La peur hante l'hôpital de Jénine après un raid israélien

Vue de la chambre où trois Palestiniens ont été tués à l'hôpital Ibn Sina de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 8 février 2024. (Photo Ronaldo Schemidt AFP)
Vue de la chambre où trois Palestiniens ont été tués à l'hôpital Ibn Sina de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 8 février 2024. (Photo Ronaldo Schemidt AFP)
Short Url
Publié le Samedi 17 février 2024

La peur hante l'hôpital de Jénine après un raid israélien

  • J'ai ouvert la porte et j'ai vu un homme. Je ne savais pas qu'il faisait partie des forces spéciales. Il étouffait l'infirmier avec sa main et lui a donné un coup avec la crosse de son fusil», raconte un patient
  • Un médecin se souvient d'avoir été abordé par un homme habillé comme un docteur, parlant parfaitement l’arabe, qui lui a présenté sa «carte d'identité» accrochée à sa poitrine avant de lui demander de déverrouiller la chambre 376

JÉNINE, Territoires Palestiniens : Fin janvier, des agents israéliens déguisés en médecins pénètrent dans un hôpital de Jénine, en Cisjordanie occupée, pour abattre trois combattants palestiniens hospitalisés. La scène, tout droit sortie d'une série d'action à succès, hante encore les patients et le personnel.

Dans le service de rééducation de l'hôpital Ibn Sina, deux patients se souviennent encore des cris d'un infirmier alors que les forces israéliennes faisaient irruption au troisième étage.

«J'ai ouvert la porte et j'ai vu un homme. Je ne savais pas qu'il faisait partie des forces spéciales. Il étouffait l'infirmier avec sa main et lui a donné un coup avec la crosse de son fusil», raconte un patient, la capuche de son hoodie gris remontée pour cacher son visage.

Son témoignage recoupe celui d'un autre patient qui se souvient d'avoir entendu des cris et être resté dans sa chambre.

Aucun des deux ne se doutait alors que derrière une porte bleu ciel à quelques mètres d'eux, un commando israélien abattait trois membres de groupes armés palestiniens, dont un paraplégique hospitalisé depuis des mois.

«C'était la plus dure des nuits», souligne le patient, précisant que les agents israéliens lui avaient ordonné de garder sa porte fermée pendant l'assaut dans la chambre 376.

Elle a depuis été nettoyée de fond en comble et n'est plus utilisée mais on peut voir des impacts de balle sur un lit et une chaise. Un membre du personnel montre à l'AFP sur son téléphone des photos d'une douille et de chair sur le lit lors de ce raid mené le 30 janvier.

- «Dangereux pour le personnel» -

Un médecin, lui, se souvient d'avoir été abordé par un homme habillé comme un docteur, qui parlait parfaitement arabe, lui a présenté sa «carte d'identité» accrochée à sa poitrine avant de lui demander de déverrouiller la chambre 376.

A l'intérieur se trouvaient trois jeunes Palestiniens: Basel Ghazawi, incapable de marcher depuis qu'il a été touché par des tirs au mois d'octobre, son frère Mohammed et leur ami Mohammed Jalamnah. Les frères Ghazawi étaient membres du Jihad islamique, et Mohammed Jalamnah était un «commandant» local du Hamas, ont indiqué ces deux mouvements.

La ville de Jénine, et son camp de réfugiés, est un bastion historique des factions armées palestiniennes où les forces israéliennes ont multiplié les raids ces dernières années, sans toutefois pénétrer dans un hôpital et y ouvrir le feu, comme le 30 janvier.

Les autorités israéliennes ont justifié ces assassinats ciblés dans un lieu en théorie protégé par le droit international, affirmant que les trois hommes étaient des «terroristes» qui «se cachaient», levant selon elle ainsi l'interdiction d'y mener une attaque.

Mais l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est dite «horrifiée» par ce raid. «Cela crée de la peur et c'est dangereux pour le personnel médical et les patients», a déclaré Rik Peeperkorn, chef de l'Organisation pour les Territoires palestiniens.

«Cela réduit la confiance à l'égard des travailleurs de la santé, des hôpitaux (...) et du système de santé, pour ainsi diminuer l'accès de la population aux soins», a-t-il expliqué.

- Malaise -

L'hôpital Ibn Sina continue à fournir des soins pour la population de Jénine et du nord de la Cisjordanie depuis le 30 janvier mais un sentiment de malaise hante désormais les lieux. Tous les patients et le personnel avec qui l'AFP s'est entretenue, sauf un médecin, ont requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.

