Navalny, l'ennemi empoisonné, emprisonné et mort sous Poutine

Le critique du Kremlin Alexei Navalny, qui a été arrêté lors du rassemblement anti-corruption du 26 mars, fait un geste lors d'une audience en appel dans un tribunal de Moscou le 30 mars 2017. Le chef de l'opposition russe Alexeï Navalny est décédé le 16 février 2024 dans la colonie pénitentiaire de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans, a annoncé le service pénitentiaire fédéral russe dans un communiqué. (Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)
Le critique du Kremlin Alexei Navalny, qui a été arrêté lors du rassemblement anti-corruption du 26 mars, fait un geste lors d'une audience en appel dans un tribunal de Moscou le 30 mars 2017. Le chef de l'opposition russe Alexeï Navalny est décédé le 16 février 2024 dans la colonie pénitentiaire de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans, a annoncé le service pénitentiaire fédéral russe dans un communiqué. (Photo de Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)
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Publié le Vendredi 16 février 2024

Navalny, l'ennemi empoisonné, emprisonné et mort sous Poutine

  • «Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire N°3, le prisonnier Navalny A.A. s'est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance»
  • Le militant âgé de 47 ans purgeait une peine de 19 ans de prison pour «extrémisme» dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, dans des conditions très difficiles

MOSCOU : Empoisonné, emprisonné, condamné et mort en prison. Alexeï Navalny a payé de sa vie sa lutte contre Vladimir Poutine, dénonçant sans relâche la répression et la corruption de son régime, tout comme l'assaut qu'il a déclenché contre l'Ukraine.

Incarcéré depuis janvier 2021, il s'était vu infliger en août dernier une énième peine: 19 années pour "extrémisme" à passer dans l'un des établissements les plus rudes du système carcéral russe.

Il avait été transféré fin 2023 dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, qui a annoncé vendredi son décès.

Agé de 47 ans, ce grand blond au regard bleu perçant était apparu amaigri et vieilli, quoique souvent souriant et enjoué, lors des retransmissions à distance des dernières audiences dans lesquelles il était impliqué, ultime moyen de le voir pour la presse.

L'empoisonnement dont il a été victime en 2020, une grève de la faim et des dizaines de séjours répétés à l'isolement, l'avaient marqué physiquement.

Humour et tendresse 

Mais la prison n'avait entamé ni sa détermination, ni son humour.

Au cours de sa dernière audience, jeudi, debout dans sa tenue de prisonnier, il s'était fendu d'un éclat de rire en demandant au juge de lui envoyer de l'argent en prison grâce à son "énorme salaire de juge fédéral".

Un jour plus tôt, il avait adressé un message pour la Saint-Valentin à son épouse, Ioulia Navalnaïa, réfugiée en Europe.

"Ma puce (...) il y a entre nous des villes, les lumières des pistes des aéroports, des tempêtes de neige bleutées et des milliers de kilomètres. Mais je sens que je suis près de toi, chaque seconde, et je t'aime encore plus fort."

Lors de son procès pour "extrémisme", début août 2023, il avait fustigé "la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle", évoquant l'assaut russe contre l'Ukraine.

Dans ses messages, il ironisait sur les brimades que l'administration carcérale lui infligeait et s'efforçait aussi d'afficher son soutien à ses camarades d'infortune, emprisonnés du fait de la répression.

De l'étranger, ses équipes continuent de diffuser des enquêtes sur l'enrichissement des élites politiques dont une partie profite directement du conflit en Ukraine.

«Ténèbres»

L'opposant s'efforçait, toujours, d'afficher un certain optimisme. "Je sais que les ténèbres disparaîtront, que nous gagnerons, que la Russie deviendra un pays pacifique, lumineux et heureux", écrivait-il en juin 2023.

En une douzaine d'années, l'avocat Navalny, qui a un temps flirté avec le nationalisme, s'est imposé en détracteur numéro un de M. Poutine et de son "parti des voleurs et des escrocs", comme il le qualifiait.

Il s'est d'abord fait connaître en collaborant à l'organisation de grandes manifestations d'opposition, en 2011 et 2012, finalement réprimées. En 2013, il arrive deuxième aux municipales à Moscou, un tour de force amplifiant sa notoriété.

