A Moscou, des Russes continuent d'honorer la mémoire de Navalny

Des dizaines de Russes ont continué lundi de déposer des fleurs sur un monument de Moscou pour honorer la mémoire de l'opposant Alexeï Navalny (Photo, AFP).
Des dizaines de Russes ont continué lundi de déposer des fleurs sur un monument de Moscou pour honorer la mémoire de l'opposant Alexeï Navalny (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 20 février 2024

A Moscou, des Russes continuent d'honorer la mémoire de Navalny

  • Près de 400 personnes ont été interpellées dans toute la Russie et au moins 150 ont été condamnées à de courtes peines de prison ces trois derniers jours
  • Alexeï Navalny est mort vendredi dans la colonie pénitentiaire de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans

MOSCOU: Des dizaines de Russes ont continué lundi de déposer des fleurs sur un monument de Moscou pour honorer la mémoire de l'opposant Alexeï Navalny, mort en prison, malgré les centaines d'arrestations qui ont eu lieu les jours précédents.

Près de 400 personnes ont été interpellées dans toute la Russie et au moins 150 ont été condamnées à de courtes peines de prison ces trois derniers jours pour des actions à la mémoire du charismatique opposant et militant anticorruption, selon des organisations de défense des droits.

Lundi, la police a cependant laissé sans violence des Moscovites, dont certains pleuraient, défiler un à un pour déposer des fleurs sur un monument consacré à la mémoire des victimes des répressions politiques soviétiques, en face de la Loubianka, siège du KGB soviétique puis FSB russe.

Plusieurs ambassadeurs, dont le Français Pierre Lévy, se sont également recueillis sur le monument.

Paris convoque l'ambassadeur russe

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a annoncé lundi avoir convoqué l'ambassadeur de Russie en France après la mort en prison de l'opposant Alexeï Navalny.

"J'ai demandé la convocation de l'ambassadeur russe aujourd'hui à 18H30" (heure de Paris, 17H30 GMT), a-t-il annoncé lors d'un déplacement en Argentine, estimant que "le régime de Vladimir Poutine a une fois de plus montré sa vraie nature".

Une source diplomatique a indiqué à l'AFP que l'ambassadeur russe avait bien été reçu à l'heure indiquée.

Madrid, Stockholm, Berlin, La Haye et Oslo ont également annoncé lundi avoir convoqué l'ambassadeur russe en poste dans leur pays.

"Alexeï Navalny est vivant dans notre mémoire, il est un rayon lumineux dans notre vie. Nous honorerons sa mémoire et poursuivrons son travail", dit à l'AFP Larissa, ambulancière de 54 ans sur un ton solennel.

Alexandra, 21 ans, avait peur de venir au monument après avoir vu des vidéos des arrestations des jours précédents, mais l'a fait malgré tout. "Les deux premiers jours, j'ai pleuré sans arrêt. Je suis en colère", raconte-t-elle.

"Même s'il était en prison, s'il a été emmené au-delà du cercle polaire, il était toujours en vie. C'est comme s'il y avait encore de l'espoir", poursuit la jeune femme qui a assisté par le passé à des rassemblements organisés par M. Navalny. "C'est le genre de personne que l'on veut suivre, et des personnes l'ont suivi."

«L'espoir de millions de Russes»

Konstantin, âgé de 16 ans, dit s'être intéressé à la politique dès ses 11 ans, lorsqu'il a découvert Alexeï Navalny. "C'est la personne dont j'ai suivi les activités pendant toutes ces années. Et la nouvelle de sa mort, ou plutôt de son assassinat le 16 février, bien sûr, m'a choqué", explique-t-il.

"Il m'a montré que la politique n'est pas quelque chose d'ennuyeux que l'on ne trouve que dans les journaux. Il était une rock star de la politique russe", poursuit Konstantin, qui souligne que l'opposant était "capable d'intéresser des segments différents de la population" russe.

Connu pour ses enquêtes anticorruption et sa lutte acharnée contre Vladimir Poutine et son "parti des voleurs et des escrocs", Alexeï Navalny est mort vendredi dans la colonie pénitentiaire de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans.

Les circonstances de la mort à l'âge de 47 ans de l'opposant, victime d'un empoisonnement auquel il a survécu de justesse en 2020 et de conditions de détention particulièrement dures, restent obscures et les autorités ont refusé jusqu'à présent de remettre sa dépouille à ses proches.

Le charismatique avocat était particulièrement populaire auprès de la jeunesse des grandes villes, à l'exemple de Moscou et de Saint-Pétersbourg.

Il était en tout cas la figure de proue d'une opposition russe par ailleurs laminée par des années de répression.

"Pour des millions de Russes, il était encore une sorte d'espoir, et on ne sait pas qui pourra être l'espoir suivant, après lui", souligne d'une voix tremblante Elizaveta, 47 ans, venue au mémorial moscovite en lunettes noire et fumant nerveusement une cigarette.


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Short Url
  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.

 


Un trafic de stupéfiants démantelé entre Espagne et France, 13 arrestations

reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
reize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police. (AFP)
Short Url
  • 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations
  • Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN

LYON: Treize personnes, dont le "donneur d'ordres" présumé, ont été arrêtées par des policiers qui ont démantelé un "important" trafic de drogues importées d'Espagne pour alimenter la région Auvergne-Rhône-Alpes, au terme d'une enquête de près de deux ans, a annoncé vendredi la police.

Onze suspects ont été interpellés entre décembre 2023 et juillet 2024, notamment grâce à l'interception par les policiers de deux poids-lourds et d'un convoi de voitures "entre la région lyonnaise et le Gard", "au moment où les stupéfiants étaient remis à des équipes locales", explique la Direction interdépartementale de la police (DIPN) du Rhône dans un communiqué.

Dans le même laps de temps, 2,4 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les enquêteurs de Office anti-stupéfiants (OFAST) de la police judiciaire de Lyon, qui ont mené ces opérations.

Dans cette première phase, les 11 suspects ont été mis en examen et sont, depuis, en détention provisoire, selon la DIPN.

Puis l'enquête a permis l'interpellation, le 30 juin dernier, d'un homme "soupçonné d'être le donneur d'ordres" et, le lendemain, d'un autre suspect, "fugitif condamné en 2016" à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. A son domicile dans l'Ain, "54 kg de cocaïne et plusieurs dizaines de milliers d'euros" ont été saisis, précise le communiqué qui n'en dit pas plus sur le profil de ces hommes. Ils ont été mis en examen le 4 juillet et placés en détention provisoire.

La police considère ainsi avoir réussi le "démantèlement de ce groupe criminel organisé (...) réalisant des importations de stupéfiants depuis l'Espagne vers la région Auvergne-Rhône-Alpes" pour des "quantités importantes".

 


Iran: la lauréate du prix Nobel de la Paix Mohammadi se dit «menacée d'élimination physique», selon le comité Nobel

La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone. (AFP)
Short Url
  • La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique"
  • Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran"

OSLO: La prix Nobel de la paix iranienne, Narges Mohammadi, dit avoir été "directement et indirectement menacée d'élimination physique" par les autorités iraniennes, a indiqué vendredi le comité Nobel qui s'est entretenu avec elle par téléphone.

Ces menaces "montrent clairement que sa sécurité est en jeu, à moins qu'elle ne s'engage à mettre fin à tout engagement public en Iran" ainsi qu'à "toute apparition dans les médias", ajoute le comité Nobel dans un communiqué. Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour "son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme".