-delà de l'objectif de 30 membres maximum que s'était fixé le duo exécutif. L'équipe sera rassemblée le 14 février pour un premier Conseil des ministres en commun.

«Technocratie gestionnaire»

Après 48 heures d'intenses tractations qui ont viré au psychodrame, François Bayrou ne fait donc pas partie du casting. Le président du MoDem a invoqué mercredi soir de vives divergences politiques et une "dérive" vers une "technocratie gestionnaire" pour expliquer son refus de devenir ministre.

Son parti centriste, principal allié du président dans une Assemblée sans majorité absolue, conserve toutefois quatre représentants au sein de l'exécutif: en plus du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, il s'agit de l'entrante Marina Ferrari qui remplace Jean-Noël Barrot au Numérique, ce dernier qui passe à l'Europe, et Sarah El Haïry, qui laisse la Biodiversité pour récupérer l'Enfance, la Jeunesse et les Familles.

Parmi les novices, le député Frédéric Valletoux, ex-président de la Fédération hospitalière de France, devient ministre délégué à la Santé, autre dossier prioritaire du quinquennat. Les deux autres nouvelles recrues sont aussi députés: Marie Guévenoux (Outre-mer) et Guillaume Kasbarian (Logement).

Pour le reste, il s'agit de repêchés de l'équipe d'Elisabeth Borne, dont seul Stanislas Guerini revient avec un ministère de plein exercice, à la Fonction publique.

"La seule politique écologique de Macron, c'est le recyclage des ministres", a raillé le patron des communistes Fabien Roussel.

A Bercy, Roland Lescure gérera l'Energie en plus de l'Industrie. L'ex-ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devient ministre déléguée à l'Agriculture auprès de Marc Fesneau, après la crise qui vient de secouer le secteur.

"Je ne considère pas que j'ai éteint l'incendie", a d'ailleurs reconnu Gabriel Attal, "je suis parfaitement conscient que je serai jugé sur pièces par nos agriculteurs".

Clément Beaune, figure de l'aile gauche qui avait agacé Emmanuel Macron en critiquant la loi immigration, n'est pas reconduit aux Transports, remplacé par l'ex-ministre du Logement Patrice Vergriete.

Le casting avait viré au casse-tête, avec les équilibres à respecter, le cas "AOC" à trancher et, in extremis, le psychodrame autour de François Bayrou.

L'allié centriste d'Emmanuel Macron a expliqué mercredi soir à l'AFP que, "sans accord profond sur la politique à suivre", il ne pouvait accepter l'Education nationale ou la Réforme de l'Etat, les deux domaines prioritaires où il se serait bien vu aux manettes.

Amélie Oudéa-Castéra: Anatomie d'une chute

Une première prise de parole catastrophique et tout a dérapé, transformant en chemin de croix les quatre semaines qu'aura passé Amélie Oudéa-Castera au ministère de l'Education.

Elle était ministre des Sports et des Jeux Olympiques depuis mai 2022. Le 11 janvier, l'exécutif ajoute à son escarcelle déjà lourde le gros portefeuille de l'Education, provoquant quelques grognements chez les profs, qui craignent une ministre à mi-temps, à six mois des JO.

Amelie Oudéa-Castéra sera restée 28 jours rue de Grenelle, un record pour un ministre de l'Education sous la Vème République.

Les enseignants et leurs syndicats doutent aussi de sa marge de manoeuvre: l'éducation est le sujet de prédilection d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, qui l'a précédée dans ce ministère.

A peine quelques heures après sa nomination, c'est le faux pas, qui va plomber tout son parcours rue de Grenelle. Lors de son premier déplacement dans un collège d'Andrésy (Yvelines), elle est interrogée sur la scolarisation de ses trois fils dans la prestigieuse école privée parisienne Stanislas.

La ministre invoque des "paquets d'heures pas sérieusement remplacées" à l'école publique Littré (centre de Paris) où a été brièvement scolarisé son aîné. "Propos lunaires", "séparatisme social": le tollé est immédiat chez les syndicats et la gauche.