Harcelé par les autorités, ignoré par les médias d'Etat, Alexeï Navalny se bâtit pendant les années 2010 une notoriété 2.0, avec la diffusion d'enquêtes vidéo virales dénonçant la corruption du pouvoir russe.

Au contraire, Vladimir Poutine refuse même de prononcer son nom.

M. Navalny parvient bien à se constituer une base au sein de la jeunesse russe, urbaine et connectée mais sa popularité à l'échelle nationale et transgénérationnelle reste très limitée.

«N'abandonnez pas»

Parmi les détracteurs du pouvoir russe, certains lui reprochaient encore ses flirts avec l'extrême droite ou encore son ambiguïté sur l'annexion en 2014 de la Crimée ukrainienne par la Russie.

Mais son cas était devenu une cause pour tous les opposants, les ONG et les Occidentaux quand il avait été empoisonné en août 2020 en Sibérie, en pleine campagne pour des élections régionales.

A l'article de la mort, il avait été transféré en Allemagne pour y être soigné, avec l'accord du Kremlin.

Guéri et loin d'être intimidé, Alexeï Navalny avait fait un grand retour en décembre 2020 en piégeant un agent russe qui admet, au téléphone, que son empoisonnement était bien le fait des services secrets.

Dans la foulée, refusant toute idée d'exil, il était rentré le 17 janvier 2021 en Russie. Dès son arrivée à l'aéroport, devant les caméras du monde entier, il est placé en détention.

Deux jours après, il avait réalisé un autre coup d'éclat: une enquête vidéo accusant Vladimir Poutine de s'être fait bâtir un palais délirant sur la mer Noire.

Le retentissement est tel que le président russe doit personnellement se charger du démenti.

Navalny et son combat contre Poutine, en dix dates

Voici 10 dates du combat de l'opposant russe à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, mort vendredi dans la prison de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison, selon les services pénitentiaires.

2007: actionnaire dans des entreprises publiques 

Diplômé en droit des affaires, M. Navalny achète à partir de 2007 des actions d'entreprises semi-publiques pour accéder à leurs comptes et exiger leur transparence.

La même année, il est exclu du parti d'opposition libéral Iabloko pour ses prises de positions ultra-nationalistes.

Sur son site internet Rospil, il traque dès 2010 des faits de corruption dans l'administration.

2011: à la tête des manifestations anti-Poutine 

A l'hiver 2011, il prend la tête du mouvement de contestation des législatives remportées par le parti au pouvoir. Les rassemblements sont d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de Poutine en 2000.

Il écope de ses premières peines de prison et crée la Fondation anti-corruption (FBK).

Juillet 2013: procès pour escroquerie 

Il est condamné à cinq ans de camp le 18 juillet 2013 pour détournement d'argent au détriment de Kirovles, exploitation forestière de la région de Kirov (ouest).

Dénonçant un procès politique, il obtient en appel une peine avec sursis.

Septembre 2013: candidat à Moscou 

Il devient le visage de l'opposition  avec 27,2% des voix à l'élection pour la mairie de Moscou en septembre 2013 face au maire sortant proche de Poutine.

Deux ans plus tard, son parti, le Parti du progrès, est interdit.

2017: les canards de Medvedev 

Dans une enquête sur YouTube, il accuse le Premier ministre Dmitri Medvedev d'être à la tête d'un empire immobilier financé par des oligarques.

Des milliers de manifestants brandissent des canards en plastique, en référence à une maison miniature dont disposeraient des canards dans l'une des résidences de Medvedev.

2018: interdit de présidentielle 

Il se porte candidat à la présidentielle de 2018, mais la commission électorale le déclare inéligible en raison de sa condamnation dans l'affaire Kirovles.

Août 2020: empoisonnement 

Le 20 août 2020, il frôle la mort. Hospitalisé dans un état grave en Sibérie, il est transféré dans le coma à Berlin à la demande de ses proches.

Le 2 septembre, Berlin conclut à un empoisonnement par une substance de "type Novitchok", produit neurotoxique développé à des fins militaires à l'époque soviétique.

Navalny accuse Poutine. "Inacceptable" pour Moscou.

