À Jénine en Cisjordanie, les civils à la merci des raids israéliens

Mawaheb Marei, mère d'Eid, 15 ans, tué lors d'une opération de l'armée israélienne, se tient à côté de Ghada Marei, mère de Leena Marei, 27 ans, tuée à Gaza. (AFP)
Mawaheb Marei, mère d'Eid, 15 ans, tué lors d'une opération de l'armée israélienne, se tient à côté de Ghada Marei, mère de Leena Marei, 27 ans, tuée à Gaza. (AFP)
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

À Jénine en Cisjordanie, les civils à la merci des raids israéliens

  • Bastion de la résistance contre l'occupation israélienne en Cisjordanie, Jénine et son camp de réfugiés sont visés par de raids israéliens répétés
  • Depuis plus de deux mois, les incursions israéliennes, les attaques de colons sur des villages palestiniens et les arrestations ne cessent d'augmenter dans ce territoire palestinien occupé

JÉNINE: Mawaheb Marei endure une double tragédie. La mort de ses proches dans la bande de Gaza et celle de son fils, tué à 15 ans par une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée, théâtre de violences quotidiennes.

Lorsque elle a appris que son fils, Eid, a été touché le 25 octobre, Mawaheb Marei a désespérément recherché son enfant dans les hôpitaux pour finalement le retrouver agonisant.

Eid Marei est décédé des suites de ses blessures causées par des éclats d'obus au corps, aux jambes et à la tête.

"J'aimerais pouvoir l'envelopper dans un manteau", confie la mère, se remémorant à quel point son fils aimait rester au chaud en hiver. "Tant d'enfants innocents ont été tués".

Elle pleure la mort de son adolescent tous les jours et rêve de lui la nuit. Une vie suspendue. Elle n'a plus rien à perdre.

"Maintenant, peu importe si je vis ou si je meurs dans les raids", estime Mme Marei, qui a également perdu six proches dans la bande de Gaza pilonnée par l'armée israélienne en guerre contre le Hamas.

Impacts de balles

Bastion de la résistance contre l'occupation israélienne en Cisjordanie, Jénine et son camp de réfugiés sont visés par de raids israéliens répétés qui se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, faisant des centaines de morts cette année.

Les incursions ont laissé des traces. Maison après maison, des murs criblés d'impacts de balles et des vêtements d'enfants gisent sur et sous les décombres, constate un journaliste de l'AFP.

Depuis plus de deux mois, les incursions israéliennes, les attaques de colons sur des villages palestiniens et les arrestations ne cessent d'augmenter dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Plus de 300 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens et des attaques de colons depuis le 7 octobre, selon des responsables palestiniens.

L'armée israélienne affirme cibler des "terroristes", mais beaucoup de morts sont des civils, assure le ministère palestinien de la Santé.

Dans la maison de Hani al-Damaj, dans le camp de réfugiés de Jénine où s'entassent 23.000 habitants, selon l'ONU, les stigmates d'un raid israélien sont encore visibles. Les gravats inondent ses pièces.

Mais il s'estime "chanceux", lui et ses proches ont échappé à la "mort". Ses deux filles dormaient lorsqu’une frappe aérienne israélienne a ravagé la mosquée Al-Ansar fin octobre, toute proche de chez lui, laissant l'édifice désossé.

Les escaliers de la mosquée ont échappé à la destruction. Ils tiennent débout mais ne mènent nulle part...

L'opération militaire a tué deux hommes, indique le ministère palestinien de la Santé tandis que l'armée israélienne assure avoir visé et tué des "terroristes" qui exploitaient le sous-sol de la mosquée comme centre de commandement.

Contrairement à la famille al-Damaj, d'autres habitants du camp n'ont pas eu la chance de s'en sortir, ont témoigné de nombreux Palestiniens interrogés par l'AFP.

Théâtre saccagé

Le 12 décembre, une opération menée par l'armée israélienne contre "une fabrique d'explosifs", a fait 11 morts à Jénine, selon le ministère palestinien, l'un des bilans les plus lourds depuis le début de l'année.

A ces morts, s'ajoute celle d'un garçon malade de 13 ans empêché de se rendre à l'hôpital.

Et à la violence s'ajoute les humiliations fréquentes, racontent ses habitants.

Lors de l'incursion dans la ville septentrionale, des soldats israéliens ont "profané" une mosquée, avait dénoncé l'Autorité palestinienne.

Une vidéo, obtenue par l'AFP, montre des soldats israéliens à l'intérieur de la mosquée, dans le camp de réfugiés de Jénine, utilisant ses haut-parleurs pour réciter le Shema Yisrael, une prière majeure du judaïsme.

Des éclats de rire sont audibles à la fin de la séquence, alors que les troupes sortent de la mosquée et qu'un chant de Hanouka est diffusé, toujours via haut-parleur.

L'armée israélienne a assuré que les soldats impliqués avaient été écartés des activités opérationnelles et feront l'objet de procédures disciplinaires.

Les soldats ont en outre saccagé dans le camp de Jénine le "Théâtre de la liberté", selon son directeur.

"Quel est ce genre de comportement de la part d'un soldat ?" s'indigne auprès de l'AFP Ahmed Tobasi. "Notre vie, notre avenir, notre sommeil, notre respiration, tout est entre les mains des Israéliens", se désole l'artiste palestinien.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.