Après les enseignants, les syndicats et les défenseurs de l'école publique, c'est l'administration qui la fragilise encore un peu plus: l'un des plus hauts cadres de l'Education nationale, le recteur de Paris, démissionne. Une décision rarissime. Il entend ainsi protester contre la décision du ministère d'instaurer un "moratoire" sur une partie de sa réforme des classes prépas parisiennes, destinée à introduire davantage de mixité sociale.

Proche du chef de l'Etat, qu'elle a cotoyé à l'ENA, elle n'a jamais été élue.

Ancienne championne de tennis junior, elle est mariée à Frédéric Oudéa, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, directeur général de la Société générale jusqu'en 2023 et aujourd'hui président du géant pharmaceutique Sanofi.

Parfum de crise

Et celui qui est toujours haut-commissaire au Plan mais aussi "élu de la province la plus lointaine de France" s'est aussitôt placé dans la perspective de la présidentielle de 2027, dont "l'enjeu" est selon lui de "réconcilier la France qui se bat en bas avec la France qui décide en haut". "Je n'ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens", a-t-il prévenu.

Les propos du patron ont suscité des critiques au sein même de sa formation, à l'instar du député Jean-Louis Bourlanges qui a déploré une démarche qui "affaiblit" la majorité et "discrédite" le MoDem.

Au sommet de l'Etat, on faisait mine de vouloir laisser la tempête passer.

Prié de dire s'il considérait toujours François Bayrou comme un partenaire fiable, le Premier ministre a répondu: "bien sûr, il l'a dit lui-même". Avant d'évoquer un "débat" plutôt qu'un "incident".

A l'inverse, les oppositions ont immédiatement humé le parfum de crise politique. "Bienvenue dans l'opposition", ont ironisé de concert les chefs de file des députés socialistes et des Républicains, Boris Vallaud et Olivier Marleix.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
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  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
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  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.


Le ministre Nicolas Forissier à Riad, pour renforcer le partenariat économique avec l’Arabie

Dans un contexte de profondes transformations au Moyen-Orient, la France entend consolider sa position économique en Arabie saoudite et accompagner la dynamique de modernisation engagée par le Royaume. Dans cette perspective, le ministre délégué français chargé du Commerce extérieur, Nicolas Forissier, effectue une visite de trois jours à Riyad, du 21 au 23 novembre. (AFP)
Dans un contexte de profondes transformations au Moyen-Orient, la France entend consolider sa position économique en Arabie saoudite et accompagner la dynamique de modernisation engagée par le Royaume. Dans cette perspective, le ministre délégué français chargé du Commerce extérieur, Nicolas Forissier, effectue une visite de trois jours à Riyad, du 21 au 23 novembre. (AFP)
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  • Ce déplacement, le premier dans la région depuis sa prise de fonctions, se veut, selon une source diplomatique, à la fois politique, économique et stratégique
  • Il vise à accélérer la relation bilatérale, à soutenir la présence française dans les grands projets saoudiens et à positionner la France comme partenaire clé des grands événements mondiaux que le Royaume accueillera dans les prochaines années

PARIS: Dans un contexte de profondes transformations au Moyen-Orient, la France entend consolider sa position économique en Arabie saoudite et accompagner la dynamique de modernisation engagée par le Royaume.
Dans cette perspective, le ministre délégué français chargé du Commerce extérieur, Nicolas Forissier, effectue une visite de trois jours à Riyad, du 21 au 23 novembre.

Ce déplacement, le premier dans la région depuis sa prise de fonctions, se veut, selon une source diplomatique, à la fois politique, économique et stratégique.
Il vise à accélérer la relation bilatérale, à soutenir la présence française dans les grands projets saoudiens et à positionner la France comme partenaire clé des grands événements mondiaux que le Royaume accueillera dans les prochaines années.

Le voyage intervient également dans le prolongement de la dynamique ouverte par la visite d’État d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite en 2024.
À cette occasion, près de 10 milliards d’euros de contrats et d’engagements commerciaux avaient été annoncés, accompagnés d’un traité bilatéral instaurant un Conseil de partenariat destiné à structurer la coopération franco-saoudienne sur le long terme.