Janvier 2021: arrêté et emprisonné 

Rentré en Russie après sa convalescence, il est arrêté dès son atterrissage à Moscou le 17 janvier 2021. Des dizaines de milliers de sympathisants manifestent.

Son entourage divulgue un scoop sur un palais construit par Poutine sur les bords de la mer Noire. L'enquête engrange des dizaines de millions de vues sur YouTube. Le président dément.

Le 2 février, la justice convertit son ancien sursis pour "fraude" en sentence ferme de deux ans et demi. Il est envoyé dans une colonie pénitentiaire à 100 km à l'est de Moscou.

Des manifestations de soutien donnent lieu à 10.000 arrestations. Son organisation anti-corruption FBK est fermée pour "extrémisme".

Mars 2022: 9 ans de prison 

Le 20 octobre 2021, il reçoit le prix Sakharov de défense de la liberté de pensée.

En Russie, il rejoint la liste des "terroristes et extrémistes".

Jugé coupable d'"escroquerie" et "outrage à magistrat", il est condamné le 22 mars 2022 à neuf ans de prison et transféré dans une prison à 250 km à l'est de Moscou, d'où il pourfend l'invasion de l'Ukraine.

Août 2023: nouvelle condamnation 

Le 4 août 2023, il est condamné à 19 ans de prison pour "extrémisme".

Le 25 décembre, sa porte-parole annonce qu'il a été transféré dans la colonie pénitentiaire de Kharp, dans l'Arctique russe. Lui-même assure le lendemain sur les réseaux sociaux qu'il va bien.

Le 1er février, il appelle à des manifestations partout en Russie lors de la présidentielle prévue du 15 au 17 mars, qui devrait permettre à Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir au moins jusqu'en 2030.

Ces succès et l'affaire de son empoisonnement n'ont pas pour autant mobilisé les foules en Russie, les manifestations étant rapidement réprimées.

Les autorités semblaient déterminées à rendre la vie impossible à l'opposant qui, quant à lui, se disait déterminé à ne jamais céder.

Avant son retour en Russie, dans un documentaire sur son empoissonnement, il lui avait été demandé d'adresser un messages aux Russes dans le cas où il serait tué par le régime de Vladimir Poutine.

"N'abandonnez pas", avait-il dit. "Nous sommes une force immense sous le joug de mauvais gars parce que nous ne réalisons pas à un quel point nous sommes forts. Tout ce dont le mal a besoin pour triompher, c'est de l'inaction des bonnes personnes."


Le sommet des BRICS se tiendra les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro

Le sommet des dirigeants des BRICS se tiendra les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro
Le sommet des dirigeants des BRICS se tiendra les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro
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  • Le président américain Donald Trump a réitéré jeudi sa menace d'imposer des droits de douane de 100 % aux pays du BRICS s'ils tentent de mettre fin à la domination internationale du dollar. M. Trump avait déjà lancé cet avertissement en novembre, après l
  • Parmi ses priorités, il a mentionné « le développement des moyens de paiement » pour faciliter le commerce et l'investissement entre les pays membres.

RIO DE JANEIRO : Le sommet des dirigeants des BRICS se tiendra les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro, a annoncé samedi le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira.

Le Brésil assure cette année la présidence tournante du bloc des économies émergentes, qui comprend notamment la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

« Au mois de juillet de cette année, les 6 et 7 juillet, nous recevrons dans la ville de Rio de Janeiro les chefs d'État des vingt pays qui composent les BRICS, dans les deux catégories de membres à part entière et de membres associés », a déclaré M. Vieira dans une vidéo publiée sur X par le maire Eduardo Paes.

Lors de cette réunion, « nous prendrons des décisions très importantes pour le développement de tous ces pays, pour la coopération et pour l'amélioration des conditions de vie de tous les habitants », a-t-il ajouté.

Le président américain Donald Trump a réitéré jeudi sa menace d'imposer des droits de douane de 100 % aux pays du BRICS s'ils tentent de mettre fin à la domination internationale du dollar.

M. Trump avait déjà lancé cet avertissement en novembre, après l'examen de la question des transactions en devises non américaines lors du dernier sommet des BRICS à Kazan, en Russie, en octobre.

Le gouvernement de gauche de Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré que, sous la présidence du Brésil, les BRICS se concentreraient sur le renforcement de la coopération entre les pays du Sud et sur la réforme des institutions multilatérales.

