Le droit de veto accordé à certains pays au Conseil de sécurité doit être abandonné, selon un expert

Ashok Swain, professeur de recherche sur la paix et les conflits à l'université d'Uppsala (Photo fournie).
Ashok Swain, professeur de recherche sur la paix et les conflits à l'université d'Uppsala (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 15 février 2024

Le droit de veto accordé à certains pays au Conseil de sécurité doit être abandonné, selon un expert

  • Ce droit de veto a empêché un cessez-le-feu à Gaza et n'a pas contribué à résoudre le conflit mondial, affirme le professeur Ashok Swain
  • La démocratie dans les sociétés occidentales est «presque morte» et les dirigeants divisent les gens pour des raisons politiques

DUBAI: Le droit de veto dont disposent certains pays au sein du Conseil de sécurité des Nations unies doit être démocratisé afin de permettre à d'autres pays de participer à la prise de décisions cruciales sur les affaires mondiales, déclare un expert en résolution de conflits.

S'adressant à Arab News mercredi lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï, Ashok Swain, professeur de recherche sur la paix et les conflits à l'université d'Uppsala, a indiqué que le fait de donner à quelques pays le pouvoir d'empêcher le Conseil de sécurité des Nations unies de prendre des décisions a rendu cet organe «inutile» pour garantir un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

«À l'heure actuelle, nous ne pouvons pas vraiment confier la sécurité du monde aux caprices d'un ou deux pays au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, qui dispose d'un droit de veto», a-t-il estimé.

Il a précisé qu'un vote à la majorité des deux tiers à l'Assemblée générale des Nations unies devrait permettre de passer outre le veto des pays membres du Conseil de sécurité.

L'année dernière, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution présentée au Conseil de sécurité, appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza, malgré les avertissements répétés du chef de l'ONU, Antonio Guterres, concernant l'imminence d'une «catastrophe humanitaire».

«Il y a une erreur lorsque le secrétaire général des Nations unies supplie presque les Nations unies de faire quelque chose et que le Conseil de sécurité n'est pas d'accord. Je pense que si le Conseil de sécurité et le secrétaire général ne sont pas sur la même longueur d'onde comment vous attendez-vous à ce que les organisations internationales fassent leur travail?», a-t-il ajouté.

Swain, qui est également titulaire de la Chaire Unesco sur la coopération internationale dans le domaine de l’eau à l’Université d’Uppsala, a déclaré que la démocratie dans les sociétés occidentales est «presque morte».

Si les idéaux démocratiques occidentaux ont triomphé dans le passé, contribuant notamment à la fin de la guerre froide, certains dirigeants occidentaux détournent le terme de démocratie à leur profit politique, a-t-il expliqué.

Il a déclaré que l'utilisation du terme dans le contexte du XVIIIe ou du XIXe siècle ne fonctionne plus, car les sociétés ont changé. Les dirigeants doivent réorganiser leurs priorités et orienter leurs efforts pour mieux servir leurs citoyens, aider les pauvres et résoudre les problèmes mondiaux critiques au lieu de faire la guerre.

Au contraire, Swain a noté que certains gouvernements ont utilisé leurs versions de la démocratie pour diviser les sociétés.

«Pour gagner les élections, les dirigeants divisent la société entre différentes communautés, différents groupes religieux et différents groupes ethniques. En fait, ces élections se déroulent non pas sur la base des politiques qu'ils ont menées à bien, des progrès qu'ils ont apportés au pays, à la population ou à la société en général, mais sur la base de la division de la société», a-t-il jugé.

Les États-Unis, qui sont censés être le leader du monde libre et démocratique, ont perdu «tout droit moral d’appeler ou de prendre position sur la démocratie» parce qu’ils n’ont pas réussi à arrêter la guerre contre Gaza, a-t-il spécifié.

Selon Swain, les dirigeants doivent donner la priorité à la résolution des problèmes critiques auxquels le monde est confronté, notamment les guerres civiles, le changement climatique, la pénurie d'eau, les maladies, l'inégalité des revenus, la pauvreté et la faim. Pour y parvenir, ils doivent d'abord mettre fin à toutes les guerres.

Il s'est dit «choqué» par l'absence de «moment anti-guerre» dans le contexte de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

«Lorsque les pays sont entrés en guerre, personne n'a vraiment envisagé les répercussions. Ils ne parlaient que de l'utilisation des bombes nucléaires, comme s'il s'agissait d'un jeu», a-t-il prévenu.

Il a déclaré que les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine n'étaient pas fondées sur une «lutte pour le capitalisme ou le communisme», mais sur la définition de la démocratie par opposition à l'autoritarisme.

Sans unité entre la Chine et les États-Unis, le monde aurait des difficultés à relever des défis vitaux tels que le changement climatique, a-t-il ajouté.

Swain a souligné que les pays doivent collaborer et modifier leurs priorités afin de façonner un avenir meilleur pour les générations à venir.

«Nous vivons au XXIe siècle. Nous disposons d'énormes ressources. Nous essayons de construire des maisons sur Mars, mais nous ne pouvons pas nourrir les milliards de personnes qui vivent sur cette planète. Et nous ne savons pas comment aborder ces questions», a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.