Le déplacement de Forissier s’inscrit donc dans une phase de déploiement opérationnel de ces engagements, au moment où Riyad multiplie les initiatives pour diversifier son économie bien au-delà des hydrocarbures.

L'Arabie saoudite, une transformation sans précédent

D’après la source diplomatique, le ministre arrive à un moment charnière : portée par la Vision 2030, l’Arabie saoudite engage une transformation sans précédent de ses secteurs économiques — énergie, transports, infrastructures, tourisme, technologies, divertissement ou encore ville intelligente.

Dans chacun de ces domaines, les entreprises françaises sont déjà présentes et reconnues, affirme la source, qui cite parmi les réalisations majeures le fait qu’Alstom a construit six lignes du métro de Riyad et se positionne pour la construction de la septième.
La RATP doit, pour sa part, participer à l’exploitation du réseau, tandis que Bouygues Construction est engagée dans la réalisation du gigantesque parc de loisirs Qiddiya, et que le groupe Accor, ainsi que d’autres acteurs du tourisme, contribue au développement d’AlUla.

La France dispose ainsi d’un capital de confiance solide auprès des autorités saoudiennes, et pour Paris, l’enjeu est désormais de passer à l’échelle supérieure, alors que le pays s’apprête à accueillir l’Exposition universelle 2030, puis la Coupe du monde de football 2034.
Pour ces deux événements, la France entend faire valoir des atouts uniques : la réussite internationale de l’organisation des JO 2024, l’expertise éprouvée de ses entreprises à l’export et son soutien constant à la candidature saoudienne à l’Expo 2030.

En 2024, les échanges bilatéraux de biens (hors matériel militaire) ont atteint 7,6 milliards d’euros, confirmant la vigueur de la coopération commerciale.
Par ailleurs, la France se classe troisième investisseur étranger en Arabie saoudite, tandis que le stock d’investissements directs français atteignait, selon le ministère saoudien de l’Investissement, 17,4 milliards de dollars en 2023.
Autant d’indicateurs attestant du dynamisme de la relation et de son potentiel de croissance.

Séance de travail avec CMA-CGM, Lagardère, Air Liquide, Veolia et d’autres 

Le déplacement de Nicolas Forissier s’articule autour de trois axes : des rencontres institutionnelles, l’animation d’un forum économique et la valorisation des succès français sur le terrain.
Selon le ministère français des Affaires étrangères, la première journée sera marquée par des rencontres avec les acteurs clés des grands projets saoudiens, dont le ministre des Transports, élargies à plusieurs entreprises françaises du secteur.

Il participera ensuite à une séance de travail élargie regroupant CMA-CGM, Lagardère, Air Liquide, Veolia et d’autres groupes majeurs, puis effectuera une visite au parc d’attractions Qiddiya, considéré comme un projet emblématique de la Vision 2030, en présence de Bouygues Construction.

Suivra également une visite du métro de Riyad, développé par Alstom, puis un entretien en format restreint avec Mohamed Ben Laden, président du comité d’affaires France–Arabie saoudite.
Ces séquences, indique la source diplomatique, permettront au ministre de souligner le rôle déterminant joué par les entreprises françaises et leur capacité à accompagner les ambitions du Royaume.

Le lendemain, Forissier coprésidera, avec son homologue, le ministre saoudien du Commerce Majid Al-Qassabi, un forum d’affaires d’envergure, le premier en Arabie saoudite spécifiquement consacré aux grands projets urbains de Riyad, à la préparation de l’Expo 2030 et à la Coupe du monde 2034.
Ce forum réunira des institutions saoudiennes, des décideurs publics et des acteurs économiques français afin d’identifier les opportunités concrètes pour les groupes tricolores.

Des entretiens bilatéraux sont prévus avec le ministre du Commerce, Majid Al-Qassabi, le ministre de l’Investissement, Khalid Al-Falih, ainsi que Tariq Al-Faris, président de la Royal Commission for Riyadh City, et Talal Al-Mari, CEO de l’Expo 2030 Riyad.
Ces échanges doivent permettre d’approfondir le dialogue politique et de préparer la conclusion de nouveaux contrats, dont plusieurs sont en cours de finalisation.