Parmi ses priorités, il a mentionné « le développement des moyens de paiement » pour faciliter le commerce et l'investissement entre les pays membres.

En janvier, Eduardo Saboia, le négociateur en chef du Brésil pour le groupe, avait déclaré dans un entretien avec l'AFP qu'« il n'y a pas de projet de remplacement du dollar, mais plutôt une discussion sur l'utilisation des monnaies locales dans les transactions ».

Créé en 2009, le groupe compte désormais des pays comme l'Indonésie, l'Iran, l'Égypte et les Émirats arabes unis, ainsi qu'une douzaine de pays partenaires, dont Cuba, la Bolivie, le Nigeria, l'Algérie et la Turquie.


Mahmoud Ali Youssouf, diplomate djiboutien, est à la tête de la Commission de l'UA

Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, pose pour une photo lors du 38ᵉ sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti et candidat à la Commission de l'Union africaine, pose pour une photo lors du 38ᵉ sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
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  • Peu de ministres des Affaires étrangères peuvent se prévaloir d'une telle longévité : le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, en poste depuis 2005, a été élu samedi à la tête de la Commission de l'Union africaine.
  • Son élection a été faite à la majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.

ADDIS ABEBA : Peu de ministres des Affaires étrangères peuvent se prévaloir d'une telle longévité : le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, en poste depuis 2005, a été élu samedi à la tête de la Commission de l'Union africaine.

Il va occuper la plus haute fonction de l'organisation continentale, alors que le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) risque de déstabiliser toute la région, que le Soudan est en guerre et que le nouveau président américain vient de réduire l'aide internationale.

Âgé de 59 ans, au front dégarni et aux fines lunettes, il faisait figure d'outsider face à l'opposant historique kényan Raila Odinga, qui avait multiplié les déplacements et s'était affiché avec les chefs d'État du continent.

Mais beaucoup d'observateurs des arcanes de l'organisation panafricaine ont loué les « compétences » et la campagne à bas bruit de ce diplomate de carrière, francophone, arabophone et anglophone, très proche du président de Djibouti Ismaïl Omar Guelleh.

Il succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat, dont le mandat est arrivé à échéance. Le poste de président de la Commission, qui était cette fois réservé à un représentant de l'Afrique de l'Est, est stratégique puisqu'il s'agit du chef exécutif de l'UA.

Son élection a été faite à la majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.

Il entame ses fonctions à un moment où le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), avec le groupe armé M23 qui mène une offensive avec l'armée rwandaise, menace d'engendrer un conflit régional.

Le diplomate vétéran, qui a notamment été ambassadeur en Égypte, devra également gérer la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023, ainsi que entretenir des relations avec le président américain.

Donald Trump avait suscité l'indignation en Afrique lors de son premier mandat en qualifiant certains États, dont des États africains, de « pays de merde ». À peine de retour à la Maison Blanche, il a annoncé un gel d'une grande partie de l'aide internationale américaine, semant un vent de panique sur le continent.

- « Problème de gouvernance » -

Mahmoud Ali Youssouf est originaire de l'un des pays les moins peuplés du continent, avec seulement un million d'habitants.

Ce qui n'empêche pas Djibouti, petit pays de la Corne de l'Afrique, d'occuper une position stratégique au niveau du détroit de Bab-el-Mandeb, par où transite une grande partie du commerce et des approvisionnements énergétiques mondiaux.

La France, ancienne puissance coloniale de plus en plus contestée sur le continent, ainsi que les États-Unis et la Chine y disposent de bases militaires.

Lors d'un entretien avec l'AFP en décembre, Mahmoud Ali Youssouf avait déclaré qu'il y avait un « problème de gouvernance » dans certains pays africains, évoquant notamment ceux qui ont été secoués par des coups d'État ces dernières années.

Parmi ceux-ci, le Gabon, le Mali, le Niger ou le Burkina sont toujours suspendus par l'organisation continentale.

Il avait alors décrit un continent en proie à « beaucoup de difficultés en ce moment, avec des changements anticonstitutionnels, des crises politiques, des conflits ouverts comme au Soudan, ainsi que des tensions entre certains États ».