Tawfiq al-Shubaki, chef de l'unité de chirurgie, admet que le personnel a «peur» et qu'un sentiment «d'insécurité» règne dans l'établissement.

«C'est un sentiment très dur pour les équipes (...). Cela a clairement eu un impact sur leur performance et leur efficacité», dit-il à propos du personnel pourtant rompu aux situations extrêmes avec les multiples blessés lors de raids ou de combats dans le camp voisin.

Aujourd'hui, le personnel et les patients craignent un nouveau raid dans l'hôpital et s'interrogent sur la présence d'un collaborateur, d'une taupe, qui aurait fourni aux Israéliens des informations privilégiées pour faciliter leur opération.

Dans sa chambre, le patient au hoodie n'arrive d'ailleurs pas à chasser ce scénario de son esprit: «Je vois l'informateur dans mon imagination, dans ma tête (...) et cela me terrifie».


« Nous nous apprêtons à reconnaître l'État palestinien », annonce le président français à Asharq

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'Élysée à Paris le 13 juin 2025. (Reuters)
Short Url
  • Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York
  • Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel

Dans un entretien accordé à Asharq en marge d'une rencontre avec des journalistes et des représentants d'organisations de la société civile palestinienne et israélienne, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à ce que son pays reconnaisse l'« État de Palestine » lors de la conférence que la France et l'Arabie saoudite accueilleront prochainement à New York.

En réponse à une question sur les conditions à la reconnaissance d'un État palestinien, M. Macron a déclaré : « Il n'y a aucune condition. La reconnaissance se fera selon un processus incluant la fin de la guerre, la reprise de l'aide humanitaire à la bande de Gaza, la libération des otages israéliens et le désarmement du Hamas.»

« Il s'agit d'un ensemble de mesures, » a-t-il souligné.

Le président français a indiqué que la France et l'Arabie saoudite avaient convenu de reporter la conférence, qui devait se tenir la semaine prochaine à New York, soulignant que la situation actuelle empêche le président palestinien Mahmoud Abbas de se rendre à New York en raison de la suspension des vols dans la région.

Le président français Emmanuel Macron s’exprime devant la presse à Paris, le 13 juin 2025- Asharq.

M. Macron a expliqué s'être entretenu à plusieurs reprises vendredi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président palestinien Mahmoud Abbas, et qu'il avait été convenu de « reporter la réunion à une date proche ».

Il a indiqué que le président indonésien lui avait promis de reconnaître Israël si la France reconnaissait l'État palestinien, soulignant « la nécessité de poursuivre cette dynamique ».

Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne

Le document de la Conférence internationale sur le règlement pacifique de la question palestinienne, prévue à New York du 17 au 20 juin sous la coprésidence de l'Arabie saoudite et de la France, stipule que la conférence se tiendrait sur la base de la « solution à deux États », que sa mise en œuvre s’accompagnerait d’un calendrier précis, que des engagements concrets seraient pris par l’ensemble des parties, et que des mécanismes internationaux seraient instaurés pour en garantir la continuité.

Le document, dont Asharq a obtenu une copie, stipule que la mise en œuvre de la solution à deux États doit être indépendante du contexte politique local et régional actuel, et garantir la pleine reconnaissance de l’État de Palestine comme composante essentielle de la solution politique, tout en assurant le respect des droits des peuples ainsi que de leur aspiration à la paix et à la sécurité.

Le document souligne que les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre contre Gaza ont entraîné une escalade de la violence sans précédent, des pertes humaines massives, la pire crise humanitaire jamais enregistrée, des destructions généralisées et d'immenses souffrances pour les civils des deux camps, notamment les détenus, leurs familles et les habitants de Gaza.

Le document indique que les activités de colonisation menacent la solution à deux États, seule voie permettant de parvenir à une paix juste, durable et globale dans la région. Elles ont un impact négatif sur la paix, la sécurité et la prospérité régionales et internationales.

Le document explique également que la conférence vise à changer de cap en s'appuyant sur des initiatives nationales, régionales et internationales et en adoptant des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international et promouvoir une paix juste, durable et globale qui garantisse la sécurité de tous dans la région et favorise l'intégration régionale.

La conférence réaffirme l’engagement indéfectible de la communauté internationale en faveur d’un règlement pacifique de la question palestinienne et de la solution à deux États, ainsi que l’urgence d’agir pour atteindre ces deux objectifs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq.com


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Short Url
  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.