Pour permettre le développement économique, et notamment la mise en place d'une zone de libre-échange à l'échelle du continent, la nouvelle Commission devra « commencer par la paix et la sécurité », a-t-il également anticipé, citant la lutte contre les mouvements djihadistes au Sahel et en Afrique de l'Est. 


RDC: "Il faut éviter à tout prix une escalade régionale", lance le chef de l'ONU

Les chefs d'État posent pour une photo de groupe lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
Les chefs d'État posent pour une photo de groupe lors du 38e sommet de l'Union africaine (UA), au cours duquel les dirigeants éliront un nouveau chef de la Commission de l'UA, au siège de l'UA à Addis-Abeba, le 15 février 2025. (Photo Amanuel Sileshi / AFP)
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  • « Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » dans le conflit qui ravage l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a affirmé samedi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture du sommet de l'Union africaine (UA).
  • Ce conflit fait planer le risque d'une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays d'Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais.

ADDIS ABEBA, ETHIOPE : « Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » dans le conflit qui ravage l'est de la République démocratique du Congo (RDC), a affirmé samedi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture du sommet de l'Union africaine (UA), alors que des combattants du M23, alliés à des troupes rwandaises, sont entrés la veille dans Bukavu.

Dans l'est de la RDC, le groupe armé M23 (« Mouvement du 23 mars ») soutenu par le Rwanda, a pris fin janvier le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu. Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2 900 morts, selon l'ONU.

Vendredi, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l'aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises. Selon des sources sécuritaires et humanitaires, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest.

La chute imminente de Bukavu, déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l'armée congolaise en 2004, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du lac Kivu, qui s'étire le long de la frontière rwandaise.

L'armée congolaise est notamment soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises.

Samedi matin, selon des journalistes de l'AFP, des tirs sporadiques résonnent encore à Bukavu. Les habitants restent majoritairement terrés chez eux. Les rues sont quasi désertes et il n'y a pas de circulation. Des pillages survenus au cours de la nuit ont été signalés.

« La souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a exhorté le chef de l'ONU lors de l'ouverture du sommet annuel de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba. S'il a pointé du doigt la responsabilité du M23, le secrétaire général de l'ONU n'a pas mentionné le Rwanda.

« La violation en cours de l'intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a affirmé samedi Anouar El Anouni, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères, en blâmant des « forces du M23, soutenues par le Rwanda ». « L'UE examine en urgence toutes les options à sa disposition », a-t-il poursuivi. 

Selon l'ONU, environ 4 000 militaires rwandais interviennent dans l'est de la RDC.

Ce conflit fait planer le risque d'une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays d'Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais.

- Lettres mortes.

Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d'Afrique de l'Est. Mais ils sont restés lettres mortes.

Félix Tshisekedi n'a pas pris part à une réunion du Conseil paix et sécurité de l'UA vendredi, mais était à une conférence sur la sécurité à Munich (Allemagne), d'où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda et appelé à le « mettre à l'index ».

Initialement annoncé présent au sommet des chefs d'État ce week-end, il y a finalement renoncé.

L'Union africaine a été critiquée pour certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, alors président de la République du Tchad, appelaient à la fin des combats sans mentionner le Rwanda.

« L'UA n'a aucun pouvoir dans ce conflit et se contente d'observer », pointe du doigt Thierry Vircoulon, de l'Institut français des relations internationales (Ifri), auprès de l'AFP.

- Trois candidats

Le président angolais João Lourenço, qui s'est fortement impliqué ces dernières années dans les tentatives de médiation entre la RDC et le Rwanda, a pris samedi la présidence tournante de l'UA, un rôle honorifique, à la suite du chef d'État mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

À l'issue du sommet, un nouveau président de la Commission de l'UA sera désigné pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui a atteint la limite des deux mandats autorisés pour ce rôle exécutif.

Trois candidats se disputent le poste de plus haut représentant de l'organisation panafricaine, réservé cette fois à un représentant de l'Afrique de l'Est : le ministre des Affaires étrangères djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, le vétéran de l'opposition kényane Raila Odinga et l'ancien ministre des Affaires étrangères malgache Richard Randriamandrato.

Pour de nombreux observateurs des arcanes de l'institution panafricaine, l'issue du scrutin est incertaine.